Katanga
En 1960, après quatre-vingts ans passés sous la domination coloniale belge, le Congo proclame son indépendance ; moins de deux semaines après, la riche province minière du Katanga fait sécession. Le Congo et le Katanga entrent immédiatement en guerre ; au coeur du conflit : la possession des territoires miniers. De nombreux massacres et exodes de civils s'ensuivent. L'ONU impose alors sa médiation et l'envoi de Casques bleus sur place..
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Afrique Noire Congo belge Les meilleures séries terminées en 2019
Dans le même temps, une horde d'ignobles mercenaires est recrutée pour aller libérer les exploitations minières occupées... Et un domestique noir, Charlie, tord le cou au destin en mettant la main sur un trésor inestimable : 30 millions de dollars de diamants... ce qui fait de lui le Noir le plus recherché du Katanga.
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Date de parution | 03 Mars 2017 |
Statut histoire | Série terminée 3 tomes parus |
Les avis
Sur le papier, Katanga avait tout pour me plaire énormément : un contexte historique riche, un scénariste de renom, un dessin dynamique, une série courte et des avis globalement très positifs sur mon site marron préféré. En pratique, le tableau est moins rose qu'espéré. Le dessin m'a convaincu. Le trait est précis mais sait rester souple, pour un style réaliste avec une pointe de caricature. L'atmosphère est lourde, l'humidité omniprésente. Sur ce plan, pas grand-chose à redire, si ce n'est qu'il m'est arrivé de confondre quelques personnages, ce qui a un peu entravé ma lecture. Un salaud ressemble tellement à un autre salaud. Ma déception a pris corps au niveau du scénario et de la narration, malgré une introduction pourtant alléchante et bien menée, qui donnait vraiment envie de lire la suite, et un cadre qui m'intéressait beaucoup. Difficile de dire ce qui m'a éloigné de l'histoire. Peut-être un peu trop de rebondissements ? Selon moi, le récit aurait gagné à être allégé pour se concentrer davantage sur moins d'éléments. Ça se poignarde dans le dos dans tous les sens, ça viole, ça assassine, ça constitue des alliances sur deux pages pour mieux retourner la table juste après… Peut-être trop de perversion et de nature humaine malsaine ? Je ne me considère pas comme sensible d'habitude, mais là… il y a de quoi perdre le mince espoir que j'ai encore en l'humanité, et qui diminue à mesure que l'actualité récente se déroule sous mes yeux. J'ai eu de la peine à suivre et j'aurais pu abandonner ma lecture. Cela méritera sûrement une seconde lecture dans quelques temps. Note réelle : 2,5/5
Avec « Katanga », le duo Fabien Nury (au scénario) et Sylvain Vallée (au dessin) envoie du lourd, du très lourd sur la décolonisation du Congo et la guerre civile qui en suivit. Un peu comme leur série précédente « Il était une fois en France », chaque protagoniste en prend pour son grade que ce soient les congolais ou les européens : tous pourris ! On se retrouve donc en plein début de l’indépendance du Congo qui est divisé en 2 zones : Le Congo en lui-même privé du territoire du Katanga, c’est ce qui fait générer de vives tensions entre ces territoires sujets à de nombreuses guerres civiles (très sanglantes !). Au fait, le Katanga a la particularité d’être très riche en minerais, ce qui provoque la convoitise des grosses compagnies européennes et aussi du Congo… et justement, au début du récit, Charlie, un congolais a mis la main sur un énorme butin de diamants… Je vous laisse imaginer la suite… « Katanga » mélange les personnages réels et d’autres de fiction tout en précisant à chaque fois en début d’album (bien mis en évidence !) que cette histoire est fictive, on imagine sans peine que les auteurs n’avaient pas trop envie de se baigner dans des joutes juridiques avec ces protagonistes d’autant plus que ça dézingue à tout va : politicards corrompus à bloc et aux mains sanglantes, entrepreneurs européens ultra pourris, équipe de mercenaires carrément immoraux, populations locales très violentes dont certaines sujettes à des actes de cannibalisme, chefs de clans congolais main dans la main avec des personnes peu scrupuleuses qui exploitent encore l’esclavage, responsables de l’ONU complétement à la ramasse, une grande part de la gent féminine réduite à être des objets sexuels pour survivre dans ce milieu hostile… Bref, ça déménage ! D’ailleurs, le récit mélange d’une façon tellement habile le sérieux, le récit historique, la violence, l’humour noir et ironique, la romance… que j’ai eu l’impression de me retrouver dans une des séquences de l’excellent film « Lord of War ». Qu’en est-il du dessin ? Il est assuré de main de maître par Sylvain Vallée dont sa représentation des personnages qui est à la limite de la caricature adoucit un peu la violence du récit et permet également aux lecteurs d’identifier aisément les différents personnages. Je vois que certains bédéphiles lui reprochent de représenter les africains avec des grosses lèvres et des nez aplatis… euh, oui et alors ? Ils sont comme ça et ça ne m’empêche pas de les apprécier comme ils sont ! Au niveau de la narration, là encore, notre duo fait merveille : ça se lit facilement malgré la complexité des intrigues (politiques et privés des différents protagonistes) et surtout, c’est captivant ! Bon, vous l’avez compris, j’ai vachement apprécié « Katanga » : ça pête fort, le scénario est captivant, des personnages attachants et pourris de la mort qui tue, un sacré dessinateur, un récit qui mélange habilement la fiction et l’histoire, une situation dans un Congo explosif… Vivement la prochaine série du duo Fabien Nury et Sylvain Vallée !
Avec Sylvain Vallée je savais déjà que visuellement j’allais être conquis par cette série. Si vous rajoutez un scénario vigoureux pleins de rebondissements dans un Congo dans les années 60 ravagé par la guerre civile, vous obtenez une série haute en couleur. Les mercenaires sont nombreux et ils nous rappellent la difficile période post colonisation, souvent traumatisante pour la population avec les nombreux coups d’états. Les crimes de guerre sont dénoncés. Idem pour l’esclavage des noirs par les blancs, l’inefficacité de l’ONU à gérer les situations tendues ou encore l’avidité des européens pour les richesses de l’Afrique. Des sujets sérieux sont abordés mais cela n’empêche pas une lecture prenante et captivante. Le découpage est rythmé, un peu en mode cinématographique. C’est remarquable. Et les personnages ont des tronches incroyables. Du grand art. Au final une série caniculaire bien ficelée. Vous finirez la lecture la gorge sèche mais vous aurez désormais une idée précise de ce que sont les diamants de sang. Je recommande vivement.
Il y a des auteurs qui sont incapables de décevoir. Je crois que je peux désormais compter dans leurs rangs Fabien Nury. Pour être honnête, l'Afrique d'après la décolonisation est un tel foutoir géopolitique que je n'ai jamais vraiment réussi à m'y intéresser en détail, alors voir toute une saga se dérouler dans un tel contexte avait de quoi légitimement m'effrayer ! C'était sans compter sur l'incroyable talent de raconteur d'histoires de Nury... Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est ce qui m'avait déjà frappé dans la formidable série télévisée Paris Police 1900, mon premier contact direct avec Fabien Nury. Alors même qu'il aborde un sujet qui aurait tout pour être brûlant, l'auteur réussit à ne jamais le politiser à l'excès. L'équilibriste reste constamment sur la corde raide sans tomber d'un côté ou de l'autre, sans profiter de son sujet pour rédiger un manifeste politique lourdingue, qui aurait sans nul doute plombé l'aventure. Ainsi, comme toute l'oeuvre de Fabien Nury, Katanga est remarquable par son absence totale de manichéisme. Il ne s'agira ici ni de pourrir les (ex-)colonisateurs, ni, bien sûr, d'en faire l'éloge, de même qu'on ne hissera jamais au pinacle les indépendantistes, les torts sont partagés de manière plus ou moins égales, et les élites africaines n'ont rien à envier à nos élites européennes en termes de corruption. Loin de faire des cases, l'auteur réunit finalement tout le monde dans le même panier en montrant qu'indépendamment des questions de couleurs de peaux, la bêtise et l'ignominie sont bien des caractéristiques humaines universelles. On frissonnera tout autant en voyant les conditions de vie imposées par un ONU plus hypocrite que jamais dans le camp des cannibales qu'en assistant aux scènes terrifiantes d'attaques des rebelles du Kasaï, qu'on dirait tout droit sorties d'un film de zombies. Katanga est donc un récit très sombre. Pourtant - et c'est ce qu'on aime chez Nury -, il y a toujours quelque part une lueur d'espoir, et ses personnages sont écrits d'une manière extrêmement soignée qui permet de souffler un peu tout comme elle permet, parfois aussi, de nous attacher aux plus cyniques des crevards. Ici, il faut admettre qu'Orsini fait partie de ces figures incroyablement ambivalentes de la fiction qu'on hait, mais qu'on ne peut s'empêcher d'admirer, d'une certaine manière, au moins par sa capacité à se sortir de toutes les situations possibles. Heureusement, donc, il existe quelques personnages positifs, comme le duo Charlie-Alicia, extrêmement touchant, sorte de repère dans ce monde égaré, derniers restes d'une pureté ou d'une honnêteté perdus au fond d'un magma d'inhumanité. Ils ne sont pas exempts de tout péché, mais au fond, ils sont restés toujours aussi bons, comme si la corruption du monde dans lequel ils évoluent ne pouvait que les éclabousser, mais pas vraiment les changer. Ainsi, comme à son habitude, Nury dresse bon nombre de portraits anti-manichéens de personnages dont on comprend d'autant mieux les motivations que l'auteur a pris le temps de développer chaque caractère avant de le mettre en action. En termes de narration, on retrouve le meilleur de Nury, à tel point qu'on pourra d'ailleurs s'amuser à chercher les emprunts fréquents qu'il fait (consciemment ou non) à certaines de ses oeuvres antérieures. On pense évidemment à Comment faire fortune en juin 40 lors de la fuite en avant des protagonistes au milieu du chaos des tribus locales, mais aussi à Silas Corey (l'affrontement final dans l'aéroport, notamment), La Mort de Staline (les magouilles politiciennes et les jeux de pouvoirs) ou même sa géniale série télévisée Guyane (l'exploitation des mines de diamants). Somme toute, le fait qu'on ait déjà lu/vu ça ailleurs n'a aucune importance, tant le souffle romanesque qui anime toute l'oeuvre de Nury est une nouvelle fois à l'oeuvre ici. La trilogie commence doucement, par la présentation du contexte géopolitique et des personnages, puis, peu à peu, l'aventure s'élève, grandit jusqu'à sa terrible apothéose du tome 3. L'horreur aussi se déploie et c'est tout le génie de Nury et Vallée d'avoir réussi à retranscrire avec autant de justesse, et pourtant sans complaisance et tire-larmes excessifs, le délitement d'un monde qui s'autodétruit et d'où tout espoir semble banni. De fait, le trait de Vallée est très juste, lui aussi, et apporte évidemment beaucoup à cette bande dessinée. Le ton est plutôt réaliste, mais avec un zeste de caricature qui fonctionne plutôt bien car discret. L'atmosphère est poisseuse, tendue en permanence, et crée ainsi un univers très cohérent qui nous donne à saisir une infime partie de l'horreur qu'a dû être l'Afrique de cette période pour nous la faire ressentir. Avec ça, Vallée sait aussi dessiner de grands paysages qui font rêver, il donne bien vie à l'Afrique et à sa beauté naturelle. C'est vraiment cette beauté graphique qui achève de faire de cette saga une grande saga. Seule éventuelle réserve (et encore) qu'on pourrait émettre sur cette saga : si l'auteur assume largement de mêler la fiction et l'histoire, et qu'il en avertit très honnêtement le lecteur, cela devient difficile de faire la part des choses. Le camp des cannibales a-t-il vraiment existé de la manière dont il est montré ici ? La fondation du Katanga s'est-elle déroulée comme le raconte le (magnifique) prologue du premier tome ? Les ministres du Katanga sont-ils fidèles à leur modèle ? Il aurait pu être assez agréable de proposer dans un des trois tomes un dossier sur l'histoire du Katanga et la décolonisation du Congo, afin d'aider le lecteur à dissocier la réalité de la fiction. Mais, admettons-le, cela a finalement peu d'importance au vu du plaisir pris à la lecture de ces trois tomes. La magnificence du dessin et l'intelligence du récit font donc de ce Katanga un grand récit d'aventures, prenant et grandiose, horrible et captivant, qui contribuent à rappeler que Fabien Nury est à la bande dessinée ce qu'est Ridley Scott au cinéma ou Pierre Lemaître à la littérature : avant tout un formidable conteur.
Katanga nous plonge directement dans l'horreur de la période de décolonisation du Congo et de la sécession du Katanga. Ce contexte est utilisé pour nous raconter une histoire de diamants et de survie. D'un côté, nous avons des multinationales prêtes à tout pour récupérer ces diamants, et de l'autre, on a un frère et sa sœur prêts à tout pour survivre. Les 3 tomes sont à prendre comme un seul grand tome, tellement l'histoire est bien menée du début à la fin. Même si sur le papier, le scénario n'a point l'air très original, Nury parvient à nous surprendre plus d'une fois et surtout à nous émouvoir, voire même à nous écœurer. Pour ne citer que quelques exemples, j'ai été horrifié durant la découverte de cannibales au camp des réfugiés dans le tome 1. Parlons également de cette scène de boucherie, où l'on découpe un cadavre afin de faire disparaitre toutes preuves. Sans oublier, toutes ces scènes de tueries de masse que l'on peut découvrir tout au long des 3 tomes. En revanche, toutes les scènes de prostitutions d'Alicia dégageaient une certaine tristesse vraiment palpable. J'ai également vraiment apprécié l'évolution de la relation entre Charlie et Félix. On passe de la haine, au mépris pour finalement arriver à une forme de "respect" entre les deux protagonistes (ou presque). Bref, un scénario très cru mais rondement bien mené, avec un final pour ma part, inattendu. Concernant les dessins, j'ai été déçu des traits caricaturaux des personnages. Tous les blancs ont des visages très durs et vicieux histoire de bien nous rappeler que ce sont de méchants colonisateurs. De même que les congolais ont des lèvres qui font la moitié de leur visage. Sinon, les couleurs sont vraiment bien exploitées et nous plongent vraiment bien dans l'ambiance de cette histoire. 3,5 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
La décolonisation, et celle du Congo belge en particulier, est déjà l’occasion pour un gros panier de crabes de s’agiter, avec moult barbouzes, intérêts de multinationales et trafics en tous genres. Lumumba, Mobutu s’apprêtent à jouer leur jeu (plus vicieux et durable pour le second). Bref, le décor regorge de saloperies potentielles. Les auteurs ont donc de la matière pour développer leur série. Ils ne font qu’ajouter quelques péripéties annexes, quelques personnages truculents (mercenaires dont un aux traits ressemblant à Lino Ventura, représentants de multinationales, ministres katangais, Charlie et sa sœur, etc, chacun jouant son air au milieu de la partition d’ensemble). Pour ce tome introductif, les principaux personnages sont bien lancés, ainsi que les intrigues parallèles (une chasse aux diamants s’ajoute aux classiques magouilles), sur fond d’insurrection et de situation encore mal établie. Le dessin de Vallée est bon et rend la lecture fluide. Le découpage est souvent cinématographique, proche parfois d’une autre série scénarisée par Nury, Tyler Cross : il y a du rythme et on ne s’ennuie pas. Amateurs de films d’aventure comme les années 70 nous en ont proposé pas mal, (dans lesquels Histoire, morale, aventure et massacres se mêlaient), cette série semble faite pour vous. C’est un album globalement réussi. Note réelle 3,5/5 ************************************************************************* MAJ après lecture du tome 2: Le deuxième tome reste dans la lignée du premier. C'est toujours très rythmé, efficace, avec des personnages, un déroulé et des cadrages très cinématographiques. Ambiance moite, coups fourrés à gogo, les ordures sont de sortie, et, même si la mortalité est très forte, on ne sait toujours pas qui va réussir à sortir de ce guêpier avec les diamants. Et l'arrière plan historique, sur fond de décolonisation et de trafics en tous genres, et très bien retranscrit, et sert à merveille de dynamiteur à ces aventures vraiment bien fichues. Pas forcément hyper originales, mais bien fichues. ****************************************** MAJ après lecture du tome 3: Eh bien voilà, les deux auteurs bouclent leur triptyque de belle manière, sans fausse note ni essoufflement de l'intrigue, c'est vraiment du bon boulot (comme l'avait déjà été leur précédente collaboration sur Il était une fois en France). Nury a très bien utilisé le décor historique, su y placer une belle bande de pourris, et son compère Vallée a un dessin très chouette et dynamique. Bref, c'est de la très bonne BD d'aventure, pas prise de tête mais pas idiote non plus (elle peut donner à réfléchir, sous la couche d'ironie qui domine), dont la lecture est fortement recommandée.
Le Katanga, sa tentative de sécession juste après l'indépendance du Congo Belge et ses fameux mercenaires européens, voilà des sujets dont j'avais beaucoup entendu parler mais que je connaissais mal. Fabien Nury et Sylvain Vallée, déjà auteurs de Il était une fois en France, nous plongent en plein dedans et rendent cet imbroglio politique, militaire et mafieux presque clair. Nous y suivons de près plusieurs protagonistes. Il y a les politiciens Katangais et les Européens qui les conseillent d'un peu trop près, chacun œuvrant pour son compte personnel très égoïste. Il y a les mercenaires engagés par ces derniers, de vrais anciens combattants mortels et durs à cuire, prêts à affronter les pires dangers sous les ordres de leur chef, Félix. Et il y a Charlie et sa sœur, deux Congolais qui tentent de s'en sortir chacun avec leurs moyens et qui ne manquent d'intelligence pour cela, même si cela ne réussit pas forcément comme ils l'auraient espéré. J'ai immédiatement apprécié le dessin, alors même que la couverture ne m'attirait pas plus que ça. J'aime ce trait rond et maîtrisé que nous offre Sylvain Vallée. Les décors sont très soignés et leur colorisation est parfois si réussie qu'ils m'ont parfois fait penser à certaines scènes de Blacksad. Les visages aussi sont très réussis même s'ils s'apparentent parfois un peu trop au style caricaturiste : je m'attendais régulièrement à voir surgir une caricature de Jean Gabin ou de membres des Tontons Flingueurs, ce qui aurait risqué de me faire sortir de l'ambiance du récit. Car le scénario est cru et sombre. Le Katanga de l'époque, comme le Kivu de nos jours que j'ai découvert récemment, était un lieu franchement dangereux où nul n'était à l'abri, qu'il soit riche, puissant ou pauvre. La violence de certaines scènes fait d'autant plus peur qu'on imagine qu'elles ne sont probablement pas vraiment exagérées. Heureusement, le dessin au ton léger de Sylvain Vallée permet de réduire un peu la dureté de ces scènes et leur donne parfois un côté presque humoristique tant elles paraissent outrées. L'intrigue tient la route et le lecteur en haleine. On peut regretter un côté parfois un peu embrouillé, dans ce mélange de magouilles politiciennes et mafieuses, de prise de pouvoir politique et militaire et de chasse aux diamants. Mais on se laisse volontiers porté par l'action et par les interactions entre les bons personnages. Et au passage, cela m'a permis d'apprendre un peu plus sur comment les choses ont peut-être pu se passer à l'époque dans ce fameux Katanga. Et puis l'histoire tient en trois tomes, ce qui permet de bien la développer sans la diluer pour autant. C'est bien.
Deux premiers tomes plutôt réussis pour l'instant, mais on n'est pas encore dans le franchement bien. Il manque encore un petit truc pour arriver à la note supérieure. Le dessin, tout d'abord, est bon. Vallée a un style bien à lui, qui a fait ses preuves. Personnellement, je trouve la façon dont les noirs sont dessinés un peu caricaturale, avec leurs grosses lèvres. Mais comme il est dit dans les précédents avis, ici personne n'est juste ou bon, les blancs, les noirs, tout le monde est dans le même bateau. L'atrocité de la guerre et des affrontements civils et militaires est bien rendue, ainsi que la situation précaire de tous les habitants du Katanga, des plus pauvres aux plus riches, qui ne sont nullement en sécurité. Le scénario reprend dans les grandes lignes l'histoire de l'indépendance éclair du Katanga au début des années 60, en mettant au centre les mercenaires qui ont effectivement investi l'Etat à l'époque. Et, au milieu, on rajoute une histoire de diamants, avec un héros katangais, Charlie, qui cherche à se tirer d'affaire tout en assurant son avenir. Et c'est là que le bat blesse un peu en ce qui me concerne : c'est trop complexe, on finit par être un peu perdu. Certes, l'idée de lier cette histoire de diamant aux évènements historiques permet de donner une substance à la chose, et de la rendre intéressante, mais cela crée du désordre. Il m'a fallu faire des recherches sur l'histoire du Katanga pour m'y retrouver un peu plus. En dehors de cela, c'est agréable et intéressant à lire. Les personnages sont hauts en couleur, la narration est bien faite. J'attends la suite, dans l'espoir d'un peu plus de clarté, ce qui me permettrait de remonter la note. Pour l'instant, c'est 3,5/5. MAJ après lecture du tome 3 : Ce tome 3 conclut parfaitement la série et me permet de rehausser la note. Je maintiens ce que j'avais dit, c'est un peu compliqué de se mettre dedans. Mais j'ai relu les deux premiers tomes avant de lire le troisième, et à la deuxième lecture, et avec une ou deux recherches sur google pour mieux appréhender la situation politique à l'époque, c'est très bien passé, le récit était plus fluide et j'ai vraiment beaucoup apprécié cette seconde lecture. Les personnages sont tous très bien développés, des français et belges en "pays conquis" mais qui se retrouvent les pions de politiciens magouilleurs en passant par les vrais héros de cette histoire (Charlie et Alicia) qui essaient tant bien que mal de se tirer d'affaire dans un mode des plus hostiles. Le tome 3 vient livrer une conclusion intéressante et à laquelle je ne m'attendais pas forcément.Bref, une bonne série qui appelle à un peu de documentation si on veut vraiment l'apprécier.
Extrêmement marqué par ma lecture de Il était une fois en France, c’est avec une impatience non feinte que je me suis jeté sur Katanga, nouveau fait d’armes de l’incroyable tandem Nury/Vallée. Il me faut concéder que je ne me serais probablement pas intéressé à cette série si ces deux noms n’y avaient pas été accolés. Cependant, je ne regrette pas un instant la confiance que j’ai accordée aux auteurs. Comme les posteurs qui m’ont précédé l’ont justement rappelé, Katanga raconte une histoire de chasse aux diamants dans un contexte de sécession, juste après la déclaration d’indépendance du Congo. Sous des latitudes pour le moins troublées se rencontrent, s’associent ou se trahissent des personnages plus antipathiques les uns que les autres, aux motivations plus ou moins "moralement justifiables". Politiciens cruels et avides de pouvoir, mercenaires désœuvrés en quête de sensations fortes, autochtones exprimant leur révolte par une grande violence… Bref, le lecteur fait connaissance avec toute une galerie de personnages finement croqués par le trait souple, dynamique, vivant et remarquablement expressif de Sylvain Vallée, parfaitement à l’aise dans l’exercice. Si l’on n'éprouve qu’une sympathie très limitée pour la grande majorité des protagonistes, Katanga impressionne et captive grâce à une mise en scène absolument remarquable et un sens du rythme confondant. Une fois happé, il est impossible de lâcher les albums tant les rouages de la narration sont maîtrisés. Autre ingrédient particulièrement important à mes yeux, tout sonne de façon parfaitement crédible, tant dans les attitudes des héros que dans leur manière de s’exprimer. Cela facilite grandement l’immersion et donne une vraie force au récit. Si cela n’avait pas été le cas, il est d’ailleurs clair que cette débauche de massacre et de violence aurait eu raison de mon plaisir de lecture et m’aurait ôté l’envie d’aller jusqu’au bout – ou d’enrichir ma bibliothèque avec ces albums, véritables manifestes de cynisme, de corruption et de cupidité. Étrangement, aussi dépourvus de moralité soient-ils, il arrive que l’on éprouve un soupçon d’empathie pour ces personnages qui cherchent à survivre dans cet univers âpre et dur. A ce titre, j’ai ressenti de la peine pour Félix, Charlie et Alicia. La fin de l’histoire, abjecte et sordide comme il convient, donne un sentiment d’inéluctabilité, de « tout ça pour ça » qui laisse un goût amer en bouche après la lecture et frappe d'autant plus juste. Je suis sûr que c’est ce que le duo d’auteur – accompagné par l’excellent Jean Bastide aux couleurs – souhaitait accomplir, et cela fonctionne. Impossible de sortir indemne de cette trilogie. Jouissive dans sa débauche, mise en scène de façon véritablement cinématographique, riche dans sa psychologie, très sanglante mais passionnante de bout en bout, Katanga est une vraie réussite. Même si son registre est un peu trop violent pour moi, j’encourage chaleureusement sa découverte et son acquisition, ayant rarement eu la chance de tomber sur des séries d’action d’une telle qualité. Bravo aux auteurs !
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