Macaroni !
"Le vieux chiant", c'est comme ça que Roméo appelle son grand-père. Alors, quand il apprend qu'il va devoir passer quelques jours avec lui à Charleroi... c'est une certaine idée de l'enfer pour le gamin de 11 ans. Pourtant, cette semaine s'avérera surprenante à bien des égards.
Auteurs italiens Collection Repérages Hébergé chez ses grands-parents Immigrants Les ritals Prix oecuménique Wallonie
"Le vieux chiant", c'est comme ça que Roméo appelle son grand-père. Alors, quand il apprend qu'il va devoir passer quelques jours avec lui à Charleroi... c'est une certaine idée de l'enfer pour le gamin de 11 ans. Pourtant, cette semaine s'avérera surprenante à bien des égards. Peut-être grâce à Lucie, la petite voisine, qui parlera de son "nono" à elle et qui lui fera découvrir la beauté des terrils, peut-être grâce à son papa qui, pour la première fois, évoquera son enfance, certainement grâce à Ottavio qui derrière ses airs de vieux bougon cache une vie faite de renoncements et de souffrances. Une vie qu'un gamin d'aujourd'hui ne peut imaginer. C'était une simple semaine de vacances, ce sera l'occasion de lever le silence qui pèse sur des hommes de trois générations.Un récit humain et touchant qui nous parle de l'immigration italienne, du travail des mineurs, de transmission et du difficile accouchement de la parole quand, une vie durant, on a été habitué à se taire.
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Date de parution | 01 Avril 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Contraint et forcé, le jeune Matéo est déposé quelques jours chez son grand père, qu’il ne connait pas beaucoup et n’apprécie pas du tout. Le grand père, qui vit dans une cité ouvrière comme beaucoup de vieux immigrés italiens, est un vieux bougre renfrogné et solitaire, qui n’a pas la télé, et se révèle quelque peu asocial. Au départ, les relations sont glaciales (ils s’appellent entre eux « vieux chiant » et « petit con »), chacun campant sur ses positions, deux modes de vie, bien plus que des générations les séparant. Avec l’aide d’une jeune voisine, puis de son père et de son grand père lui-même, pourtant avare d’épanchements, Matéo va découvrir ce qu’a été le quotidien de son grand père, dans les mines, son émigration vers la Belgique, et l’immense frustration qui a pas mal gâché sa vie. Et Matéo va s’ouvrir à lui, au point de vouloir prolonger ce séjour chez son grand père, d’autant plus que ses parents sont en pleine séparation. On a là une histoire sympathique, qui nous montre des êtres s’apprivoisant en apprenant à se connaître. L’intrigue n’est pas forcément des plus originales (c’est le point faible, car la narration, qui prend son temps et joue sur les silences, est plutôt réussie), mais cela se laisse lire agréablement. Le dessin – et la colorisation – sont agréables et relativement originaux. A emprunter à l’occasion.
Pas si courant en bd, le scénario est très bien construit, équilibré... Je dirais mature. Ce qui trouve son explication d'ailleurs par le petit texte en fin de bd, qui comporte un historique de la décantation du scénario. En général je ne suis pas un grand fana des textes "explicatifs" sur la construction du projet en fin bd, dans ce cas précis c'est particulièrement intéressant. Un dessin et une colorisation qui construisent l'histoire à merveille. Vivement recommandé.
J'avais aimé leur précédente collaboration Les Larmes du Seigneur Afghan mais là, le voyage sera moins long. Les auteurs nous amène en Belgique. On y retrouve les briques rouges des maisons, les mines et les souvenirs, ceux d'Ottavio, un grand-père aigri, un immigré italien qui a combattu dans l'armée de Mussolini. La confrontation entre Nono, le grand père et Roméo, le petit fils est assez classique: nous passons de l'indifférence à peine polie ("le vieux chiant", "petit con") au rapprochement inéluctable entre les deux protagonistes à travers le récit des souvenirs: la guerre, la mine, l'Italie. J'ai bien aimé la technique de Thomas Campi pour faire vivre les fantômes du passé dans la maison de Nono. C'est un récit assez touchant mais sans surprise. Il manque un quelque chose pour en faire une bande dessinée incontournable . Il faut noter la préface d'un immigré d'origine italienne assez célèbre ,vivant en Belgique, à savoir Salvatore Adamo.
Il est toujours intéressant d'avoir des témoignages de vrais gens qui ont connu la faim, la guerre, le déracinement, le racisme. Nous avons un vieil homme d'origine italienne qui n'a pas eu une vie très facile. Il est devenu assez bougon avec le temps. Sa relation avec son petit-fils ne sera pas très facile. Pour autant, on pourra tomber dans une certaine tendresse pour ces deux personnages que tout sépare. Malgré cela, je n'ai pas trop été trop emballé. Le graphisme n'est déjà pas celui que je préfère. On observera une multitude d'effets de style pour représenter les fantômes du passé. Le récit aurait pu être différent également. Cela reste une bd d'ambiance où de grands moyens sont déployés pour un piètre résultat. J'aime pourtant les macaronis que me faisait ma grand-mère également d'origine italienne. Cependant, je n'ai pas été touché plus que cela. D'autres oeuvres dans un genre similaire m'ont déjà fait plus d'effet. A noter une préface signée par Salvatore Adamo lui-même.
Lue aussi à mon tour et vraiment beaucoup aimé aussi ! Tout d'abord ce sont les dessins et plus particulièrement les couleurs qui séduisent, chaque case est un régal pour les yeux, un travail graphique de premier ordre vraiment magnifique. La richesse de la palette de couleurs sert ici totalement l'ambiance, elle laisse le temps à la contemplation, comme le récit laisse le temps aux personnages de partir dans leurs pensées, dans les non-dits, leur apportant toute l'épaisseur nécessaire pour les rendre vivants. Heureusement que Zabus a pu finalement écrire cette histoire dans une pagination libre et non en 62 planches comme il l'explique à la fin dans une très intéressante genèse de l'œuvre, sans quoi le résultat n'aurait absolument pas été le même... J'avais émis le doute que le récit se lise trop vite. Il n'en est rien, du fait de l'aspect contemplatif de l'œuvre mais aussi parce les émotions qui naissent au fil des cases se prolongent entre les cases en quelque sorte, c'est une des grandes forces du talentueux narrateur qu'est Zabus. On a donc la forme, le fond n'est pas en reste. L'histoire touche à bien des égards car les thèmes abordés sont — malheureusement pour certains — assez universels et on se retrouve donc impliqué dans cette histoire à laquelle on peut facilement s'identifier à un moment ou à un autre forcément. C'est une histoire réaliste de toute façon, et pour adultes comme il l'explique en fin d'ouvrage aussi, abandonnant le côté onirique/fantasmagorique du scénario initial pour finalement ne laisser que la substantifique moelle : une œuvre profondément humaine. Chacun des personnages ayant la place de nous faire découvrir sa propre humanité, son lot de questions et d'épreuves, de petits bonheurs et de tracas ou de plus grands aléas de la vie, de ceux qui modifient le chemin que l'on suit et de ceux qui le suivent avec nous dans notre entourage proche. J'avais déjà beaucoup apprécié Les Larmes du Seigneur Afghan du même duo d'auteurs (Zabus/Campi), "Macaroni" est une autre de leur réussite à mettre avec tous les honneurs mérités sur nos étagères ! 17/20
Une histoire émouvante et très bien menée Une petite maison mitoyenne en briques, avec un jardin tout en longueur. Au fond une petite cabane avec un cochon ; un peu plus près de la maison : une serre. Partout des rangs bien désherbés d'oignons et de salades. Sur une chaise un vieil homme qui renifle dans un appareil à oxygène. A priori rien de très folichon pour le petit Roméo qui doit passer deux semaines chez ce grand-père rital et taiseux, au milieu des papiers peints à fleurs, et des souvenirs noirs d'Ottavio. Bref rien d'original au départ : on voit bien que les deux personnages vont s'apprivoiser. Mais la manière de raconter l'histoire est très agréable. Ce grand-père d'origine italienne a tout un passé qui le travaille, et que l'on découvre au gré des questions de l'enfant, par exemple comment a-t-il pu faire la guerre du coté de Mussolini ? Les seconds rôles tiennent aussi leur place vaillamment : le père, qui vient seul et à qui son père n'a jamais rien raconté, la petite voisine qui avait aussi un grand-père mineur, qui en sait beaucoup sur la mine, et aimerait en échange en savoir plus sur les garçons... Pour l'image, c'est comme si l'Italie avait envahi Charleroi. Les traits fins et relativement indécis sont judicieusement cernés par des couleurs très vives et ensoleillées, modulées au pinceau. Les visages expressifs permettent d'en dire beaucoup avec peu de mots. Les passages muets ont une belle densité. Parfois des anges noirs (chariots de mineurs, salles des pendus, mais aussi d'autres éléments plus mystérieux...) passent en surimpression sur le décors familier. Une sorte de making-off en fin d'album raconte la construction de l'histoire, le premier jet, le livre pour enfant, puis un spectacle de théâtre et marionnettes, puis la rencontre avec Thomas Campi. C'est vraiment intéressant de voir que la forme choisie, les rencontres vont modifier le scénario sur plusieurs points. Lisez-le : vous rirez et vous pleurerez. N'est-ce pas tout ce que l'on peut demander à une bande dessinée?
Le témoignage d'immigrés venus travailler en France au milieu du XXe siècle, et même plus particulièrement d'immigrés italiens, le monde de la BD en connait quelques-uns tels que Les Années Spoutnik ou encore Disgrazia !. Avec Macaroni !, Vincent Zabus et Thomas Campi s'y attellent également mais ajoutent une thématique nouvelle qui est celle de la transmission entre les générations et des difficultés de communiquer. C'est en effet le récit d'un jeune garçon, Roméo, qui va affronter les préjugés qu'il a envers son grand père bougon et renfermé pour découvrir sa part d'humanité et son passé douloureux, mais également le récit d'un père qui n'a jamais su vraiment dialoguer ni avec son propre père ni maintenant avec son fils. Quel est l'élément déclencheur qui va leur permettre d'évoluer ? Peut-être la rencontre de Roméo avec la très jolie Lucie au caractère mature et affirmé. C'est un beau récit, juste et touchant. Il aborde les sujets du passé, de l'immigration, des regrets et du souvenir avec finesse. Contrairement à d'autres récits sur le même sujet, les flash-back ne sont ici que des visions fugitives, fantômes du passé, et on s'attache davantage au présent et à la relation actuelle entre les personnages et le monde qui les entoure. Le dessin est également très appréciable, plein de personnalité et tout en couleurs chaudes. Il donne vie et chaleur aux décors de la région minière de Charleroi. Cette BD pêche pourtant par le côté assez convenu et prévisible de son scénario. Dès le départ, on se doute que les préjugés seront battus en brèche et que le jeune héros va beaucoup s'attacher au vieux grand-père râleur et qu'on comprendra pourquoi il est devenu ainsi. C'est un déroulement louable et heureux mais une histoire comme on en a déjà vu beaucoup. En outre, dans ce type de récit, on s'attend généralement à une fin pleine d'émotion. Et effectivement, on sent la douce montée des sentiments ainsi que la curiosité de savoir d'où vient la douleur du grand-père. Mais quand l'explication vient, elle apparaît soudain relativement plate, sans impact. Et là où l'on s'attend à une bouffée émotive finale, on est un peu trop dans la retenue et la frustration, presque comme une fin en queue de poisson. Seule la satisfaction de voir la communication établie amène sa part d'optimisme et de plaisir. C'est une bonne BD, une lecture juste et intelligente. J'estime pourtant qu'elle aurait pu apporter encore davantage, profitant de ses personnages, de son beau graphisme et de sa narration assez fine. Je reste légèrement sur ma faim même si je me demande si une relecture dans quelques temps ne pourrait pas me permettre de mieux l'apprécier.
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