De rien
Un ange de la mort blasé, un génie ridiculisé, un psy psychanalysé, un Jacky Chan incontrôlable… L’auteur, qui dynamite avec bonheur codes et clichés, nous donne envie de le remercier, même si on connaît la réponse d’avance…
Absurde
Bienvenue au formidable spectacle de Geoffroy Monde ! Désopilant metteur en scène, il manipule avec allégresse le ridicule plat et l’idiotie obstinée de notre univers. De rien, c’est à propos de tout. Pourquoi se battent les mamans ? De quelle manière neutraliser un ours à un barbecue ? Comment vendre son âme au diable sans trop se faire avoir ? Que faire pour épicer un peu vos séances de jogging ? Tout est là. Il y a aussi Jackie Chan, Dieu, un psy et un sandwich. C’est également un peu une histoire de peur, et, à un moment donné, il est question de zizi.
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Date de parution | 08 Juin 2016 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
J'avais été très séduit par Furieuse de Geoffroy Monde. J'entamais donc cette série avec gourmandise mais j'ai été quelque peu déçu. Je ne m'attendais pas spécialement à ce type d'humour très décalé. Si j'apprécie quelques gags bien trouvés comme La Soirée, Le Pacte ou la Prière , la répétition dans un album de ce même type de propositions me lasse assez vite sauf à avoir une créativité exceptionnelle ce que je n'ai pas trouvé ici. Certaines histoires m'ont même laissé indifférent ( Le Yoga ou La bibliothèque) voire je n'ai pas aimé ( Le Portrait). Toutefois le ton reste incisif et dynamique sans vulgarité. Le graphisme m'a bien séduit avec ces entrées en scène avec un dessin très détaillé qui plante un décors en N&B aux traits fins d'une précision rigoureuse suivies par ces personnages peintures aux nez de clowns expressifs dans leur univers d'une blancheur immaculée. Une lecture plaisante mais inégale.
A priori, cet album a tout pour me plaire. En effet, c’est un épais recueil de grosses conneries, qui joue sur l’humour noir, mais surtout sur un humour con et ou absurde, avec des dialogues assez fendards, et qui surtout sont en total décalage avec la situation de départ. Quelques touches font penser aux Monthy Python ou aux Nuls. Par ailleurs, Delcourt s’est fendu d’une couverture épaisse et relativement classieuse, eu égard au genre (humour con) plus souvent abonné aux petits éditeurs ou alors à un investissement plus limité de la part des « gros » éditeurs. Mais voilà, si j’ai bien ri à plusieurs reprises lors de ma lecture, j’hésite à en recommander l’achat. Car le prix est vraiment très élevé je trouve. C’est une réflexion que je me fais pour d’autres albums du même genre (comme « Georges Clooney » de Valette). Vues les pages intérieures et l’absence de gaufrier traditionnel, je pense que Delcourt aurait pu produire quelque chose de moins cher. D’autant plus que le contenu n’est pas forcément mainstream : du coup, je ne pense pas que cela devienne un succès d’édition… Donc à vous de voir pour l’investissement. Mais en tout cas, si vous avez l’occasion de lire cet album et que vous appréciez ce type d’humour, allez-y, c’est globalement assez réussi. (je ne développe pas sur le dessin, sans réel intérêt et de toute façon, ce n’est pas ce qui compte ici).
J'ai vraiment beaucoup accroché à cet ouvrage ! Déjà, c'est un beau livre, avec une belle couverture et des pages très épaisses. A l'intérieur, pas de cases, 2/3 dessins par page, des histoires sur 3/4 pages, pas beaucoup de textes, beaucoup de gags simplement suggérés. Ensuite j'ai ri dès la lecture du 4ème de couverture : "C’est par le langage de l'absurde que l'on peut le mieux évaluer et mettre en lumière l'écart tragi-comique séparant la nullité de signification du réel de la géniale boursouflure sémantique du monde". J'adore cette utilisation de l'absurde, ces grandes phrases compliquées et alambiquées, j'ai l'impression de lire du François Rollin. Le gag sur la 4ème de couverture mérite à lui seul l'ouverture de l'album. Petit coup de cœur pour "la prière", "les mamans", et "la soirée", qui ouvre l'album !
Il s’agit d’abord d’un bel objet éditorial : couverture cartonnée, avec incrustation en relief, le tout assez sobre mais très classe. Bref du beau travail signé " Delcourt". Par contre, je ne suis pas très fan d’histoires courtes en bandes dessinées. Ces saynètes m’ont parfois esquissé un sourire (surtout les dernières) mais sans plus. A titre de comparaison, j’avais préféré l’humour grinçant voire très dérangeant de la série Durandur parue entre 2005 et 2007 Je ne suis vraiment pas dans la cible de cette bande dessinée humoristique. Je reconnais par contre que le dessin est très soigné et va à l’essentiel mais je n’ai pas du tout accroché à ce côté absurde. Dommage car le dessin complètement décalé en quatrième de couverture me donnait envie de lire ce livre.
Voilà une BD pleine de fraicheur, portant un humour qui lorgne sur l'absurde mais surtout imaginatif, avec des chutes qui tombent souvent où on ne les attend pas (sur le pied droit, à l'arrêt de bus etc...). Parce que je n'ai écrit que 2 lignes de commentaires et que ce n'est pas beaucoup je vais faire une comparaison (je me demande bien pourquoi il faut toujours écrire "un dessin qui me fait penser à machin") : Geoffroy Monde a un dessin qui me fait beaucoup penser à Brecht Evans. Bref vous l'aurez compris, en un mot comment en cent : je vous la recommande !
Avec ce drôle d’OVNI, Geoffroy Monde a réussi à faire le lien entre deux approches a priori inconciliables, l’humour et le style. On emploie souvent le terme « décalé » pour qualifier un certain type d’humour branché. Ici, le terme s’applique également à la mise en page ainsi qu’au graphisme. Tout commence avec le tirage. La couverture, elle en jette avec son titre en caractères néo-art nouveau imprimés en embossage. Trois couleurs noir, rouge, jaune, sur fond blanc. La classe. De jolies fioritures pour du « rien ». Mais « De rien », ça n’est pas rien. Une sorte de grand spectacle penchant vers le minimalisme, avec un titre terminatif en guise de présentation, et ce monsieur Loyal saluant le public avant le fermer de rideau. Au dos, une citation de l’auteur lui-même : « C’est par le langage de l’absurde que l’on peut le mieux évaluer et mettre en lumière l’écart tragi-comique séparant la nullité de signification du réel de la géniale boursouflure sémantique de notre monde. » Monsieur Monde use-t-il de ce vocabulaire sociologique un rien pompeux pour se rendre intéressant ou pratique-t-il le 45e degré ? En admettant la seconde hypothèse, c’est très habile et il est probable que les plus snobs tomberont dans le panneau, tout comme ceux qui croient qu’un cépage réputé et une belle étiquette font un bon vin… Autre décalage parmi tant d’autres, le chapitrage. Chaque saynète est introduite par une illustration en noir et blanc du lieu, vide de présence humaine et où est censée se dérouler l’action, avec à chaque fois le titre dans le même style art nouveau, tandis que les personnages, en couleurs, évolueront ensuite sans cases ni décor autour d’eux. Une trouvaille graphique originale, on pourrait presque dire, du grand art. Le dessin enfin. Geoffroy Monde pratique la peinture digitale avec ce côté un peu lisse et froid, ici complètement assumé. Par un nouvel effet de décalage, ce parti pris arty associé à des dialogues absurdes, parfois triviaux, et des situations incongrues, est aussi amusant qu’inattendu, rappelant Goossens ou Pierre La Police, deux influences lunaires dont il se revendique avec Gotlib, en quelque sorte le père fondateur de ce genre d’humour. Difficile de savoir si Monde cherche à se prendre au sérieux, mais après tout, peu importe. Cet humour particulier ne plaira pas forcément à tout le monde, mais l’auteur, en marchant sur les traces de ses aînés, réussit en même temps à produire quelque chose de l’ordre du jamais vu. Comme un monsieur Hulot qui viendrait perturber le sage ordonnancement d’une galerie d’art, moderne cela va sans dire.
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