Pereira prétend
2016 : Grand prix RTL de la bande dessinée. L'histoire est celle d'un journaliste portugais qui travaille pour le compte d'un journal de la capitale, le "Lisboa". Le protagoniste, Pereira, est décrit comme un homme calme, sans idées politiques et passionné de littérature française.
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Son rythme de vie est bouleversé lorsqu'il engage un jeune homme fougueux et plein de vie, Monteiro Rossi, pour l'aider dans la rubrique culturelle du journal. On comprend très vite que Monteiro Rossi et sa bien-aimée Marta sont des "subversifs", lorsque Monteiro Rossi écrit un article sur un écrivain de tendance fasciste, Gabriele D'Annunzio, article virulent et très critique, impubliable dans un journal fidèle au régime. Dès lors, Pereira est tiraillé entre la volonté d'aider Monteiro pour qui il a une affection particulière, ce qui lui causera assurément de nombreux problèmes, et le désir de ne pas chercher les ennuis. Mais petit à petit, le journaliste commence à ouvrir les yeux sur la réalité du régime Salazariste, comme lorsqu'il est témoin de la violente répression de la police envers des manifestants. Quelque chose s'est passé en lui. L'envie de rompre avec la routine a émergé et fait son chemin. Il se décide alors à perdre du poids, et entre dans une clinique de thalassothérapie où il fait la connaissance du Docteur Cardoso. Le médecin apprend à Pereira une théorie à propos de l'âme, qu'il n'avait jamais entendue auparavant : La Confédération des âmes, théorie des médecins philosophes. Pereira ressort de sa cure en ayant perdu quelques kilos et gagné des idées nouvelles. Au fil du texte, le lecteur devient le témoin de la métamorphose du journaliste. Métamorphose symbolisée par le changement des habitudes alimentaires du gros homme, qui commence à manger autre chose que ses sempiternelles omelettes, et caractérisée par un glissement du mode de pensée et de son rapport au monde qui l'entoure. Pereira choisira finalement d'aider Monteiro Rossi, allant même jusqu'à héberger le cousin du jeune homme, un révolutionnaire cherchant à recruter des volontaires pour combattre aux côtés des Républicains espagnols, alors que la Guerre d'Espagne atteint son paroxysme. (source : wikipédia)
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Date de parution | 07 Septembre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album bien écrit, profond et avec beaucoup de nuances dans le caractère du personnage principal : Doutor Pereira, journaliste en charge de la page culturelle du Journal de Lisbonne. Ce bon bonhomme, solitaire depuis la mort de sa femme, se passionne pour la littérature et pour les traductions qu’il fait pour son journal. Sa vie s’écoule lentement, mollement, sans surprise. Une question le hante : la vie après la mort. Cette question va l’amener à rencontrer un jeune étudiant en philosophie, Francesco Monteiro Rossi, rencontre qui va bouleverser sa vie. Lui qui vivait en marge de la politique, sous un régime totalitaire, il va devoir se confronter à l’engagement et au courage d’exprimer ses opinions. Fin de la petite vie tranquille pour Doutor Pereira en proie à des sentiments contradictoires et obligé de regarder ce qu’il ne voulait pas voir. J’aime beaucoup les albums de Pierre Henri Gaumont, j’aime ses scénarios et son dessin nerveux, l’expression des pensées contradictoire qui tiraillent Pereira et toutes les petites bulles qui évoquent ses soupirs et ses angoisses. Un album qui amène à réfléchir, un album plein d’émotion. Pierre Henri Gaumont nous emmène dans les quartiers bien connus de Lisbonne. Les couleurs sont chaudes et les pages superbes. Un gros coup de cœur pour le scénario et le dessin.
Il est toujours difficile de juger l’adaptation d’une œuvre que l’on n’a pas lue, mais à en juger par la qualité de cette bande dessinée, le materiau "Sostiene Pereira" a quelques atouts pour y contribuer. L’écrivain italien Antonio Tabucchi, dont le Portugal était la seconde patrie, évoque à travers ce roman l’engagement politique et la responsabilité de chacun face à un contexte politique particulier, en l’occurrence ici la dictature qui a sévi près de quarante années dans la péninsule ibérique. Le livre et son principal protagoniste, le Pereira du titre, sont d’ailleurs devenus une référence pour les opposants à Berlusconi dans l’Italie des années 90. Tabucchi y cite une théorie à la fois séduisante et troublante, celle des « médecins-philosophes » selon laquelle il y a plusieurs âmes cohabitant en l’Homme. Celles-ci délibèrent pour imposer un moi hégémonique qui définira le contour de sa personnalité, jusqu’à ce qu’un autre moi prenne sa place... Pierre-Henri Gomont, dessinateur et accessoirement scénariste, a non seulement donné corps au personnage de Pereira avec un certain brio, mais s’est complètement approprié ce livre d’un auteur engagé, démontrant indubitablement son admiration pour ce dernier. Gomont reprend les codes du neuvième art avec originalité et humour en se gardant de tout académisme. Il possède un trait semi réaliste flamboyant et dynamique, restituant avec bonheur, grâce à une colorisation très bien sentie, l’ambiance chaude et lumineuse de la « ville aux sept collines » avec son tram sillonnant le quartier pittoresque de l’Alfama. De façon nuancée, il a su rendre le personnage pataud de Pereira attachant dans ses questionnements existentiels et son obsession pour la mort. Avec « Pereira prétend », ce bédéaste au style très affirmé n’en est pas à son coup d’essai (il s’agit de son sixième album depuis 2011) et n’est pas très loin du coup de maître… Cette adaptation réussie n’est d’ailleurs pas passée inaperçue lors de sa sortie en 2016, récompensée notamment par le Grand prix RTL de la bande dessinée. Un auteur que l’on va donc forcément suivre avec intérêt…
Intéressante cette histoire d'un homme relativement ordinaire, presque effacé, qui travaille pour la rubrique culturelle d'un journal lisboète en période de dictature, et dont la conscience politique va se réveiller au contact d'un jeune homme exalté qu'il embauche pour d'autres raisons. On comprend vite que Pereira est attiré, presque subjugué par ce jeune homme et sa compagne. A un moment donné on se demande même si cet intérêt n'est pas celui de la chair... Mais on comprend qu'il n'en est rien, et que Pereira va tout simplement se mettre à réfléchir. Une réflexion matérialisée par ses conversations avec le portrait de sa femme défunte ou des petits avatars colorés représentant ses différentes facettes. Un procédé somme toute classique, mais toujours aussi efficace. Cela peut amener le lecteur à se poser la question sur soi. Graphiquement Pierre-Henry Gomont commence à muer, et pour mieux s'immerger dans l'ambiance lisboète, est parti sur place pendant plusieurs mois, prenant des centaines de croquis qui ont nourri les décors de son albums. Le résultat est assez bluffant, on se croirait vraiment dans la capitale portugaise, que je vous incite grandement à découvrir. Ma note n'est pas très enthousiaste, car au-delà du plaisir de lecture dû à ses qualités déjà énumérées, j'ai trouvé que le récit avançait un peu par à-coups, par bonds, j'aurais aimé qu'elle soit un peu plus progressive...
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