La Femme aux cartes postales
One-shot se passant à la fois dans les années 1950 et 2000.
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Auteurs canadiens Jazz Les petits éditeurs indépendants Musique Québec
1957. Rose quitte sa Gaspésie natale en laissant, derrière elle, une lettre sur son oreiller. Elle n’a qu’un rêve en tête: briller sur les scènes des prestigieux cabarets de la métropole. À cette époque, Montréal est un haut lieu de la vie nocturne et l’une des escales obligées des plus grands jazzmen. Les nightclubs brillent de tous leurs feux et la mafia fait des affaires d’or. Mais l’arrivée du rock’n’roll, l’engouement pour la télévision et l’élection du jeune et incorruptible maire Jean Drapeau va sonner le glas de cet âge d’or. 2002. En Gaspésie, un étranger vient d’acquérir une maison abandonnée mise aux enchères; photos aux murs, vieux piano désaccordé et au fond d’un garde robe, un terrible secret de famille… Texte: L'éditeur
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Date de parution | Avril 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne connaissais de Jean-Paul Eid que ses – excellents – délires drôles et plus ou moins oubapiens autour de Jérôme Bigras. Je découvre ici un autre aspect de son œuvre, plus traditionnel – il est vrai qu’il n’officie ici qu’aux dessins (dessin que j’ai trouvé efficace et dynamique). En plus du dessin, c’est tout l’aspect graphique (reconstitutions de docs divers, pochettes de disques, cartes postales, etc.) que j’ai trouvé bien fait. Quant à l’histoire concoctée par Paiement, elle mêle habilement grande et petite histoire, et sa construction est agréable à suivre (l’héroïne, Rose, s’envoyant à elle-même des cartes postales – d’où le titre – pour garder des souvenirs des grands moments de sa vie). En effet, nous suivons deux histoires, l’une commençant dans les années 1950, autour de Rose, de ses rêves de scènes de jazz, qui quitte brusquement sa mère pour former avec deux amis un trio qui va traverser l’Amérique et Cuba, l’autre au début des années 2000, autour d’un homme qui découvre par hasard un pan de son passé et qui souhaite remonter aux sources familiales. Lorsque les deux trajectoires se rejoignent, les révélations – qui vont crescendo sur la fin – rendent poignante cette histoire. C’est en tout cas une chouette lecture. Note réelle 3,5/5.
Cette bande dessinée est un sympathique roman graphique mettant en scène une jeune québécoise bien décidée à devenir chanteuse de jazz à la fin des années 50. Et en parallèle, nous suivons un homme dans les années 2000 qui s'interroge sur ses origines après avoir appris qu'il avait un frère jumeau sans le savoir. Bien évidemment, les deux récits vont finir par se recouper. J'ai bien aimé la façon dont les auteurs font revivre le Montréal de 1957, sa scène musicale et ses boites de jazz à l'époque. C'est un univers que j'ai découvert et qui est intéressant. Et le panorama historique s'élargit quand les protagonistes quittent le Québec pour visiter les Etats-Unis puis Cuba à l'époque de la révolution castriste. Le scénario tient bien la route, entre récit intime et fresque historique, secret de famille et leçon de vie. La toute fin est un peu dure et légèrement artificielle dans sa conclusion tragique mais elle n'est pas mauvaise. Le dessin est lui aussi très agréable, un trait semi-réaliste, doux et rond, en teintes de gris. C'est donc une bonne lecture, qui ne marque pas peut-être fortement les esprits mais qui fait passer un bon moment.
Le charme de cet album réside en de multiples petites attentions qui, en définitive, parviennent à lui donner une dimension supérieure à la seule qualité de son pitch de départ, assez classique. Tout d'abord, il y a le trait de Jean-Paul Eid. Un simple coup d'oeil à la couverture permet d'en cerner les principales qualités : une parfaite lisibilité, une agréable rondeur, un sens certain de la composition et du découpage. Vraiment très agréable à regarder, ce genre de trait est pour moi une véritable invitation à la lecture. Le cadre et l'époque sont les deux sources suivantes de mon enthousiasme. Sans être un expert, j'aime le jazz et les auteurs ont le mérite de me le présenter dans un autre contexte que celui dans lequel on me le montre d'ordinaire puisque nous sommes à Montréal et non aux USA. La fin des années 50 marque, quant à elle, un tournant dans l'histoire de la musique et nous assisterons à l'émergence de nouveaux courants tandis que le jazz, qui vient seulement d'atteindre son apogée, entame déjà son lent déclin. Nostalgie et dépaysement sont donc au rendez-vous, et j'ai aimé cette ambiance. Vient ensuite la structure du récit. Un récit qui va se développer sur deux époques et qui recèle d'un vrai mystère pour sa période moderne. cet événement intrigant est un réel moteur pour la lecture. Viennent s'ajouter au tableau ces cartes postales. Cela n'a l'air de rien mais ce simple petit élément apporte une certaine originalité à la narration. C'est... charmant. Naïf et charmant, et, du coup, je suis charmé. Et puis, il y a le langage. Les expressions québécoises fusent sans que les dialogues en souffrent. Tout reste constamment compréhensible et délicieusement exotique. C'est à mes yeux un pur régal, à l'image d'un filet de sirop d'érable sur une crêpe maison (avec une boule de glace à la vanille en prime). Et comme si tout cela ne suffisait pas, les auteurs ont poussé le souci du détail jusqu'à nous donner la possibilité, à nous lecteur, d'entendre deux morceaux de jazz (à l'origine totalement imaginaires) via un lien internet. Ces morceaux, qui se trouvent au coeur même du récit, puisqu'il y est à un moment question de l'enregistrement d'un 45T, prennent vie ! Une manière agréable de donner de la matière à une illusion, un souci du détail qui a le don de finir de me convaincre. Alors oui, le triangle amoureux n'est pas ce qu'il y a de plus original et certains rebondissements sont difficilement crédibles (mais pas trop farfelus non plus), il n'empêche que, grâce au soin accordé en profondeur à cet album, celui-ci est devenu une des petites perles de ma bibliothèque qu'il me plaira d'exhiber à mes amis. Vivement conseillé pour les amateurs de jazz, des années 50 et d'albums peaufinés jusque dans les moindres détails.
Claude Paiement et Jean-Paul Eid se retrouvent plusieurs années après "Le naufragé de Memoria'" et ils ont produit une excellente histoire, bien mieux que leur première. Il faut dire qu'une grande partie de l'action se situe dans le Québec des années 50, une période historique que j'aime beaucoup. On suit le destin d'une femme qui veut chanter à Montréal durant l'âge d'or des cabarets, ces endroits où on pouvait voir des spectacles tout en mangeant et buvant de l'alcool et qui étaient souvent tenus par la pègre. J'ai beaucoup aimé l'ambiance de cette époque et les auteurs montrent très bien que c'est la fin d'une époque et qu'une autre va bientôt arriver. Parallèlement, on suit en 2002 un homme qui vient de découvrir sa vraie famille et qui va remonter dans ses racines. On devine facilement comment ces deux histoires sont liées, mais le scénario réserve des surprises. Le scénario est prenant et le dessin d'Eid est vraiment un des plus beaux de la bande dessinée québécoise.
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