Les Intrus (Killing and Dying)

Note: 3.17/5
(3.17/5 pour 6 avis)

Temps présent et adversité sont les angles immuables des histoires d'Adrian Tomine, qui laissent le sentiment que rien ne changera jamais. Depuis ses débuts, cet Américain d'origine japonaise décline dans sa série Optic Nerve des parenthèses de vie contemporaine, traversées par des hommes et des femmes harassés par leur quotidien. Dans six histoires interconnectées, et terriblement drôles, Tomine dessine un portrait silencieux et mouvant de la vie contemporaine. Amber Sweet montre l'impact désastreux de la fausse identité dans un monde hyper-connecté. Une brève histoire de la forme artistique nommée "hortiscuplture" détaille l'invention et la destruction d'une nouvelle forme d'art en courtes séquences. Traduit du japonais est une vitrine luxuriante et haute en couleur de la narration par l'image. Tuer et mourir aborde la parentalité, la mortalité et l'art du stand-up.


Cornélius Drawn & Quarterly Les petits éditeurs indépendants

La manière soudaine et presque arbitraire dont s'ouvrent et s'interrompent ces chroniques laisse le plus souvent abasourdi, et concourt à identifier son style si particulier. Car si Tomine décrit des personnages dont la vie se sclérose peu à peu autour d'un quotidien banal, il ne cesse de réinventer son style, faisant évoluer sa grammaire à l'aide d'expériences formelles, comme pour conjurer par l'art un destin qu'il semble redouter pour lui-même. Ce nouveau recueil confirme ainsi son intérêt récent pour la couleur, accompagnant une forme de nostalgie pour la bande dessinée classique et un goût pour les constructions graphiques. Le lecteur passe ainsi d'un récit introspectif à la première personne, illustré par des cartes postales dépeuplées, à un gaufrier extrêmement dense de cinq bandes dans lequel la répétition devient rythmique. Avec l'âge, le cynisme des débuts a cédé la place à une forme d'empathie empreinte d'ironie. Adrian Tomine rejoint ici son influence majeure, Yoshihiro Tatsumi, ce maître de la bande dessinée japonaise qui lui a permis de conjuguer ses deux cultures, le Japon et L'Amérique, le Gekiga et le Comics underground, pour se forger un langage à son image. Un langage qui, loin des effets faciles, déploie les moyens de la bande dessinée pour se consacrer à la peinture la plus juste possible de la condition humaine moderne.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Octobre 2015
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Les Intrus © Cornélius 2015
Les notes
Note: 3.17/5
(3.17/5 pour 6 avis)
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02/12/2015 | Jetjet
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Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Pour ma première incursion dans l'univers d'Adrian Tomine, je dois avouer que cet essai est en tous points réussi. Proche des récits de Daniel Clowes et en particulier David Boring que j'affectionne particulièrement, Tomine utilise des techniques similaires pour dépeindre un quotidien morne et banal dans une Amérique d'aujourd'hui avec des dons de cartoonistes vraiment épatants, mélangeant gaufriers et couleurs, noir et blanc et découpage en strips selon l'humeur. Ce recueil de 6 histoires n'est pas réellement pour tout le monde tant la mélancolie qui s'en détache devient rapidement perceptible et malgré de jolis dialogues ajoutant ici et là de l'humour ou du malaise. Bref la vie dans toute sa subtilité... Les histoires qui forment ce recueil sont toutes à la fois différentes et épatantes. Que Tomine décrive la passion envahissante d'un jardinier pour un concept de sculptures végétales affreuses ou le quotidien pas évident d'une étudiante dont son sosie est une star du porno, ses récits font mouche. Et lorsqu'il habille ses récits d'une touche d'émotion avec ce court monologue d'une mère à son fils justifiant son abandon ou d'une gamine bègue se découvrant une nouvelle passion pour les stands ups et au coeur d'une famille brisée par la maladie, c'est réellement le coeur serré que l'on peut comprendre la portée de ces relations humaines si simples et si touchantes à la fois. L'histoire d'un vétéran militaire essayant en vain de renouer avec son passé perdu dans son ancien appartement ou la vie de couple d'une loser et d'un dealer quadra m'ont laissé un peu plus de marbre mais uniquement parce qu'elles sont légèrement en dessous du niveau de qualité des autres récits. Finalement les intrus c'est vous, eux, moi... Tous ces gens qui passent et essayent un peu de vivre en harmonie avec leur quotidien... Ce livre n'est effectivement pas une ode à la joie de vivre mais peut aider à mieux digérer la pilule et se révèle finalement en tous points exemplaire.

02/12/2015 (modifier)