Les Brumes de Sapa

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 6 avis)

Un récit de vie touchant sur le passage à l’âge adulte à travers l’amitié improbable de deux jeunes filles : Lolita, ado parisienne un peu perdue, et Lo Thi Gôm, petite fille de la minorité Hmong opprimée au Vietnam.


Autobiographie Encrages Indochine La BD au féminin

Peut-on être amis quand tout nous sépare ? Les étapes qui construisent nos vies d’adulte sont-elles les mêmes lorsqu’on a des existences très éloignées ? Obstacles du quotidien, premiers amours, premiers travails, rapport aux parents… Sur fond de transformation du Vietnam, deux jeunes femmes que tout sépare vont vivre une amitié de celles qui montrent que certaines questions sont universelles…

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Octobre 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Brumes de Sapa © Delcourt 2016
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 6 avis)
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16/10/2016 | PAco
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Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

J'ai un sentiment indécis envers cette BD : je n'arrive pas à figer mon opinion. Car pour une bonne partie de cette histoire, j'ai eu le ressenti d'y suivre une jeune européenne un peu bobo qui utilise sa richesse et ses facilités d'occidentale pour se rendre dans un pays pauvre pour satisfaire ses envies d'ailleurs, de ne pas faire comme tout le monde et d'avoir une belle histoire aventureuse à raconter en revenant. J'ai eu beaucoup de mal à croire à son amitié avec cette petite fille de 10 ans de moins qu'elle, là encore la voyant comme une relation artificielle faite pour satisfaire l'ego de l'autrice et avoir quelque chose auquel se raccrocher pour son histoire à ramener à ses potes en France... ou à raconter en BD comme ça a été justement fait ici... Et en parallèle, il y a visiblement une vraie part de sincérité. Dès le départ, l'autrice admet sans honte que c'est purement pour elle qu'elle fait ce voyage, pour essayer de se retrouver. Et cette amitié, elle ne le dit pas clairement, mais on sent qu'elle la force justement pour se faire du bien à elle. Et cela se voit notamment dans son retour au Vietnam la seconde fois, quand elle cherche cette fille qu'elle croit avoir marqué autant qu'elle l'a marquée alors qu'elle l'a plus ou moins oubliée de son côté. Et c'est après cet épisode qu'une amitié plus réelle semble effectivement se mettre en place. Certes l'autrice utilise toujours cette amie lointaine pour se faire du bien à elle, pour se ressourcer loin de sa petite vie parisienne, mais elle va finalement lui offrir à elle aussi autre chose qu'une simple amie européenne et les finances qui vont avec. Elle va la voir évoluer, elles vont partager, la petite fille va devenir une jeune femme au caractère affirmé qui n'hésitera pas à la contredire, à ébranler sa façon de penser, et à finalement l'assagir en lui faisant comprendre qu'il n'est pas grave de ne pas savoir exactement où l'on va et qu'il ne faut pas avoir peur d'un "peut-être". A côté de ça, j'ai bien apprécié le dessin et notamment sa représentation de la fameuse région de Sapa et de la jeune fille en tenue traditionnelle. Et j'ai aussi découvert un peu la culture Hmong et sa relation avec les autres Vietnamiens dont je ne savais rien. Bref, même si je ne suis toujours pas certain de mon avis envers le fond de cette BD et l'intention de son autrice, je trouve que c'est quand même une bonne BD et une intéressante histoire.

03/01/2024 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

En fait j'ai bien aimé cette histoire mais il m'a fallu du temps. Toute la première partie de l'album j'ai trouvé ça un brin longuet, il n'y avait pour moi rien d'extraordinaire que de voir cette jeune fille comme une touriste lambda qui déambulait dans un pays étranger. Dès l’instant de la rencontre entre Lolita et Lo Thi Gom les choses évoluent vers cet apprivoisement entre deux êtres, deux cultures. Je trouve que les moments les plus fascinants sont en fait ceux où Lolita est de retour dans son pays et plus particulièrement à Montréal, lorsqu'elle fait l'expérience du deuil, de la séparation. Quelques réflexions sur l'inéluctabilité de nos vies sont bien venues et peuvent résonner chez chaque lecteur. Récit introspectif et initiatique c'est pour moi une belle découverte qui montre la grande sensibilité de son auteure qui contrairement à ce que l'on pourrait penser n'a peut être pas eu une vie de "petite fille riche". Certainement à lire.

16/11/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

J’ai trouvé ce récit touchant de sincérité. Il traduit bien un des mal être de l’homme (au sens large) sans toutefois chercher à nous donner une quelconque leçon de vie. Le fait que Lolita Séchan raconte elle-même cette histoire qui est la sienne est pour beaucoup dans mon appréciation. S’il s’était agi d’un auteur quelconque racontant l’histoire d’une pauvre petite fille riche trouvant un sens à sa vie en allant à la rencontre de personnes défavorisées, je pense qu’il y aurait eu bien moins de chances que j’apprécie ma lecture. Ici, l’auteure se raconte elle-même… et reste toujours dans le doute. C’est en cela que cet album m’a interpellé. Voici quelqu’un qui, d’un point de vue matériel, financier, affectif, a une vie des plus confortables et qui se rend compte que, dans ces conditions, sa vie ne la mène nulle part. Elle ne sait où aller. A l’échelle de nos sociétés, elle est encore jeune (22 ans), elle a le temps… mais elle ne sait quand même pas où elle va. C’est cette interrogation sur la marche à suivre pour « accomplir sa vie » qui m’a intéressé. Et Lolita Séchan fait montre d’objectivité et de sensibilité dans la retranscription de ses sentiments. Après, l’histoire d’amitié qu’elle va lier avec Lo Thi Gom permet d’abord d’en apprendre plus sur une minorité rejetée mais aussi, bien entendu, de faire des comparaisons entre les privilégiés financiers du monde occidental et les peuples déshérités des régions défavorisées du globe. Les interrogations et les priorités ne sont bien entendu pas les mêmes (c’est ce qui permettra à Lolita Séchan d’avancer dans sa vie) mais, quelque part, je m’en fous un peu car pour moi, l’intérêt profond de l’album était ailleurs. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai été heureux de voir que la situation du peuple Moï évolue dans le bon sens au Vietnam, là n’est pas la question, mais ce n’est pas le plus important à mes yeux dans cet album. L’important, il est traduit par une réflexion de Lo Thi Gom que j’ai beaucoup aimée, vers la fin du livre. Elle parle des rêves qui la nourrissaient… et qui n’ont cessé de grandir au fur et à mesure qu’elle réussissait à les accomplir, la rendant, d’une manière assez contradictoire, toujours plus insatisfaite. C’est, pour moi, là un doigt exactement posé à l’endroit où la vie fait mal : notre incapacité à nous satisfaire de ce que nous avons. Notre moteur d’évolution et notre fléau. Sans avoir l’air d’y toucher, c’est cette contradiction humaine que Lolita Séchan met en avant dans l’ensemble de ce récit (jusque dans ses rencontres avec son père). Un bel album introspectif qui, au-delà de l’histoire d’amitié quelle raconte, nous parle de l’être humain dans sa complexité et son incapacité à trouver le bonheur.

17/09/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Lola Séchan (celle dont son père « est morgane »…) se cherche et, au hasard d’un voyage au Vietnam, rencontre une jeune fille, avec laquelle elle va nouer des relations fortes, au point de revenir la voir tous les ans pendant une dizaine d’années. C’est cette relation, en plus de l’évolution de la vie et de la personnalité de ces deux femmes, que l’auteure narre dans cet album autobiographique. Alors, c’est sûr, cette quête d’identité à l’autre bout du monde d’une « fille de » pourrait avoir quelque chose d’indécent, la confrontation de l’univers d’une européenne aisée (et qui a donc la possibilité de pas mal voyager – Vietnam tous les ans, études au Québec, etc) avec celui d’une jeune fille Hmong (minorité mal traitée du Vietnam) pouvait avoir un côté artificiel. Mais finalement cela passe, et on arrive à faire un peu abstraction de ces inégalités (en plus de celle qui distingue « raconteuse » et « racontée »). Le dessin, souvent hésitant, parfois malhabile, colle plutôt bien au propos et, sans fioriture, convient à l’entreprise. Mais l’album lui-même m’a paru trop long, je me suis ennuyé pendant la première partie, durant laquelle les états d’âme de l’auteure m’ont un peu barbé. Pas inintéressant, mais je ne me vois pas le relire.

30/07/2017 (modifier)
Par canarde
Note: 3/5
L'avatar du posteur canarde

Juste. Une vingtenaire européenne privilégiée qui se paye le luxe de vagabonder en Asie pour trouver qui elle est. Certains se contentent d'errer de la cave au parking et des fois, en passant par la salle de concert ou le centre social ils trouvent leur place. Ici c'est le luxe de la recherche de soi-même. Une relation ambigüe au départ entre cette vieille adolescente du XXIème siècle occidental , Lolita et Lo Thi Gom, 14ans, enfant-guide dans une village touristique Mhong. Pour que ce rapprochement improbable devienne une amitié, le travail de Lolita est persévérant, et si le pitch de départ parait artificiel, il devient touchant au fil du long album. Le dessin en noir et blanc est réellement plein de caractère. Du trait, rien que du trait, toujours le même, persévérant lui aussi, qui exprime aussi bien -une certaine innocence dans les deux visages principaux qui finissent pas se différencier de plus en plus au fur et à mesure de leur parcours -des ambiances citadines de l'autre bout du monde, des paysage ruraux, , la pluie... Cette globe trotteuse qui cherche ce qu'elle pourrait apporter au monde finit par le trouver dans cet album fleuve... En fin de compte, ça valait le coup.

04/12/2016 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

Voilà un album qui tout comme notre jeune protagoniste vietnamienne se laisse apprivoiser lentement mais surement. "J'étais partie me chercher et je l'ai trouvé elle" : voilà la phrase qui résume parfaitement ce parcours de vie. Lolita, jeune parisienne de 22 ans, ne sait pas quoi faire de sa vie et décide de faire un voyage au Vietnam pour tenter de donner un sens à sa vie et de se trouver. C'est à cette occasion qu'elle va faire la rencontre de Lo Thi Gôm, une jeune vietnamienne issue d'une des minorités opprimées du pays. Tout les oppose, mais pourtant cette rencontre va être le point de départ d'une relation durable qui va mine de rien changer la vie de chacune de ces jeunes femmes. Appuyé sur un dessin assez minimaliste, tout au trait, sans couleur ni aucune case, le récit de la vie de Lolita et de ses allers-retours au Vietnam pendant dix années a fini par accaparer ma curiosité et mon intérêt. Ces deux destins emplis d'incertitudes, mais pour des raisons complètement différentes, se retrouvent liés de façon improbable que ce soit de par leurs relations amoureuses ou leurs parents. A ce sujet, l'album a d'ailleurs pris un éclairage encore différent quand, rendu aux trois quart de sa lecture, j'ai réalisé qui en était "véritablement" l'auteure ; la quête identitaire, moteur de cette BD, prend alors une nouvelle dimension. Alors, si quelques menues longueurs peuvent se ressentir à sa lecture (vite oubliées par ailleurs), cette BD reste des plus agréable à lire grâce à la qualité de la retranscription des questionnements et des rencontres proposés, tout cela dans un style graphique épuré qui colle parfaitement au récit. Je recommande !

16/10/2016 (modifier)