Grand Est
Grand Est est un road-movie qui démarre par un stage de conduite à l'automobile club de Metz. En le quittant, un père embarque son fils de huit ans pour une balade pleine de surprises dans un territoire post industriel aux allures de Far west.
Grand Est Journalistes
Roman graphique sur ce qu'on laisse à nos enfants, en même temps que récit initiatique, on est saisi par l'humanité de l'histoire écrite par Denis Robert et par la puissance des images de Franck Biancarelli. On voyage ainsi porté par le rythme des conversations entre les personnages, leurs rencontres et les souvenirs. Comme s'il se jouait un peu de notre avenir à tous sur ces routes entre Hayange et Milwaukee... (texte de l'éditeur)
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Date de parution | 20 Mai 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Hormis la vision tendre, rock et emplie de nostalgie des BDs de Baru, le Grand Est est une région que je connais mal et les auteurs de cette BD nous permettent de la découvrir de l'intérieur, par les yeux d'un journaliste Mosellan partant en road trip avec son fils et parcourant divers étapes entre la Moselle et l'Alsace, avec à cœur la plupart du temps de donner une vision sociologique, économique, voire parfois politique de sa région durant la présidence de François Hollande. Par ses yeux, par le biais de ses souvenirs, de ce qu'il voit des lieux actuels et des discussions qu'il a avec ses proches ou avec des personnes qu'il rencontre, c'est un vrai documentaire qu'il nous offre, et un documentaire même plutôt engagé. En vérité, il faut avoir le moral pour lire cet album car il a une opinion vraiment pessimiste de sa région, de la France et même du monde en général. Concrètement, à l'image du Grand Est qui aurait vécu il y a longtemps son heure de gloire et subirait depuis un déclin fatal et inéluctable, la France suivra bientôt le même chemin et peut-être toute la planète à cause du Capitalisme rampant. Jusqu'à la révolution, quand tout va finir immanquablement par péter... Oui, le journaliste en question était communiste dans sa jeunesse avant de devenir simplement un socialiste blasé. Et oui, il dénonce des faits exacts et des malheurs concrets. Mais pfiou que sa vision est noire et uniquement centrée sur le pire à voir. C'est un vrai discours de dépressif qui n'arrive pas à sortir du trou et ne voit que le mauvais côté des choses. Il m'a donc fallu passer outre ce côté fataliste pour apprécier l'intérêt de la découvert des lieux et des discussions que les auteurs nous offrent dans cet album. Malgré des pages parfois très bavardes, l'attention du lecteur est maintenue et il y a pas mal d'informations intéressantes qui en ressort, sur la région Grand Est et sur les gens qui la peuplent. Le dessin est également plutôt bon, ce qui ne gâche rien. Lecture instructive donc, mais un peu trop pessimiste à mon goût.
Adapté librement de son propre livre "Vue imprenable sur la folie du monde" qu'il scénarise sur des dessins de Franck Biancarelli, Grand Est porte un regard avisé sur une région française bien souvent écartée des projecteurs : la Lorraine et par extension le Grand Est comme il est de coutume de l'appeler depuis quelques années. Nul n'est besoin de connaître le remarquable travail d'investigations de Denis Robert pour en savourer les contours, cette région pourrait tout aussi bien être une autre et servir de porte étendard aux maux économiques actuels de notre société. Oui mais voilà, cette région c'est la mienne. Celle dans laquelle je vis depuis presque 50 ans et dans laquelle je finirais également probablement mes jours. Celle de mon quotidien, de mes espoirs et une région qui porte peu d'attractivité pour qui n'y serait pas né. Car la Lorraine ce n'est pas que de la grisaille mais surtout une formidable terre d'accueil et d'espoirs pour tous les horizons qui s'est rapidement ternie au cours des années 70 avec la fermeture de grands sites sidérurgiques. Denis Robert ne porte pas d'orientation politique à ses souvenirs qu'il nous fait vivre sous la forme d'un Road Movie avec son plus jeune fils. L'occasion idéale pour emmener le lecteur d'Alsace en Moselle sans oublier les Vosges pour croiser des gens simples mais riches de souvenirs. Le gosse constitue la part d'innocence, lui ne se préoccupe que de savoir si tel héros Marvel est plus fort que tel héros Marvel. Il représente le présent et le futur de la région dans toute l'insouciance innocente d'un gamin d'une dizaine d'années peut avoir. Denis Robert se joue de métaphores sur des lieux touristiques ou des faits divers et sociaux en rappelant à quel point le monde actuel est malade. Le tout pourrait paraitre rébarbatif à la longue mais la mise en scène de Biancarelli est juste et agréable à l'oeil, reproduisant l'environnement si caractéristique de cette région et par une colorisation bichromique toujours alerte. Ce livre est immense, le récit est beau et passionnant. Revisiter tout un pan de ma vie en ces quelques pages est un exercice difficile et aurait pu rapidement basculer dans la facilité et le redondant. Il n'en est rien. Ceci est un simple constat de la vie qui passe dans une région qui a beaucoup morflé et cherche toujours à se relever. Indispensable à mes yeux en espérant que Grand Est le soit également pour vous, lecteurs de tous horizons.
J’ai connu Denis Robert par ses reportages engagés, ses livres à charges contre certains aspects de la finance mondiale, et ses articles dans le Monde diplomatique. On retrouve un peu de tout ça dans cet album, finalement assez noir, durant lequel Denis Robert, qui se met en scène, pointe les défaillances, certains défauts du système économique dans lequel nous vivons, ainsi que le mur qui se rapproche… A ces aspects classiques pour lui s’en ajoutent d’autres. Car c’est aussi une sorte de road movie, Robert entrainant son jeune fils dans ses rencontres, celui-ci lui servant souvent de témoin neutre, de cobaye du système (même si cette partie est sans doute romancée et n'emprunte que quelques portions de la réalité). On est parfois proche de ce que peut faire Davodeau ailleurs, qui mêle critique sociale et roman graphique, vues personnelles et vues d’ensemble, passant du particulier à la société en général. C’est un album relativement épais, mais qui se lit vite. Car peu de texte finalement (à part sur la fin où cela devient plus dense). Mais aussi parce que c’est intéressant – sans être non plus hyper original (d’où ma note relativement moyenne, alors que j’ai quand même apprécié ma lecture).
C'est une lecture quand même un peu déprimante sur le passé, le présent et le devenir du Grand Est, une région où je vis. Certes, il y a de fortes disparités entre la situation en Alsace et celle en Lorraine. Cependant, le point commun est que ces deux anciennes régions ont beaucoup souffert de par son passé avec les guerres et les occupations allemandes. Je ne partage pas toutes les réflexions de l'auteur mais certaines sont très intéressantes comme l'utilisation abusive de l'affaire Grégory ou l'expérience d'Amnéville. Là encore, il s'agit de dénoncer un capitalisme de plus en plus sauvage qui laisse beaucoup trop de monde au bord de la route. Il y a comme un mouvement inexorable vers quelque chose de grave qui va nous échapper. L'auteur ne va pas au bout de sa logique mais on sait bien ce qu'il veut dire. Le système financier s'écroulera un jour mais le capitalisme renaîtra toujours de ses cendres. Nous voilà rassuré ou presque ! Cette ballade sous forme d'un road-movie initiatique au coeur de la Lorraine a été plutôt longue à digérer. Il y a comme un parfum de désenchantement et de nostalgie d'une époque révolue. Cela peut faire peur pour la suite mais cela a le mérite de poser des galons et de pousser à la réflexion sur les liens entre l'économique et le politique. L'objectif est la transmission de père en fils sur un mode "merci pour le monde que vous nous avez légué !".
Je ne savais presque rien sur cet album avant de l'ouvrir. Je pensais naïvement qu'il s'agissait d'un polar qui prenait pied dans la région que l'on appelle maintenant Grand Est. Que nenni, puisqu'il s'agit en fait d'un documentaire maquillé en roman graphique, au long de la balade d'un journaliste et de son fils dans la région lorraine. Procédé qui, s'il n'est ni nouveau ni original, permet de confronter celui qui est avide d'informations à ceux qui la détiennent, accompagné par le candide, incarné par Woody. Le journaliste Denis Robert met donc un peu d'autobiographie dans son récit, destiné à donner plus de chair à cette région qui l'a vu naître et qu'il affectionne tant. Il est donc fort malheureux de la voir mourir à petit feu, dans le sillage de la fermeture des mines et des usines sidérurgiques. Cet amour pour sa région transpire presque dans chaque page, il se met presque à poil pour nous conter cette fin, ce pourrissement. Il évoque assez peu la dérive extrême-droitiste de la région, s'attache plutôt à son histoire, à son patrimoine. Et on apprend beaucoup de choses, aidé par le graphisme sensible et sobre de Franck Biancarelli, qui réalise lui-même ses couleurs, elles aussi sans esbroufe. je ne suis pas toujours convaincu par les visages de ses personnages, mais globalement c'est du beau boulot. Un bel album.
A mes yeux, Grand Est est un road-movie puissant mais profondément déprimant ! Et je pense que tous les lecteurs vivant dans un ancien bassin sidérurgique ne pourront qu’être touchés par le sinistre constat dressé par les auteurs. C’est en suivant un journaliste fictif, démotivé, sans plus d’illusions (on ne découvrira qu’en cours de route les raisons de sa profonde déprime) et son fils, témoin passif et héritier bien involontaire de l’histoire de cette région décrite sans avenir ou, à tout le moins, à l’avenir plus qu’incertain, que nous sillonnons le Grand Est, de la Moselle à l’Alsace. Sols pollués, alcoolisme résigné, recherche de nouveaux débouchés (via le tourisme), sols troués, politiciens impuissants et/ou trop intéressés, subsides dilapidés, villes abandonnées, chômage omniprésent… Quand je vous dis que c’est déprimant, vous pouvez me croire sur parole. Et tout ce qui nous est montré est vrai, mais simplement présenté par un personnage qui a cessé d’y croire. Il y a tant de résignation chez lui qu’il en devient touchant et que ses propos gagnent en force d’impact. Grand Est dresse donc un constat grave et décourageant en s’appuyant sur une solide documentation, avec une vision globale dans ses réflexions qui permet de mondialiser le propos. Il n’est pas obligatoire d’habiter cette région pour apprécier l’album. Tout un chacun, pourvu qu’il se sente concerné par l’évolution du monde et l’état dans lequel nous allons le léguer à nos descendants, sera interpellé par les propos tenus. Alors, il faut aimer le « verbal » car le texte est omniprésent mais c’est tellement prenant que, d’une part, on n’a pas l’impression de lire un documentaire (bien vu, cette narration à la première personne) et d’autre part chaque passage invite à la réflexion. L’humain est constamment mis en avant, ce qui nous incite à nous sentir impliqués. Grand Est ne se lit donc pas comme un documentaire mais presque comme un polar désabusé (alors qu’il n’y a pas réellement d’intrigue). Le plus dur, c’est qu’à la fin du récit et même si les auteurs veulent le clore sur une note positive, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que « c’est foutu », la situation de nos sociétés est telle que l’effondrement ne peut plus être évité. Puissant ! Déprimant mais puissant !
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