Veil
Une ville crasseuse… Des prédateurs en embuscade lorsqu’apparaît une jeune fille sublime, émergeant nue d’un tunnel de métro désaffecté…
Amnésie Auteurs espagnols Dark Horse Comics
Veil n’a aucun souvenir. Elle ne sait ni qui elle est, ni d’où elle vient. Elle émerge en pleine ville, captant immédiatement le regard des hommes. Elle se met alors en quête de son passé, de qui elle est – ou plutôt de ce qu’elle est vraiment –, sans savoir à qui elle peut faire confiance. Est-elle un simple objet de désir que les prédateurs convoitent, ou une force bien plus terrifiante encore ?
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Date de parution | 01 Juin 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L'objet du désir - Il s'agit d'une histoire complète, indépendante de toute autre. Ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie (initialement parus en 2014), ainsi que 10 dessins pleine page (des dessins préparatoires). Greg Rucka a conçu et écrit ce récit, Toni Fejuzula a réalisé les dessins, l'encrage et la mise en couleurs (avec l'aide d'Aljosa Tomic pour cette dernière). Quelque part, une bougie brûle et s'éteint. Ailleurs de l'argent change de main. Dans un local souterrain carrelé, une jeune femme nue prend conscience. Elle chasse les rats qui l'entourent, se lève, et commence à marcher. Elle sort de leurs gonds des vantaux d'une grille métallique, monte des escaliers et émerge sur le trottoir d'une grande artère, dans le quartier chaud d'une métropole. Un grand balèze la repère immédiatement et souhaite profiter de ses faveurs, consenties ou non. Dante, un autre homme, intervient pour la protéger, lui prêter son blouson, et la ramener chez lui. La jeune femme déclare s'appeler Veil et ne sait prononcer que quelques mots. Cette histoire attire l'attention du lecteur du fait du scénariste (Greg Rucka, auteur réputé pour ses personnages féminins et sa capacité à écrire de bon polar en comics), et par le dessin saisissant de couverture. En feuilletant rapidement l'ouvrage, le lecteur apprécie immédiatement la qualité des images, et l'utilisation frappante de la couleur dans certaines scènes. Toni Fejzula entame chaque numéro avec une page muette (sans dialogue, ni cellule de texte), composée de 9 cases de taille identique montrant des éléments disparates, dans des endroits différents, suscitant immédiatement la curiosité du lecteur. La séquence d'ouverture constitue un modèle de narration portée par les images, compréhensible au premier regard. Fejzula a choisi avec soin les éléments qu'il représente pour que le lecteur identifie immédiatement l'environnement (une station de métro désaffectée) avec un niveau de détails suffisant pour rendre l'endroit spécifique, sans information superflue. Il utilise les couleurs pour installer une continuité narrative dans chaque lieu, pour faire ressortir chaque forme par un léger contraste, pour exprimer l'étrangeté de la situation. Toni Fejzula joue avec les couleurs, passant d'une palette naturaliste, à une palette expressionniste, de manière insensible (par exemple pour des visages franchement violets). L'intelligence de sa composition fait que le résultat ne s'apparente pas à des visions psychédéliques difficiles à soutenir, mais à une exagération révélatrice de l'étrangeté du moment, ou d'un état d'esprit inattendu. Il utilise de la même manière les cadrages, recourant parfois à un angle de vue surprenant pour attirer l'attention du lecteur (par exemple des gros plans de rat) sur un détail ou un élément ambigu. Fejzula a pris le parti de ne pas représenter les tétons de cette jeune femme (ils restent nimbés d'une ombre peu réaliste), encore moins sa toison pubienne. Ce choix peut se percevoir soit comme une volonté délibérée de ne pas en rajouter dans l'utilisation du corps de la femme comme appât visuel pour attirer le lecteur, soit comme une volonté de conserver un potentiel de vente maximal en ne tombant pas dans l'érotisme soft, soit encore comme une volonté concertée avec le scénariste. Greg Rucka a conçu son récit comme un thriller, comprenant une part de surnaturel (le comportement de Veil étant révélateur dès le premier épisode, sans parler de la couverture choisi pour le présent tome). le rythme de la narration est vif sans être épileptique. le lecteur a envie de tourner chaque page rapidement, tout en prenant le temps de profiter de l'aspect visuel du récit, très réussi. Le scénariste met en scène des individus moralement très ambigus, ne disposant plus d'un casier judiciaire vierge. Il ne grossit pas le trait pour autant, et Dante est présenté sous son bon jour du début jusqu'à la fin. Rucka utilise Veil pour évoquer la puissance de séduction des belles femmes, et les passions qu'elles déchaînent. Sur ce point, il n'atteint pas le degré d'implication émotionnelle d'Ed Brubaker dans la série Fatale. La narration repose donc sur le secret de Veil, et sur les individus qui souhaitent disposer de cette personne pour leur propre fin. Ces derniers n'hésitent pas à employer la manière forte, ce qui donne lieu à des affrontements saisissants, grâce à la mise en images très personnelle de Fejzula. Rucka joue également un peu avec les rats comme symboles de différentes idées. Il évoque également la notion de libre arbitre à quelques reprises, mais de manière superficielle. Veil est un thriller divertissant, avec une touche de surnaturel, et une bonne dose de violence. Il sort du lot des thrillers grâce à une narration visuelle impeccable, tant pour le découpage que l'usage des couleurs, et par quelques séquences apportant un second niveau de lecture qui reste sporadique léger. Un bon thriller sans prétention, avec une partie graphique remarquable.
Déception est le premier mot qui me vient après ma lecture. Oui, déçu par le manque de profondeur du scénario et des personnages. Un développement superficiel et manichéen qui ne m'a pas permis de rentrer dans cette histoire fantastique. Pourtant, le monde décrit par Greg Rucka, sans être innovant, avait un certain potentiel, mais au final rien que du prévisible pour ce conte gothique. Attention, il ne faut pas avoir la phobie des rats, ils sont très présents dans ce récit. Une lecture rapide qui sera vite oubliée. Par contre la partie graphique est d'un tout autre niveau. J'avais déjà pu apprécier le talent de Toni Fejzula avec Forgotten Blade, toujours ce trait anguleux, expressif et dynamique. Une science maîtrisée dans la mise en page où chaque chapitre commence par une planche muette sous le même format de neuf cases pour nous mettre dans l'ambiance. Le rendu ne serait pas aussi beau et immersif sans les superbes couleurs singulières de Fejzula et de Aljosa Tomic. Le point fort de cet album. 3 étoiles de justesse, merci à Toni Fejzula.
C'est avec circonspection que je me suis attaqué à la lecture de cet album tant le graphisme de Toni Fejzula est surprenant. Et autant ce n'est pas la couverture, qu'à titre personnel je trouve assez ratée (et qui gâche complètement l'effet de surprise liée à l'histoire qu'on nous propose -celui qui a choisi la couv' devait vraiment pas avoir lu l'album !!! ), que le trait et la colorisation du reste de l'album qui m'a pleinement conquis. Voilà un moment que je n'avais pas été surpris par le travail graphique d'un auteur, et là c'est une très bonne surprise. "Veil" nous plonge dans une grande cité bien sombre, où nous allons nous réveiller en compagnie d'une jeune femme nue, dans une station de métro désaffectée, entourée de rats. On ne sait pas qui elle est... et elle ne semble pas le savoir non plus... L'intrigue va se construire sur la recherche de qui est cette étrange femme aux pouvoirs dangereux. Si l'ensemble est un peu prévisible (merci la couverture...), c'est rondement mené et efficace et j'ai passé un réel bon moment de lecture. Et ce plaisir, comme je vous le disais plus haut tient essentiellement au graphisme de Toni Fejzula. Singulier, tant dans la mise en couleur que dans son trait un peu anguleux, il donne le ton et l'ambiance à cette histoire fantastique de la meilleure des manières. Alors, avis aux amateurs de fantastique, ne vous laissez pas intimider par cette couverture peu vendeuse et laissez vous tenter !
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