Trois fils
Un homme avait trois fils : le premier, Bird, avait les yeux noirs d’un oiseau, le second, Twombly, deux longues lances de bois en lieu de bras et le troisième, Horn, dissimulait sous sa capuche rouge un visage recouvert de poils. À la manière du Petit Poucet de Perrault ou de Hansel et Gretel des frères Grimm, le récit s’ouvre sur un abandon. Mais sur cette île déserte, c’est un homme âgé à la barbe blanche qui est abandonné, les mains menottées à une lourde pierre plongée dans la mer.
Les petits éditeurs indépendants Maternité, paternité
Étrange abandon qui fait écho à celui, bien des années auparavant, des trois garçons condamnés à survivre de menus larcins dans un camp de réfugiés, attendant le retour du père, exilé, parti chercher du travail. Cet album trouve une suite, un début et fun in dans l'album Un Père vertueux.
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Date de parution | 17 Octobre 2013 |
Statut histoire | One shot (L'album Un père Vertueux peut être considéré comme une suite) 1 tome paru |
Les avis
Debeurme est vraiment un auteur à part, déroutant, original, et sans doute clivant. Il faut en tout cas être prêt en ouvrant un de ses ouvrages, à abandonner rationalité et autres garde-fous, pour se laisser porter par une poésie certaine, et un univers onirique étrange. Il faut aussi accepter un dessin, et une colorisation, très éloignés des standards habituels. Je suis plutôt réceptif à ce genre d’univers, à ce type d’œuvres étranges, qui laissent au lecteur sa chance pour co-construire un décor, un monde. Il y a ici un mélange d’un certain réalisme, et d’autres passages quasi surréalistes (le gamin à capuche dont on ne voit jamais le visage, le ver géant nourrissant le village, etc.), avec un fil rouge, ces trois gamins et leur père. Un père qui dès les premières pages est abandonné (dans des circonstances mystérieuses et douloureuses) par ses trois fils. La narration est, elle aussi, plutôt déconstruite, pas vraiment linéaire en tout cas, et il faut parfois s’accrocher. D’autant plus que la fin est un peu abrupte et ouverte. Je vais essayer de trouver « Un père vertueux », qui me livrera j’espère toutes les clés manquantes.
J'ai moins aimé qu'Un Père Vertueux'. Il faut dire que cet album pouvait se suffire à lui-même et ce qui se passe dans cet album semble être comme une seconde couche inutile même si paradoxalement "Trois fils" est sortie avant. Il y a deux parties dans cet album. La première montre un moment que je connaissais déjà. On montre un événement qui s'était passé hors-champ dans Un Père vertueux, mais ça ne suffit pas pour que je trouve cela passionnant. La seconde partie se passe durant un moment que je ne connaissais pas et c'est assez intéressant, mais ça ne dépasse jamais le niveau du sympa sans plus. Au final, ce n'est pas un mauvais album, mais il souffre du fait que j'ai lu sa prequel/suite avant donc je conseille uniquement la lecture a ceux qui n'ont pas lu l'autre album.
Conte des temps modernes, Debeurme délivre avec ce qui a été pensé comme une trilogie une drôle d’histoire d’abandon et d’errances autour de 3 frères difformes et de leur père. Utilisant de nombreuses métaphores par l’aquarelle, l’histoire débute par l’abandon du père, un homme massif et barbu par ses enfants sur une ile déserte, ce dernier finira par revenir hanter ses enfants pris au dépourvu et devant élaborer un nouveau plan pour se défendre et contrer ce qui leur semble être une menace. Un flashback va revenir aux origines du malaise avec cette famille sans mère exilée dans un pays lointain où les trois enfants devront se débrouiller pour se nourrir pendant l’absence de leur père parti chercher un travail et un logement. En dire plus serait maladroit. Debeurme arrive avec peu de dialogues mais des illustrations aux contours simples mais stupéfiants de couleur et de beauté à rendre poétique chaque situation grotesque ou inconfortable. Beaucoup de points sont mis volontairement en suspens. On se demande à quelle sauce le lecteur va être mangé mais Debeurme garde ses cartes en main…. Le style naïf en rebutera plus d’un mais l’œuvre reste incroyablement sensitive. L’un des 3 frères voit son père revenir et se liquéfie sur place, caractérisé par les traits vides et non colorés du personnage. Plus efficace que cela, tu meurs… Je ne sais pas si considérer Ludovic Debeurme comme un Charles Burns français est une bonne idée tant ce récit peut s’apparenter à son « Black Hole » dont certains points (difformités et cruauté de l’enfance) se rejoignent mais il est certain que cet artiste mérite un peu plus de reconnaissance que la frange indépendante. Laissez vous donc happer par cet univers bizarre mais terriblement cohérent.
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