Helios
Epopée multicolore.
BD muette École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Les petits éditeurs indépendants
Un soir lointain, le soleil fige sa course et se pose sur l'horizon. Plongé dans un crépuscule sans fin, le Royaume décline et désespère. Un jour, un voyageur se présente à la Cour ; il persuade le Roi d'aller jusqu'au Soleil pour le prier de reprendre son cycle. Alors, le Roi se met en route, à la tête d'une longue procession.
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Date de parution | 13 Avril 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai été vraiment étonné de la BD, mais je suis vraiment pas du tout intéressé par celle-ci. En fait, il va être difficile d'expliquer ce qui m'a rebuté dans la BD. Déjà, le premier hic c'est que je trouve qu'on est dans les limites de la bande-dessinée. Il s'agit de planches entières (sur les deux pages) dans laquelle des personnages évoluent, sans parole. Lorsque je dis qu'on est dans les limites de la bande-dessinée, c'est que l'histoire est presque inexistante. Il n'y a que le texte d'introduction suivi d'un long voyage des personnages. La lecture est vraiment brève la première fois, et c'est surtout une question d'appréciation personnelle : pour ma part, on est dans de l'illustration plus que de la narration. De façon formelle, il y a bien une juxtaposition volontaire entre les images qui racontent quelque chose, mais chaque image a été travaillée pour elle même, pas en rapport avec les autres. Ça se tient sur la corde raide entre l'illustration pure (ce qu'elle est selon moi) et la BD, ce qu'elle est aussi selon la définition de chacun. Maintenant, qu'en est-il de l'histoire ? Eh bien, je n'ai pas trouvé grand chose d'intéressant à celle-ci. Pour faire court, il y a une multitude de personnages décrits à la fin par leur rôle, et l'expédition va les voir disparaitre petit à petit. Sauf qu'à la différence d'une BD de Claude Ponti où les arrières-plans sont truffés d'histoires secondaires dans laquelle il est possible de voir des personnages vivre une tout autre aventure que celle présentée en premier plan, là ils vivent tous l'aventure du voyage. La différence me semble plus être le moment où ils disparaissent. Après deux lectures successives, je n'ai pas vu l'intérêt de la relire. C'est difficile de parler d'une telle BD : je n'ai pas aimé la lecture, je trouve qu'on est dans la limite d'une BD, les personnages qui sont l'intérêt de l'histoire n'occupent qu'une place minuscule dans le dessin de son ensemble. Bref, je n'ai pas vraiment saisi l’intérêt de la BD au-delà des jolies images. Et je dois dire que c'est difficile pour moi d'en parler.
Dans un monde à l'origine inconnue, le Soleil se meurt et reste figé au crépuscule. Afin de conjurer ce mauvais sort, un roi précédé de tout son peuple décide d'aller au devant de l'astre dans une odyssée sans retour. Issu des Arts Décoratifs de Strasbourg, Etienne Chaize convoque tout son talent créatif au service d'un album atypique. Atypique par le grand format et la reliure cousue dite "à la Suisse" permettant d'ouvrir complètement l'ouvrage pour apprécier les doubles pages de son récit. Sans aucune parole malgré une courte préface résumant la situation de départ, on est vite subjugué par la beauté de ces planches gigantesques fourmillant de détails divers (forêt, désert, nécropole, cités en ruine, océan) et où se perdent ces petits personnages confrontés à divers dangers. "Helios" est une œuvre multiple mélangeant dessins traditionnels au lavis et retouches Photoshop étincelantes. Ces décors offrent un éclairage lumineux hypnotique jouant sur les contrastes et offrant un rendu sur papier surprenant. L'histoire se dévoile par strates et reste bien plus accessible que Saccage de Peeters dans un registre équivalent. On n'a de cesse de faire de multiples allers-retours entre les pages afin d'y suivre l'évolution de certains personnages facilement repérables par leurs habits ou symboles visuels. Etienne Chaize s'est peut-être beaucoup inspiré de la légende d'Icare ou du jeu vidéo poétique Journey mais s'en distingue par quelques trouvailles éblouissantes. La conclusion reste peut-être en retrait par son classicisme mais certaines clés sont dissimulées dans les pages de garde finales incitant immédiatement le lecteur à de nouvelles relectures. "Helios" est une expérience unique et accessible aux multiples interprétations mais surtout un livre qu'il faut tenir et voir pour y croire.
2024, le petit éditeur qui montre… En effet, c’est encore, avec ce « Helios », un très beau travail éditorial, au service d’une chouette claque graphique. J’avais découvert le travail d’Etienne Chaize sur l’album « Quasar contre Pulsar », album jouant déjà sur des tons très psychédéliques (il s’occupait déjà des couleurs). Résumer l’histoire est à la fois facile et compliqué. Facile, car, après un court texte de présentation, c’est entièrement muet. Nous suivons une sorte de quête, de voyage au long cours : un roi mène son peuple en procession jusqu’au soleil, source de vie que l’on vient implorer. En cours de route et au fil de quelques péripéties, la foule se réduit… Mais compliqué, car peu « d’action » finalement. Même si, malgré la faible pagination et l'absence de texte, le foisonnement des images appelle des relectures. J’avoue avoir été un chouia déçu, car j’attendais peut-être un peu plus de poésie, mais Chaize donne quand même du large à notre imagination, essentiellement par le côté visuel. Et là, dans un très très grand format (pas facile à ranger dans sa bibliothèque !), 2024 met bien en valeur le travail de Chaize. Avec parfois en arrière-plan – comme en filigrane – des photos (de ruines, de paysages), c’est un feu d’artifices de couleurs qui éclate. Retravaillée à l’ordinateur, cette colorisation est pétante. Les personnages, portant des objets phosphorescents, sont un peu dessinés comme on représente les constellations dans le ciel : cette épopée se lit/regarde comme on observe le mouvement des étoiles, avec des yeux d’enfant subjugué. Alors pourquoi seulement trois étoiles ? C’est que, si le visuel est original et nous en met plein la vue, cette colorisation (au Photoshop ?) n’est pas forcément ma tasse de thé. Mais surtout, j’ai trouvé que l’histoire – qui s’y prêtait – manquait un petit peu d’un souffle épique propre à transcender ce voyage vers le soleil. Il n’en reste pas moins que je vous recommande de découvrir cette œuvre qui sort clairement des sentiers battus, chez un éditeur qui prend des risques et se remet en question à chacune de ses publications.
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