Tu sais ce qu'on raconte...
Une histoire provinciale vue uniquement par l'intermédiaire du bouche à oreille. Chaque habitant donne son avis et, petit à petit, les langues se délient, les détails s'apprennent, les interprétations foisonnent et les esprits s'échauffent.
Les petits éditeurs indépendants Petits villages perdus
Quand le môme Gaborit revient dans sa ville natale, quittée quelques années plus tôt suite à un drame routier, les langues se délient. Chacun y va de sa version des faits, apportant leur part de pierres à l'édifice... ... ou de clous au cercueil. Question de point de vue.
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Date de parution | 25 Janvier 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
08/02/2017
| Mac Arthur
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Les avis
Voilà un album relativement original, et un peu casse-gueule dans son procédé de narration. Mais finalement cela fonctionne, et finit par constituer le principal intérêt de l’histoire. Le principe de base est pourtant assez simple. Nous suivons la circulation d’une information de bouches à oreilles, comment les rumeurs s’emballent, se nourrissent de vent, deviennent la réalité, et comment tout ça finit par tourner en boucle, chaque habitant de la petite ville dans laquelle se situe cette « intrigue » ayant forcément son ou ses mots à dire. Au départ j’ai eu un peu de mal, car, outre le fait que c’est un peu statique (seuls les lieux changent), je trouvais un peu bizarre que les phrases se poursuivent d’une personne à l’autre (pourtant éloignées les unes des autres). Mais finalement ça passe, et on suit donc ce flot de paroles, dans lequel chacun des protagonistes glisse son fiel ou ses préjugés, sa curiosité mal placée, etc. Une petite curiosité à découvrir – sans en attendre trop quand même.
Franchement, le procédé m’a lassé jusqu’au plus haut point. On passe d’un personnage à l’autre qui n’ont aucun lien à part celui d’habiter dans le même village de commères pour nous raconter l’histoire d’un jeune homme au lourd passé qui revient. On dit qu’il a été aperçu au café. On dit qu’il est barjot comme sa mère. On dit qu’il revient voir sa tante. On dit beaucoup de choses peu intéressantes. A un moment donné, on n’arrive plus à suivre le fil de ce qui est raconté d’une case à l’autre par différents habitants (de l’éboueur à la fleuriste en passant par l’aide-soignante et même la clocharde) dans des plans totalement différents à la manière d’une discussion continue. Cependant, à la fin, il semble qu’il y ait une petite action à savoir des hommes dans une voiture afin de l’intercepter. Et puis, le trou noir à savoir quelque chose qui se produit sans avoir aucun lien. La question est de savoir si la rumeur a provoqué la tragédie. On nous montre encore le village sous son mauvais côté avec ses habitants repliés sur eux-mêmes et friands de ragots. J’avoue m’être royalement ennuyé avec cet exercice de style certes audacieux et maîtrisé. Tout cela pour nous indiquer que la rumeur est nocive. On le savait déjà.
Tu sais ce qu’on raconte … C’est ça, le charme d’Angoulême, cette possibilité offerte de dénicher un album auquel je n’aurai pas même jeté un regard s’il n’avait été mis en avant par un petit éditeur sur son stand. Bon ! Le petit éditeur en question n’en est pas à son coup d’essai et j’ai déjà pu vérifier par ailleurs que Warum avait une ligne éditoriale apte à me séduire. Donc, voilà, Warum, Casanave (dont j’aime le trait frais, dépouillé et expressif), un titre en forme d’invitation (de quoi titiller ma curiosité), la possibilité de faire dédicacer l’album par les deux auteurs : tout était réuni pour que je me saisisse dudit objet. Il m’aura fallu 4 cases pour être totalement convaincu. 4 cases, pas une de plus et peut-être bien une de moins après réflexion ! 4 cases et je ne savais plus abandonner ma lecture ! Car la force de cet album réside dans sa construction narrative. Pensez ! Un secret de village dont on ne verra JAMAIS le principal protagoniste, à se demander s’il était bien là ! Un secret partagé par tous, chacun ayant sa propre vision des choses. Une narration qui ne cesse de rebondir d’un endroit à un autre sans jamais perdre son fil conducteur. Le résultat est extrêmement prenant, garde sa cohérence tout en m’offrant un récit raconté d’une manière totalement novatrice à mes yeux. Ce n’est absolument pas prise de tête, au contraire, c’est d’une simplicité enfantine… mais proche du génie ! De lecteur, je deviens voyeur, me délectant des bribes des secrets qui s’échappent de conversations de village. Qui croire, que prendre pour argent comptant, que remettre en doute ? Gilles Rochier réussit le tour de force de créer un récit inattendu en partant d’un fait divers quelconque. A force, le procédé aurait pu lasser mais ce récit a juste la bonne longueur et les cases épurées de Daniel Casanave (tout comme sa colorisation monochrome) aident au rythme de lecture en aérant le récit, en le centrant sur la narration tout en occupant l’espace. Une très belle surprise. Un objet de curiosité qui prouve qu’il y a encore moyen de faire preuve d’originalité dans le monde de la bande dessinée tout en restant accessible au plus grand nombre. Je recommande vivement ! Lisez-le, c’est le minimum.
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