Katanga

Note: 3.56/5
(3.56/5 pour 18 avis)

En 1960, après quatre-vingts ans passés sous la domination coloniale belge, le Congo proclame son indépendance ; moins de deux semaines après, la riche province minière du Katanga fait sécession. Le Congo et le Katanga entrent immédiatement en guerre ; au coeur du conflit : la possession des territoires miniers. De nombreux massacres et exodes de civils s'ensuivent. L'ONU impose alors sa médiation et l'envoi de Casques bleus sur place..


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Afrique Noire Congo belge Les meilleures séries terminées en 2019

Dans le même temps, une horde d'ignobles mercenaires est recrutée pour aller libérer les exploitations minières occupées... Et un domestique noir, Charlie, tord le cou au destin en mettant la main sur un trésor inestimable : 30 millions de dollars de diamants... ce qui fait de lui le Noir le plus recherché du Katanga.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Mars 2017
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Katanga © Dargaud 2017
Les notes
Note: 3.56/5
(3.56/5 pour 18 avis)
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05/03/2017 | herve
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Par iannick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Avec « Katanga », le duo Fabien Nury (au scénario) et Sylvain Vallée (au dessin) envoie du lourd, du très lourd sur la décolonisation du Congo et la guerre civile qui en suivit. Un peu comme leur série précédente « Il était une fois en France », chaque protagoniste en prend pour son grade que ce soient les congolais ou les européens : tous pourris ! On se retrouve donc en plein début de l’indépendance du Congo qui est divisé en 2 zones : Le Congo en lui-même privé du territoire du Katanga, c’est ce qui fait générer de vives tensions entre ces territoires sujets à de nombreuses guerres civiles (très sanglantes !). Au fait, le Katanga a la particularité d’être très riche en minerais, ce qui provoque la convoitise des grosses compagnies européennes et aussi du Congo… et justement, au début du récit, Charlie, un congolais a mis la main sur un énorme butin de diamants… Je vous laisse imaginer la suite… « Katanga » mélange les personnages réels et d’autres de fiction tout en précisant à chaque fois en début d’album (bien mis en évidence !) que cette histoire est fictive, on imagine sans peine que les auteurs n’avaient pas trop envie de se baigner dans des joutes juridiques avec ces protagonistes d’autant plus que ça dézingue à tout va : politicards corrompus à bloc et aux mains sanglantes, entrepreneurs européens ultra pourris, équipe de mercenaires carrément immoraux, populations locales très violentes dont certaines sujettes à des actes de cannibalisme, chefs de clans congolais main dans la main avec des personnes peu scrupuleuses qui exploitent encore l’esclavage, responsables de l’ONU complétement à la ramasse, une grande part de la gent féminine réduite à être des objets sexuels pour survivre dans ce milieu hostile… Bref, ça déménage ! D’ailleurs, le récit mélange d’une façon tellement habile le sérieux, le récit historique, la violence, l’humour noir et ironique, la romance… que j’ai eu l’impression de me retrouver dans une des séquences de l’excellent film « Lord of War ». Qu’en est-il du dessin ? Il est assuré de main de maître par Sylvain Vallée dont sa représentation des personnages qui est à la limite de la caricature adoucit un peu la violence du récit et permet également aux lecteurs d’identifier aisément les différents personnages. Je vois que certains bédéphiles lui reprochent de représenter les africains avec des grosses lèvres et des nez aplatis… euh, oui et alors ? Ils sont comme ça et ça ne m’empêche pas de les apprécier comme ils sont ! Au niveau de la narration, là encore, notre duo fait merveille : ça se lit facilement malgré la complexité des intrigues (politiques et privés des différents protagonistes) et surtout, c’est captivant ! Bon, vous l’avez compris, j’ai vachement apprécié « Katanga » : ça pête fort, le scénario est captivant, des personnages attachants et pourris de la mort qui tue, un sacré dessinateur, un récit qui mélange habilement la fiction et l’histoire, une situation dans un Congo explosif… Vivement la prochaine série du duo Fabien Nury et Sylvain Vallée !

26/01/2022 (modifier)
Par Walran
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Extrêmement marqué par ma lecture de Il était une fois en France, c’est avec une impatience non feinte que je me suis jeté sur Katanga, nouveau fait d’armes de l’incroyable tandem Nury/Vallée. Il me faut concéder que je ne me serais probablement pas intéressé à cette série si ces deux noms n’y avaient pas été accolés. Cependant, je ne regrette pas un instant la confiance que j’ai accordée aux auteurs. Comme les posteurs qui m’ont précédé l’ont justement rappelé, Katanga raconte une histoire de chasse aux diamants dans un contexte de sécession, juste après la déclaration d’indépendance du Congo. Sous des latitudes pour le moins troublées se rencontrent, s’associent ou se trahissent des personnages plus antipathiques les uns que les autres, aux motivations plus ou moins "moralement justifiables". Politiciens cruels et avides de pouvoir, mercenaires désœuvrés en quête de sensations fortes, autochtones exprimant leur révolte par une grande violence… Bref, le lecteur fait connaissance avec toute une galerie de personnages finement croqués par le trait souple, dynamique, vivant et remarquablement expressif de Sylvain Vallée, parfaitement à l’aise dans l’exercice. Si l’on n'éprouve qu’une sympathie très limitée pour la grande majorité des protagonistes, Katanga impressionne et captive grâce à une mise en scène absolument remarquable et un sens du rythme confondant. Une fois happé, il est impossible de lâcher les albums tant les rouages de la narration sont maîtrisés. Autre ingrédient particulièrement important à mes yeux, tout sonne de façon parfaitement crédible, tant dans les attitudes des héros que dans leur manière de s’exprimer. Cela facilite grandement l’immersion et donne une vraie force au récit. Si cela n’avait pas été le cas, il est d’ailleurs clair que cette débauche de massacre et de violence aurait eu raison de mon plaisir de lecture et m’aurait ôté l’envie d’aller jusqu’au bout – ou d’enrichir ma bibliothèque avec ces albums, véritables manifestes de cynisme, de corruption et de cupidité. Étrangement, aussi dépourvus de moralité soient-ils, il arrive que l’on éprouve un soupçon d’empathie pour ces personnages qui cherchent à survivre dans cet univers âpre et dur. A ce titre, j’ai ressenti de la peine pour Félix, Charlie et Alicia. La fin de l’histoire, abjecte et sordide comme il convient, donne un sentiment d’inéluctabilité, de « tout ça pour ça » qui laisse un goût amer en bouche après la lecture et frappe d'autant plus juste. Je suis sûr que c’est ce que le duo d’auteur – accompagné par l’excellent Jean Bastide aux couleurs – souhaitait accomplir, et cela fonctionne. Impossible de sortir indemne de cette trilogie. Jouissive dans sa débauche, mise en scène de façon véritablement cinématographique, riche dans sa psychologie, très sanglante mais passionnante de bout en bout, Katanga est une vraie réussite. Même si son registre est un peu trop violent pour moi, j’encourage chaleureusement sa découverte et son acquisition, ayant rarement eu la chance de tomber sur des séries d’action d’une telle qualité. Bravo aux auteurs !

07/03/2019 (modifier)
Par bab
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur bab

Fabien Nury et Sylvain Vallée reviennent avec Katanga et ils reviennent fort. Quand on ouvre Katanga, la première chose qui marque est le graphisme. Si le dessin et les décors sont fouillés, les personnages sont à la limite de la caricature. Les congolais sont représentés avec ces grosses lèvres, des oreilles décollées et des nez évasés ; on se croirait presque à une autre époque, où le consensuel et le politiquement correct n’étaient pas à l’ordre du jour. Celle du « Y’a bon Banania ». Ça questionne un peu. Et puis, on regarde les personnages blancs, et on se dit qu’ils ne sont pas mieux lotis. Le trait de S. Vallée va finalement laisser paraître de premier abord une impression de légèreté dans le propos. Il n’en est rien. Katanga est une bd, une histoire, qui prend cœur dans un contexte historique réel (mais librement romancé) lourd, violent, qui laisse libre cours à toutes les facettes de la nature humaine. Toute l’habilité de S. Vallée et F. Nury (ré)apparaît alors pour trouver le juste rythme qui nous place dans un contexte d’une autre époque, avec des personnages justes et savamment construits. Ils prennent le temps au cours des quelques 70 pages du livre de poser leur intrigue, leurs acteurs, et chaque page est riche d’informations. Les auteurs ont fait le choix d’aucune concession, graphiquement comme scénaristiquement. C’est brut, ça sonne juste et j’y vois pour ma part un instantané d’une époque révolue (vraiment ?...) où les relations entre les blancs colonisateurs et les peuples soumis, mais aussi des ethnies et tribus entre elles étaient basées sur la hiérarchisation humaine des peuples. Sur ce fond historique, Katanga est aussi une intrigue prometteuse dont les rouages sont nombreux et les rapports entre les personnages complexes : amour, fidélité, argent et vénalité dans ce contexte instable font un cocktail explosif. Un peu comme « Il était une fois en France » laisse à réfléchir sur la façon dont on aurait mené notre barque pour survivre à la seconde guerre mondiale, Katanga nous pousse à la réflexion sur un sujet aussi sensible : la colonisation et les rapports entre les peuples.

30/11/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

C'est de l'aventure historique contemporaine qui comme le signale l'avertissement en préambule, est une fiction se servant d'événements réels, et d'emblée je suis séduit par cette nouvelle Bd du tandem Vallée/Nury ; d'ailleurs ça démarre fort avec ce prologue sur Msiri, un peu long mais nécessaire et passionnant pour bien faire comprendre au lecteur la situation et le mettre dans l'ambiance, sans être trop didactique. Le procédé est remarquable sur ces 9 pages parfaitement illustrées par Vallée en cases étirées style format panoramique, sur un texte off. D'ailleurs, au départ je n'aurais peut-être pas mis le nez dans cette Bd, mais quand j'ai su que c'était dessiné par Vallée, j'ai voulu voir ça, j'avais grandement apprécié son travail sur Il était une fois en France, série au sujet un peu sombre que j'ai pu supporter en grande partie grâce à la partie graphique. Ici, son dessin au trait sûr et maitrisé fait merveille, il est à la fois souple et ferme, et sa mise en page hyper musclée donne une réelle dynamique à l'ensemble ; il a su aussi trouver des trognes bien cernées reflétant les caractères des personnages comme si c'était affiché sur leurs figures, notamment des mercenaires qui ont vraiment la gueule de l'emploi, au physique buriné de baroudeurs qui font penser un peu à des acteurs français des années 60 comme Lino Ventura, Robert Dalban, Michel Constantin ou J.P. Belmondo... De son côté, Nury brosse un scénario bien troussé qui vole de rebondissements en scènes d'action violentes où aucun personnage ne se détache vraiment, c'est un ballet de politiciens africains véreux et vénaux, de barbouzes de l'Afrique coloniale et de mercenaires endurcis qui ne vivent que pour l'action. Tout ceci m'a grandement rappelé un film assez méconnu de 1968 réalisé par Jack Cardiff, le Dernier train du Katanga (titré en VO bien justement The Mercenaries) et qui voyait un groupe de mercenaires n'ayant pas froid aux yeux recevoir la mission de sauver des Européens isolés dans un dispensaire, et par la même occasion un trésor en diamants. L'action se passait exactement à la même période, pendant la sécession katangaise, et s'y bousculaient des politiciens cyniques, des civils idéalistes, des mercenaires racistes ou avides et des rebelles dépeints comme des sauvages, mais ce qui avait surpris à l'époque, c'était le réalisme très cru et l'extrême violence de certaines scènes. Ce que l'on voit dans la Bd n'est donc pas exagéré, et je ne serais pas surpris d'apprendre que Nury s'est inspiré de ce film. En tout cas, la machine est lancée, c'est un thriller politique et d'action sur fond historique tout à fait captivant qui mérite une suite attendue.

25/04/2017 (modifier)
Par herve
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur herve

J'attendais cet album avec impatience. Jugez donc, la nouvelle série des auteurs de Il était une fois en France. Il faut l'avouer cet album est une réussite totale. Tant au niveau du dessin (on y croise des trognes et des gueules dignes du cinéma américain ou français des années 50), que du scénario, qui est très cinématographique au demeurant. Les premières pages commentées en voix off sont en ce point remarquables. Le procédé est d’ailleurs souvent réutilisé sur ce premier volume, tout comme la reproduction de courriers. Tout concourt ou presque à nous faire croire que nous suivons une histoire véridique. La touche locale( corruption, massacre, colonialisme et trafic en tout genre ) est très bien mise en scène dans cet opus, qui met en place avec talent tous les ingrédients de cette nouvelle série. Même si le rôle des mercenaires occupe une place prépondérante ici, on sent que le dénommé Charlie va vite occuper le terrain dans les prochains volumes. Une aventure comme j’aime lire et, à l’image de Il était une fois en France que j’aime relire. Fabien Nury s’affirme là , de nouveau ,comme un scénariste hors pair. Quant au dessin de Sylvain Vallée, il ne souffre d’aucun défaut et les personnages qu’il nous présente ont tous une présence imposante. Une réussite. Vivement la suite.

05/03/2017 (modifier)