Lucky Luke vu par Mathieu Bonhomme (L'Homme qui tua Lucky Luke / Wanted Lucky Luke)
Angoulême 2017 : Prix du Public L'Hommage de Matthieu Bonhomme à Morris.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Angoulême 2017 : les gagnants ! Angoulême : récapitulatif des séries primées Les prix lecteurs BDTheque 2016 Lucky Luke Spin-off
Par une nuit orageuse, Lucky Luke arrive dans la bourgade boueuse de Froggy Town. Comme dans de nombreuses villes de l'Ouest, une poignée d'hommes y poursuit le rêve fou de trouver de l'or. Luke souhaite y faire une halte rapide. Mais il ne peut refuser l'aide qui lui est demandée : retrouver l'or dérobé aux pauvres mineurs du coin la semaine précédente. Luke souhaite y faire une halte rapide. Mais il ne peut refuser l'aide qui lui est demandée : retrouver l'or dérobé aux pauvres mineurs du coin la semaine précédente.
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Date de parution | 01 Avril 2016 |
Statut histoire | Une histoire par tome 2 tomes parus |
Les avis
Ouaips!! La variation d'un thème classique ultra connu est un exercice très difficile dans tous les domaines. La bande dessinée ne fait pas exception. J'ai commencé par Wanted, au pif. J'ai tout de suite adhéré à l'œuvre de Matthieu Bonhomme que je ne connaissais pas. J'aime beaucoup le physique de LL, fin, racé et dynamique. Que dire des pétroleuses type Brigitte Bardot et Claudia Cardinale lancées dans un concours du premier bisou. succulent, quel idiot ce Luke!! C'est un petit tour vers le cinéma comme les cadrages proposés par M.Bonhomme. Mais on parle de Luke comme si il n'était pas humain s'interroge Cherry! L'auteur nous proposerait-il une introspection du cow-boy solitaire? Côté cœur? Côté remords? Avec toute cette horde sauvage de vieux personnages rangés sous la poussière des rayonnages Pete, Joss, Brad fils de Phil. J'ai une seule envie, c'est de rouvrir tous mes vieux albums que j'ai donné à mon fils. Je me rabats sur l'Homme Qui Tua Lucky Luke. Le dernier exemplaire du libraire, ouf. Pareil je trouve le scénario très bien ficelé avec une histoire touchante de handicap, ce n'est pas si courant!. Les couleurs font ressortir les ambiances de pluie, de colère, de haine aveugle d'une foule rouge de haine pour la première victime expiatoire venue. Les indiens feront très bien l'affaire d'un petit lynchage. Les mineurs furieux sont vite manipulés et aveuglés, ils sont portés par un chant digne du KKK où chien rime avec indien et porc avec or. Très fort. La nuit sera-t-elle rouge? ou l'après-midi? Le seul moment où Luke retrouve ses couleurs de sape , c'est pour se salir comme jamais! Miss Legs ne s'était pas trompée sur la valeur de l'humanité des hommes qu'elle aimait. Avec une telle créativité je peux dire comme Cherry "Lucky Luke! Vous serez toujours le bienvenu. Ici on vous aime."
Lucky Luke est à son tour revisité comme l'ont été Bob Morane, Michel Vaillant, Ric Hochet et d'autres, sauf que là, ce n'est pas un album qui semble continuer la série, c'est plus perçu comme un hommage à Morris. L'auteur se plie avec brio à l'exercice de style en se fondant dans l'univers de Morris, et en se réappropriant les codes de la série, tout en gardant sa propre identité et sa touche personnelle. Je connaissais mal Matthieu Bonhomme, n'ayant lu que Texas Cowboys que je n'avais d'ailleurs pas aimé, aussi dès la première page, on ne peut y croire en voyant la silhouette bien connue qui git lamentablement dans la boue ; on se doute que ce n'est pas possible car je crois qu'aucun auteur moderne de BD n'aurait l'audace de flinguer un tel mythe comme Lucky Luke (ce serait même suicidaire pour sa carrière), lecture qui reste pour moi et pour plein de gens un souvenir d 'enfance très ancré, et il m'arrive d'en relire encore parce que ça fait du bien et qu'on en a besoin. Le titre de cet album est quand même sacrément racoleur, car destiné à accrocher le lecteur potentiel, mais c'est bien trouvé. On ne peut pas dire que le scénario présente une grande originalité, mais la façon dont c'est conté reste très séduisante, car les clins d'oeil abondent dans cette Bd, Bonhomme réutilise habilement tous les éléments qui ont fait la réputation de Lucky Luke : bagarre de saloon, sheriff qui taille un bout de bois, gag de Jolly Jumper (qui crache de la flotte sur le vieux grigou), l'habileté au tir de Luke, le croque-mort, les plans qui imitent ceux de Morris... sans parler des allusions aux personnages, comme ceux de Laura Legs, Phil Defer ou les cousins Dalton qui sont évoqués, et à la fin le brin d'herbe remplaçant la cigarette, avant la traditionnelle image finale avec le sempiternel I'm a poor lonesome cowboy... On remarque aussi que le nom de Morris apparait sur une tombe du cimetière, et que le personnage de Doc Wednesday est directement inspiré par celui de Doc Holliday. L'auteur se livre donc à un joli florilège de figures du western (un sheriff incapable, des villageois vindicatifs, des mineurs, des frères soudés, des Indiens boucs émissaires, des conducteurs de diligence, une jolie femme arrivant dans ce monde de brute...). Et pour couronner le tout, le dessin est vraiment superbe, très agréable à l'oeil, ne cherchant pas à copier le trait caricatural de Morris, c'est un très joli style semi-réaliste (avec un visage réussi de Luke), une pureté de ligne proche de la Ligne Claire et de belles images de nuit et de décors naturels ; c'est plus appliqué que sur Texas Cowboys. Un bel hommage à Lucky Luke et aussi un bel hommage au western.
Réaliser une BD hommage reprenant un personnage célèbre, c'est toujours un exercice casse-gueule. D'abord parce qu'il faut être au moins à la hauteur de l'oeuvre originale mais aussi parce qu'il faut éviter de le dénaturer, ou d'offrir un scénario frileux et sans intérêt, ou encore d’alourdir le tout avec trop de références et de clins d'oeil, ou tout simplement de fournir une mauvaise histoire ou un mauvais dessin. Et en même temps, il faut offrir quelque chose d'original car sinon quel intérêt de faire un hommage si c'est juste pour fournir un album de plus pour une série qui en comptait déjà suffisamment à elle seule ? Eh bien, Mathieu Bonhomme a su éviter tous ces écueils et fournir un excellent album hommage à Lucky Luke. Pour commencer, il y a son dessin qui est excellent. Plus réaliste que celui de Morris, il donne une très belle ambiance aux planches et met en scène un Lucky Luke crédible et plus mature. Les personnages sont dynamiques, les scènes d'action parfaitement rendues. Et en même temps les décors sont beaux et dépaysants. Mais l'histoire n'est pas en reste. Dès les premières pages, on se doute plus ou moins de ce qu'il va se passer et ce que certains cherchent à nous cacher, mais la suite nous révèle pourtant son lot de surprises. Et c'est surtout la manière dont les choses se déroulent qui est plaisante car tout est raconté de manière réaliste et intelligente. Il règne dans le récit une vraie tension qui n'existe pas dans les albums de Morris et on craint pour de bon que Lucky Luke ne s'en sorte pas indemne pour une fois. Mathieu Bonhomme réussit en outre à éviter tout manichéisme et ça, ça me plait bien plus qu'un méchant trop basique à combattre à coups de revolvers. En même temps, le ton réussit à rester suffisamment léger pour que cela reste du divertissement. Le gag récurrent d'un Lucky Luke en manque de tabac finit par être vraiment amusant et à avoir même son incidence sur le déroulement du scénario. Du début à la fin, cet album ne m'aura pas déçu. Vraiment une excellent hommage qui vaut le coup à lui seul comme une bonne histoire à part entière.
Alors ça c’est un bel hommage doublé d’un très bon western ! Je n’ai jamais été un grand fan des auteurs qui reprennent à leur compte les personnages d’autres confrères car le résultat n’était souvent (pour ne pas dire jamais) à mon goût. Ici Matthieu Bonhomme se réapproprie le personnage tant sur le plan du dessin que du scénario et y apporte également quelques notes qui rappellent les grands films du genre. Cet album aux ambiances plus sombres (donc tourné vers un public plus âgé que l’original) mentionne quelques touches d’humour et arrive à surprendre presque à chaque page. J’ai adoré cet album et ne peux que vous engager à l’acquérir. J’ai lu l’album couleur et celui en noir et blanc. Je dois dire qu’il y a vraiment une différence entre les deux. J’ai personnellement acheté l’album en Noir et Blanc qui apporte un vrai plus aux ambiances (même si sa couverture est pour moi moins réussie et que son prix est un peu plus élevé).
Voilà une interprétation de Lucky Luke qui est diablement habile ! Tout y est : le saloon enfumé, la petite ville à l'atmosphère pesante, l'attaque de la diligence, les chercheurs d'or, le shérif corrompu, la foule des lyncheurs, les indiens… Le tout décliné de façon sérieuse, sans chercher à pasticher l'humour habituel de la série. Et il faut finalement un énorme talent pour parvenir à créer du neuf avec des codes et clichés aussi rebattus. Un talent que Matthieu Bonhomme maîtrise visiblement à la perfection. Il propose ici une version des aventures de « l'homme qui tire plus vite que son ombre » qui constitue un magnifique hommage à la série-mère, mais aussi une véritable déclaration d'amour au genre western, à travers un scénario impeccable dans son classicisme. L'histoire est en effet bourrée de clins d'œil, en référence à tous les westerns, aussi bien à ceux de l'âge d'or hollywoodien – L'homme qui tua Liberty Valance bien sûr, mais aussi Le train sifflera trois fois ou des films moins connus comme La première balle tue – qu'à leurs avatars plus tardifs… Quand Lucky Luke lance à un gamin « c'est mal de tuer un homme, petit… tu lui retires tout ce qu'il a et tout ce qu'il aurait pu avoir », il reprend presque mot pour mot les paroles de Will Munny, le vieux tueur d'Impitoyable. Au cimetière, on peut voir la tombe de Charly Hutter, compagnon de Wild Bill Hickock, mais aussi celle d'un certain Morris from Bevere (“Maurice de Bevere” est le vrai nom de Morris, le créateur de Lucky Luke)… L'auteur sait aussi décliner l'univers de Lucky Luke. Et après presque 80 albums, c'est un exploit que de parvenir à être original. On découvre par exemple comment Lucky Luke a cessé de fumer, et c'est plus rigolo que la triste réalité (Morris a échangé la clope de son héros contre un brin d'herbe en 1983 pour des raison mercantiles et politiquement correctes, afin de vendre albums, dessins animés et produits dérivés aux États-Unis). L'homme qui tua Lucky Luke doit par ailleurs être le seul album de Lucky Luke dans lequel notre héros affronte une vraie pluie battante (Morris n'aimait pas dessiner la pluie, ça l'ennuyait). Pour ce qui est du dessin, je suis tout aussi enthousiaste. Matthieu Bonhomme réalise un sans faute. À l'aise dans les plans larges “en cinémascope”, autant que lorsqu'il faut serrer le cadrage lors d'un duel, variant les angles de caméra, il fait œuvre de cinéaste et restitue magistralement toutes les images que l'on attend d'un bon western. Il ne cherche pas à copier Morris et adopte un style semi réaliste qui me fait un peu penser aux premiers albums de Buddy Longway. Je mets en revanche un gros bémol pour la mise en couleur : beaucoup de cases colorisées en bichromie, avec des personnages monochromes sur fond uni… Je ne comprends pas bien les choix de l'auteur ; c'est un peu son style (voir Texas Cowboys), certes… et on peut le voir comme un hommage aux colorisations des albums des années 1970, que l'on rencontre chez Derib (Go West), ou dans les premiers Blueberry. C'est parfois assez réussi (voir la belle planche 2 quand le héros chevauche vers Froggy Town de nuit sous la pluie, digne de l'arrivée du pasteur dans Pale Rider), mais par moments hideux (par exemple, la septième case de la planche 39 met en scène des personnages roses sur fond orange… un cauchemar pour daltonien !). Je crois qu'il aurait peut-être dû faire appel à un coloriste. Du coup, j'envie Hervé qui a opté pour une version noir & blanc. L'homme qui tua Lucky Luke était annoncé et attendu comme un des albums de l'année ; il tient bien ses promesses et a tout pour devenir un futur classique !
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