Le Dernier assaut

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Tardi replonge dans les tranchées pour une dernière "mise au point" sur l'horreur et l'absurdité de ce conflit. Des deux côtés, des hommes à bout de force, enfouis dans les tombes qu'ils ont creusés à leur usage, s'appliquent méthodiquement à s'entretuer... Il n'y a pas pire guerre qu'une guerre de position qui s'éternise! Inclus un CD audio de 12 chansons interprétées par Dominique Grange et les musiciens d'Accordzéâm.


1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale BD à lire en musique Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs Première Guerre mondiale Tardi

Tardi replonge dans les tranchées pour une dernière "mise au point" sur l'horreur et l'absurdité de ce conflit. Des deux côtés, des hommes à bout de force, enfouis dans les tombes qu'ils ont creusés à leur usage, s'appliquent méthodiquement à s'entretuer... Il n'y a pas pire guerre qu'une guerre de position qui s'éternise! Inclus un CD audio de 12 chansons interprétées par Dominique Grange et les musiciens d'Accordzéâm.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Octobre 2016
Statut histoire One shot (un CD musical fourni avec l'album) 1 tome paru

Couverture de la série Le Dernier assaut © Casterman 2016
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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08/11/2016 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur bamiléké

C'est le premier ouvrage de Tardi sur le Grande Guerre que je lis. J'ai beaucoup aimé cette balade en enfer du brancardier Augustin. Tardi n'a rien perdu de son pouvoir d'indignation à propos de cet absurde conflit. Il rappelle que l'immensité des victimes de tous les bords n'avaient rien à faire dans les tranchées boueuses de la Somme ou de Verdun (ou ailleurs en Europe). Les sauts de puce d'Augustin nous permettent de découvrir des situations à l'extrême du non-sens et de la cruauté au sein même de ses propres troupes (tirailleurs, Bantams, médecins à la recherche des faux blessés). J'ai bien aimé le personnage d'Augustin qui transgresse son pacifisme sous la pression des événements mais qui se reprend en conscience. J'ai trouvé l'épisode d'Hitler un peu facile et souvent utilisé pour toucher du doigt la contingence. Les dialogues sont très présents, toujours justes avec cette pointe de distance cynique qui fait réfléchir. Le graphisme de Tardi est très abouti au sommet de sa maîtrise dans les scènes de combats apocalyptiques. Une très bonne lecture toujours aussi moderne. Je n'avais pas le CD.

17/09/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Tardi a déjà beaucoup publié sur le sujet de la grande guerre (C'était la guerre des tranchées ; Putain de guerre ! ou Varlot soldat), et son antimilitarisme forcené y était déjà bien mis en avant. Rien de nouveau dans ce dernier album – si ce n’est le CD qui l’accompagne, reprenant des chansons de sa femme ou d’auteurs inconnus sur la cette Première guerre mondiale. Cet album se laisse lire, c’est certain, et Tardi défend plutôt bien ses idées. Mais j’ai nettement préféré sur ce sujet les deux premières séries citées plus haut, et que je vous recommande plutôt que cet album, si vous envisagez un achat. En effet, ici, Tardi n’a pas bâti de réelle histoire, puisque de nombreuses digressions « historiques » – allant parfois jusqu’à plusieurs dizaines d’années en amont ou en aval de la guerre, parsèment cette dénonciation de l’horreur de la Grande guerre (par exemple sur le sort des populations colonisées). C’est intéressant, mais un peu mal fichu par rapport à ce que Tardi a déjà fait sur le même thème, même si je suis parfaitement d’accord avec ses idées.

27/04/2017 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Un autre album de Jacques Tardi sur la Première Guerre mondiale. On suit un brancardier français qui se promène et voit les horreurs de la guerre. Tardi donne plusieurs informations intéressantes sur cette guerre et parfois ça dure tellement de pages que j'avais plus l'impression de lire un documentaire qu'une histoire de fiction. Il parle même un peu de Vimy, une victoire importante dans l'histoire du Canada. C'est assez sympathique à lire, mais j'ai trouvé des passages moins intéressants que d'autres. J'ai eu l'impression de lire un mélange de documentaires sur les horreurs et l'absurdité de la guerre et une oeuvre de fiction mettant en vedette un brancardier qui n'a jamais existé et je dois dire que je trouve la partie documentaire plus intéressante.

05/01/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Eric2Vzoul

Je partage et corrobore l'avis de Mac Arthur, mais je pense que cet album est mieux que « pas mal ». Tardi semble avoir bâti cet album autour de toutes les petites anecdotes navrantes qu'il a collecté sur la Grande Boucherie depuis le temps qu'il travaille son sujet. Le récit suit un brancardier français, mais s'écarte de ses mésaventures au gré de nombreuses digressions, toutes passionnantes et souvent inédites en bande dessinée. Il rappelle, par exemple, le regard raciste porté par les Allemands sur les soldats noirs que les Français leur opposent massivement, parce qu'il vaut mieux sacrifier de semi-sauvages que de bons Gaulois… Ces combattants de l'empire, aussi redoutés que méprisés outre-Rhin, sont qualifiés de « honte noire » de la France. Lors du conflit suivant, les nazis n'en voudront même pas sur leur sol en tant que prisonniers de guerre, laissant aux Français le soin de les parquer sur leur propre sol. Il met également en lumière le drame de ces unités britanniques constituées de soldats de petite taille, jugés inaptes au combat au début du conflit, puis recrutés quand les combattants viennent à manquer. Ces petits bonhommes dont l'état major décide qu'ils sont à même de compenser leur faiblesse physique par leur agilité et leur combativité supposées, sont dans les faits incapables de suivre physiquement les contraintes de la vie des tranchées. Épuisés, inefficaces et qualifiés de lâches, ils finissent parfois devant un peloton d'exécution pour faiblesse devant l'ennemi… Il y a aussi ce sergent des Sturmtruppen, soldat d'élite allemand, nationaliste, droit dans ses bottes teutonnes, certain de la supériorité de la race germanique, qui préfigure à lui seul l'évolution politique de l'Allemagne dans les années qui suivent la guerre. Tardi, grand pacifiste dans l'âme, nous laisse entendre qu'il y a des ennemis qu'il aurait été préférable de ne pas épargner… C'est peut-être le message le plus fort de cet album ; l'expérience combattante ne rend pas meilleur. C'est édifiant et écœurant à souhait. La guerre selon Tardi pue la mort et transpire la peur. Nul ne sait comme lui faire ressentir l'horreur et le désespoir de ce conflit interminable dont les protagonistes ne savent même plus les causes. Alors, certes, s'il fallait retenir un seul album de Tardi sur le sujet, je pencherais plutôt vers Putain de guerre !, le plus complet, ou C'était la guerre des tranchées, le plus facile à lire, mais ce Dernier assaut reste du grand Tardi, que j'ai pris plaisir à lire et dont je sais que je le feuilletterai à de nombreuses reprises.

11/11/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Avec ce nouvel album, Tardi continue à explorer les entrailles nauséeuses de la première guerre mondiale et de ses tranchées. Honnêtement, je pense qu’il en avait déjà dit l’essentiel dans le cultissime « C'était la guerre des tranchées », bien complété par « Putain de guerre ! » sorti quelques années plus tard. De là à dire que cette nouvelle œuvre est sans intérêt, il y a un pas que je ne franchirai pas. En effet, à force de défricher et d’approfondir le sujet, Tardi continue à nous asséner des preuves de l’absurdité guerrière au travers de nouvelles et souvent sordides anecdotes. Ceci dit, le choc ressenti diminue tout de même au fil des albums que l’auteur aura réalisés sur cette thématique et si vous ne deviez n’en posséder qu’un seul, ce n’est pas celui-ci que je vous conseillerai. On retrouve le même principe de construction d’autres œuvres de Tardi qui prend ici pour guide un brancardier français dont nous suivrons les faits et gestes tout en partageant ses pensées, son désespoir, sa rage, ses remords. Le personnage est attachant par ses failles et permet à l’auteur d’insérer divers aspects historiques avec un certain naturel. La lecture est fluide, l’ambiance plombée comme il se doit, la fin déprimante comme de bien entendu. L’adjonction d’un CD apporte un soupçon de nouveauté et complète en quelque sorte la démarche de Jacques Tardi. Ce CD reprend les chansons écrites majoritairement par lui-même et son épouse Dominique Grangé et chantées le plus souvent par celle-ci (certains textes sont récités par Jacques Tardi) accompagnée par le groupe Accordzéam. Si vous aimez la chanson française intimiste et déprimante (les textes ne prêtent pas vraiment à la franche rigolade) et l’accordéon, cela devrait vous plaire. C’est plutôt bien joué et plutôt bien chanté (du moins si on se limite aux chansons françaises, l’accent de Dominique Grangé laissant plus à désirer sur les textes anglais et allemands). Enfin, un petit mot sur l'usage de la couleur, une fois de plus très bien pensé par Tardi. Si, de prime abord, on pourrait penser être devant un album en noir et blanc, par petites touches l'auteur accentue subtilement l'absurdité nationaliste en usant d'un panel bien ciblé de couleurs. Un bon album, certes, mais l’auteur nous en a livrés d’autres un cran au-dessus à mes yeux. Achat conseillé si vous êtes un inconditionnel de l’auteur. Pour les autres, passer par les œuvres antérieures précitées avant de découvrir cet album ne me semble pas être une mauvaise idée.

08/11/2016 (modifier)