Monsieur désire ?
Diagonale 2017 : prix du meilleur album. Un aristocrate Anglais mène une vie de d'ébauche dans l'Angleterre du 19ème siècle. Tout change lorsqu'il trouve une écoute bienveillante de la part d'une servante.
Glénat Hubert La BD au féminin One-shots, le best-of Prix Diagonale/Victor-Rossel
Il est jeunette beau et riche jusqu'à la caricature. Il ne parvient cependant pas à susciter la sympathie. Mais qui se cache réellement derrière cet Aristocrate aux mœurs licencieuses?
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Date de parution | 28 Septembre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Après ma lecture, j'avais une impression mitigée qui m'a obligé à attendre quelques jours pour pouvoir l'aviser enfin. Et ce que j'en tire, c'est finalement simple : une bonne BD qui ne m'a pas convaincue. J'aime bien les scénarios de Hubert, qui a su créer un ensemble de scénarios disparates mais souvent investis de thématiques communes (la place des femmes, le sexisme, l'homosexualité, les conflits familiaux ...), et cette BD me semblait attractive. Pourtant, ma lecture m'a laissé sur ma faim pour deux raisons principales : la fin et le contexte. Disons le tout net, je n'ai pas été convaincu par cette fin. Elle est rapide, un peu trop à mon goût d'ailleurs, et j'aurais aimé plus de développement que ces simples pages finales, une petite explication de Lisbeth avec la mère et cette fin ouverte, que je comprends dans la thématique mais que je n'ai pas trouvé satisfaisante. D'autre part, je me suis rendu compte que la critique du monde victorien, l'hypocrisie de la classe bourgeoise et noble, l'esclavagisme (non dit) des servantes et valets, la question des mères célibataires etc ... ne m'intéresse pas vraiment. C'est là un avis tout personnel, mais je n'ai jamais eu d'intérêt pour le siècle victorien, bien trop nourri par les écrits sur la classe ouvrière pour le considérer comme attirant. En terme de critique, je dirais aussi que j'ai eu du mal à m'attacher au personnage de Lisbeth dont on sait finalement très peu de choses et que je trouve curieusement entreprenante à la fin de la BD. Plus de développement sur elle m'aurait plus intéressé. Maintenant que la critique est faite, comme souligné plus haut, c'est une bonne BD. Hubert dénonce l'hypocrisie d'une époque mais ne se contente pas de faire une nouvelle figure caricaturale d'un homme profondément mauvais que l'on voudra détester. Au contraire, il est développé et son histoire permet de mettre en lumière un homme qui souffre de sa condition. Une très bonne matérialisation de ce que j'appellerais le masculinisme toxique : cet homme qui a tout ce qu'il souhaite souffre pourtant de sa condition qui lui a été imposée et qui ne le satisfait pas. Un bon rappel que la richesse et la jouissance sexuelle permanente, ce n'est pas ça le bonheur. D'autre part, Hubert met bien en relation que c'est un système qui est pourri, pas des individus : chacun est un rouage d'un machine détraquée, à l'image de la mère, noble qui a raté quelque chose avec son fils par convention sociale, ou des servants pas toujours sympathiques (surtout ceux qui dirigent) ou des servantes devenues mères et répudiées (à une époque où préservatif, pilule et avortement sont interdits, bien sûr). Le système, c'est ce qui est reproché par Hubert et auquel il oppose l'idéal de liberté que représentent alors les États-Unis dans l'imaginaire collectif. Une bonne piqure de rappel, rehaussée par le dossier à la fin de la BD, aussi intéressant que la BD en elle-même. Donc si je suis bien conscient des qualités de la BD, réelles et qui ont tout leurs intérêts, je ne suis pour autant que peu client de par son sujet qui ne m'intéresse pas et sa fin qui ne m'a pas satisfait même si elle a un sens dans le récit. Je redirais donc mon avis : une bonne BD qui ne m'a pas convaincu.
Nous sommes chez Alix ! Oui petit clin d’œil à notre webmaster préféré ! Nous sommes en Angleterre à l’époque victorienne. Monsieur Edouard est un jeune dandy arrogant ! Un crâneur comme on dirait dans les cours d’écoles. La gente féminine est son terrain de jeu. C’est un peu un casanova version UK ! Rien ne lui résiste. Pourtant, notre ami Edward se rapproche de Lisbeth, sa domestique, pas très jolie, plutôt effacée et tout en retenue. La relation est alambiquée. Pas d’idylle entre ceux-là mais des rapports complexes que vous découvrirez au fur et à mesure de votre lecture. Au final c’est plutôt pas mal cette dualité sociale entre les frasques de cet aristocrate et sa servante pudibonde. Le dessin est très convenable. Votre pupille sera agréablement sollicitée par le trait délicat. Belle maitrise graphique globale notamment sur les décors d’une époque aujourd’hui révolue. Les ingrédients de ce cocktail sont sucrés, aigres, piquants, amers voire âcres et puissants. Cette chronique sociale un peu rétro, entre goujaterie et délicatesse est donc très agréable et cette fusion de saveurs mérite que l’on s’y attarde. Note réelle 3,5
Dès la première page de cet album, on entre par la porte de service dans la domesticité d’une maison de maîtres. Dans l’Angleterre victorienne, un dandy beau, réputé bien membré et fêtard rentre un soir inconscient et ensanglanté. Il s’est aventuré dans l’East End londonien au péril de sa vie. Alors que le personnel est absent, une jeune domestique consignée pour garder la maison n’a d’autre choix que de s’occuper de son maître et de le déshabiller. S’instaure, à partir de cette soirée, un rapport très ambigu entre les deux personnages : Edouard, un maître de maison dépravé et Lisbeth, une domestique besogneuse et discrète, au physique ingrat, mais à la vertu inébranlable. Entre tendresse, écoute patiente, suffisance et mépris, une relation complice s’installe. C’est très bien fait, bien écrit – même si dans plusieurs bulles il manque des mots ! – Le scénario est bien découpé. La logique voudrait que l’on aime Lisbeth et que l’on déteste Edouard, mais ce n’est pas si simple… La fresque sociale peinte par les auteurs est passionnante et nous plonge dans la société de l’époque victorienne. Les personnages sont complexes, profonds, mais, si on découvre le passé d’Edouard et les raisons de son comportement excessif, on ne sait pas grand-chose de Lisbeth. Dommage… un tome 2 serait le bienvenu. Le dessin est très précis, d’une grande finesse avec des cadrages réussis et des couleurs douces parfaitement bien choisies. Bref ! Une lecture très agréable, un régal pour les yeux.
Très belle histoire que celle-ci, narrée sur un ton léger, quasi primesautier, pour présenter, durant les débuts de la période victorienne, la vie d’un débauché de la haute société londonienne, un aristocrate jouisseur qui finit par se confier à l’une de ses nombreuses servantes, qui devient sa confidente, son confesseur. Ce personnage féminin, totalement effacé au début, prend au fur et à mesure que l’histoire se développe, une place importante, au point parfois de supplanter Monsieur. On peut même dire qu’elle gagne finalement le bras de fer engagé entre eux deux ! Monsieur donc, sûr de lui, avec ses frasques, ses discours libertins, m’a fait penser aux « Liaisons dangereuses » de Laclos (dont les personnages sont d’ailleurs évoqués par le héros), ou au « Portrait de Dorian Gray » de Wilde. On peut aussi faire un parallèle avec l'autobiographie d'un libertin victorien, publiée sous le nom de "Ma vie secrète" (lecture très intéressante, au passage). On retrouve en tout cas dans cet album le même type de personnage, séducteur, bretteur, brûlant la vie par les deux bouts, au mépris des conventions, et qui finit plus ou moins rapidement par se trouver confronté à un jugement qu’il ne peut évacuer, et qui, de monolithique au départ, finit par montrer des failles. La narration est légère, et le dessin de Virginie Augustin colle très bien à l’ambiance développée par Hubert, mais aussi à une époque et à une partie de la société, très guindées (du moins en apparence). Société et période qui sont très bien illustrées par le long dossier final. C’est vraiment une chouette lecture.
Je suis assez d'accord avec l'avis de Canarde dans lequel elle dit que bien souvent pour cet album les critiques s'arrêtent à la personnalité de monsieur alors que le personnage de la servante est tout autant sinon plus intéressant. Pour autant cet album est une réussite de par se description d'un certain monde de l'époque victorienne. Monsieur c'est Dorian Gray et la servante est quelque part le fameux tableau qui récupère toute la débauche, le lucre et le stupre de monsieur. Je mettrais une mention spéciale au dessin que je trouve personnellement très beau dans un style faussement dépouillé qui se donne des airs Arts décos du meilleur effet. Pour moi une belle réussite qu'il convient de ne pas ignorer même si la fin est un peu convenue, notons la présence en fin d'album d'un excellent cahier graphique qui replace bien cette histoire dans son contexte historique.
2.5 Une autre série que je n'aurais sans doute jamais lu sans les avis de ce site et qui m'a déçu. J'ai remarqué qu'avec Hubert sois j'accroche à ses scénarios, soit je trouve que le scénario a de bonnes idées, mais pour une ou plusieurs raisons je n'accroche pas trop. Cet album fait parti de la seconde catégorie. Il y a des bonnes scènes dans cet album, mais globalement l'histoire ne m'a pas trop passionné. Je n'ai vu qu'une autre histoire qui raconte une relation (je ne suis pas certain de pouvoir parler d'amour) interdite entre deux personnages qui ne peuvent pas être proche à cause de la société. Et puis il faut dire que si je trouve la servante attachante, le riche beau gosse m'a vite ennuyé et énervé avec son comportement auto-destructeur. Le dossier sur la société victorienne est plus intéressante que la bd elle-même. Le dessin est plutôt élégant et est parfait pour raconter une histoire se passant dans l’aristocratie.
Une bd avec un scénario et travail de fond solide, qui fait qu'on l'oublie pour se concentrer sur l'histoire elle même, c'est pas si courant et je tiens à le souligner. Cette bd est une vraie réussite. Désolé c'est court comme commentaire mais ce soir je suis fatigué et il pleut dehors ce qui me donne envie simplement d'aller écouter la pluie...
Album de première classe ! Mais c'est drôle comme je ne me reconnais pas dans la présentation de cette histoire (avis précédents et résumé) : un riche don Juan qui s'éprend d'une domestique moche. Pourquoi s’arrêter au point de vue de monsieur ? Je pense que le point de vue le plus intéressant et le plus juste dans cette histoire c'est celui de la gouvernante, Lisbeth. Elle a la tête sur les épaules et très peu de marge de manœuvre dans sa situation sociale. Elle essaye de ne pas se laisser avoir par les propositions du maître qui seront forcément inconséquentes, ni par les injonctions de ses supérieurs, domestiques de première catégorie. Elle tire profit du silence qui lui est imposé pour réfléchir à sa situation et trouver une voie pour s'échapper. Elle saisit les opportunités, fait valoir ces intérêts en se trouvant des alliés par sa force de conviction. Elle réussit ensuite à glisser entre les boucles du nœud de contradictions dans lequel étaient serrés les domestiques des grands bourgeois à cette époque. Le dessin est très élégant : certains personnages ont le visage parcheminé de traits fins qui leur donnent des ridules très expressives, d'autres au contraire sont laissés dans une clarté sans aspérité, juste un nez fin pour le séducteur de haut vol et un gros nez rond pour sa gouvernante, cela nous permet de projeter ce qui nous plait pour le reste. Les couleurs (pas directes) sont un peu ternes, ce qui augmente la sensation de tristesse , d'enfermement. C'est extrêmement réjouissant de voir qu'en sachant se servir des mots, en sachant se taire aussi, écouter, baisser la tête si nécessaire, on peut mener sa barque exactement là où on l'a choisi.
Tiens, je m’étonne qu’il n’y ait pas davantage de commentaires sur le dernier album de Hubert. Le scénariste nous emmène cette fois-ci dans l’Angleterre victorienne où nous suivons la vie de débauche d’un des plus grands aristocrates du pays. Lord Oliver cumule tous les atouts ; pouvoir, richesse, beauté, intelligence, mais englué dans le carcan d’une société conservatrice et puritaine, il mène une vie autodestructrice, cherchant à choquer et provoquer au maximum ses pairs. Il va se prendre d’affection pour l’une de ses domestiques (à première vue parfaitement banale) et en faire la confidente de sa déchéance morale et de son mal-être. Une relation ambiguë et transgressive va naitre entre ces deux êtres complètement opposés. Une fois de plus Hubert nous propose un très bel album. L’immersion dans la société victorienne des puissants comme des domestiques est totale. On sent qu’il y a eu un vrai travail de documentation sur l’époque. Les rapports sociaux extrêmement codifiés sont habilement mis en valeur. L’histoire est passionnante à suivre grâce à une narration maitrisée, des dialogues ciselés et des personnages travaillés. L’univers graphique est lui aussi de grande qualité. Le trait moderne, dynamique et expressif de Virginie Augustin fait merveille, d’autant qu’elle a produit un rendu de l’époque très réaliste. Je suis juste un peu déçu par une fin un brin convenue et une relation entre les deux personnages qui aurait pu aller encore plus loin. Monsieur désire ? est joli titre, à la fois passionnant et didactique.
Monsieur Oliver est un jeune aristocrate gâté par la vie, sa fortune en fait un des plus beaux partis de tout le royaume. Mais au lieu de faire un beau mariage, chaque nuit il préfère se vautrer dans la luxure dans les bas quartiers de Londres. Lisbeth est une servante parmi d'autres, elle n'est pas très belle et très différente de toutes celles que Monsieur a engrossées au retour d'une soirée trop arrosée. Lord Oliver fait d'elle, non une conquête de plus mais la confidente de sa vie de débauche. A mesure que Lisbeth découvre le vide existentiel de la vie de son maitre, elle commence à craindre pour son sort car cette "promotion" attise la colère de la hiérarchie du personnel de maison et l'expose aux pires mesquineries. Exquise peinture des mœurs et de l'hypocrisie des rapports sociaux dans la société victorienne, "Monsieur désire?" est un solide récit psychologique aux savoureux dialogues.
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