Jamais je n'aurai 20 ans
Après Les Guerres silencieuses, au sein desquelles Jaime Martin se penchait sur la jeunesse de son père au coeur de la décolonisation espagnole, c'est maintenant à la jeunesse de ses grands-parents qu'il dédie ce dense roman graphique. Conté depuis les yeux d'Isabel et Jaime, "Jamais Je n'aurai vingt ans" est une plongée dans la guerre d'Espagne avec la sensibilité et l'efficacité graphique inhérentes au travail du talentueux auteur ibérique.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale 1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Aire Libre Auteurs espagnols Espagne La Guerre civile espagnole
18 juillet 1936 : le jeune gouvernement espagnol des républicains, issu de l'alliance des partis de gauche, est renversé par les troupes du général Franco, plongeant le pays dans trois années de guerre civile puis presque quarante de dictature répressive. Pour Isabel, courageuse couturière, ce sera également le début d'une vie nouvelle, faite de lutte et de résistance. Proche du syndicat anarchiste CNT qu'elle a rejoint quelques mois auparavant, elle va devoir prendre la fuite au moment de l'insurrection Franquiste. Après "Les guerres silencieuses", au sein desquelles Jaime Martin se penchait sur la jeunesse de son père au coeur de la décolonisation espagnole, c'est maintenant à la jeunesse de ses grands-parents qu'il dédie ce dense roman graphique. Conté depuis les yeux d'Isabel et Jaime, "Jamais Je n'aurai vingt ans" est une plongée dans la guerre d'Espagne avec la sensibilité et l'efficacité graphique inhérentes au travail du talentueux auteur ibérique.
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Date de parution | 07 Octobre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je connais peu l'histoire de la guerre d'Espagne, et je sais juste à quel point ce fut une guerre sanglante et rapidement éclipsée par la Seconde Guerre Mondiale. Le conflit entre républicains et fascistes, le coup d'état qui amène Franco au pouvoir, Malraux, Camus ou Hemingway qui en parlèrent si bien, par exemple. Ce récit est donc un bon moyen d'intégrer ce que fut ce conflit du point de vue des espagnols eux-mêmes, à la fois avant, durant et après la guerre. Je ne connaissais que des témoignages extérieurs mais je m'étais souvent demandé comment les espagnols avaient vécus cette période, eux qui oscillaient entre Franco chez eux et Salazar de l'autre côté de la frontière avec le Portugal. J'ai d'ailleurs dans l'idée de lire les BD de Carlos Giménez pour m'informer dessus. La lecture est plaisante, l'auteur détaillant la vie de sa grand-mère dans une Espagne qui voit arriver le front populaire (ce que je ne savais pas) puis le coup d'état et la guerre. Le récit n'est pas une exposition longue des violences fascistes, heureusement, mais se concentre sur la vie durant la guerre et la suite de l'histoire de ces deux protagonistes. L'intérêt est donc de présenter l'ensemble de la période franquiste et de toute la paranoïa qui gravite autour de ceux qui eurent le malheur d'être dans le mauvais camp. Associé à un dessin qui retrace très bien les espaces et les tensions, on se sent à la fois dans l'Espagne de cette époque mais aussi dans les combats ou dans les nuits passées à angoisser en attendant la milice. J'ai bien aimé la façon dont leur vie se déploie jusqu'à cette fin qui dévoile quelque chose que je n'avais pas pensé ni envisagé. D'avoir un twist final met un point d'orgue à cette histoire, et je suis ravi de finir là-dessus. C'est une histoire réelle qui permets de se rendre compte de ce que fut réellement cette période où mourir pouvait être si simple. Je recommande la lecture de la BD, elle est instructive et plaisante à lire. Il n'y a pas grand chose d'autre à dire, c'est une BD documentaire et biographique qui vaut le coup.
J’ai lu il n’y a pas longtemps Nous aurons toujours 20 ans, auquel cet album fait écho, dans le titre et pour l’histoire. Alors que le premier traitait de la jeunesse et de l’entrée dans la vie de bédéiste de Jaime Martin, « Jamais je n’aurai 20 ans » traite de la vie de ses grands parents (plusieurs fois évoqués dans le premier album que j’avais lu). Lire les albums de la biographie familiale de Martin dans le désordre ne pose pas de problème, chacun pouvant se lire séparément. J’ai retrouvé dans cet album les qualités repérées dans Nous aurons toujours 20 ans. A savoir un dessin classique très agréable. Mais aussi une propension à très bien mêler la petite histoire familiale à la grande Histoire sociale et politique de l’Espagne. Il faut dire que les grands parents de Martin ont été impliqués – dans le camp républicain – à la guerre d’Espagne, et à la dictature franquiste qui s’en est suivi, le tout étant forcément dur à encaisser pour des gens à la conscience politique très à gauche, et qui ont à plusieurs reprises échappé de justesse à la mort. Au côté de certains albums de Carlos Gimenez par exemple, on a là une belle chronique sociale, politique, d’une période triste de l’Espagne (un dossier final ajoute une chronologie bien fichue et pas mal de reproductions de documents d’époque). Une lecture instructive et intéressante, avec un travail sans esbroufe de Martin, mais qui réussit en tant qu’auteur à rendre un bel hommage à ses grands-parents, sans que pathos et empathie « filiale » ne dénaturent trop la réalité. Note réelle 3,5/5.
Jusqu'à présent cet auteur ne m'a pas trop marqué et c'est encore le cas ici avec cet album où il raconte la vie de ses grands-parents durant la guerre civile espagnole. Je suis d'accord avec l'avis d'Arzak. Il y a des bonnes scènes, mais aussi d'autres assez inutiles qui font traîner inutilement l'album en longueur. La meilleure scène est celle du début lorsque les enfants font revivre sans le vouloir des scènes traumatisantes à la grand-mère. C'est d'ailleurs la seule fois où l'auteur a réussi à vraiment me toucher au niveau des émotions. Je sais que cela peut sembler cruel, mais globalement le récit ne m'a pas trop touché même si ce qui est raconté est vrai ! Il faut dire que raconter la vie quotidienne est un art difficile. C'est à lire si on s'intéresse à cette période dure de l'Espagne quoique j'ai préféré Les Temps Mauvais qui porte sur le même sujet.
J'ai bien aimé cet album très dense qui raconte l'histoire des grands-parents de l'auteur pendant la guerre civile espagnole et la dictature de Franco. Le dessin est très agréable et on apprend vraiment beaucoup de chose sur l'horreur de cette guerre civile et le climat délétère et de corruption permanente qui existait sous la dictature. J'ai cependant quelques bémols sur la narration. Il y a clairement des longueurs et quantités de détails qui alourdissent inutilement le récit. La chronique est un genre difficile. Il faut restituer la vie quotidienne de personnes à coup de petites scènes qui, prises séparément ne signifient pas grand chose mais qui bout à bout, restituent une ambiance, un climat. Mais ici je ne pense pas que, par exemple, tous ces détails sur le commerce des bouteilles vides auquel la famille se livre dans la seconde moitié de l'album soient tous nécessaires. A l'inverse, dans la première partie, qui se déroule pendant la guerre civile, on nous présente plein de personnages qu'on a à peine le temps de connaitre avant qu'ils ne meurent. Trop de détails d'un côté, trop peu de l'autre. Ce manque de perspective donne l'impression d'un album où l'on a voulu mettre trop de choses. Il aurait peut-être mieux valu en faire une série, en 3-4 albums, ou alors un roman.
Jaime Martin avait déjà raconté la jeunesse militaire au Maroc de son père dans Les Guerres silencieuses. Il raconte maintenant la vie en Espagne de ses grands-parents maternels et montre à quel point elle a été marquée par la Guerre Civile Espagnole et l'époque Franquiste. Car en effet, Isabel, la grand-mère née à Melilla enclave espagnole au Maghreb, était proche de militants anarchistes en 1936. Et de son côté, Jaime, le grand-père originaire de Barcelone, était pro-communiste et engagé dans l'armée républicaine. Autant dire que quand les Franquistes se sont insurgés puis ont pris le pouvoir, ils se sont retrouvés du mauvais côté de la barrière. Là où Les Guerres silencieuses était un peu morne et peinait à transmettre l'émotion, ici au contraire le rythme est bon, l'intrigue dense et les sentiments sont bien transmis. Jaime Martin fait le choix de ne pas s'attarder spécifiquement sur une période en particulier mais de nous donner une vision d'ensemble des années 30 aux années 60. Chapitre après chapitre, nous assistons ainsi à différentes étapes de la vie des grands-parents. Il y a d'abord la jeunesse d'Isabel avant les événements, son amitié avec des jeunes engagés politiquement et sa fuite éperdue lors du coup d'état des Franquistes et les assassinats sans sommation des communistes et anarchistes. Puis il y a la guerre civile elle-même vue par les yeux du grand-père où l'on constate que les forces en présence étaient assez équilibrées jusqu'à l'arrivée des Italiens et des Allemands qui ont soudain écrasé l'armée républicaine et entraîné le massacre de leurs partisans. On découvre ensuite comment Isabel et Jaime ont su s'en sortir, se rencontrer et se cacher le temps de s'installer à Barcelone pour tenter d'y vivre malgré le danger. Enfin on découvre comment, à force de courage et d'esprit d'entreprise, les deux nouveaux parents vont réussir à très bien se débrouiller sur le plan économique et à élever leurs trois filles malgré le risque permanent que les autorités les éliminent sans autre forme de procès si elles découvraient leur passé de "rouges". Mais jamais le traumatisme du passé ne s'effacera pour eux malgré leur volonté de ne pas le transmettre à leurs enfants. C'est une lecture intéressante et suffisamment bien menée pour ne jamais ennuyer. Elle est servie par le dessin élégant de Jaime Martin dont j'aime beaucoup l'encrage épais qui me rappelle celui de Ruben Pellejero. On y découvre une vision assez différente de l'étau moral étouffant et injuste que représentait la société Franquiste telle qu'on peut l'apercevoir dans des œuvres comme Paracuellos, Les Temps Mauvais ou Montserrat. Ici, c'est avant tout la camaraderie puis l'esprit de famille qui ressort et permet de donner en permanence de vraies touches d'espoir dans la vie des protagonistes. Et c'est en cela que j'ai trouvé la conclusion du récit à la fois touchante et heureuse. C'est une belle lecture, instructive, pleine de vie et de son lot d'émotions. Un joli hommage rendu aux grands-parents de l'auteur.
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