Au fil de l'eau (Diaz Canalès)
Juan Díaz Canalès (Blacksad) croque avec une maestria graphique la société madrilène en mal de repères. Un récit puissant et humaniste au rythme d'un polar bien rôdé.
Auteurs espagnols Espagne Madrid Troisième âge
Madrid, aujourd'hui. Niceto octogénaire passe sa retraite entouré de sa bande de vieux copains, de son fils Roman et de son petit-fils Alvaro. Dans l' Espagne marquée par la crise, le quotidien n'est pas simple. Il devient réellement inquiétant lorsque les amis de Niceto commencent à mourir les uns après les autres, dans des circonstances de plus en plus étranges et violentes... Quand Niceto disparaît à son tour, c est une véritable course contre la montre qui démarre pour Roman et Alvaro
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Date de parution | 14 Septembre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Juan Diaz Canales reprend le concept des vieux fourneaux. Je prends quelques retraités avec des caractères bien trempés et je les fais cohabiter. Nos petits vieux dans cet album subsistent pour survivre dans une Espagne marquée par la crise, en revendant le fruit de leurs menus larcins. Il faut bien arrondir les fins de mois ! Les temps sont durs. Lorsque l’un des leurs décède d’une mort violente, les retraités sont sous le choc bien évidemment. Mais ce n’est pas terminé ! La mort continue de rôder et de frapper ! Mais qui peut en vouloir à cette bande de vieillards ? Si vous rechercher le côté humoristique des vieux fourneaux, il vaut mieux passer votre chemin. Ici le récit est bien noir. L’ambiance n’est pas du tout à la franche rigolade. Le côté noir et blanc accentue considérablement cette atmosphère sombre et oppressante. C’est rythmé et agréable à lire. La mort est bien présente. Elle vadrouille autour de ces petits vieux. Elle est palpable tout au long de ce récit. C’est un bon album qui se situe entre le polar sombre et la fresque sociale espagnole d’après crise. A découvrir.
C’est une petite déception qui prédomine en ce qui me concerne, après la lecture de ce one-shot d’un des auteurs de Blacksad. Cet album se laisse pourtant lire agréablement, et relativement rapidement (il n’y a pas énormément de texte en fait). Mais c'est en grande partie grâce au dessin, qui est vraiment très bon, efficace et fluide, jouant très bien du Noir et Blanc. Pour ce qui est de l’histoire, elle prend son temps (trop parfois), avec trois générations qui se retrouvent, se croisent et se perdent, mais surtout cette bande de vieux gauchistes sur le retour qui baignent dans les magouilles (le potentiel explosif ou humoristique de ces vieux tromblons est sous-exploité à mon goût). C’est souvent sympa, certes, mais cela ronronne trop, et le côté thriller/polar accouche au final de quelque chose de décevant. C'est un album à emprunter, à l’occasion, mais je ne me vois pas l’acheter.
Un one shot réalisé par le scénariste de Blacksad !? Comment résister ? Le moins que l’on puisse dire c’est que Juan Días Canalès a un sacré coup de crayon. « Au fil de l’eau » est graphiquement un magnifique album noir et blanc à l’encre de chine avec quelques planches magistrales. Le choix du noir et blanc, fréquent en matière de polar, joue parfaitement son rôle et vient renforcer le récit et le suspense qui transpire. Le trait est épais mais dynamique et adéquat, faisant vivre chacun des protagonistes de l’histoire, aisément reconnaissable. Comme dans « Les Vieux Fourneaux », les personnages sont une bande de petits vieux au caractère bien trempés. Sauf que là, nous avons affaire à un petit gang de receleurs octogénaires fort attachants. On se surprendrait presque à vouloir les observer jouer aux cartes plus longuement dans leur bar favori. La relation triangulaire entre Niceto, personnage central de l’histoire, son fils et son petit-fils est intéressante, réaliste et bien pensée. Sans en faire des tonnes, Juan Días Canalès permet au lecteur de comprendre les grandes lignes de leurs relations respectives, de manière subtile et naturelle. L’auteur étant un scénariste à succès, on se dit alors qu’avec des personnages attachants et un dessin de haut niveau, on se dirige vers un album incontournable, voire même culte. Malheureusement non… À mi-chemin entre le roman graphique dans le contexte actuel d’une Espagne en crise économique et le bon vieux polar, « Au fil de l’eau » prend pourtant un excellent départ. Les deux styles s’entrecroisent et permettent au lecteur d’entrer dans l’histoire et de faire connaissance avec cette belle brochette de personnages hauts en couleurs. Jusqu’au deux tiers de l’album, la tension monte progressivement et la mayonnaise prend, preuve de la maîtrise de l’auteur. Seulement voilà, à ce moment-là, la belle homogénéité d’ensemble s’effiloche et tombe à plat. La chute m’a laissée un vilain goût dans la bouche et la sensation désagréable d’une forme de gâchis. « Tout ça pour ça ! » me suis-je dis. Impossible malheureusement de vous en dire plus, sous peine de divulgâcher :D . « Au fil de l’eau » aurait pu être une référence de 2016 et du polar en général. À mes yeux il l’est graphiquement, mais malheureusement pas au niveau scénaristique. La note de 3/5 vient donc chercher le compromis, dans la récompense comme dans la sanction.
Le scénariste de Blacksad fait sa première bd solo et c'est bien fait. J'aime bien le dessin en noir et blanc dans un style réaliste assez dynamique. L'histoire est un mélange de polar et de critique sociale. L'histoire est bien menée et il y a des réflexions intéressantes. Je suis un peu moins enthousiasmé pour le coté policier du récit. J'aimais bien le mystère autour de ces meurtres et la disparition du grand-père sauf que la fin est.... Ce n'est pas mauvais, mais je m'attendais à ce qu'il y ait plus de tension et que la fin allait être plus spectaculaire. Peut-être que j'en attendais un peu trop, mais cela reste une bonne lecture. Il faut juste ne pas s'attendre à ce que l'album atteigne le niveau de Blacksad.
Si il n'est pas rare de voir des dessinateurs se lancer dans l'écriture de scénarios, l'inverse est beaucoup moins vrai. Juan Diaz Canales qu'on connaissait pour ses talents de scénariste, sur Blacksad notamment, devient un auteur complet avec cet album. Et en plus d'avoir du talent avec son stylo, il est également très doué avec crayons et pinceaux ! Lorsqu'on ouvre l'album pour le feuilleter la première impression est assez frappante, c'est même assez spectaculaire de se dire qu'avec une telle maîtrise du dessin, il s'est contenté uniquement de scénariser des albums pour le moment. Au fil de l'eau est un récit tout en noir et blanc, le trait est très expressif ce qui permet de plutôt bien sentir l'ambiance qu'il souhaite instaurer. L'histoire est celle d'un petit vieux qui avec ses potes commet des petits larcins pour arrondir les fins de mois difficile. Si ça amuse plus qu'autre chose son petit fils, qui est flic, l'atmosphère va légèrement se tendre lorsqu'un des amis sera retrouvé mort dans des conditions plutôt mystérieuses. A la frontière entre le polar et le roman graphique, cette chronique sociale montre les conditions pas évidentes dans lesquelles vivent les retraités espagnols, sur fond de crise économique. Il y a des choses intéressantes qui tournent autour de cette partie là du récit. Des réflexions sur ces vies pas faciles, ou sur le temps qui passe et la vie qui est dernière ces octogénaires. Ces aspects là du récit font penser à un pur roman graphique, sans toutefois arriver à être vraiment émouvants ou bouleversants. A coté de ça la partie polar plus traditionnel, sur les meurtres des octogénaires, n'est pas assez surprenante non plus. Il n'y a pas spécialement de tension, on devine aisément la fin même si ce n'est pas désagréable du tout. Le récit oscille entre ces 2 aspects et au final on dirait qu'il n'a pas totalement choisi son camp. Les deux sont sympas, mais on referme l'album avec le sentiment que l'un et l'autre auraient pu être un peu plus poussés. On passe un bon moment, mais pas sûr que cette histoire marque durablement les esprits.
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