La Cavale du Dr Destouches
Paris, 1944. Le débarquement a commencé. Les collaborateurs entament leur fuite vers l’Allemagne. Parmi eux, le docteur Destouches, alias Louis-Ferdinand Céline…
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Nouveau Futuropolis
1944 : Louis-Ferdinand Céline, Lucette son épouse, et le chat Bébert quitte Paris bombardé. Traversant l’Allemagne en ruines, ils rejoignent Sigmaringen où s’est réfugiée la communauté française collaborationniste, et où ils retrouvent le comédien Robert Le Vigan qui a quitté le tournage des Enfants du paradis. Cerné par des personnages piteux et minables, voire carnavalesques, le drame tourne à la fable burlesque. De cet épisode historique réel, Céline a écrit D’un château l’autre, Nord et Rigodon. Christophe Malavoy, comédien intuitif et liseur attentif de littérature, féru de l’écriture Célinienne a eu l’envie et l’audace d’adapter la trilogie allemande de l’auteur de Voyage au bout de la nuit avec la complicité des frères Brizzi, ténors du film d’animation français
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Date de parution | 10 Septembre 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cette cavale, c’est une plongée dans le chaos d’un homme et d’un monde en miettes. On suit Céline, alias le Dr Destouches, en 1944, fuyant la France pour échapper à la justice et à ceux qui voudraient lui faire payer ses écrits et ses amitiés douteuses. Malavoy ne cherche pas à le réhabiliter, ni à le condamner. Il le montre tel qu’il est : arrogant, lâche, parfois brillant, souvent insupportable. C’est un portrait sans concession, mais sans jugement non plus. Le dessin particulièrement soigné et expressif colle parfaitement à l’histoire. Les contrastes violents, les ombres omniprésentes, tout sert cette ambiance oppressante d’un homme traqué dans une Europe à bout de souffle. Le dessin est brut, un peu âpre, mais ça marche. On ressent le poids de la guerre, la peur, et cette urgence constante de fuir, encore et encore. Malavoy joue avec les zones grises, celles du personnage et de l’époque. Céline est abject, mais fascinant, et cette ambiguïté traverse tout l’album. Ce n’est pas une histoire de rédemption, ni une quête héroïque, juste un homme au bord du gouffre, un peu pathétique, parfois presque touchant, mais toujours insaisissable. Par moments, ça s’étire un peu, ça manque de nerf. L’intensité retombe, et on se retrouve à attendre que ça reparte. Mais peut-être que ça fait partie du jeu : cette cavale, ce n’est pas un sprint, c’est une lente dérive, une fuite sans fin. Une BD qui laisse un goût amer, mais qui m'a plu par ce qu’elle ne dit pas autant que par ce qu’elle montre. Pas un hommage, pas un réquisitoire, juste une tentative de capter une époque et un homme, dans toute leur complexité.
Je ne connais pas la vie de Céline, je n'ai pas lu un seul de ses romans, et je compte bien me rattraper. Je sais qu'il a publié plusieurs années des pamphlets qui ont étendu la contagion de l'antisémitisme français, avant et pendant la Seconde Guerre je crois. Mais l'histoire ne parle pas de ça, ou si peu. Non ici, on nous raconte son exil durant l'Occupation. Craignant pour sa vie, il part en effet en cavale au côté de sa femme, et sera aidé par ses alliés de l'époque, membres du gouvernement de Vichy et nazis en tout genre. Des alliés, ou peut-être ne sont-ils pour lui que des pions lui permettant d'avancer sur l'échiquier de la survie ? Il y a de l'humour, du pathétique, une folie sombre sur tout le récit. Le dessin est vraiment très réussi pour donner une bonne ambiance de satire. Il permet aussi d'accentuer la folie en appuyant un style caricatural. Les personnages prennent vie sous nos yeux je trouve, c'est vraiment dynamique. L'écriture également est très immersive, franchouillarde et familière. La haine du genre humain de Céline se dégage très bien, il est parfaitement détestable, mais les auteurs parviennent à lui offrir un peu d'humanité dans sa décadence. Mais bon, en dehors du très beau travail graphique et la nouvelle pincée de curiosité qui me donne envie de lire les œuvres de Céline, je ne suis pas emballé des masses. Ca ne m'intéresse pas beaucoup d'entrer dans un débat de pourcentage de sa participation collabo, ni de savoir s'il était antisémite par conviction politique, ou par provocation en raison de sa misanthropie. Ou bien je me suis senti pris un piège à lire une histoire qui défend une certaine position de Céline (avec nuance et intelligence au demeurant), alors que je connais trop peu le sujet pour avoir ma propre critique. Il serait peut-être de bon ton de lire cette BD parce-que vous connaissez déjà la vie de Céline. Ou bien tentez de vous concentrez sur l'aventure, qui se trouve être un joyeux bordel, animé par une Humanité en perdition.
Céline est un personnage repoussant. Du moins m’avait-il repoussé longtemps, avant que je ne lise son « Voyage au bout de la nuit », que j’avais trouvé excellent. Mais je n’ai rien voulu lire d’autre de lui, toujours bridé par l’aspect répulsif d’un homme très clivant. Je n’ai donc pas lu les livres dont s’est inspiré Malavoy pour bâtir son scénario. Mais dans cet album, je reconnais très bien le bonhomme, ses saillies, son aigreur, mais aussi son humour, parfois grand-guignolesque. Et il faut dire que la débâcle nazie – et celle liée des nazillons français autour de Pétain, Laval et autres tristes sires, est un décor qui convient parfaitement à Céline, toujours border line lorsqu’il s’agit de traverser la fange. Histoire amusante – du moins racontée sur un ton drôle et pathétique. Et le dessin des frères Brizzi est tout à fait adapté, raccord avec ce ton et cette histoire, en jouant sur des tons de gris, avec un rendu proche parfois d’esquisses, de crayonnés, tout en étant très bon et dynamique. C’est un album recommandable, y compris pour ceux qui, comme moi, ne sont pas fans du personnage – voire même pour ceux qui ne le connaissent pas du tout.
Cette œuvre est à l’antipode de ce que j’aime dans le monde de la bande dessinée. C’est curieux comme on peut être attiré comme un aimant par des choses hautement intellectualisantes baignées dans une pseudo littérature de pacotille. Il est vrai que l’absurde dans sa truculence peut faire office de faire-valoir. A côté de cela, nous avons le choix sur pléthores de bd beaucoup plus intéressantes comme par exemple HSE - Human Stock Exchange. Je me suis ennuyé à en mourir à cette lecture de cette poésie célinienne. A vrai dire, je me suis endormi, ce qui est une chose assez rare pour que je le souligne. Cette cavale m’a fait l’effet d’une grosse déception à l'exception du dessin en noir et blanc, je le reconnais. Il est vrai que la vie de cet antisémite et collaborationniste égocentrique ne m’a guère passionné même s’il est présenté comme le plus grand écrivain français comme quoi ! Le burlesque des situations lui donne un côté assez sympathique mais tout ceci n'est qu'interprétation faussée. C’est comme cela et il faut bien l’accepter. Oui, cela a la saveur d’un citron défraîchi. Acide et terne.
3.5 Je connais Louis-Ferdinand Céline, mais je n'ai jamais lu ses livres car le roman n'est pas ce que je préfère et j'ai déjà assez de passe-temps pour occuper mon temps libre et comme mes connaissances sur sa vie sont plutôt superficielles, je ne sais pas trop si les auteurs le rendent ici moins "méchant" qu'il était en réalité. En tout cas une chose est certaine c'est que la manière dont est représenté Céline donne l'impression qu'il était un gros misanthrope. Il faut dire que la galerie de personnages qu'il va rencontrer durant son périple ne donne pas envie d'avoir une bonne opinion de la nature humaine. J'ai trouvé le scénario prenant et la personnalité de Céline est fascinante. Les autres personnages sont souvent savoureux. Le dessin est un superbe noir et blanc. Je trouve les décors magnifiques et les personnages sont très expressifs. Le seul défaut c'est que parfois je trouvais leurs gestes un peu trop théâtraux et cela me donnait l'impression de voir des acteurs jouer des personnages, et non des vrais personnages.
Dans la plume de Céline ! Qui ne connaît pas Louis-Ferdinand Céline ? Si ce n'est par ses écrits, du moins par son impertinence et son parcours sulfureux d'auteur prolifique, condamné par contumace pour des pamphlets, rédigés sous l'Occupation, jugés antisémites ? Une infréquentabilité qui n'a rien à envier à son talent, au point que l'œuvre qu'il a produite est devenue consubstantielle à l'homme qu'il était. Dans La cavale du Dr Destouches, Christophe Malavoy s'est intéressé à la période où Céline, menacé de mort, fuit la France alors que les alliés débarquent sur le territoire. Pour conter cet événement réel, il s'inspire de la trilogie allemande du médecin de Medon (D’un château l’autre, Nord et Rigodon). Féru de celui qui s’autoproclamait anarchiste, humaniste, défenseur des faibles et des opprimés, il nous en brosse un portrait élogieux, oubliant qu'il oscilla pourtant entre la personnalité du Docteur Destouches et celle de Mister Céline. L'exode du thérapeute répudié, qui le verra parcourir l'Europe de juin 1944 à mars 1945, s'ouvre sur une planche où on le trouve au fond de son lit, l'allure négligée, renfermé sur lui-même et cloîtré volontairement dans la solitude. Le moral au plus bas, il maugrée en ressassant ces missives assassines qui s'entassent dans sa boîte à lettres. L'aigreur grandissante, il cogite sur la façon de redorer son image en faisant taire les calomnies à son encontre. Mais pour l'heure, les alliés passent les portes de Paris et il est urgent de penser à sa survie et celle de sa famille. Le temps d'attraper sa femme Lucette, son chat Bébert, et les voilà sur la route, accompagnés de l'acteur pétainiste Robert Le Vigan, en direction de Copenhague pour récupérer quelques lingots d'or cachés au début de la guerre. Le voyage ne s'avérera pas une sinécure... L'équipée devra, avant de mettre la main sur le précieux magot, faire halte à Baden Baden pour obtenir des faux papiers qui leur permettront d'entrer au Danemark, ou encore trouver gîte au château de Sigmaringen où se sont réfugiés le Maréchal Pétain et son gouvernement bafoué. Cette épopée, truculente et haletante, nous entraîne pour dix mois d'errance, dans des conditions précaires, à travers une Allemagne nazie en pleine décadence, peuplée d'êtres corrompus, fourbes et sans scrupules. Pour le dessin, Christophe Malavoy a fait appel à Paul et Gaëtan Brizzi, deux sommités du film d'animation français, dont le crayonné monochrome sert formidablement le récit. Le choix du noir et blanc, proche du story-board, retranscrit à la perfection une ambiance angoissante et oppressante que le lecteur ressent planche après planche, au rythme de l'exil des protagonistes. De plus, l'expression et les mouvements détaillés des différents personnages qu'ils côtoient révèlent leurs sombres desseins ou leur malaise face à la situation de chaos dans laquelle ils évoluent. Voici une bonne adaptation de ce que l'histoire a reconnu comme la fuite de Céline, auteur maudit, empêtré dans des opinions extrêmes et contradictoires, boycotté par l'univers littéraire. Quant à la question : collabo ou opportuniste ? Sans doute trop célinien, Christophe Malavoy a botté en touche ! KanKr
Rarement une personnalité du XXe siècle aura autant suscité la controverse que Louis-Ferdinand Céline, brillant écrivain, auteur notamment du chef d’œuvre « Voyage au bout de la nuit », mais aussi hélas de pamphlets antisémites. L’ouvrage est-il destiné à réhabiliter l’homme ? Aidé par les frères Brizzi au dessin, le comédien Christophe Malavoy, féru des œuvres de l’écrivain, s’est efforcé de creuser la personnalité de ce dernier. On ne peut pas dire que Céline en sort véritablement grandi, mais à défaut de le porter aux nues, ce récit nous aide, du moins tel semble être son but, à mieux le comprendre, dévoilant un personnage à la fois torturé et aigri. Malavoy cite l’écrivain, qui exerçait aussi la profession de médecin, quand il prétend avoir « planqué et hébergé » des Juifs avant « cette putain de guerre » [la seconde guerre mondiale, ndr]. On peut être tenté de le croire, car l’homme ne semblait pas être un si mauvais bougre. A vrai dire, Céline n’aimait pas grand monde, il suffit de lire « Voyage » pour le vérifier. Ainsi il détestait tout autant les Nazis dont il était forcé d’accepter la protection par crainte des représailles de la Résistance. Bref, le débat reste ouvert, mais il paraît délicat d’afficher à son égard un jugement d’une sévérité implacable, à l’inverse de Robert Le Vigan, dit la Vigue, acteur collaborationniste mégalomane et délateur de renom. D’une originalité induite en grande partie par le superbe dessin au crayonné des frères Brizzi, l’expressivité des personnages y est fascinante, dans un style caricatural qui rappelle Dubout en plus raffiné et le rapproche ainsi de l’opéra-bouffe. A ce titre, les faciès de Céline et de Le Vigan sont particulièrement éloquents. Le genre convient parfaitement à l’atmosphère de déroute d’une dictature hitlérienne peu versée dans la subtilité. Reste que cette lecture pittoresque n’est pas exempte de défauts, certes tout à fait mineurs La narration risque peut-être de chagriner certains lecteurs en quête de rythme par sa tendance à se diluer, même si on conçoit facilement qu’élaborer un scénario à partir du témoignage – celui de l’écrivain - de cette débâcle chaotique, scénario inspiré de trois de ses ouvrages, ne pouvait tenir de la mécanique bien huilée. Mais force est de reconnaître que globalement, le résultat est tout à fait honorable, que l’histoire est relativement fluide et se lit sans déplaisir.
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