Les Intrus (Killing and Dying)
Temps présent et adversité sont les angles immuables des histoires d'Adrian Tomine, qui laissent le sentiment que rien ne changera jamais. Depuis ses débuts, cet Américain d'origine japonaise décline dans sa série Optic Nerve des parenthèses de vie contemporaine, traversées par des hommes et des femmes harassés par leur quotidien. Dans six histoires interconnectées, et terriblement drôles, Tomine dessine un portrait silencieux et mouvant de la vie contemporaine. Amber Sweet montre l'impact désastreux de la fausse identité dans un monde hyper-connecté. Une brève histoire de la forme artistique nommée "hortiscuplture" détaille l'invention et la destruction d'une nouvelle forme d'art en courtes séquences. Traduit du japonais est une vitrine luxuriante et haute en couleur de la narration par l'image. Tuer et mourir aborde la parentalité, la mortalité et l'art du stand-up.
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La manière soudaine et presque arbitraire dont s'ouvrent et s'interrompent ces chroniques laisse le plus souvent abasourdi, et concourt à identifier son style si particulier. Car si Tomine décrit des personnages dont la vie se sclérose peu à peu autour d'un quotidien banal, il ne cesse de réinventer son style, faisant évoluer sa grammaire à l'aide d'expériences formelles, comme pour conjurer par l'art un destin qu'il semble redouter pour lui-même. Ce nouveau recueil confirme ainsi son intérêt récent pour la couleur, accompagnant une forme de nostalgie pour la bande dessinée classique et un goût pour les constructions graphiques. Le lecteur passe ainsi d'un récit introspectif à la première personne, illustré par des cartes postales dépeuplées, à un gaufrier extrêmement dense de cinq bandes dans lequel la répétition devient rythmique. Avec l'âge, le cynisme des débuts a cédé la place à une forme d'empathie empreinte d'ironie. Adrian Tomine rejoint ici son influence majeure, Yoshihiro Tatsumi, ce maître de la bande dessinée japonaise qui lui a permis de conjuguer ses deux cultures, le Japon et L'Amérique, le Gekiga et le Comics underground, pour se forger un langage à son image. Un langage qui, loin des effets faciles, déploie les moyens de la bande dessinée pour se consacrer à la peinture la plus juste possible de la condition humaine moderne.
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Date de parution | 22 Octobre 2015 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Tomine se situe dans la lignée de Ware ou Clowes esthétiquement, avec un rendu assez froid (lorsque colorisation il y a, parfois dans une sorte de bichromie, ou alors lorsqu’elle est sans nuance, cela accentue un peu cet aspect je trouve), même si la première histoire du recueil (« Hortisculpture ») – en Noir et Blanc (sauf exceptions) – m’a un peu fait penser à un dessin de presse, du style de certains strips illustrant les journaux américains. Ce n’est pas l’ensemble le plus intéressant du recueil, au passage. Mais Tomine développe quelque chose d’un peu plus dynamique, d’un peu moins figé, statique que ses compères. Pour le reste, les histoires regroupées ici présentent des tranches de vie, des anecdotes de gens ordinaires, même s’ils s’en écartent parfois par certains aspects (un type un peu space et naïf voulant mêler art et horticulture, une nana qui subit le harcèlement de fans d’une actrice porno qui lui ressemble, etc.). Un humour léger, lorsque certains personnages sont en prise avec quelques absurdités du quotidien, pimentent certains récits. Au final, c’est un album dans lequel j’ai eu du mal à entrer. Pas inintéressant, mais pas forcément ma came. Je vais essayer d’autres albums de cet auteur, pour ne pas rester sur une seule expérience pas forcément représentative. Pour ce qui concerne cet album, à feuilleter avant d’acheter, il faut être amateur de ces auteurs américains mêlant exercices de style et introspection légère (comme ceux cités plus haut), avec une narration, qui ne joue pas sur le rythme ou les rebondissements. Note réelle 2,5/5.
J’avais découvert cet auteur avec Blonde platine, que j’avais apprécié sans plus. « Les Intrus » est un recueil qui n’innove pas vraiment, et propose des histoires de quotidien ordinaire, mais j’ai beaucoup apprécié le ton, la justesse du propos, et ces personnages tellement humains et misérables. Certaines situations sont cocasses voire comiques, et j’ai beaucoup aimé les chutes des différentes histoires, souvent soudaines et bien vues. Le dessin est sobre mais élégant, et assez typique des comics indépendants américains (à la Chris Ware). Vraiment une chouette découverte, une lecture marquante et agréable, et un ouvrage que je recommande aux amateurs du genre.
Depuis ses débuts, l'Américain Adrian Tomine s'est fait une spécialité de la nouvelle en bande dessinée, soit de courts récits, souvent sans véritable chute, mais avec un sens de la psychologie qui pourrait rappeler Raymond Carver ou T.C. Boyle. Dans « Les Intrus », il propose six histoires qui varient beaucoup dans leur mise en page et leur mode de narration, six témoignages de sa maîtrise du langage de la bande dessinée. Ses récits mettent en scène la mesquinerie et les petites blessures de l'âme de gens ordinaires, englués dans une vie solitaire dans laquelle ils poursuivent de futiles chimères.
Je n'arrive décidément pas à aimer cet auteur qui propose des univers qui me paraissent assez stériles. Il y a de la vacuité dans les dialogues et dans les situations présentées. Le mal être contemporain est pourtant exploré sous toutes ses formes. Le dessin présenté sur un petit format n'est décidément pas adapté car certaines petites pages contiennent 20 cases. Aucune des nouvelles présentées ne m'a particulièrement touché. Le style graphique est plutôt froid et les personnages peu expressifs ce qui laisse peu de place à l'émotion ou à tout autre sentiment d'ailleurs. C'est franchement ennuyeux à lire. Les inconditionnels de l'auteur pourront se laisser tenter par cette oeuvre mélancolique stylée, les autres peuvent aisément laisser tomber.
C'est le premier album de cet auteur que je lis et je trouve le résultat pas mal. C'est un recueil d'histoires courtes qui sont sympathiques à lire quoiqu'il n'y a que la deuxième qui m'ait réellement passionné. Les autres se laissent lire agréablement. C'est intéressant de voir comment l'auteur change sa technique de dessin selon l'histoire voire même aussi la narration (la première histoire est racontée sous forme de strips humoristiques notamment). Cela donne de la variété et j'aime bien lorsqu'un auteur peut réussir plusieurs choses différentes. Le point fort de ces histoires c'est que l'auteur communique très bien les émotions qu'il veut transmettre. Ses personnages semblent vrais lorsqu'ils expriment des émotions et son humour m'a fait sourire. J'ai passé un bon moment quoique je ne sais pas si un jour j'aurai envie de relire l'album.
Pour ma première incursion dans l'univers d'Adrian Tomine, je dois avouer que cet essai est en tous points réussi. Proche des récits de Daniel Clowes et en particulier David Boring que j'affectionne particulièrement, Tomine utilise des techniques similaires pour dépeindre un quotidien morne et banal dans une Amérique d'aujourd'hui avec des dons de cartoonistes vraiment épatants, mélangeant gaufriers et couleurs, noir et blanc et découpage en strips selon l'humeur. Ce recueil de 6 histoires n'est pas réellement pour tout le monde tant la mélancolie qui s'en détache devient rapidement perceptible et malgré de jolis dialogues ajoutant ici et là de l'humour ou du malaise. Bref la vie dans toute sa subtilité... Les histoires qui forment ce recueil sont toutes à la fois différentes et épatantes. Que Tomine décrive la passion envahissante d'un jardinier pour un concept de sculptures végétales affreuses ou le quotidien pas évident d'une étudiante dont son sosie est une star du porno, ses récits font mouche. Et lorsqu'il habille ses récits d'une touche d'émotion avec ce court monologue d'une mère à son fils justifiant son abandon ou d'une gamine bègue se découvrant une nouvelle passion pour les stands ups et au coeur d'une famille brisée par la maladie, c'est réellement le coeur serré que l'on peut comprendre la portée de ces relations humaines si simples et si touchantes à la fois. L'histoire d'un vétéran militaire essayant en vain de renouer avec son passé perdu dans son ancien appartement ou la vie de couple d'une loser et d'un dealer quadra m'ont laissé un peu plus de marbre mais uniquement parce qu'elles sont légèrement en dessous du niveau de qualité des autres récits. Finalement les intrus c'est vous, eux, moi... Tous ces gens qui passent et essayent un peu de vivre en harmonie avec leur quotidien... Ce livre n'est effectivement pas une ode à la joie de vivre mais peut aider à mieux digérer la pilule et se révèle finalement en tous points exemplaire.
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