L'Anniversaire de Kim Jong-Il

Note: 4/5
(4/5 pour 9 avis)

Le récit, terrible et délicat, sur le « paradis » communiste du dictateur fou Kim Jong-il, vu à travers les yeux et l’intellect d’un enfant de 8 ans.


Consensus sur une BD Corée Delcourt Dictatures et répression Futurs immanquables La BD au féminin Mirages One-shots, le best-of

Jun Sang, né un 16 février tout comme son cher dirigeant Kim Jong-il, est un petit garçon de Corée du Nord comme tant d’autres. Très fier de son anniversaire, il vit comme on lui apprend à l’école : le grand leader veille sur lui, lui désigne ce qu’il doit faire et ceux qu’il doit haïr de toutes ses forces. Mais ce paradis et la foi indéfectible de Jun Sang en Kim Jong-il va être de courte durée...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Août 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Anniversaire de Kim Jong-Il © Delcourt 2016
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 9 avis)
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21/09/2016 | PAco
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L'avatar du posteur Noirdésir

Un album réussi. Même si ça fait bizarre de parler de plaisir de lecture lorsque le sujet est aussi dur. Car il s’agit de présenter la vie dans l’une des dictatures les plus dures, un fossile stalinien anachronique qui broie les habitants de la Corée du Nord. Le premier tiers de l’album est presque humoristique. En effet, l’absurdité des injonctions pesant sur les Nord-Coréens, et le comportement béat et quasi fanatique de Jun Sang, le gamin dont nous allons suivre le destin et qui incarne au départ l’idéal du parfait admirateur de l’œuvre du grand leader Kim Jong-Il, tout pousse le lecteur à sourire, tant le ridicule, le grotesque l’emportent. Mais rapidement cette absurdité mène à l’horreur. L’euphorie disparait – comme les couleurs d’ailleurs – pour mettre en avant, en sus de la propagande et du culte de la personnalité (omniprésents), un appareil répressif féroce et aveugle. Les camps de concentration/rééducation, la famine institutionnalisée, transforment le pays en vaste prison. Et du coup on n’a plus envie de rire ou de sourire. Même si c’est une histoire inventée, elle est hélas tellement crédible – en tout cas par rapport à ce que l’on sait de ce régime – qu’elle en est glaçante. Mais la lecture est recommandée.

27/11/2024 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
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3.5 Triste de devoir noter ce genre d'album. La couverture fait sourir et c'est vrai que le début, tout en couleur, est comique tellement cette réalité est absurde. Puis petit à petit, les couleurs s'affadissent et se noircissent : on plonge dans l'horreur des camps qui déshumanisent tous ceux qui y entrent. Bien trouvé. Bonne idée également d'adopter le trait de Shigeru Mizuki pour plonger dans un univers asiatique tragi-comique.

16/06/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
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Je suis un peu embêté au niveau de ma note et de mon appréciation de cette BD, parce que je n'en aurais pas grand chose à dire. Les autres avis l'ont déjà dit, et je ne ferais qu'en rajouter une couche. Cette BD, c'est une histoire d'un des pays du monde au gouvernement le plus absurde : la Corée du nord. Et le tout vu par un citoyen du pays, un enfant qui plus est. J'espère de tout cœur que cette histoire n'est pas totalement vraie même si c'est une vision du quotidien des millions de citoyens du pays. A travers son enfance, et la famine que connue la Corée du Nord dans les années 90, c'est toute l'absurdité de ce pays qui nous est révélé : la corruption, les privations, la misère et le dévouement total au pays. J'ai, à ce titre, adoré les publicités vantant le fait de manger deux fois par jour, parce que trop manger nuit à la santé. Le dessin est très sympathique, et permet de nous distancier un peu du propos avec son trait peu réaliste et ses têtes très grosses. Mais elles augmentent aussi le contraste avec les faits sordides qui se déroulent parfois devant nos yeux. Car fuir la Corée ne sera pas synonyme de liberté pour autant. Et rien que pour cela, j'ai adoré la façon dont la BD se conclue, entre notes d'espoir et réalité crue qui se déroule devant nous. Bref, une BD qui est très bonne, instructive et glaçante d'effroi sur ce coin du monde où je n'ai, décidément, aucune envie d'aller. Je n'aurais pas grand chose à ajouter aux autres avis : c'est une très bonne lecture, recommandée à tous et à toutes.

07/06/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
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Ubuesque, ce régime est ubuesque, encore qu'avec le père Ubu on rit ou on sourit parfois, ici rien de drôle, nous sommes affligés par l'étendue de la bêtise qui se dégage de ce régime. La grande question pourrait être, mais qu'attendent ces gens pour se révolter. Oui je sais du fond de mon canapé la question est oiseuse. Quoiqu'il en soit cette BD possède le mérite de nous faire découvrir la vie de gens ordinaires sous la férule d'un système qui bride toutes velléités de révolte. Le dessin est expressif avec des couleurs en adéquation avec ce que traversent les personnages. Les appellations du dictateur commandant invaincu à la volonté de fer sont à mourir de rire, cependant ne rions pas trop fort, la Corée du nord est très loin, rappelons nous qu'il y a quelques années un dirigeant européen se faisait appeler le Danube de la Pensée. Bravo en tous cas à cette BD de nous éclairer sur la vie quotidienne en dictature, il me semble de manière assez objective. A lire forcément.

15/10/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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A chaque fois que je lis une bd sur la Corée du Nord, je sens la colère qui monte en moi. Une colère légitime contre un régime ultra-totalitaire qui soutient un petit dictateur grassouillet n'ayant aucune considération pour son peuple que de le laisser dans l'ignorance ou pire encore le laisser mourir de faim. Vu la bonhomie de ce sinistre personnage, on peut dire qu'il ne manque de rien. Il est véritable une honte pour la face du monde et pour l'humanité. Si j'étais obligé de chanter à sa gloire le jour de son anniversaire sous la menace d'une arme, que ferais-je ? On dit qu'il a le sens de la famille. Après avoir pulvériser son oncle, il vient de faire assassiner son grand frère dans un pays étranger. Comment peut-on encore tolérer cela ? Certes, il ne faut pas se tromper de camp. Cette bd nous donne des détails qui frôlent l'insupportable sur ce que son peuple subit à travers les yeux d'un petit garçon et de sa famille. Sa vision des choses est effrayante notamment au début puisqu'il est dans l'ignorance la plus totale en acceptant l'horreur. C'est d'ailleurs l'une des premières fois qu'on a une bd qui permet de mieux comprendre le quotidien de ce peuple meurtri. Le dessin est réaliste mais avec un côté assez expressif. J'ai bien aimé également le choix des couleurs qui sont souvent dans les tons tristes reflétant ce pays coupé du monde extérieur. J'ai trouvé la fin un peu abrupte alors que le récit s'étale sur près de 140 pages. On termine certes avec une petite note d'espoir. En tout cas, je suis tout de même heureux de vivre dans une démocratie et ne pas être obligé de souhaiter un joyeux anniversaire à Kim Jong Il, l'étoile brillante du mont Paektu ou le commandant invaincu à la volonté de fer ou le dirigeant mondial du XXIème siècle. Il ne faut jamais oublier que notre système de politiciens tous pourris est encore le moins pire de la planète.

05/03/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre, cette bande dessinée n’est pas vraiment consacrée au dictateur nord-coréen, se contentant de le placer en filigrane, telle une ombre sinistre planant sur chaque citoyen. Le scénariste Aurélien Ducoudray s’est plutôt attaché à décrire la vie d’un enfant ordinaire, en se basant sur les témoignages écrits de rescapés des abominables camps de redressement nord-coréens, qui n’ont rien à envier aux camps nazis de la Seconde guerre mondiale. Très fluide, l’histoire commence presque comme un ouvrage de propagande où seule l’ironie sous-jacente empêche de croire totalement aux bienfaits du régime, pour basculer progressivement vers l’effroi et finir dans l’horreur. Le dessin de Mélanie Allag, qui a beaucoup travaillé dans l’illustration jeunesse, est en parfaite adéquation avec l’esprit du livre. Le récit à la première personne se lit non seulement avec les mots du jeune Jun Sang mais également à travers ses yeux. Au début, le garçonnet vénère sans conditions le dictateur par le biais du héros national, une sorte de Captain America nord-coréen, jusqu'à que les premières failles apparaissent dans cette réalité artificielle, trop « belle » pour être vraie. Suivant le fil scénaristique et le regard de Jun Sang, les couleurs, vives et fraîches au début, perdent peu à peu leur éclat pour finalement virer au noir et blanc. De même, les visages se creusent lentement sous l’effet de la malnutrition et de la pénurie alimentaire, après que les parents du garçon aient perdu leur emploi dans les usines locales. Le style graphique, en apparence enfantin, vient apporter au récit une touche de légèreté et candeur, qui par un effet de contraste saisissant, fait ressortir toute la cruauté du régime de Kim Jong-il. « L’Anniversaire de Kim Jong-il » est une des très bonnes surprises éditoriales de l’année 2016, rappelant l’ouvrage de Guy Delisle, Pyongyang, différent dans son traitement mais tout aussi édifiant à travers les faits relatés sur ce pays figé dans une époque révolue. Une situation qui ne semble pas à la veille de changer, au vu de l’attitude du terrifiant « Kim Jong Junior » - dont le visage s’apparente à celui d’un gros bébé capricieux grandi trop vite -, et des actualités qui nous proviennent régulièrement de ce coin de l’Asie. A noter la réussite de la couverture, représentant le portrait-puzzle du dictateur composé de panneaux soutenus par des enfants, un dictateur dont le sourire est brisé par le jeune Jun Sang, curieux de voir ce qu’il y a derrière son « panneau-prison »…

18/02/2017 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
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3.5 Cet album est un bon complément à 'Pyongyang'. Au lieu de suivre un étranger qui vit quelques mois en Corée-Du-Nord, on suit le quotidien d'un petit coréen qui est totalement manipulé par la propagande et croit tout ce qu'on lui dit sur la grandeur de son pays et de son général Kim Jong-Il. Puis il va se passer des événements qui vont le faire changer d'idée. Le scénario est prenant et tout semble malheureusement vrai. J'aime le dessin et notamment le fait que certaines parties sont en couleurs et qu'une grande partie plus sombre que le reste est en noir et blanc. J'aime bien comment l'évolution du petit garçon est montré dans la narration. On commence avec un peu de naïveté avec le petit gars qui ne comprends pas toujours le comportement de ses parents. et puis on tombe dans la sombre réalité lorsqu'il comprend vraiment ce qu'est son pays.

26/12/2016 (modifier)
Par Chris
Note: 4/5

Beaucoup aimé ! Et pourtant le dessin et ce que j'en avais lu au travers d'une preview m'avaient plutôt convaincu du contraire et de ne pas acheter l'album. C'est sous la lecture des retours enthousiastes que j'ai fait fi de mon ressenti et j'ai bien fait ! Car le côté naïf et enfantin qui me gênait disparaît au fil de l'album, le fond l'emportant sur la forme. Et même je dirais justement que le dessin tranche finalement parfaitement avec la violence sourde et omniprésente de l'histoire. J'avais beaucoup aimé Pyongyang de Delisle, moins "La Faute" dans lequel je n'avais pas trouvé suffisamment de matière et qui m'avait paru une redite sans apporter rien de plus (au contraire), mais là Ducoudray parvient à en dire beaucoup sur le régime totalitaire en place au sein de la vie d'une famille, à travers les yeux d'un enfant de cette famille. Cela permet de voir les choses sous un autre angle, plus impliqué et vivant.

30/09/2016 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur PAco

Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag signent ici un album fort, touchant et instructif. C'est à travers le regard du tout jeune Jun Sang, âgé de 8 ans, que l'on va découvrir les coulisses et le quotidien de cette mystérieuse et menaçante Corée du Nord, qui régulièrement fait les gros titres de l'actualité. Ce jeune garçon, né le même jour que le "père bien aimé" dans le pays où on ne souhaite pas les anniversairses, nous fait découvrir comment la population est dès son plus jeune âge formatée à la "toute-puissance" et "bienveillante" patrie nord-coréenne, face aux "cochons du sud" ou ces "chiens d'américains". Mais la vie de notre jeune Jun Sang qui paraissait toute tracée va finir par sortir de ces rails un brin trop rectilignes pour nous faire découvrir la triste réalité de ce régime, cachée derrière ces images d’Épinal officielles. Aurélien Ducoudray, armé de sa solide expérience de photographe de presse nous propose encore un album qui fait mouche, appuyé par le trait étonnant de Mélanie Allag que je découvre ici. Son coup de crayon en parfait adéquation avec le point de vue narratif choisit (celui de ce jeune enfant de 8 ans) sait imposer cette touche de légèreté propre à l'innocence de la jeunesse, tout en faisant ressortir de façon très expressive les travers et exactions de cette dictature. Au fil des pages, l'expressivité des personnages rehaussé d'un jeu sur les couleurs judicieux nous laisse sans voix face à la stupidité sans nom de ce régime qui écrase et affame son peuple. La prise de conscience progressive de cet état de fait par notre jeune "héros" et les événements qui vont pousser sa famille à fuir sont emmenés progressivement dans une narration impeccable jusqu'à la conclusion intelligente et bien trouvée qu'on nous propose. Un album brillant et subtil qui s'impose comme un incontournable pour entrapercevoir l'autre côté du miroir de ce régime tyrannique nord coréen.

21/09/2016 (modifier)