Les Tourbières noires
Un photographe se perd dans les landes de l'Aubrac et trouve refuge chez un homme passablement inquiétant. (librement inspiré de "la peur" de Maupassant)
Auvergne-Rhône-Alpes Christophe Bec École européenne supérieure de l'image Guy de Maupassant
Le soir tombe et notre beau héros, quadra, photographe en repérage dans l'Aubrac, se trouve perdu dans le brouillard. Par chance, une pancarte "gîte rural" attire son regard au pied d'un muret. Il est accueilli par un vieux barbu alerte qui le tient en respect au bout de son fusil.
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Date de parution | 13 Janvier 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne connais pas la nouvelle de Maupassant qui a servi de support à cette série. Ainsi en commençant de lire j'ai cru à une redite de la Balade au bout du monde modernisée. Un photographe perdu dans un décors de landes brumeuses et marécageuses, une ambiance fantasmagorique avec une jolie brune qui partage son lit, il y a beaucoup d'éléments déjà utilisés. Si Makyo était rentré de plein pied dans le fantastique, Bec reste à la porte du genre ce qui donne une impression d'entre deux qui nuit à la cohérence du récit. Comme le soulignent d'autres lecteurs le dénouement n'est pas vraiment une surprise et se devine assez tôt. De même je trouve que Bec n'arrive pas à créer cette atmosphère de folie propre à Maupassant. Le graphisme de Bec est très soigné en mode réaliste. Malheureusement les tourbières ne sont qu'entrevues sur quelques planches où les gros plans sur le journaliste minimisent la grandeur du lieu. De même la voix intérieure du journaliste qui s'essaye à une description en style Maupassant m'a plutôt détourné de la contemplation du paysage car je l'ai trouvé trop lourde. Une lecture moyenne qui ne me laissera pas une grande impression.
J'aime beaucoup Christophe Bec, mais il a un gros défaut : il produit beaucoup trop pour garder un niveau de qualité constant. Et c'est bien le problème des Tourbières noires. Inspiré d'une nouvelle de Maupassant, Christophe Bec fait ce qu'il sait faire le mieux : mettre en place une atmosphère. En effet, l'atmosphère qu'il instaure ici est proprement fascinante. Les grands paysages désolés de l'Aubrac, qu'il restitue magnifiquement (c'est même probablement la 1re raison d'être de la BD) font sensation, on s'immerge dedans avec un plaisir macabre non dissimulé. Le récit, lui, est assez classique, et probablement trop pour son propre bien. Le twist final est facilement anticipé mais à défaut d'être surprenant, il s'insère logiquement dans la narration. Les péripéties en général ne sont pas d'une originalité folle, mais aucune ne m'a énervé par son caractère trop conventionnel, et dans l'ensemble, ça fonctionne bien. De fait, si le récit est trop classique, Bec fait preuve d'un art narratif consommé, qui sauve largement l'ensemble. Mais ce qui sauve le mieux l'ensemble, c'est le dessin de Bec. Quel plaisir de retrouver sa patte unique ! Sa maîtrise des ombres, son dessin rigoureux, ses paysages hypnotisants, tout ça fonctionne de la meilleure des manières ! Pas assez pour transformer cette bande dessinée en chef-d'œuvre, mais ça fait largement le boulot grâce à ça. Et finalement, quand j'ai terminé cette bande dessinée, je n'ai pas trouvé que j'avais gâché mon temps. Mission accomplie, donc.
En refermant cet album, c'est bien la déception qui l'emporte après de belles promesses : adaptation d'une nouvelle de Maupassant, écrivain illustre, belle couverture et ambiance crépusculaire dans un environnement très intéressant des tourbières de l'Aubrac. Mais voilà, le scénario tient sur un timbre poste et on sent la chute arriver assez vite... D'autre part, le caractère des personnages est bien trop stéréotypé pour être crédible. Personnellement, à la place du héros photographe, cela aurait fait belle lurette que j'aurais décampé de ce gite sinistre et peu accueillant... Le dessin et la colorisation flatteurs à l’œil, l'ambiance sombre et le caractère marqué des paysages des landes de l'Aubrac sauvent un peu l'ensemble mais pas assez pour réhausser significativement ma note malheureusement. Originalité : 1,5/5 - Histoire : 1,5/5 Dessin : 3/5 - Mise en couleurs : 3/5 NOTE GLOBALE : 9/20
Voilà une nouvelle BD du maestro Christophe Bec. Encore une ! Et c’est plutôt pas mal. Antoine est un jeune photographe qui parcourt les tourbières de l'Aubrac à la recherche de clichés inédits. Alors qu'il est surpris par la rapide tombée de la nuit, il trouve par chance une vieille ferme fortifiée et demande le gîte. Le propriétaire, Baptiste, l'accueille en compagnie de ses deux molosses écumants de bave. Grrrrr ca fait peur non ? Ce vieux chasseur acariâtre semble cacher un lourd secret de famille... Mal à l'aise, Antoine hésite à rester, quand la sublime fille de Baptiste fait son apparition : Mélodie, à la beauté aussi envoûtante que les landes de l'Aubrac... Je ne vous dévoile pas la fin mais c’est pas mal, vous pouvez me croire. Ce que je peux dire … les amateurs d’univers fantastiques ne seront pas déçus. Laissez-vous transporter dans ce one shot à l’atmosphère inquiétante. Les paysages de l’Aubrac sont envoutants. Le coup de crayon de Christophe Bec est toujours aussi précis et détaillé. Il a le don de décrire des environnements lugubres. L’aspect graphique est époustouflant. Les gros plans sont glaçants. Quelle réussite encore une fois. Le seul bémol, cela se lit trop rapidement. Le plaisir est donc de courte durée. Enfin il faut noter que pour couronner le tout, vous pourrez découvrir un cahier graphique de 8 pages en fin d’album.
Cet album ne m'a pas enthousiasmé car son scénario est beaucoup trop stéréotypé et prévisible. Il me fait penser à ces contes à faire peur qu'on raconte autour d'un feu de camp pour faire frissonner les jeunes adolescents, contes où le seul moment qui effraie vraiment c'est quand le narrateur finit par crier "Bouh !". Christophe Bec nous transporte dans un Aubrac bien sinistre, composé de marais et de nuits brumeuses, et peuplé de bouseux xénophobes accrochés à leur fusils comme des clichés du 19e siècle. Ou en tout cas d'un unique bouseux, un père paranoïaque maintenant enfermée sa pauvre fille qu'il accuse de nymphomanie comme sa regrettée épouse auparavant. Ce côté un peu rétrograde et désuet provient peut-être du fait qu'il s'agit d'une adaptation libre d'un conte de Maupassant donc datant d'il y a plus d'un siècle. Mais concrètement, je me suis ennuyé. Il y a trop de passages téléphonés et de mises en scène convenues. L'histoire joue la carte de la possibilité du fantastique sans jamais dire vraiment s'il s'agit juste de rêves ou d'hallucinations, mais on devine trop vite où cela va nous mener. Les personnages surjouent un peu trop, comme suivant scrupuleusement le script qui leur est confié. Et quand le rebondissement final a lieu, il était pour moi tellement attendu qu'il est tombé complètement à plat. Trop de déjà-vu pour moi dans cette BD.
L’Aubrac est la région qui m’a le plus touché, celle qui m’a laissé le plus d’images fortes à chaque fois que je l’ai traversée. Et les belles pages que Gracq lui a consacrées n’ont fait que renforcer la fascination exercée par ces terres désolées, rudes, mais superbes ! C’est l’Aubrac, choisi pour décor à cette histoire, qui m’a convaincu de lire cet album. Mais j’avais un peu peur de ce que Bec pouvait faire de ces paysages. Je craignais qu’il ne surjoue le fantastique en utilisant l’histoire de la bête du Gévaudan. Au final, même si je pense qu’il aurait tout à fait pu faire l’économie des quelques planches ou apparait la créature des marais, c’est resté plutôt sobre de ce côté. Son dessin est vraiment bon, privilégiant ici les scènes nocturnes et intimistes – c’est presqu’un huis-clos dans une vieille ferme fortifiée, entre trois personnages. Mais s’il a réussi à bâtir une histoire aux relents fantastiques atténués (et inspirés visiblement de Maupassant), c’est un album qui ne m’a pas non plus marqué plus que cela. A lire, peut-être, mais à relire ? Note réelle 2,5/5.
Serait ce l'album qui va me réconcilier avec Christophe Bec ? Pas totalement mais nous prenons le bon chemin. Depuis quelques années C. Bec est un auteur foisonnant, trop sans doute ce qui nuit parfois à la qualité de ses œuvres. Je ne prendrais pour exemple que sa série Prométhée, série à rallonge s'il en est qui pioche allègrement dans tous les pseudo mythes, légendes urbaines et autres théories du complot qui envahissent la toile et les écrans. Il est bien possible qu'ici l'auteur dont il s'inspire, à savoir Maupassant ne soit pas étranger au fait que C. Bec ne fait pas de digressions intempestives, il va droit à l'essentiel et arrive, ce qui n'est pas une mince affaire, à a bien retranscrire l'atmosphère pesante, oppressante de la nouvelle. D'autres que lui se sont parfois attaqué à la mise en images de nouvelles ou romans "d'atmosphère" sans parvenir le moins du monde à insuffler ne serait ce que la plus petite étincelle qui soit. H.P. Lovecraft, maitre en la matière n'a malheureusement jamais été bien servit par ceux qui ont voulu le mettre en scène. Je veux donc ici tirer mon chapeau à C. Bec pour la qualité de son travail y ajoutant même un satisfecit concernant son dessin beaucoup moins raide que par le passé et l'enjoint à persévérer dans cette direction. Pas follement original mais divertissant et de bonne facture, l'achat est envisageable.
Christophe Bec est un auteur qui a été très prolifique ces dernières années. Il peut alterner le meilleur avec le moins bon. Il est vrai qu’il n’a pas beaucoup dessiné durant la dernière décennie. C’est toujours un plaisir que de le voir redevenir un auteur complet. Pour autant, il se choisit un scénario plutôt très simple alors qu’en qualité de scénariste, il n’en choisit pas forcément la facilité. Le seul gros reproche est la simplicité de cette histoire mi-fantastique. Cela ne casse pas des briques. Certes, il y a toujours un loup dans la demeure mais bon, on a déjà vu cela des milliers de fois. Cependant, mon indulgence vient du fait que j’aime la simplicité car le récit devient limpide et non alambiqué. L'auteur va à l'essentiel et c'est bien ce qui importe. Par ailleurs, le dessin s’est franchement amélioré. On pourra toujours admirer les beaux paysages d’une région un peu oubliée dans le monde de la bd. Il y a également l’installation d’une certaine ambiance très pesante qui est fort bien retranscrit.
Le retour de Bec au dessin, sur une adaptation personnelle (contemporaine) d'un conte de Maupassant... Le résultat est très moyen... Si sur le plan du dessin, je trouve ça plutôt réussi, avec des ambiances très réussies et des personnages qui ont moins l'air figés que dans des titres plus anciens de Bec. Je me suis surpris à) admirer les paysages de l'Aubrac. Sur le plan de l'histoire par contre... J'ai été nettement moins convaincu, surtout par le côté anodin de l'histoire. Un drame à trois personnages, dont le motif est vu et revu. Alors bien sûr, c'est du Maupassant, donc plutôt ancien en ce qui concerne le sujet, mais qu'est-ce qui empâchait Bec de le moderniser un peu, au-délà de le placer dans les années 2000 ? Un album assez bof, finalement.
Une sorte de bouffée de vapeur froide. Même sans avoir vu que l'histoire était inspirée d'un conte de Maupassant, c'est bien l'ambiance du Horla qui transparait ici. Le dessin à l'encre très classique est porté par la texture rugueuse des ciels, des fonds en général et des peaux, qui semblent réalisés sur un bon gros papier aquarelle. Les couleurs sont très bien choisies dans une tonalité de bleu verdissant, ou les orangers prennent feu. Les voix OFF sont un peu lourdingues, en revanche les dialogues et les personnages sont très convaincants, un peu à l'américaine. Prenez un quadra beau gosse, une nymphomane à la jupe courte et un vieux fou armé, terrorisé de mauvaise conscience, et vous avez les ingrédients du drame américain. Je ne suis pas vraiment fan de Christophe Bec, mais là je trouve qu'il a réussi quelque chose: une mayonnaise contemporaine qui prend bien avec l'huile maupassante, et se mue en une courte histoire tragique, avec pour cadre glaçant les landes de l'Aubrac.
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