Jeanne d'Arc (Glénat)
L'épopée de Jeanne d'Arc, de Domrémy à Rouen
1300 - 1453 : Moyen Âge et Guerre de Cent ans Auteurs argentins Jeanne d'Arc
Domrémy en Lorraine, 1423 : la petite Jeanne, 11 ans prie dans l'église de son village ou garde ses moutons. Ses apparitions divines lui annoncent qu'elle a été choisie par Dieu pour ramener la paix dans le royaume de France déchiré par la guerre contre l'Anglais... Son départ de Vaucouleurs en février 1429 va la mener jusqu'à Chinon où elle rencontre le Dauphin Charles qu'elle parvient à convaincre de lui confier une armée, puis jusqu'à la libération d'Orléans et enfin vers son destin funeste à Rouen. En 1449, Charles VII de passage à Rouen avec Dunois, ancien compagnon d'armes de la Pucelle, et devenu comte, souhaite honorer la mémoire de Jeanne.
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Date de parution | 13 Avril 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Excellent moment de lecture, un véritable page-turner historique. La narration sous forme de flashback par celui qui a accepté l'aide de notre Jeanne d'Arc nationale et voulant la réhabiliter, Charles VII, est réglé comme du papier à musique. On revit les grands moments de cette jeune fille habitée par son mission divine, de son enfance en territoire sour le joug de la guerre de Cent Ans à la sinistre place du marché de Rouen, pour terminer par le second procès tenu de nombreuses années après son martyre. Et se conclure par une belle dernière planche résumant la vie du personnage. Comme l'explique le petit dossier de fin d'album, les sources étant si disparates et la véracité de certains faits difficiles à distinguer de la légende, le scénario peut se permettre des raccourcis ou l'ajout de quelques faits imaginaires. Car quel personnage! Lancée dans sa quête à 16 ans, elle est évidemment ensuite instrumentilisée comme symbole (et pour encore longtemps lorsqu'on constate le culte qui lui a été voué au 19ème siècle, sa canonisation au début du 20ème et le triste pélerinage annuel actuel d'un certain parti politique). Mais avant cela, elle a prouvé sa bravoure sur les champs de bataille. Et bien que la BD soit divertissante, les aspects tactique et stratégique de ces batailles et escarmouches sont très bien retrascrites et expliquées. Le côté politique et diplomatique n'est pas en reste, les néophytes comprennent sans trop grand mal la façon dont la France était fractionnée, l'alliance entre les Anglais et les Bourguignons, les demandes de négociation, la difficile traversée des territoires... Non vraiment je ne vois rien à lui reprocher du côté narration. Et rien à redire non plus concernant le graphisme de ce dessinateur que je ne connaissais pas. Les contours sont gras, les visages expressifs et parfois déformés par les émotions, les corps changeant parfaitement suivant l'âge ou les sévices, des couleurs un peu ternes évoquant bien la rudesse de cette période à l'ooposé du bleu royal éclatant pour laquelle Jeanne donna tout ce qu'elle pouvait. Beaucoup trop de chevaliers par rapport à la moyenne de l'époque mais cela augmente le côté épique, la part de légende taillant sa part dans celle de l'historique. Vraiment j'adore et je me réjouis d'attaquer le Napoléon de cette série Glénat.
C’est une honnête biographie, d’un personnage entré tôt dans la légende, et qui a aussi rapidement donné lieu à interprétations et utilisation à des fins de propagande (et la récente récupération du Front national n’échappe pas à la règle). C’est une marionnette, chacun tire son fil. Son existence réelle n’a finalement pas besoin d’être étayée. C’est un personnage pour lequel on est parfois submergé par les documents l’évoquant, alors même que la réalité reste en partie mal connue. Cet album ne révolutionne rien, mais présente, dans une narration globalement réussie une histoire conforme à ce que l’Histoire en a retenu (comme d’habitude, un court dossier de l’historienne jouant le rôle de conseiller replace le sujet dans un contexte rapidement brossé). Les grandes étapes connues sont donc là, avec un parti pris assez simple : c’est le roi Charles VII qui joue le narrateur, dans un long flash-back. Pourquoi pas ? En tout cas ça fonctionne plutôt bien. Quant au dessin de Noé, il est très typé, avec une colorisation qui donne un ton cuivré aux visages, laissant apparaitre certains crayonnés. Classique pour lui, mais cela peut dérouter – mais j’aime bien son trait gras. En tout cas, c’est amusant qu’un auteur habitué des productions érotiques dessine une pucelle en armure ! Hasard du calendrier, je viens juste de voir qu’une biographie de la Pucelle signée de l’excellente historienne Claude Gauvard vient de sortir. Je vais peut-être y jeter un œil…
Un peu sec, mais clair, avec un dessin intéressant. De l'histoire, on ne garde que la substantifique moelle, soit peu de place pour les sentiments ou la psychologie des personnages principaux. Cependant, on comprend assez bien la situation limite dans laquelle ont pu se trouver Charles VII et ses partisans et donc la confiance, d'abord du bout des doigts puis ensuite entière, confiée à cette jeune illuminée. L'abandon de la pucelle quand elle n'est plus utile est aussi montré, et comme on ne voit pas de liens affectifs entre les personnages, cela parait assez vraisemblable. Elle est montrée tellement seule, (prise dans son idée fixe) pendant toute l'histoire, que ce n'est pas si étonnant finalement que personne ne se soit attachée à elle. Le plus intéressant , c'est le dessin : un trait vigoureux (quelque part entre Bernard Buffet et Enki Bilal) avec des lumières particulièrement réussies sur les visages. Je suis étonnée que cela ait plu à Agecanonix, parce que les traits de construction sont souvent laissés apparents, ce qui donne un effet inachevé, qui peut rebuter. Moi je trouve que cela donne de la force et du mouvement. La couleur en revanche est un peu glauque, froide. La première page n'est pas à la hauteur, je trouve, du reste. Trop simplifiée, trop cliché. En tout cas, une reconstitution historique explicite. C'est le meilleur tome que j'ai lu de la série.
Ce n'est pas la première biographie de Jeanne d'Arc que je lis mais j'ai trouvé celle-ci concise et bien claire, permettant de comprendre à la fois la situation stratégique de la France à l'époque, l'état d'esprit des croyances et des mœurs, ainsi qu'une vision assez intime et humaine de Jeanne et de Charles VII. Le dessin d'Ignacio Noe donne un coup de jeune à un récit qu'on aurait pu craindre académique et un peu vieillot (je ne parle évidemment pas là de l'excellente série Le Trône d'argile qui relate aussi en partie la vie de Jeanne d'Arc et dont le dessin est juste irréprochable). Son trait et ses couleurs sont modernes et dynamiques. Je ne suis pas forcément de fan de l'abondance de traits dont il fait preuve, qui donne parfois à certaines de ses cases des aspects un peu proches du croquis, mais j'apprécie le fait qu'il ait un style bien à lui, reconnaissable et techniquement maîtrisé. Comme dit plus haut, l'histoire est bien menée et rythmée. Grâce à elle, j'ai nettement mieux compris en quoi c'était audacieux pour Jeanne d'amener le duaphin Charles jusqu'à Reims pour son couronnement. Et la vision d'une jeune pucelle un peu naïve mais incroyablement motivée et fervente est parfaitement rendue. Il lui manque juste ce soupçon d'aura, de charisme, dont parlent les dialogues de l'album mais qui ne se ressent pas véritablement.
Certains pourront se dire "encore une Bd sur Jeanne d'Arc". Certes, raconter encore l'épopée de cette petite bergère lorraine qui aurait dû rester dans l'ombre de l'Histoire, peut paraitre vain, tant son histoire a été illustrée soit à l'écran , soit en BD. Le défi des auteurs consistait donc à ne pas trop répéter ce qui avait été fait avant par d'autres, exercice assez difficile à éviter, mais je dois avouer que j'ai pris un certain intérêt à cette lecture malgré les faits archi connus. L'intérêt vient du fait qu'on perçoit légèrement le but que s'était fixé Jeanne, et la mentalité de son temps sur son rôle (une jeune fille vêtue en armure au milieu de soldats et de capitaines, décidée à bouter l'Anglais hors de France) ; un rôle qui peut sembler ambigu à nos esprits modernes, mais la réalité du XVème siècle était toute différente, et le scénariste Jérôme Legris fait bien ressortir tout ça. Pour les connaisseurs, c'est le scénariste de Horacio d'Alba et Malicorne qui sont de bonnes références. L'autre intérêt est le dessin d'Ignacio Noé, le prodige argentin qui m'a tapé dans l'oeil depuis longtemps ; il illustre cette épopée avec son crayon toujours aussi aiguisé qui tend vers une sorte de style hyperréaliste assez torturé : visages blafards, yeux presque exorbités, crudité de certaines scènes, saleté ambiante de la guerre... bref un peu comme un relief qui n'hésite pas à montrer des scènes de bataille féroces et sanglantes dans une mise en page heurtée, et l'agonie du bûcher de Jeanne. Déjà dans Helldorado, il imprimait cette tendance graphique qui donne une force incroyable et ultra réaliste à son travail. Vous l'avez compris, son dessin ici est fabuleux ! Le récit se découpe en 3 grandes étapes : l'enfance à Domrémy et la révélation, les batailles contre l'Anglais, le procès et le bûcher. Tout est très condensé, ça va vite, pas le temps de s'attarder sur trop de détails, mais étrangement on n'a pas l'impression que c'est expédié à la va-vite, les auteurs ayant réussi à livrer un récit parfaitement structuré et percutant. Encore une réussite dans cette collection historique.
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