Dolorès (Loth)

Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)

Est-ce là l’exil forcé que connut Marie, la mère de Nathalie avant son arrivée à l’orphelinat de Montpellier ? Un one shot sensible et terriblement actuel, construit comme un passionnant jeu de piste.


Espagne La Boite à Bulles La Guerre civile espagnole Les petits éditeurs indépendants Troisième âge

Déroutée par la soudaine capacité de sa mère, pourtant sujette à des trous de mémoire, à parler espagnol, Nathalie s’interroge : pourquoi veut-elle se faire appeler Dolorès ? Et d’où proviennent ses cauchemars persistants dans lesquels se côtoient les fascistes, Franco et un mystérieux bateau ? Pour répondre à ces questions, Nathalie décide d’enquêter sur le passé de sa mère, en Espagne. L’occasion pour elle de découvrir, et de nous faire découvrir, l’histoire de ce pays et les profonds changements qu’il a connus au cours du siècle dernier... Du 28 janvier au 15 février 1939, plus de 500 000 républicains espagnols tentent de fuir Franco et la guerre civile. Parmi eux, au moins 70 000 enfants atteindront la France. Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Avril 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Dolorès (Loth) © La Boîte à Bulles 2016
Les notes
Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

23/03/2016 | Alix
Modifier


L'avatar du posteur bamiléké

Je suis assez gourmand de tout ce qui touche à la guerre civile espagnole. C'est donc sans surprise que j'ai bien apprécié cette série. Bruno Loth commence son scénario par un schèma très classique de recherche des origines cachées. Mais bien vite on s'aperçoit qu'il est illusoire de reconstituer en détail la triste histoire de Marie/Dolorès autrement que par minuscules morceaux. C'est la juxtaposition d une histoire ancienne et grandement enfouie et de l'histoire moderne de cette Espagne républicaine qui fait l'originalité du récit. C'est un peu comme si Loth voulait nous proposer une filiation oubliée entre les Républicains de 1939 et ceux de 2014 via Podemos. C'est un récit vivant bien que la fille de Dolorès reste toujours dans un rôle assez neutre d'observation. Bruno Loth sait mettre sa touche d'émotion à travers l'épisode dramatique de la plage d'Alicante mais cela reste toujours juste et sans excès. Le dessin est fin, précis et propose de nombreuses scènes d'entretiens. Il n'y a donc pas beaucoup d'actions mais le rythme reste bon et je ne me suis pas du tout ennuyé. Une lecture rapide et plaisante qui propose un point de vue original sur la mémoire personnelle d'événements tragiques.

08/02/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Si l'on peut dire que cet album est une BD de plus sur la Guerre d'Espagne, puisqu'il en existe un bon nombre déjà, elle s'attache à un sujet particulier que je ne connaissais pas : la fuite vers le port d'Alicante durant la Retirada et l'évacuation par bateau d'un faible nombre de réfugiés tandis que les milliers d'autres restaient sur la plage pour être capturés par les troupes et alliés de Franco. Pour amener ce sujet, l'auteur met en scène une vieille dame en fin de vie à qui les souvenirs traumatisants de l'époque, enfouis dans sa mémoire, surgissent soudain alors que ses propres enfants ne savaient rien de son passé. C'est alors sa fille qu'on va suivre dans son enquête de nos jours pour comprendre ce qu'a pu vivre sa mère. Si le sujet est intéressant et si la vision de cette petite fille accrochée à des valises en guise de bouée est déchirante, la manière de présenter cette investigation m'a un peu ennuyé. C'est vraiment le parcours de l'enquêtrice que l'on suit, les différents lieux où elle se rend, les personnes qu'elle interroge, les bouts d'anecdotes qu'elle entend, et ce n'est pas une vision plus approfondie et synthétique des événements de l'époque que l'on découvre. Je retiens plus de cette lecture un récit qui se déroule de nos jours qu'une tentative de faire revivre les événements et émotions de l'époque ou de leur apporter plus d'explications. Cela se ressent aussi beaucoup durant le passage à Madrid où l'auteur et son personnage partent en vraie digression sur le sujet des élections du groupe politique Podemos et de ses alliés, sans qu'on voit trop le lien avec la Guerre Civile espagnole, ou pas plus en tout cas à mes yeux qu'on en verrait si quelqu'un faisait soudain le lien entre le mouvement Nuit Debout de nos jours et la lutte contre le Régime de Vichy. Quant au dessin, il est dans un style réaliste et sobre qui rappelle un peu celui de Davodeau mais que je ne trouve pas particulièrement beau. Bref, la lecture reste pas mal car elle est instructive sur ce qu'il s'est passé à Alicante en 1939 et sur les conséquences pour les réfugiés et les prisonniers. Mais je n'ai pas apprécié la mise en scène du récit en général et je m'y suis un peu ennuyé.

06/07/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Les souvenirs de la guerre d'Espagne ne sont pas de très bons souvenirs pour les populations ayant connu la souffrance durant cette longue période. Ils se battaient vraisemblablement pour une cause juste contre les nationalistes alliés à Hitler et Mussolini. Il faut dire que la répression menée par Franco par la suite fut des plus terribles. Or, ce sont tout ces pénibles moments qui resurgissent à la fin de la vie d'une vieille dame dans un hospice pour personne âgée. Sa fille va tenter de voir pourquoi elle parle en espagnol alors que'elle ne l'avait jamais fait. Elle remonte les traces du passé de tout un peuple. On aurait sans doute aimé une plus grande interaction entre la fille et la mère par rapport à cela. C'est plutôt l'Histoire qui prend le dessus sur le drame personnel. J'ai eu un peu de mal pour m'attacher à ces personnages. A vrai dire, je n'y suis pas parvenu. Pour le reste, la mémoire d'événements tragiques est sans doute nécessaire pour se construire.

02/07/2016 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

Après avoir déjà traité de la Guerre Civile espagnole avec sa série "Ermo", Bruno Loth revient enrichir son approche du sujet, mais en s'attachant cette fois-ci à l'immigration forcée de nombre d'espagnols fuyant la dictature franquiste qui s'installait dans le sang. Avec Dolorès, Bruno Loth réalise un travail riche sur la mémoire et l'oubli, par le prisme de l'immigration et l'histoire de cette femme qui a complètement enfoui son passé et occulté cette tragique expérience à ses enfants. S'inquiétant des troubles et de ses soucis de santé, le personnel soignant qui s'occupe d'elle va pousser l'une de ses filles à s'enquérir du passé de sa mère ; car fait troublant, celle-ci s'est mis à parler en espagnol régulièrement depuis quelques temps et se fait appeler Dolorès... A partir de là, sa fille va petit à petit démêler l'écheveau du passé de sa mère, découvrir ses origines espagnoles et la fuite de son pays d'origine due à la guerre d'Espagne. Bruno Loth nous propose ici un album très bien construit mêlant fiction et Histoire. Cette réussite tient aussi à son implication personnelle puisqu'il est parti passer plusieurs mois en Espagne pour étayer son récit et qu'il a habillement inclus dans cette quête les témoignages des personnes qu'il a rencontré. Un très bon album sur un sujet qui résonne tristement avec notre actualité, servi par un dessin simple et efficace tout en noir et blanc coloré en sépia, ce qui à mon sens colle parfaitement avec cette reconstitution d'un passé qu'on a voulu effacé.

23/03/2016 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Une BD comme je les aime, qui mêle habilement une histoire assez personnelle, et l’Histoire avec un grand H. L’aventure de Nathalie débute quand sa mère, en maison de retraite et souffrant de trous de mémoire, se met soudainement à parler espagnol, et à faire des cauchemars mystérieux parlant de plage et d’abandon… d’où sortent ces souvenirs enfouis ? Nathalie décide d’enquêter sur son passé, et se retrouve rapidement en Espagne. Elle comprend assez rapidement que sa mère avait, dans son enfance, fui les forces de Franco lors de la guerre civile d’Espagne, en 1939… L’expérience fut bien entendu traumatisante, comme pour des dizaines de milliers d’autres républicains, encerclés sur les plages d’Alicante. On en profite pour découvrir tout un pan politique et social de ce pays, depuis l’avant-guerre jusqu’à nos jours. L’auteur s’est clairement documenté, mais n’alourdit pas trop son histoire et n’assomme pas le lecteur, qui pourra faire ses propres recherches (ou lire le court documentaire en fin d’album) pour en apprendre plus. Le dessin de Bruno Loth est très joli et détaillé, mais je trouve le choix de n’utiliser que du marron/beige pour les couleurs étrange. Cela donne un aspect assez fade à l’ensemble. Un excellent album, dans la lignée des œuvres précédentes de cet auteur (Apprenti, Mémoires d'avant-guerre et Ouvrier, Mémoires sous l'Occupation).

23/03/2016 (modifier)