Tocqueville - Vers un nouveau monde

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)

Le parcours initiatique d'Alexis de Tocqueville en Amérique d'après le récit "Quinze jours dans le désert".


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Adaptations de romans en BD BDs philosophiques [USA] - Nord Est

Été 1831 : deux Français entreprennent un voyage aventureux jusqu'au cœur de la région des Grands Lacs américains. De la disparition annoncée des Indiens à l'urbanisation forcenée, ils témoignent de la fin du Nouveau Monde, rapidement dévoré par les jeunes et impétueux États-Unis d'Amérique.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Mai 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Tocqueville - Vers un nouveau monde © Casterman 2016
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)
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18/05/2016 | Mac Arthur
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Par gruizzli
Note: 4/5
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Une belle plume pour raconter l'Amérique pré-industrielle, ou en voie de le devenir, devrais-je dire. C'est ce qui m'a sauté aux yeux lors de ma lecture : la beauté des planches et la qualité mise dans les paysages. Comme d'autres BD avant elles, on y retrouve la grandeur des espaces vides d'humains de l'Amérique, que Tocqueville appellera ironiquement un désert. Comme beaucoup de monde, à en lire les avis, Tocqueville m'est relativement inconnu autant dans ses écrits que dans son propos, même si je sais que son fameux ouvrage "De la démocratie en Amérique" a eut une influence considérable sur les penseurs libéraux et surtout de l'autre côté de l'Atlantique. Bref, tout ça pour dire que cette BD a été une porte d'entrée vers l'auteur et son œuvre, je ne suis donc pas apte à juger de la pertinence du propos ou de la retranscription (même s'il semble bien que l'auteur ai collé au plus près du texte). Et franchement, c'est à la fois bien retranscrit et assez édifiant sur la "civilisation" qui arrive avec ses sabots massifs dans les forêts du nord de l'Amérique. Même si tout au long du récit on sent que Tocqueville est du côté du "progrès", il n'en reste pas moins assez attristé de la disparition des amérindiens et leurs cultures, tout en se posant des questions bien légitimes sur l'homme blanc. C'est assez net que Tocqueville croit en un futur que lui inspire la mécanisation et l'industrialisation, de même qu'il n'est pas dans une vénération de la nature ou des autochtones. Son avis est peut-être plus proche de ce bon sauvage qu'on aimait imaginer à l'époque, mais avec quelques pointes de réalisme qui viennent souligner surtout le fossé entre deux mondes qui se télescopent, l'un écrasant l'autre. La BD alterne des paysages magnifiquement retranscrit et des pensées diverses de Tocqueville, des pensées de touriste voyageant dans un monde voué à disparaitre et qui en est bien conscient. En la lisant, je me demandais ce que Tocqueville aurait pensé du monde industriel qui est né par la suite, donnant lieu à beaucoup d'horreurs jusqu'à un changement climatique global ... Une BD qui m'a donné envie de découvrir un peu plus l'auteur, la période et surtout qui pose des questions sur la naissance des idéaux qui ont conduit le monde jusqu'à notre point. Une belle façon de mettre la pensée en perspective !

13/07/2024 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5
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Je dois bien avouer ma plus crasse inculture concernant Tocqueville et ses écrits. Je n'ai donc pas le bagage pour intégrer cette BD dans un courant de pensée ou un autre. Je prends donc ce propos sans le lire avec ce prisme. Graphiquement, c'est plutôt réussi. C'est exécuté dans un style semi réaliste assez présent dans la bd de découverte historique. Les personnages sont bien rendus même si ce n'est pas le point fort. Les paysages sont par contre subles et deviennent une composante forte du livre dès lors que l'on quitte la "civilisation" pour s'enfoncer dans cette nature sauvage. La forêt est un personnage à elle seule tant son côté pesant et oppressant ressort. Il y a de très belles compositions dans la partie finale. Le petit carnet graphique final est un joli plus même s'il est limité et aurait mérité un plus important apport, notamment historique. C'est une narration simple, nous suivons ces 2 français que sont Tocqueville et de Beaumont dans cette découverte de la frontière, sur le rythme de cette lecture de journal de voyage. Le "phylactère off" prend le pas sur les interactions et dialogues directs pour accompagner ce voyage de découverte presque contemplatif. Ce rythme lent sied bien au propos, ne nuit en rien à la lecture, bien au contraire. Cela nous donne à nous situer dans une vision 19e de cette Amérique encore jeune. Tocqueville (& Bazot) nous amène à comprendre cette Amérique qui va bientôt rouler vers l'ouest à un rythme endiablé, mue par une philosophie qui tient en 3 mots et reste le fondement de ce pays si particulier: religion, commerce, enrichissement. Cette philosophie qui expulse tout ce qui ne peut pas s'y faire, natifs, migrants, esclaves, pauvres. Et qui résonne encore fort quand Donald part de la maison blanche. On y lit la corruption de ce continent sauvage par une civilisation qui se nourrit de terres vierges où créer de la richesse, repoussant l'animal, l'humain au second plan voire plus loin. Le tout sous le sceau des religions fortes, qui s'affranchissent de la morale pourtant omniprésente quand le dollar est là. Il est frappant de voir que, plus que par le conflit, l'est américain a plus éradiqué l'indien par le pourrissement et l'inaptation. Cela aura pris 200 ans. L'ouest partira en quelques décennies, par un armement et une technologie qui permettra de pour suivre l'indien plus vite, plus loin, plus fort. Certaines réflexions sont extrêmement proches de ce que l'on trouve dans le film Dans avec les loups, plus loin à l'ouest, quant à l'arrivée des colons, le non respect de la nature etc... Réussite que ce livre qui va m'amener à lire Tocqueville. Mission réussie

27/01/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
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Franchement bien et instructif qui plus est mais sans le côté didactique chiant que l'on peut parfois rencontrer. Je n'ai pas lu Tocqueville qui il me semble fut tout de même une référence et l'est encore pour ce qui est de parler de la corruption de la civilisation sur les peuples. L'exemple des Indiens d'Amérique est à cet égard édifiant, laminés qu'ils furent par le rouleau compresseur des flux d'européens qui venaient s'installer sur ces terres dites vierges mais qui ne l'étaient pas tant que cela puisque habitées par les dits Indiens. Et que l'on ne vienne pas me dire que ces européens ont fait œuvre civilisatrice. Pour la route j'aime à rappeler que les inventeurs du scalp furent nos amis anglais. Alors cette BD. Elle nous offre de belles planches avec des paysages vierges qu'il a du être assez exceptionnel de découvrir dans leur jus. Comme dit plus haut le récit n'est pas didactique et même s'il reprend des paragraphes de Tocqueville son langage du 17 ème siècle est facile à comprendre. Un récit agréable où effectivement l'affect ne transparaît que peu mais cela est parfois intéressant.

15/10/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Le premier aspect qui m’aura marqué à la lecture de cet album, c’est la qualité du trait. Un style semi-réaliste à la fois très accessible et pourtant riche de détails sert en effet de support à ce récit historique. Ce trait est, de plus, bien soutenu par une colorisation nette et vive. Elle pourra paraître trop tranchée aux yeux de certains mais, de mon point de vue, elle est un des accroches-regards de l’album. Vient ensuite le fond. Et ce récit historique, librement adapté des écrits d’Alexis de Tocqueville (et plus précisément de « Quinze jours dans le désert »), s’est avéré aussi divertissant qu’instructif. Alexis de Tocqueville, dont je ne connaissais finalement que le nom, m'est apparu comme un penseur, un philosophe et un humaniste des plus intéressants. Sa quête d’un mode sociétal juste au travers d’un Ouest en voie de colonisation va le mener à quelques remises en question qui feront de ce récit un voyage exotique, initiatique... et désabusé. Témoins de la disparition d’une civilisation, Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont posent avant l’heure un regard écologiste et humaniste dont on ne peut que saluer la pertinence avec le recul (de près de deux siècles). Plus qu’une biographie, ce récit est à la fois récit d’aventure et de réflexion. Il divertit et interpelle, nous donne à réfléchir sur l’évolution de nos sociétés sans nous assommer de rhétorique. Un bien bel album, en définitive.

18/05/2016 (modifier)