Les Voyages d'Ulysse
Grand prix de la critique ACBD 2017 Dans la Méditerranée du XIXeme siècle, un peintre désœuvré aide une mystérieuse capitaine à retrouver les traces d'un autre peintre qui s'est spécialisé dans les représentations de l'Odyssée.
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Jules Toulet, peintre obscur de la fin du XIXeme siècle, a perdu sa muse Anna. Les quelques lettres qu’il a reçues d’elle n’ont fait qu’entretenir la flamme et l’ont empêché de se remettre à peindre. Il traîne dans Istanbul et tente de retrouver la créativité de ses années de jeunesse. Le cœur dévasté et les poches vides, il embarque alors sur L’Odysseus, le navire du mystérieux capitaine Salomé, qui l’accepte à bord car elle s’intéresse à la peinture. En particulier, elle compte sur lui pour l’aider à retrouver un peintre, nommé Ammôn. Pourquoi ? Que lui veut-elle ? Quelle histoire se cache derrière cette femme au front dur qui ne connaît pas la crainte ? Qui est-elle ?
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Date de parution | 29 Septembre 2016 |
Statut histoire | One shot (+ un album d'illustrations en complément) 1 tome paru |
01/10/2016
| Eric2Vzoul
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Les avis
Il va être difficile pour moi de rester un minimum rationnel et objectif dans mon propos tant j'ai vraiment adoré cette BD ! Globalement, je trouve que ce que fait Emmanuel Lepage est toujours, ou presque, de qualité. Il nous a habitué depuis quelques temps déjà à faire des sortes de reportages / documentaires / carnets de voyage (ou tout cela à la fois) dans ses précédentes productions, on pense à Voyage aux îles de la Désolation, et surtout à Un printemps à Tchernobyl (je dois avouer ne pas avoir encore lu 'La lune est blanche', ni Ar-Men ), mais là, c'est autre chose, on est bien au-delà de ça. Un vrai scénar, pour une vraie BD ! Sur un plan graphique, on retrouve toujours ce superbe travail, ce dessin, en particulier de bateaux et de la mer qui accompagne (ou donne naissance ?) au souffle épique qui traverse tout l'ouvrage. Sur le fond, c'est fin, c'est intelligent, c'est bien senti, le lecteur plonge dans cette histoire avec plaisir, délectation, et soif de connaissances. Un vrai beau voyage dans, et devant, la BD en somme ! Si vous lisez ce petit avis en vous demandant si la BD vaut le coup d'être achetée, franchement, n'hésitez pas un seul instant, c'est beau et atypique, il serait plus qu'étonnant que cela vous laisse indifférent(e). Peut-être dans mon top 10, ou top 15, tous styles confondus. C'est dire.... ! Bref, ne tournons pas autour du pot : chef-d'oeuvre !
J'ai toujours tendance à me laisser influencer par les autres avis lorsque je laisse le mien, mais là je fais totalement abstraction des autres pour exprimer pleinement mon ressenti : j'ai adoré cette BD ! Dans la continuité et la complémentarité de Les Voyages d'Anna, nous avons ici un épisode de la vie de ce peintre -Jules Toulet- qui la recherche à travers le monde. Embarquant par hasard sur un navire dont la capitaine semble chercher quelqu'un, elle aussi, il est entrainé avec elle à la recherche d'un peintre. L'histoire peut sembler banale, ainsi racontée, mais la force de cette BD tient au propos qui est développé au cours de celle-ci. Cette BD parle de l'Odyssée (le titre étant assez explicite), en faisant à la fois un voyage à travers la Méditerranée comme le fit Ulysse en son temps, mais aussi en reprenant certains points clés de ce récit mythologique pour en faire des métaphores, symboliques et réinterprétation de cette histoire millénaire. Et enfin, le récit prend aussi le parti d'intégrer l'Odyssée directement dans la trame, en tant qu'histoire connue des protagonistes, narrés par eux (et dont des extraits sont également lisibles dans l'ouvrage par des pages intermédiaires qui sont parfaitement bien intégrés) et peint également. C'est un récit complètement tourné autour de l'Odyssée, qui parle de lui et à travers lui. Le tout est sublimé par le dessin de Lepage et de René Follet, qui donne vie à ces paysages ensoleillés de la mer Méditerranée, ainsi qu'à la mer elle-même et à ces bateaux qui fendent les eaux pour marchander de part le monde. C'est sublime, osons le dire, et c'est également clair et lisible. Les pages sont souvent magnifiques, certaines illustrations en pleine pages (voir en double page) en jettent plein la vue, et font autant partie de la BD qu'elles font penser à des toiles de maitres. C'est réellement magnifique, pour peu que l'on aime le trait de Lepage, et le rendu est immersif au possible. L'auteur a déjà montré son amour des lieux, des paysages et de la mer, ainsi que de l'aventure. Ici, le tout est combiné avec les représentations de René Follet, qui ajoutent un charme à l'ensemble, avec un style complètement différent. Mais surtout, ce qui me fait tant aimer ce récit, c'est que j'aime l'Odyssée, qui fut l'un des premiers romans que j'ai dévoré enfant, lu et relu durant mon adolescence, et dont je connais encore aujourd'hui des scènes par cœur tant elle m'a plu. L'Illiade et l'Odyssée m'ont accompagné durant ma vie, et cette BD m'a donnée envie de retourner la lire, puis de relire l'Odyssée, et ensuite de relire la BD. C'est prenant, réellement, et une vraie déclaration d'amour à ce récit, parmi les plus vieux du monde. Et je ne parle pas de tout ce qui est dedans, entre les deux personnages principaux, écorchés par la vie et motivé par une quête qui les réparera. Les quelques moments d'amours qui passent dans le récit, les moments de vie et de bonheur ... C'est une belle histoire, une magnifique aventure maritime et une superbe déclaration d'amour à l'Odyssée. Et c'est tout ce que j'en demande. Et puis ... Nom de nom, parfois faut savoir se laisser porter par un récit, sentir le souffle qui passe par les pages et se laisser porter par l'histoire. C'est peut-être trop simple pour certains, un peu trop fleur bleue ... Mais si on fait abstraction de ces détails, franchement, je ne peux que vous recommander cette lecture !
Que voilà un bel ouvrage, graphiquement de haut vol, et d'une belle intelligence de scénario. Le mobile au premier degré peut paraître étrange et d'une crédibilité peut-être relative, mais finalement, il ne sert que de prétexte pour une illustration au sommet des deux artistes qui manifestement se sont fait plaisir, et par là même nous ravissent nous lecteurs aussi graphiquement, tout en parvenant à réaliser scénaristiquement la chose la plus difficile qui soit ; traiter avec tact et finesse et sans peser dans le récit, de la difficile et complexe relation entre les êtres. L'ouvrage impose sa pagination non calibrée par l'éditeur pour un récit libre très réussi, avec un beau cahier graphique de Follet en fin d'ouvrage. Un vrai courant d'air frais que la lecture de cet opus. Un must pour cette année, assurément !
Depuis plusieurs années, j'achète les yeux fermés les ouvrages de mon compatriote breton, Emmanuel Lepage. Ses derniers ouvrages Voyage aux îles de la Désolation, La Lune est blanche et Un printemps à Tchernobyl font partie des ouvrages que je lis et surtout que je relis, gage d'une qualité certaine, quasiment tout les ans. Car Emmanuel Lepage, avec le temps, nous offre plus qu'une bande dessinée mais de véritables tableaux à chaque vignette, ce qui se vérifie avec le présent album. Avec " les voyages d'Ulysse", c'est une véritable invitation au voyage, au sens de Baudelaire, que nous offre Lepage. Finies les aventures autobiographiques ici, mais place aux aventures de Toulet, un des personnage aperçus dans "Les Voyages d'Anna", paru il y a plusieurs années chez Daniel Maghen (2005)-qui fera l'objet d'une réédition en novembre 2016- . D'ailleurs, je m'interroge sur le choix du nom de Toulet, (non le peintre mais le poète) auteur des "Contrerimes" , aventurier, marin ayant navigué jusqu'à l’extrême Orient, poète et écrivain qui, de Jean d'Ormesson à Jean Dutourd en passant par Jacqueline de Romilly, n'a de cesse de nous rappeler à nous ses souvenirs. "Les voyages d'Ulysse" nous offrent un formidable voyage maritime mais aussi un merveilleux voyage dans le temps. En mêlant habilement l'Odyssée d'Homère et le parcours de Salomé, Lepage nous livre là un véritable chef d’œuvre aussi bien scénaristique que graphique. En intégrant dans son récit certaines planches de Follet (auteur que j'adore, mais malheureusement trop méconnu), Lepage compose ainsi un album d'une élégance rare : hommage aux textes fondateurs grecs, hommage aux dessinateurs plus âgés (Follet), le tout servi sur un scénario d'une beauté fatale. Cet album est certainement un des albums incontournables de cette année, aussi bien par son ampleur que pour sa qualité graphique. Pour l’anecdote, ma fille commence cette année en fac, en lettres modernes à la Sorbonne, et Homère est évidemment au programme. Je compte lui prêter cet album de Lepage, qui ne manque pas de faire référence à Homère, que ce soit au niveau graphique comme à travers les pages de l'Odyssée distillées ici ou là sur les pages de cette bande dessinée.
Ne tournons pas autour du pot : ces Voyages d'Ulysse sont un pur chef d'œuvre ! Emmanuel Lepage est un auteur de bandes dessinées, voyageur et un peu aventurier, qui nous a déjà régalé avec le récit de ses navigations dans les mers australes (Voyage aux îles de la Désolation et La Lune est blanche), ainsi que dans les territoires interdits d'Ukraine (Un printemps à Tchernobyl). Ici, il revient à la fiction, et met en images sa version de l'Odyssée. Un jeune peintre, Jules Toulet, erre sur les rives du Bosphore. Il fait la connaissance de Salomé, capitaine de l'Odysseus qui l'entraîne dans une étrange quête. Il s'agit de retrouver Ammôn Kasacz, un peintre dont la spécialité est la représentation de la Grèce antique, dont on a perdu la trace. Au fil de cette aventure, qui les entraîne à travers la Méditerranée, de Byzance aux Colonnes d'Hercule et d'Alexandrie à Ithaque, Salomé explique peu à peu pourquoi Ammôn Kasacz lui tient tant à cœur. L'histoire est diablement prenante et se lit d'un trait. Le voyage au présent est entrecoupé de longs flashbacks éclairant le passé de la belle Salomé, femme libérée avant l'heure, éprise de l'Odyssée, grande voyageuse, et véritable héroïne de ce récit. Au final, son destin devient une belle leçon de vie. L'attrait de cet album tient aussi dans la qualité des dessins, que dis-je des dessins ? des peintures ! Il y a l'immense talent d'Emmanuel Lepage, qui excelle dans la représentation des paysages de Méditerranée, des navires dans la tempête ou de la foule bigarrée des ports. Jules Toulet, le peintre qui voyage pour croquer la nouveauté et l'exotisme sur le vif, est son double de fiction. On sent que Lepage aurait aimé fouler le pont de l'Odysseus et parcourir les rues étroites des ports méditerranées au temps de la navigation à voile. Mais le coup de génie, c'est de s'être associé avec le très grand René Follet, l'un des plus grand illustrateurs du neuvième art. C'est lui qui prête sa patte inimitable et immédiatement reconnaissable au vieil Ammôn Kasacz, le peintre qui rêve d'odyssées et de mythes antiques. Le résultat est flamboyant, un ravissement pour les yeux tout au long de 219 planches ! Il n'y en a pas une que l'on n'aimerait pas encadrer… Comme à leur habitude, les éditions Daniel Maghen se montrent à la hauteur pour donner un écrin digne au travail exceptionnel des auteurs. Un fort beau livre, solidement relié, avec quelques calques qui reproduisent des passages de L'Odyssée d'Homère, et un cahier graphique reproduisant les carnets de Ammôn Kasacz / René Follet. Je crois que je tiens en mains l'album de l'année !
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