Pacush Blues
L'univers des rats...sombre et humouristique
BoDoï Humour noir Les Rongeurs Sociétés animales
Prenez un dépot d'ordures, qui d'un coup se retrouve habiter par des rats...ils y vivent mangent, chient,fume le pétard pour mieux réfléchir, prennent des positions de pouvoir...etc... P'tit Luc prends en main des débats de société, de cohabitations, des problèmes hommes/femmes,politiques, économique,philosophique et le le transmet à travers les rats...un peu comme si le rat descendait de l'homme... P'tit Luc termine ses albums avec un questionnement essentiel...sur une page noire...à nous d'imaginer et de débattre...
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Date de parution | Janvier 1983 |
Statut histoire | Une histoire par tome 13 tomes parus |
Les avis
Encore une série culte des années 80 qui m'a profondément marqué (je possédais d'ailleurs le magnifique poster où les rats se gondolaient en lisant "la Peste" de Camus, couverture de Faces de rat). La série commence vraiment au tome 3 en quittant définitivement la bichromie sépia des 2 premiers albums qui faisaient en quelque sorte office d'introduction et mettaient en place cet univers glauque et désespéré. Une décharge quelconque, à perte de vue (en bord de mer) où errent ces rats plus ou moins anonymes. La vie ne tient qu'à un fil dans cet univers de désolation et le plus souvent ces pauvres créatures meurent écrasées, intoxiquées, dévorées, charcutées, ébouillantées et je ne sais quoi d'autre. Ptiluc s'en donne à coeur joie. C'est vraiment mais alors vraiment sans pitié. Mais derrière ces histoires archi-cyniques voir trash il y a toujours un fond philosophique, les rats étant des espèces de cobayes de l'espèce humaine, comparables à une fin de civilisation, avec ses psychopathes, ses crédules, ses idéalistes, ses meneurs... Souvent c'est un objet trouvé (vis, dé à coudre, Rubik's Cube...) utilisé au-delà de sa fonction initiale, de manière pratiquement religieuse parfois, qui est la source de l'histoire et le prétexte d'une parabole sur le pouvoir (comme ce distributeur de bonbons dans les albums 4 et 5). Ou alors cette espèce d'usine mystérieuse où il se passe des choses fascinantes et terrifiantes à la fois (album 7, variation, un chef d'oeuvre absolu, comparable au film Soleil Vert). On est pratiquement dans de la science-fiction apocalyptique, ce qui n'est pas pour me déplaire. Ces rats sont presque tous sans exceptions complètement drogués, se vautrant avec une satisfaction désespérée dans tout ce qu'ils peuvent trouver ou même fabriquer, préférant toujours ces multiples intoxications à l'absence totale de futur dans cette décharge post-apocalyptique où la mort risque de les attraper à chaque seconde (mouches ultra-agressives, nuages toxiques, mouettes, crabes monstrueux ...). Et puis ce sont surtout eux qui sont dangereux les uns envers les autres, se massacrant pour un oui ou pour un non. Car ces rats sont dans l’ensemble complètement tarés, égoïstes, cruels, terrifiés... Ils me font penser à des clochards, capables de se saigner pour un reste de vin ou 3 clopes. Une vraie fin de civilisation. C'est profondément triste. Donc c'est une BD ouvertement punk, extrêmement noire et nihiliste, mais également très drôle (ah oui, j'ai oublié de le préciser) et très intelligente. Après réflexion non ce n'est pas spécialement drôle. En fait non pas du tout. Nette préférence pour les 7 premiers albums, de véritables chefs d’œuvre (albums 2,3,4,5,6 et 7). Après c'est pas mal (albums 9 et 10) mais quelque chose a changé. Il n'y a plus la "magie". Cette subtile harmonie entre le trash, la noirceur, l'humour, l'aventure et la philosophie. C'est toujours aussi philosophique mais moins trash et un peu plus long et ennuyeux. Encore que ces 2 albums (9 et 10) soient tout de même très bons comparés à la suite indirecte (Rat's) qui elle est plutôt mauvaise, carrément moins noire voire plus du tout.
Voila longtemps que je n'avais pas lu un "Pacush blues", puis le petit dernier m'a permis de m'y replonger. Malgré l'intérêt limité de Premières mesures, qui présente juste quelques petites histoires, malgré le mal de Jefferson qui est presque indigeste et profondément dépressif, et malgré les écueils du Mythe de Frankestein qui nous fait rentrer dans une période de travail baclé ... et ou le dessin n'est plus là ... Malgré tout cela j'adore cette série, et plus spécifiquement la période de maturité où l'on trouve une très belle patte, de l'humour noir, mais surtout une sensibilité particulière et des reflexions sur des grands thèmes de société. Et là ... ca fonctionne à mort ! Dans le Mal de mer on nous parle survie mais surtout de la place de l'individu au sein de la société et au regard des intérêts du groupe. Destin farçeur aborde la prise de pouvoir, le racisme. La logique du pire épluche les mécanisme de la créativité, et du droit d'auteur. Et à chaque fois, P'tit luc nous emmène vers l'absurde, pousse les logiques à l'extrême et s'en sort grâce à l'humour. Il frappe souvent juste, sans jamais se noyer dans les concepts. Il a construit quelques très belles BDs donc, avec de vrais sujets de fond. Venant de finir le p'tit dernier : Correspondance avec les corps obscurs, j'y vois un retour aux sources. On sent une application plus forte, comme aux origines et en même temps on revient à un sujet plus noir ; puisque cet album parle de la mort ... Du coup j'ai eu l'impression de revoir Le mal de Jefferson, où là aussi il n'y a plus d'humour. On y trouvera juste du noir... du blues...
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