La Famille Fun (The Fun Family)

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Une charge subversive et féroce contre la famille modèle américaine


Cà et Là Les petits éditeurs indépendants Top Shelf Productions

Chez les Fun, tout le monde s’adore et les membres de la famille remercient chaque jour le ciel pour leur bonheur. Le père, Robert Fun, dessinateur d’un strip à succès dans lequel il met en scène sa propre famille et la mère, Marsha, femme au foyer modèle, ont quatre enfants, Robby, Molly, Mikey et J.T. Mais derrière cette façade de bonheur idéal se dissimulent de profondes fêlures. À la mort de la mère de Robert, l’édifice se craquelle et la famille Fun se décompose. Le père devient neurasthénique, la fille aînée a des visions de sa grand-mère décédée et se transforme en dévote, la mère tombe sous l’emprise d’un gourou et le fils aîné, Robby, se fait passer pour son père afin d’assurer les revenus de la famille.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Novembre 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Famille Fun © Cà et Là 2016
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

25/02/2017 | Blue Boy
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

Le dessin et la colorisation ne sont pas vraiment ma tasse de thé, et j’ai hésité à me lancer dans la lecture de cet imposant album, dont l’aspect graphique moche me rebutait, et alors que je craignais aussi – titre oblige – de lire quelque chose d’un peu niaiseux. En fait il n’en est rien, et le côté rondouillard, « sucré » du graphisme joue aussi à plein pour surprendre le lecteur. C’est en fait à une vision cynique, ironique et très noire de la famille américaine à laquelle nous avons droit ici. Peut-être pas aussi corrosif que je l’ai espéré un temps (c’est clairement moins « dégommage » que « Les Simpson » – la « Famille Fun » est d’ailleurs plus une histoire d’ambiance que fonctionnant sur une succession de gags), mais certains passages sont amusants, montrant comme en miroir l’inverse de l’idéal américain (les relations intra familiales après le divorce des parents, les gourous vivant au crochet des névroses, une vision rigoriste et intéressée de la religion, etc.). Mais il y a quand même quelques longueurs. Cela aurait mérité d’être resserré. Cela aurait ainsi peut-être estompé l’impression de longueur ou le manque de percussion relevé plus haut. L’album reste toutefois d’une lecture agréable et surprenante, eu égard à un titre et un habillage plan plan qui masquent le côté irrévérencieux de l’ensemble.

28/04/2020 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Un roman graphique assez spécial. C'est un genre de satire de la vie américaine familiale. Une famille est heureuse et unie et le père est un célèbre dessinateur, mais tout part en morceau après la mort de la mère de ce dernier. J'ai été un peu dérouté au début parce que je ne savais pas trop si l'histoire était sérieuse ou non. Le truc c'est que si les personnages font souvent des trucs bizarres, c'est traité de manière sérieuse. Ce n'est pas une histoire satirique remplie de gags comme la série Les Simpsons par exemple. On se moque de la famille américaine et de quelques autres trucs, mais ce n'est pas fait de manière à faire rire. En tout cas, à aucun moment j'ai eu l'impression que je devais rire. L'histoire est déroutante, mais vite prenante. La galerie de personnages présente dans l'album est intéressante et il se passe tellement de choses que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer ne serait-ce qu'une seule fois. L'histoire est aussi imprévisible et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. J'aime quand un récit me surprend comme ça ! Il y a aussi des moments assez touchants et la fin est plutôt triste. Un bon one-shot quoique je ne pense pas que tout le monde va rentrer dans le délire de l'auteur.

16/04/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue Boy

Surtout, ne vous fiez pas au graphisme typiquement « cartoon » de cette BD qui semble s’adresser aux enfants de sept ans ! Et si le titre vous laisse penser que vous allez vous payer une bonne tranche de rigolade, ce n’est peut-être pas tout à fait de la façon que vous imaginez… Car sous ses atours bien trop lisses pour être honnêtes, « La Famille Fun » comporte aussi un humour terriblement grinçant ! Comme si ses petits personnages tout en rondeur cherchaient à vous attendrir pour mieux vous déstabiliser ensuite… A l’image de son auteur, car quand vous voyez Benjamin Frisch pour la première fois, vous lui donneriez le bon dieu sans confession. Et pour lui qui est américain, il ne risque pas de se faire beaucoup d'amis parmi les instances morales et religieuses de son pays, dont la bigoterie est proverbiale. A sa manière, Frisch se moque des codes sociaux et religieux en se livrant à un dézingage subversif - soft mais implacable - de la famille américaine type représentée par notre famille Fun. Et dans cette famille, la vie ne restera un long fleuve tranquille que pendant les trois premières pages, jusqu’à la mort de « Mamie Virginia ». A partir de là, tout va partir en vrille, le père Fun va sombrer dans la déprime, conduisant son épouse à quitter le foyer en emmenant avec elle la moitié des enfants, puis à goûter quasi outrageusement à sa liberté retrouvée. Du coup c’est Robert, le fils aîné mais encore haut comme trois pommes, qui va s’improviser chef de famille, préparer les repas, tenir la maison, et reprendre le job de dessinateur de son géniteur pour nourrir ce dernier et sa jeune sœur Molly, et qui plus est payer la pension alimentaire de la mère ! Et comme si tout cela ne suffisait pas, Molly se met à avoir des visions angéliques de la grand-mère tout juste décédée. Depuis l’au-delà, cette dernière va lui susurrer des paroles doucereuses qui vont en faire progressivement une fanatique, ne faisant qu’accentuer cette spirale de folie incontrôlable. A la lecture, c’est à la fois étrange, hystérique, extravagant, cruel et jubilatoire. C’est surtout totalement imprévisible, et au final moins « fun » que désabusé voire pessimiste quant à la nature humaine. Benjamin Frisch ne se contente pas de saborder les valeurs familiales, mais s’en prend également à la religion et aux psychologues-gourous du développement personnel – apparemment une spécialité américaine -, en somme tout ce qui est susceptible de laver les cerveaux et générer les névroses les plus spectaculaires. Bref, l’objet a quelque chose d’inédit et c’est bien ce qu’on aime dans toute création artistique. Indubitablement, une première œuvre originale par un auteur à suivre.

25/02/2017 (modifier)