Le Crépuscule des Idiots
Une satire mordante sur les errements des prophètes et religions de tout poil.
Best of 2010-2019 Casterman Futurs immanquables Les prix lecteurs BDTheque 2016 Les Singes One-shots, le best-of Sociétés animales Spiritualité et religion
Diou existe-t-il ? "Certains humains sont bêtes comme des singes, dit-on. Mais il est des singes qui sont sots comme des humains."
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Date de parution | 31 Août 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'avais déjà lu cette BD il y a quelques temps, mais la relecture fut aussi intéressante qu'amusante. Sous une histoire de singes et de religions, personne n'est dupe comme lecteur : c'est bel et bien de l'humanité dont il est question. De l'humanité toujours plus bête dans sa foi ... L'auteur développe un propos clairement militant, et dans le sens de l'agnosticisme. La BD, sous couvert de moments humoristiques, reste résolument sombre. Son final en est la preuve la plus éclatante. D'autre part, c'est bien une noirceur qui imprègne le récit, celle du reflet de notre propre bêtise. Le récit s'approche grandement de la religion par un prisme catholique, plus à même d'être compris par un lecteur occidental, et c'est tant mieux. Les métaphores sont évidentes, les références sont claires, les images limpides. L'auteur joue de son dessin pour ajouter au propos. Ce sont des environnements grands mais vides, dans lesquels les singes prennent toute la place, tandis que l'hiver reste présent la majeure partie du récit. C'est pas subtil dans le traitement des saisons (l'hiver du malheur, le printemps de l'espoir ...) mais c'est parfois bon de laisser la subtilité au vestiaire. Parce que mine de rien, la BD a une critique acide mais juste. Il y a des personnages pour lesquels j'ai été triste, une fin franchement noire et amère, mais surtout une série de dernières planches qui ajoutent une petite blague qui n'en est pas une, débordant du récit pour faire une vraie réflexion sur la religion. Si même Dieu nous estimes trop con ... La BD est impeccable dans son traitement, dans le déroulé et dans son propos. C'est le genre que j'adore parce que le message est fort mais nécessaire, un peu à l'instar de Ce qu'il faut de terre à l'homme, détournant une histoire pour en faire une fable sur un sujet, où la fin tente d'extrapoler le propos. Efficace, donc, juste et pertinente, je trouve que cette BD est excellente. PS : j'ajouterais juste que pour une BD sur la religion, elle ne se contente pas d'être bêtement anti-religieuse, la toute fin le montrant bien, mais appelle les croyants à arrêter de lever leur mains pour prier et plutôt se sortir les doigts pour agir. Mais surtout pour réfléchir et ne pas suivre bêtement le premier prêcheur qui passe. Un message qui est aussi pertinent pour les religions que pour pleins d'autres croyances ...
Je me joins à la troupe de satisfaits, cette lecture était très intéressante en plus d'être de très bon ton. En effet j'ai rapidement apprécié l'ambiance qui nous emmenait entre la violence et l'humour léger, ça éveille bien différents sentiments. Et puis le scénario aux apparences simples est en fait terriblement bien monté et cohérent. On sent qu'il y a eu comme un gros travail de préparation pour réussir à pondre un bouquin aussi limpide. Ainsi j'ai apprécié la manière qu'a eu l'auteur d'exposer "son" histoire de la religion, de sa naissance à sa dérive (qui arrive tout juste après sa naissance visiblement). Indubitablement, l'histoire se termine avec agnosticisme mais l'auteur est, je pense, foncièrement athée : l'Homme a créé Dieu à son image et pour son propre intérêt. De ce péché originel apparu le dogme avec son autorité suprême et ses inégalités. Quant aux miracles divins? Ils ne sont que coïncidences, fourberies et fautes d'interprétation, sauf qu'ils convainquent et la plèbe inculte idolâtre. Quelques planches suffisent pour comprendre où l'auteur vous nous emmener. Et c'est fait très intelligemment et non sans humour. Le dessin m'a également beaucoup plus, rien que la première aquarelle avec laquelle démarre le récit est une petite merveille. J'aurais aimé en trouver encore plus dans le récit pour continuer à profiter car le rendu est toujours réussi. Cette atmosphère japonisante et méditative peut être contemplé par le lecteur, mais non par les personnages. Ces macaques sont rigolos parce qu'ils sont cons et drôles. Sauf que les macaques ce sont nous, les hommes. Donc je rigole parce-que je suis drôle et con. Hmm, faut réfléchir là-dessus... Plus sérieusement, on ne fait pas que se détendre dans ce récit et nous rencontrons aussi des scènes qui nous rappellent les pratiques inhumaines entraînées par la folie d'un Culte. Rhésus (prénom issu du nom d'une espèce de singe qui se rapproche phonétiquement de Jésus), premier prophète, est le personnage qui m'aura le plus marqué car la représentation de l'avènement de l'idée est une interprétation qui est, ma foi, convaincante. A l'inverse, la femme du tyran Taro, Hisayo, ne m'a pas beaucoup plus. Je défends bien sûr la volonté de l'auteur de vouloir inclure un ou des thème(s) au sujet de la place des femmes dans un dogme religieux et/ou extrémiste, sauf que je trouve que c'est ce qui a été le moins bien exploité. Et puis surtout, pourquoi un seul personnage féminin ? Pour montrer l'homme qui se bat pour une "propriété" que tout le monde souhaite posséder peut-être ? Pour affirmer la volonté de domination d'un homme sur les autres ? En tout cas, on trouve bien une relation spirituelle homme-religion mais on ne trouve pas celle de femme-religion. Je le regrette un peu, car on se retrouve "seulement" avec une relation sociale homme-femme et donc de la soumission de cette dernière (et ce malgré les ambitions de Hisayo). Ca n'est pas moins intéressant, au contraire d'ailleurs, mais ça m'a semblé légèrement hors cadre par rapport au récit. Nous sommes dans un autre temps et en d'autres lieux, ce qui aide à gagner du recul et à percevoir les choses sous un autre style. Première fois que je lis une histoire de Krassinski, je n'ai que de bonnes raisons de vouloir continuer. L'esprit critique de l'auteur est mis à nu. A découvrir!
Voici une satire bien sentie sur le rapport des gens aux idéologies quelles qu’elles soient. La mécanique y est décortiquée finement et sans fard. La narration est bien maîtrisée de bout en bout, depuis l’idée du messie envoyé depuis l’espace jusque dans les avatars qui en découlent. Krassinsky n’est pas tendre envers les religions de tous bords mais son récit suscite la réflexion. Par contre, je trouve l’épilogue plutôt dispensable. Côté dessin, Krassinsky a un trait anguleux qui, dans le cas présent, me plait bien. Les décors aquarellés sont superbes. Un album fort et engagé …. à lire qu’on soit athée ou non.
Les 300 pages de l’album se lisent très vite – et pas seulement parce que beaucoup de cases sont muettes. C’est aussi que l’histoire concoctée par Krassinsky est bien fichue, et qu’elle donne envie de tourner la page – alors même que la trame peut se deviner bien avant que des événements ne viennent la relancer. C’est une sorte de fable, de parabole ou de conte dont le sujet serait la naissance d’une croyance, d’une religion – mais aussi comment certains vont exploiter les croyances ou la recherche de repères, de guide de leurs semblables. Les personnages sont des macaques japonais (du genre de ceux que l’on rencontre dans les sources d’eau chaude d’Hokkaïdo), et un macaque Rhésus (choisi entre autre pour le jeu de mot bien évidemment !). Krassinsky montre bien comment chaque membre de la communauté tente de se positionner par rapport à Diou et ses prophètes successifs. Et comment la crédulité des uns sert la soif de pouvoir des autres, la religion et ses préceptes devenant rapidement un alibi pour étouffer les contestations. C’est édifiant, et l’on sent bien un vent d’athéisme souffler sur cette histoire parfois amusante, parfois violente. Je n’ai par contre ni compris ni apprécié l’épilogue, qui gâche un peu l’impression d’ensemble. Mais ne boudons pas notre plaisir, cette histoire bien menée, avec un dessin simple et efficace, est très recommandable.
3.5 Une dénonciation de la religion mettant en vedette un groupe de singes dont la vie bascule après qu'un singe-astronaute s'écrase dans leur coin. J'avais un peu peur de lire une histoire prévisible et ce ne fut le cas qu'à moitié. Si c'est facile de savoir que ça va finir dans la violence, il y a plusieurs rebondissements qui rendent le récit moins banal. En effet il y a des luttes de pouvoir entre quelques singes donc je ne savais jamais lorsqu'un tel allait être le nouveau prophète et il y a deux ou trois rebondissements que je n'avais pas vu venir. Le dessin est dynamique et j'aime beaucoup ce style humoristique. Cela me donne envie de mieux connaître cet auteur que j'avais peu lu et qui ne m'avait pas trop marqué avant que je lise cet album.
C’est la première fois que je lis une bd aussi intelligente. Il faut comprendre que les idiots, c’est bien nous qui croyons tous à un Dieu qui n’existe pas. On se laisse bercer par des sermons du style que Diou est partout et il est dans nos cœurs et qu’il faut savoir le ressentir et avoir la foi. Les prières peuvent aider. Les offrandes également ! Un prophète peut même nous montrer le chemin. Il y aura également toutes les dérives autoritaires que peuvent mener une religion basée sur un postulat de départ qui est invisible à l’œil nu. C’est tout le thème de cette œuvre magnifique sous forme de fable animalière. Oui, c’est la première fois que je lis une bd située de l’autre côté à savoir du côté des non-croyants. L’auteur réussit à démonter mécaniquement chaque rouage. Il le fait en utilisant des singes pour ne pas montrer les hommes et leurs bêtises. C’est tellement vrai. La plupart des guerres dans le monde est basé sur un mensonge car cela parait tellement évident qu’il n’existe pas de force suprême dans l’univers qui aurait un destin pour chacun de nous. Le crépuscule des idiots devrait être le livre de chevet de la plupart des habitants de la planète. Cela éviterait tant de massacres inutiles qui se sont perpétués depuis des siècles pour une lubie. Dieu est une invention des hommes pour asservir et contrôler les peuples. C’est d’ailleurs assez pratique pour les dominants qui accroissent leur source de pouvoir. Les hommes ont créé Diou car ils n’avaient pas toutes les réponses à leurs inquiétudes notamment la mort. Alors, ils ont fabriqué un dieu vivant dans les nuages et ils lui ont attribué la création de la Terre et de notre monde. Tout ce que l'on peut dire de façon sûre c'est que l'homme n'a pas toujours été présent dans l'univers, nous sommes là depuis deux millions d'années et l'univers à 13,7 milliards d'années. Ce qui signifie que l'univers a passé le plus clair de son temps sans l'homme. La création spontanée est la raison pour laquelle il y a quelque chose plutôt que rien, pour laquelle l'univers existe, pour laquelle nous existons. Il est nul besoin d’invoquer Diou pour qu’il allume la mèche et fasse naître l’univers. Par conséquent, Diou et l'Univers c'est un peu la même chose ! L’univers s’est formé selon les lois de la physique. L’univers n’a pas besoin de Diou pour être créer et pour exister puisqu’il y a un phénomène d’autocréation démontrée notamment par le plus célèbre astrophysicien au monde Stephen Hawking. Il nous explique que l’univers s’est formé sans la main d’un créateur mais selon les lois de la physique. Fort heureusement, le sage singe qui tente d’expliquer cela à ses congénères va plutôt démontrer la manipulation plutôt que d’aller vers ces considérations scientifiques. Est-ce la terrible vérité que nous avons du mal à admettre ? Diou ne serait qu'un concept, une idée, un mot comme un autre qui n'existe pas en dehors des réactions électrochimiques de notre cervelle. Le lecteur qui aura la foi va avoir beaucoup de mal avec cette lecture. L’auteur pourrait être un impie dans son esprit qu’il faudrait pourchasser, voir même plus selon la religion concernée ou son interprétation. C’est un sujet très sensible auquel l’auteur s’est attaqué avec courage. Je salue la démonstration qui conduit à la manipulation des masses. Cette lecture a été un vrai régal. A méditer !
L’histoire débute par le crash à proximité d’une communauté de singes bien hiérarchisée, d’une capsule spatiale qui héberge à son bord un singe savant. Ce singe plus malin que la moyenne va se faire passer pour le prophète afin d’asseoir son influence, manipuler cette communauté et servir ses intérêts. Une très belle découverte qui m’a vraiment fait passer un très bon moment de lecture. Ce récit est, malgré l’épaisseur du bouquin et ses quelques 300 pages, d’une lecture très fluide et entrecoupé de moments assez savoureux. Côté dessin, il est certain que ce n’est pas le genre de trait que je préfère mais je dois dire qu’il cadre bien avec le caractère humoristique du récit. Mention spéciale toute de même à la colorisation à l’aquarelle que je trouve personnellement très réussie et qui invite, comme le dit Arzak, à la contemplation ; on se surprend à bloquer parfois de longs moments sur certaines planches. Un ouvrage qui allie détente et réflexion, qui pourra faire grincer les dents de certains et que je vous conseille vivement.
Jusque là, chez les macaques, le chef, c'était le plus fort, un point c'est tout. Mais voilà qu'un jour débarque du ciel un singe bizarrement accoutré et tenant des propos étranges. Il serait porteur de la parole de « Diou ». Et c'est là que les ennuis commencent. Fable satirique, « Le crépuscule des idiots » est une charge violente à l'encontre de la religion et son rapport avec la politique, le pouvoir et l'oppression. En grande forme graphique, Krassinsky sublime le propos de ses aquarelles naturalistes qui, belle ironie, nous invitent à la contemplation.
Allégorie sur la religion, ce récit est rondement mené, agréablement illustré, pertinent et profondément laïc (si on ne tient pas compte de l’épilogue un peu inutile à mon goût). J’ai beaucoup apprécié la progression du scénario. J’avais en effet peur que sur une très bonne idée de départ (un singe envoyé dans l’espace échoue sur terre et se fait passer pour un nouveau messie) le récit ne finisse par rapidement tourner en rond. Et bien rien de tout cela : la mécanique est constamment relancée puisqu’au prophète se succèdent des apôtres plus ou moins violents, des prêcheurs plus ou moins convaincant, des iconoclastes et des sceptiques. Finalement, cet album aborde pas mal d’aspects de la manipulation des masses par un dogme religieux tout en amusant son lecteur. L’exercice est donc pleinement réussi. Enfin, le dessin alterne de très belles aquarelles de paysages et des passages plus dynamiques, expressifs et immédiats où les singes humanisés ont la part belle. Je recommande !
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