Robny Clochard
Robny, le sans domicile fixe comme l'on dit à présent, est un de ces marginaux qui traînent de ville en ville passant d'un petit boulot plus ou moins légal à un autre.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Amnésie Auteurs espagnols Les petits éditeurs indépendants Les SDF
Etats-Unis, années 70. Robny dort dans la rue et vit de petits boulots : gardien de nuit dans une casse automobile, livreur, homme à tout faire dans un cirque... Partout où il passe, il se met dans de sales draps, c'est un coupable facile : alors qu'il livre des paquets à domicile pour les fêtes, un de ceux-ci explose dès qu'il a quitté le domicile du client. Aussitôt accusé, il se retrouve derrière les barreaux. Amnésique, il se souvient par bribes, au fil des rencontres, du temps où il était marié et vivait en Angleterre. Roman graphique à la fois social et policier, cet album déploie une humanité hors du commun, peinte par petites touches, au fil des histoires, par Joan Boix. Texte : Editeur.
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Date de parution | 05 Février 2016 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Le dessin de Joan Boix est tout simplement hallucinant, quel talent dans l'utilisation du noir et blanc ou plus exactement ces deux couleurs qui se mêlent en s'aidant de ratures, de rayures, de stries qui viennent renforcer une expression ou un regard. Personnages réalistes donc, mais les décors ne sont pas en reste qu'il s'agisse de lieux campagnards ou citadins. Il n'est que de feuilleter la galerie pour se faire une petite idée du travail de J.Boix. Le sujet est en lui-même plus intéressant qu'il puisse sembler au premier abord. Huit courtes histoires dont la dernière sonne comme une conclusion nous emmènent dans le monde de Robny. Personnage plus qu'ambigu, nous le suivons dans ses errances à travers le monde semblant plus se fuir lui même que les autres ce qui est pourtant son credo. Ce sont des récits finalement assez pessimistes qui nous disent que le monde qui nous entoure est mauvais; un mal qui gangrène tout. Robny est également un homme qui se sent plus à son aise dans des décors campagnards, d'ailleurs à la fin de chacune de ses péripéties c'est vers des territoires vierges de l'homme qu'il s'en retourne tel un cowboy bien connu. Au final un récit dense, avec un personnage complexe mais ô combien intéressant, si l'on rajoute un dessin qui est une vraie tuerie, que demander de plus. Coup de cœur pour moi.
Même s’il n’est pas toujours facile à lire, j’ai bien aimé le dessin de Joan Boix. Hyper classique et réaliste, mais avec un souci des détails qui fait que chaque planche en met plein la vue. J’aime bien ce style parfaitement adapté au Noir et Blanc, qui use d’un trait hachuré précis et fouillé, comme peut l’être celui de Mounier sur D'un enfer à l'autre par exemple. En tout cas ça a de la gueule ! Quant aux histoires courtes qui composent cet album, j’ai un avis un peu plus mitigé – même si ça se laisse lire agréablement. Les mésaventures auxquelles se trouve confronté le héros Robny – clochard vivant de petits boulots – (il se trouve invariablement mêlé à l’insu de son plein gré à différents crimes ou trafics, mais reste intègre, même quand il est accusé à tort, il peut même à l’occasion se transformer en justicier) se déroulent sur un rythme bonasse. Si cette lenteur peut bien accompagner des histoires du genre polar noir et poisseux, ce manque de rythme masque parfois mal un manque de profondeur, de développement des intrigues. Essentiellement dû au format je pense. Le personnage de Robny prend un peu plus d’épaisseur après la troisième histoire, qui nous dévoile son passé en Angleterre et à Paris, loin de la cloche et du fatalisme qu’il incarne depuis le début. Les histoires suivantes nous expliquent comment il en est arrivé à vivre dans la dèche. Mais ça ne contrebalance pas totalement la relative maigreur des intrigues. J’ai été surpris par l’avant dernière histoire, dans laquelle Boix réutilise une bonne partie de la troisième, en n’apportant pas grand-chose de plus. Un album qui vaut le coup d’œil, c’est certain, qui se laisse lire, mais qui me laisse un peu sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Bon ben, personnellement, je n’ai pas été spécialement emballé… sauf sur un point : Boix est un putain de bon dessinateur !!! Son noir et blanc a de la gueule et reste toujours très lisible. C’est fouillé et élégant et la construction des planches fait régulièrement montre d’inventivité. Non, là où le bât blesse pour moi, c’est au niveau de l’histoire. De courtes histoires qui, juxtaposées, composent en fait un seul et long récit. On y suit un clochard-par-choix et le moyen de tenir le lecteur en haleine vient du fait que l’on ne sait pas directement pourquoi ce personnage, qui semble cultivé, a fait ce choix de devenir un vagabond crasseux et sans ambitions autres que de vivre au jour le jour. Chaque court récit nous en apprend donc un peu plus sur le personnage… ou nous redit exactement la même chose comme dans les histoires « Revivre le passé » et « Retour en Angleterre », où l’auteur pousse le vice jusqu’à réutiliser les mêmes dessins pour illustrer les mêmes propos. Chaque petite histoire a par ailleurs son propre intérêt puisqu’il relate un récit de type policier noir (non pas Eddie Murphy, mais le GENRE policier noir avec un ton dramatique un peu surfait, du sexe et du sang). Ça fleure bon les années ’70 avec un premier récit datant de 1976 et un dernier de 1982 et c’est très symptomatique de la bande dessinée pour adultes de l’époque (la bd, pas l’adulte). On retrouve un peu la même manière de raconter une histoire que celle que l’on avait dans Alack Sinner, par exemple. Comme dit précédemment, à titre personnel, je ne peux pas dire que j’ai été emballé mais si vous aimez la bd policière noire des années '70, c’est clair que cet album peut être une bonne pioche. Visuellement, il tient très bien la route et les récits ne sont pas mauvais. Pour moi, le personnage central manque de charisme, la morale de l’histoire est très naïve et la juxtaposition des multiples récits montre que cette série était prioritairement destinée à une publication en magazines. Et c'est la raison pour laquelle je reste sur cette impression de bof.
Je ne connaissais pas cet auteur espagnol, ses albums ne sont pas vraiment traduits en français (à part un tome de la série « Thriller » dans les années 80). « Robny Clochard » est un recueil d’histoires courtes qui débarque chez Mosquito en 2016, et la qualité est au rendez-vous. Les déboires de Robny sont prenants, les différentes histoires révèlent au compte-gouttes les évènements qui l’ont conduit à sa situation actuelle. Mais ses aventures sont surtout prétexte à une fable sociale moderne, à une réflexion philosophique certes simpliste, mais qui interpelle et fait réfléchir. Les histoires ne datent pas d’hier et font un peu vieillottes dans leur construction. On retrouve une narration un peu lourde et assez chargée en texte, ce qui était la norme dans les années 80. Mais cela ne m’a pas vraiment dérangé. Le dessin en noir et blanc est magistral, très détaillé et parfaitement maitrisé. Les planches sont vraiment magnifiques. Une chouette découverte.
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