Bérézina

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Pour conserver sa mainmise sur l'Europe, en cette année 1812, Napoléon n'a d'autre choix que de déclarer la guerre à l'empereur russe Alexandre.En septembre, après trois mois de marche, ses hommes, affamés et épuisés, avancent enfin sur Moscou... mais découvrent une ville désertée.


1799 - 1815 : Le Premier Empire - Napoléon Bonaparte Auteurs espagnols Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles La BD au féminin Napoléon Bonaparte Russie

Pour conserver sa mainmise sur l'Europe, en cette année 1812, Napoléon n'a d'autre choix que de déclarer la guerre à l'empereur russe Alexandre.En septembre, après trois mois de marche, ses hommes, affamés et épuisés, avancent enfin sur Moscou... mais découvrent une ville désertée. Sans combat à mener, Napoléon, ses suivants et son armée prennent leurs quartiers dans la capitale. Dès la nuit tombée, pourtant, Moscou commence à prendre feu. Les caves des maisons, les églises et même le Kremlin s'embrasent et menacent de réduire toute l'armée en cendres. Pris au piège, Napoléon va devoir quitter la ville et reprendre la route pour se confronter à son ennemi. Après le succès de "La Bataille", adaptation du Goncourt de Patrick Rambaud, Frédéric Richaud et Ivan Gil s'attaquent cette fois à "Bérézina", autour de la campagne de Russie, un morceau d'histoire militaire raconté à travers une multiplicité de points de vue : les scribes de Napoléon, ses soldats, des comédiens de passage et l'empereur lui-même.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Mars 2016
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Bérézina © Dupuis 2016
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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13/03/2016 | Ro
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L'avatar du posteur bamiléké

C'est avec curiosité que j'ai lu le triptyque de Richaud et Gil car j'avais beaucoup aimé le roman de Rambaud. Je n'ai pas du tout été déçu. Frédéric Richaud et Ivan Gil réussissent très bien à transposer l'esprit du livre avec une force visuelle qui donne de la puissance aux événements. Je suis toujours assez critique avec les fictions historiques mais ici je partage les choix scénaristiques. La thématique la plus évidente est une virulente critique de la guerre (c'est classique) relayée par des poèmes de Victor Hugo pourtant admirateur de Napoléon I. J'ai apprécié que Richaud et Gil aillent plus loin que Rambaud dans la désacralisation de l'image de Napoléon. Leur portrait est sévère et pose en creux une question posée dans la série : "Quelle image auront de nous les générations futures ?" Des monstres ? C'est la réponse du livre à laquelle je souscris. Pourtant nos manuels d'histoires et nos avenues parmi les plus prestigieuses répondent différemment. C'est le grand mérite du scénario de ne pas s'écarter d'un réalisme crédible que ce soit pour le haut commandement ou le gros de la troupe et des suiveurs tous rapaces si l'occasion se présente. Les auteurs remisent l'imagerie épique à la cave car même le seul moment franchement héroïque de la construction des ponts par les hommes d'Eblé est tout juste évoquée dans une voix off qui accompagne une très belle double page. Comme dans le roman, la série monte en intensité dramatique au fil des albums. Le choix de proposer un triptyque est excellent car il laisse le temps aux auteurs d'approfondir les différentes étapes de cette désastreuse entreprise. Le graphisme de Gil atteint un sommet au tome 3 dans la narration visuelle avec cette suite de tableaux d'hommes et de chevaux réduits à rien par la volonté d'un seul. Les visages émaciés tranchent avec un Napoléon rebondit et chaudement vêtu. Ma seule réserve se trouve dans le fait que Richaud et Gil ont choisi d'ignorer la vision de Koutousov. Cela fluidifie le récit mais cela ne rend pas compte des dissensions sur certains choix côté russe. Que le Tsar donne l'ordre d'incendier Moscou, ville sainte, contre l'avis d'une partie de la noblesse n'était pas une option si évidente. Une très belle lecture qui propose un excellent équilibre dans la narration par le texte et l'image.

11/03/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Retrouver les affres des guerres napoléoniennes après avoir lu La Bataille des mêmes auteurs, ne m'enchantait pas outre mesure, mais un ami m'ayant prêté les 2 premiers albums, je me suis dit pourquoi pas ? N'étant pas un fervent admirateur napoléonien, j'ai quand même avisé sur BDT pas mal de Bd s'y rattachant, et il y a dans son épopée des épisodes qui m'intéressent plus que d'autres, surtout ses débuts lorsqu'il est encore Bonaparte, comme je l'explique dans différents avis, notamment Napoléon (Glénat). Et justement, l'épisode de la campagne de Russie, avec son effroyable charnier et son issue désastreuse (dont le passage de la Bérézina) ne sont absolument pas les moments que je préfère dans l'aventure napoléonienne. Toutefois à ma grande surprise, j'ai pris de l'intérêt à cette lecture car la Bd ne s'encombre pas de certaines lourdeurs comme dans La Bataille, ni de scènes inutiles qui égaraient un peu le lecteur ; au contraire, les auteurs vont à l'essentiel, l'arrivée dans Moscou, les incendies, les tergiversations pour savoir s'il faut rester ou partir, puis la retraite de Russie en elle-même... tout ceci est développé assez rapidement, sans s'appesantir et sans longueurs, malgré le fait qu'on passe entre plusieurs personnages qui suivent l'action à leur façon. Les auteurs montrent bien la folie d'une telle campagne, les pertes humaines, les privations, le manque de vivres, des champs de bataille funestes, le froid qui ronge les âmes et les corps... bref la narration m'a semblé beaucoup plus intéressante que celle de La Bataille. Graphiquement, j'ai beaucoup apprécié le dessin, j'ai l'impression que Gil s'est amélioré, ou alors il a changé sa mise en page qui privilégie de grandes cases bien aérées, détaillées, parfois en horizontal, c'est du plus bel effet, notamment sur les images de Moscou (l'arrivée des troupes) puis le feu qui ronge la ville, de même qu'il y a aussi des vues semi-aériennes qui détaillent des ensembles de monuments, c'est très réussi. Dans le tome 2, j'ai aussi relevé une pleine-page magnifique sur la retraite de Russie. J'ai remarqué aussi qu'on voit beaucoup plus Napoléon dans cette série, alors qu'il se contentait d'apparaître furtivement dans La Bataille. Au final, ce contexte ne me réjouit guère, mais j'ai trouvé l'ensemble intéressant, en dépit de certaines séquences sans trop d'utilité et qui ne font pas avancer l'intrigue, et surtout qui ne cherche pas l'aspect historique pointilleux, c'est plus une épopée aventureuse basée sur un événement historique tragique, racontée à travers les points de vue de différents protagonistes, tels le capitaine d'Herbigny, Mons, Roque et autres...

23/12/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

La Campagne de Russie est un triste événement à mes yeux. Non pas que je sois un fervent adorateur de Napoléon mais parce que j'y vois un immense gâchis. Un gâchis humain avec la quantité de morts qu'elle a engendrée. Un gâchis matériel et culturel avec une grande partie de la Russie et surtout la superbe ville de Moscou dévastées. Et le gâchis de voir la fin pitoyable d'un Empire européen qui avait suscité l'espoir du Peuple et aurait pu mieux tourner. Voir cet événement adapté en bande dessinée n'attisait donc pas forcément mon envie à la base. Mais les auteurs de cette série ont su la rendre aussi attrayante qu'intéressante. L'angle narratif du récit est de multiplier les points de vue, même si tous du côté français. Nous y suivons en effet une poignée de personnages très différents allant du capitaine de cavalerie au secrétaire particulier en passant par une troupe de comédiens et l'Empereur lui-même. Le récit est très fluide, très aéré, sans les lourdeurs d'un récit historique trop détaillé. Et pourtant il est parfaitement clair car il va à l'essentiel. Nous sommes dans l'action et la réaction, pas dans la contemplation avec l’œil extérieur d'un historien. Les protagonistes sont sympathiques et très humains. Ils apportent en outre régulièrement la petite touche de légèreté, d'humour voire de romantisme qui manque aux événements. Le dessin est lui aussi largement à la hauteur. Soigné et détaillé, il offre à la fois de très beaux décors et des personnages vivants et dynamiques. Bref, c'est un ouvrage capable de réunir dans le même plaisir de lecture les amateurs de la grande Histoire et ceux des récits d'aventure prenant.

13/03/2016 (modifier)