Doigts d'honneur
Un livre qui met les pieds dans le plat et dénonce la situation des femmes en Egypte, au cœur d’une révolution qu’on aurait imaginée exemplaire.
Amnesty International Documentaires Egypte Féminisme La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Violences faites aux femmes
Juin 2013, au Caire. Deux ans après la chute de Moubarak, l’Egypte redescend dans la rue pour demander le départ de Mohamed Morsi, président récemment élu. Lassée de cette révolution qui n’en finit pas, Layla préfère se concentrer sur la fin de ses études. Mais Asim, son ami d’enfance obnubilé par la politique, insiste pour qu’elle l’accompagne sur la place Tahrir. Layla se laisse finalement porter par ce vent de liberté et cet esprit de solidarité qui semble régner entre manifestants. Ce qu’elle ignore malheureusement, c’est que la place Tahrir sera le théâtre d’aberrantes violences sexuelles et qu’elle comptera parmi les dizaines de victimes de cette semaine pas comme les autres... Au cœur d’une Egypte en reconstruction, où l’honneur est dans toutes les bouches, les femmes tentent de se frayer un chemin vers leurs droits les plus élémentaires… Texte : Editeur.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 06 Janvier 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je mets un 3/5 à cet album car c'est difficile de lui faire de vrais reproches sur la forme et sur le fond, mais j'en attendais bien davantage. Très attaché à la cause féministe, et revenant récemment d'Egypte, j'espérais avec cette BD d'écouvrir à la fois plus en profondeur la situation des femmes égyptiennes et en même temps suivre une histoire à même de me toucher. Au lieu de ça, j'ai eu droit à un rappel de différents faits, dans un ordre pas forcément chronologique puisque mélangeant la révolution anti-Moubarak et celle anti-Morsi, sans réel développement ni approfondissement. Et pour enrober l'ensemble, on suit vaguement les pas d'une jeune égyptienne qui sera agressée sur la plce Tahrir mais là encore sans suffisamment développer le sujet ni nous permettre de s'attacher plus longuement au personnage et à ressentir les choses avec elle. On constate là encore les faits, puis la difficulté à les dénoncer auprès des autorités policières, puis une solution pour le faire et ça s'arrête là. J'espérais m'instruire et ressentir mais je n'ai pas appris grand chose de plus que ce que je connaissais déjà des actualités de l'époque et je n'ai pas senti beaucoup d'émotion à suvire l'héroïne. En comparaison, les seules premières pages, avec le comportement abject des jeunes mâles égyptiens envers les femmes m'ont bien plus hérissé les poils envers l'injustice sexiste de cette société que la suite de l'histoire. Mais à côté de cela, le dessin est très agréable. J'aime son style simple mais pas avare en détails, la fluidité de son trait et l'efficacité de sa mise en scène. J'apprécie aussi son choix de faire ressortir le vert du foulard pour bien montrer qu'il était là comme une contrainte imposée par la société et qu'il n'a finalement servi à rien pour protéger sa porteuse. Et sur le fond, je ne peux faire aucun reproche à cet album : s'il ne m'a pas appris grand chose à moi qui suis pas mal informé sur le sujet, il peut en apprendre pas mal à d'autres qui le sont moins. Et s'il peut servir la cause de l'égalité femmes-hommes, je ne peux que le saluer.
Ce n'est pas si facile de donner son ressenti sur cette série de Bast et Ferenc. Bien sûr comme les autres aviseurs, je ressors de ma lecture dégoûté par les abominations que les femmes subissent au quotidien. La dénonciation de ces crimes doit être permanente et la BD est un bon moyen pour y parvenir. Dans ce sens le scénario de Ferenc est une réussite car il introduit une intensité dramatique qui va crescendo et qui ne retombe pas grâce à ce qui aurait pu être un semblant de justice pour les victimes. Le dessin est bon, dynamique et ne fait pas dans le voyeurisme. Le petit foulard vert nous permet de focaliser notre attention sur l'épicentre de l'action. Par contre plusieurs points me chagrinent avec cette oeuvre. Tout d'abord je trouve qu'elle a tendance à stigmatiser une population et une culture de l'extérieur. Comme ils le montrent eux-mêmes les auteurs, qui ne sont pas Egyptiens, travaillent en France sur leurs ordinateurs à partir d'images ou de documents externes. Cette extériorité à la fois physique et culturelle me gène beaucoup car si j'étais dirigeant égyptien je rétorquerais facilement de balayer devant notre porte. En effet, en 2020 plus de 60000 agressions sexuelles dont près de 24000 viols ont été enregistrées en France ! Certes, certains ont été punis et l'accueil des victimes a beaucoup progressé mais les situations que je lis dans la BD me rappellent des situations qui étaient presque la norme en France, il y a 20 ou 30 ans. Je trouve de plus qu'il y a trop de thématiques présentées, les structures politiques, le non-respect des lois entretenu par des institutions régaliennes défaillantes. Cela crée un sentiment d'impunité voire une banalisation d'actes criminels quelquefois vus comme gratifiants (un comble !). On peut y ajouter la non mixité dans les structures dirigeantes. Cette multiplicité de sujets fait partir la série dans des directions différentes ce qui nuit au sujet principal, à mon avis. Car in fine à quoi nous invite cette lecture ? A une indignation légitime mais un peu hypocrite ? A s'engager pour faire pression auprès de gouvernements ou d'organisations internationales pour que cela change ? Je n'ai pas de réponse claire après ma lecture.
Voilà un album témoignage sur l’évolution politique et sociale d’un des géants d’Afrique, l’Égypte. Le dictateur Moubarak (chez qui Mitterrand venait passer des vacances…) a été chassé – comme d’autres – par le « Printemps arabe », et l’album commence alors que des manifestations monstres remplissent les rues des grandes villes égyptiennes pour chasser du pouvoir celui qui s’y est incrusté après la chute de Moubarak, à savoir Morsi, lié aux Frères musulmans. Puis le général al Sissi arrive au pouvoir en chassant Morsi. Et là, la dictature de Moubarak est en fait réactivée, avec juste un changement de tête du monstre, l’armée agissant à visage découvert pour maintenir un état d’exception, mettant fin à beaucoup d’espoir dans la population qui manifestait sur la place Tahrir. Au milieu de ces mouvements de masse, nous suivons une jeune femme étudiante, Layla (que l’on suit facilement, avec son foulard vert, alors que tout le reste est en Noir et Blanc), qui fait partie des manifestants. Et qui illustre une « révolution dans la révolution », à savoir la défense du droit des femmes, bien malmenés ! Et c’est en fait l’objet principal de cet album que d’illustrer cet aspect souvent méconnu, le harcèlement, les viols, l’excision dont sont victimes les femmes en Égypte, dans une totale impunité, comme un « fait culturel ». Et l’album, publié sous les auspices d’Amnesty International, montre le travail difficile de militant(e)s et d’avocat(e)s qui tentent de défendre celles qui, comme Layla, ont été violées et sont rejetées par les autorités, la police, la justice, voire leur famille, tous refusant de prendre en compte la violence faite quotidiennement aux femmes. L’histoire s’arrête en 2016, mais on peut se demander si les choses ont beaucoup évolué, avec une dictature qui s’est durcie depuis. Il n’est pas inutile de rappeler que l’Égypte est un des plus gros acheteurs de matériels militaires français depuis quelques années, et que donc des entreprises françaises contribuent au maintien de la dictature d’Al Sissi, et à la rendre plus violente, et que ces ventes expliquent sans doute le silence assourdissant des autorités françaises face à ce qui se passe en Égypte (le même phénomène existe concernant l’Arabie Saoudite d’ailleurs). Un témoignage intéressant, qui devrait interroger ceux qui font mine de ne rien voir – monsieur Macron en tête par exemple, lorsqu’il vend des armes à al Sissi, ou les États-Unis qui subventionnent ce pays, ou l’ONU, bref, ceux qui pourraient faire en sorte d’aider ceux qui en Égypte prennent des risques pour défendre les femmes et faire évoluer la société. Note réelle 3,5/5.
Doigts d'honneur serait en effet une lecture d'utilité publique surtout dans les pays musulmans où il y aurait encore beaucoup d'effort à réaliser. Il est vrai qu'on préférera sans doute vivre dans un pays qui respecte réellement les droit des femmes et notamment leur intégrité physique, un pays où les filles mineurs violées ne sont pas obligés d'épouser leurs agresseurs pour sauver l'honneur, un pays où l'échange de baisers entre deux adolescentes n'est pas puni d'emprisonnement au détour d'un circuit touristique à l'impérial. Je suis tellement heureux de vivre dans une démocratie occidentale que je ne renierai pour rien au monde. Je pense que les femmes également dans leur grande majorité. Maintenant, je peux comprendre les us et coutumes de ces pays indépendants mais certainement pas excuser les traditions d'un autre âge. Il est vrai que cette lecture a eu un effet consternant: être totalement dégoûté par les pratiques odieuses des Autorités mais également de la population macho et même des familles qui au nom de l'honneur sont prêts à ne pas voir la réalité en face et à désavouer leur propre fille. Il est en effet très dur d'être une femme qui n'a pas voix au chapitre et même dans le cadre d'une révolution comme le printemps arabe qui était censée donner plus de libertés aux citoyens. J'ai bien entendu été durement touché par le récit de la pauvre Layla, étudiante égyptienne qui serait promise à un brillant avenir si les choses étaient autrement dans ce pays. On espère qu'un jour la condition des femmes s'améliorera. Il faudra sans doute du temps et il y aura encore des morts et de la violence. Fort heureusement, Amnesty International mène des actions à travers le monde pour nous ouvrir les yeux. Oui, cette lecture est finalement utile pour tous.
Le propos de cet album, soutenu par Amnesty International, est édifiant. La situation des femmes en Egypte est pire que jamais malgré les récentes « révolutions », et les malheurs de Layla, « héroïne » de cette histoire, sont vraiment affligeants. Rarement une telle négligence envers les femmes au niveau national aura été documentée en bande-dessinée, et le sentiment qui ressort de la lecture est la colère… la colère, et l’incompréhension. Comment une telle situation est-elle possible en 2016 ? Les faits font réfléchir, tout n’est pas parfait dans nos pays occidentaux, mais comparé à ce tiers-monde de la condition féminine, on mesure quand même le chemin parcouru. La mise en image est magnifique, même si je trouve dommage que les passages « didactiques » présentant les faits historiques n’aient pas été intégrés plus subtilement à l’histoire. Un album indispensable, ne serait-ce que pour son contenu documenté.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site