L'Epouvantail Pointeur
Dans un état totalitaire où l'on veut contrôler les faits et gestes de chacun, il n'est pas toujours facile de justifier la surabondante présence policière.
Carrément BD Contes funèbres Dictatures et répression Format carré
C'est pour cela qu'on a fait appel à un épouvantail public, sorte de Jack l'éventreur de carnaval chargé de faire « BOUH » à la populace. Flanqué de son fidèle complice canin, il course les badauds, disperse en gesticulant les attroupements suspects. La joie d'un travail bien fait. Mais l'épouvantail reçoit une terrible nouvelle. Ses employeurs lui font savoir qu'ils ont trouvé plus effrayant que lui et que par conséquent ils se voient dans l'obligation de le licencier. Que peut faire l'artiste consciencieux face à la mécanique industrielle ?
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Date de parution | Octobre 2002 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Décidément, cette collection de chez Glénat est plutôt d’une bonne tenue – et toujours dans ce format original (et peu pratique) d’un très grand carré. J’ai vraiment bien aimé l’ambiance créée par cette histoire. Que ce soit le dessin, ou les textes (peu abondants, mais qui ont une résonance poétique), on traverse cette histoire agréablement, alors même que l’intrigue n’est a priori pas trop réjouissante. Nous sommes en effet dans une dictature, qui terrorise les habitants, en leur imposant un couvre-feu nocturne très strict. Le héros est justement celui qui doit faire peur aux récalcitrants. Mais voilà, il est brutalement licencié, et remplacé par une machine extrêmement violente. Le voilà sans repère, errant, et lui-même poursuivi par le nouvel « épouvantail ». En parallèle, il tombe amoureux d’une femme folle, internée et presque inconsciente. Les passages dans l’asile sont assez sordides. D’ailleurs, c’est l’ensemble des personnages, par leur trogne, leurs mimiques (et le héros est lui-même plutôt horrible), qui apportent une touche très noire à cette histoire. Le mélange de poésie, d’amour fou (même si désespéré et à sens unique) et de violence, est ce qui fait l’originalité de cette histoire.
Ça ne va pas être simple. J’ai envie de rugir : cet album est incontournable ! Ne passez pas à côté de ce joyau ! Pourtant, en mon for intérieur, je sais que c’est loin d’être aussi vrai. Il ne rencontrera pas toute l’adhésion qu’il mérite. Affaire de tripes. Moi, c’est avec le bide que je l’ai aimé. Et je me demande encore comment bien l’expliciter. Les augures sont chagrins : dès l’ouverture, un ersatz de monsieur Jack jacte de peur, de répression et d’état autoritaire. Une approche esthétique aux extérieurs de conte grand-guignolesque, mâtinée d’une thématique totalitaire, et en à peine une page, l’œuvre esquisse deux audacieux univers, d’autant plus casse-gueules qu’ils sont sous l’influence de beaucoup de papas. Je devrais dire papes. L’invocation des Burton, Orwell, Moore, Selick, Gaiman ou autre Huxley, attise mon souvenir du génie de leurs créations. La bande dessinée va fatalement se perdre dans les méandres du déjà-vu, déjà-lu, et la comparaison va faire bobo. Ça démarre pourtant pas mal. J’adhère volontiers au trip, en particulier grâce au graphisme ensorcelant et à ce monstrueux format qui me catapulte ses planches grandioses au visage. Virée bucolique dans un monde pessimiste, sinistre à souhait. Mon guide est un épouvantail humain. Échalas masqué, instrumentalisé par l’entité gouvernante afin de terroriser la populace, entretenir la terreur collective et ainsi légitimer la surabondance oppressante de l’appareil policier. Frais licencié, mis au rebut pour un succédané industriel à l’efficacité plus sanguinolente, notre disgracié s’accorde quelques embardées fantastico-mystiques et s’exhibe outlaw indomptable puis fantôme inconsolable. L’histoire se métamorphose en poème lugubre, expose l’amour de l’intangible Roméo à la bobine cassée pour sa Juliette captive d’un asile pouilleux. Entravée, la prisonnière hallucinée hurle dans un effroi infini, son crâne fêlé, saturé de psychoses, repaissant le système despotique et sa nouvelle machine à répandre l’horreur. Le récit suit son destin chaotique, et je flotte dans une sorte de contemplation morbide, spectateur de fougues graphiques que je prends, à tort, pour des effets de manche, mais… stop ! Depuis un moment, moult détails me sautent à l’inconscient. Je me suis montré désinvolte, et il y a autre chose, j’en suis sûr. Rewind... Je n’avais pas tout vu, à présent je vois trop. Déjà l’emblème. Solennel, répétitif, propagandiste. Un œil stylisé surmonté de trois barres verticales. Et je pense Reich, Big Brother, forcément. Je soupçonne des arrière-pensées dans la plupart des scènes, des symbolismes à tous les coins de cases. Les rêvasseries affluent. J’entends du Floyd. Bowie, entêtant, me squatte la tête. Je songe à « La ferme des animaux », j’entrevois des allusions au petit livre rouge. J’imagine tellement, bien plus que ce que les auteurs y ont réellement mis. Mais je m’en bats les raisins. C’est viscéral. Ce coup-ci, je suis dedans. Connecté, je capte le message, l’allégorie générique. Cet emblème ! J’y repense soudainement comme un troisième œil : matons-nous le nombril et surtout l’arrière-fond. Dans le hideux miroir se reflètent l’éternel dilemme de l’absurdité de l’existence et le statut de victime consentante. Geôliers, prisonniers de nous-mêmes, de notre égoïsme, de notre lâcheté, de notre ambition, de nos solitudes, de nos angoisses et de nos haines, nous sommes tous des moutons. Nos tares, nombreuses, éclectiques, engendrent et encouragent de méchants bergers, avec leurs vilains clébards. Tiens, à propos de toutou, je l’avais loupée. L’incarnation de la solitude dans le transfert affectif vers le compagnon quadrupède. Mais toi, sympathique épouvantail, tu l’as prise en pleine bille cette parabole, quand la mort de l’ami canin dénude l’atrocité de ton isolement ! Tu erres, anéanti. Tu t’évapores. Et quand bien même, dans un dernier sursaut, tu te rebellerais, il suffira que l’on t’offre une porte de sortie, une petite part de bonheur individuel pour que tu cèdes à tes illusions. Tu rejoins le troupeau et tu bêles, encore plus fort. Rien n’a changé. Tu n’en as même pas conscience. Mais qui suis-je pour t’accabler ? Je le sais, beaucoup jugeront les métaphores superficielles, éparses, particulièrement élémentaires, voire un poil lourdingues. Un fardeau de questionnements qui apporte peu de réponses. Oui, on a vu, on a lu mieux. Néamoins, les jalons que j’ai cru percevoir me font éprouver la peinture d’un imaginaire générationnel (je me rends compte que l’auteur a quasiment le même âge que moi). Les réminiscences de références, de thèmes chers à une époque et ses rognes adolescentes maladroites, mais sincères. Moins qu’un discours, une mise en garde figurative qui m’a fourré des musiques plein la tête. Analyse capilotractée ? Peut-être me joué-je de la flûte ? Qu’importe ! La madeleine subjective et ses ponctuations visuelles m’ont bousculé les entrailles. Omond m’a tué. Beuzelin me ressuscite. Je reviens sur ce grand format qui me rend « carrément » dingue. Un cadeau au talent du dessinateur. Je peux savourer toute la splendeur de son trait nerveux, fragile et gracieux. Il forge un cauchemar éloquent nourri à l’énergie des images somptueuses, de leurs couleurs violentes, et rythmé par l’onirisme torturé ou émouvant qui émane de ses tableaux. Couvre-feu !
Voilà pour moi typiquement le genre d'album inégal entre fond et forme. Car si j'ai vraiment adoré l'objet, j'ai été un peu déçu par cette histoire pourtant prometteuse et alléchante. Quel bel objet en effet que cette BD de la collection "Carrement BD" de chez Glénat ! Un format original, une couverture des plus belle et intrigante : une réussite ! Et le coup de patte de Beuzelin n'y est pas étranger. Son trait très personnel, crispé, nerveux donne un élan et un dynamisme parfait au récit et colle à cette ambiance noire et de crainte omniprésente. Cadrages et mise en page sont aussi très bien agencés. On sent l'énorme attention portée graphisme et au visuel global de l'objet. Bravo de ce côté ! Dommage que l'histoire ne soit pas du même tenant et finisse par perdre un peu de son essence. Car si les bases sont très bonnes, on s'éparpille un peu dans des sentiments très divers. Ceux-ci jalonnent l'évolution de notre héros jusqu'à un final qui a le mérite d'être inattendu, mais qui m'a un peu déçu... Dommage.
Une bande dessinée originale. Un album surprenant. J’ai ici eu affaire à une fable, un conte, hors du temps : à une histoire inspirée et –par certains côtés- assez emballante. Je me suis retrouvé -dans une sorte de monde hypothétique- à suivre un personnage qui ne doit sa (sur)vie qu’à son boulot d’épouvantail à peine humain. Et lorsque cet agent de sécurité à la gueule cassée –qui fait le bonheur du pouvoir en place- aura des états d’âmes, « il » ne sera plus bon –lui et son chien- qu’à se retrouver au chômage. Un bon postulat, de bons développements pour un duo d’auteurs en pleine forme. Seulement voilà : je n’aime pas le graphisme. Elevé dans cette vieille école dite « franco-belge », et bien que j’apprécie le renouveau graphique de ce bon 9ème art, j’ai eu du mal à assimiler ce trait (que je précise créatif) et cette mise en page. C’est ainsi. Il y a des moments de ressenti que l’on ne sait expliquer. C’est viscéral. Et c’est comme ça pour cet album. A relire dans quelques temps… mais pas tout de suite…
J’allais faire une critique assassine de cet album... avant d’arriver à la page 31. Au détour d’une case, une vignette quelconque, le personnage principal dans une course éperdue, le long d’une palissade, sur laquelle, tiens, une inscription, Modern Love ! Je regarde alors plus attentivement cette case, et là, d’un coup, cette scène géniale de “Mauvais sang” me revient en mémoire, ce plan séquence où l’on voit Denis Lavant courir comme un damné, avec cette chanson de Bowie. Merci aux auteurs pour ce clin d’oeil ;) Bon, et sinon ? Une histoire vraiment étrange mais dont je ne vois pas trop où l’auteur voulait en venir. La fin, charmante et bucolique crée un décalage tellement brutal avec tout le contexte totalitaire et quasi carcéral de l’album, qu’elle paraît de ce fait, plutôt incongrue. Reste le dessin, original, nerveux, anguleux, maîtrisé, aux couleurs tantôt chatoyantes tantôt dans des tonalités violemment contrastées, franchement pas mal. Mais bon, mon impression générale reste assez peu positive, en raison de ce scénario que j’ai trouvé un peu vain.
J’ai tout d'abord acheté cette bd en flashant sur les dessins que je trouve vraiment très beaux et originaux. L'histoire en elle-même n'est pas mal non plus. Cet épouvantail engagé par le gouvernement qui fait la loi en effrayant les gens se fait rapidement remplacer par plus fort et plus laid que lui.
"Drôle" d'histoire que L'Epouvantail Pointeur. Dans un état totalitaire hyper militarisé, un homme a pour métier de faire peur. Faire peur pour "assurer la sécurité", pour empêcher le peuple de se révolter, pour donner aux militaires une justification. Mais l'épouvantail reste un homme, et on a beau dire, même quand il sombre dans la criminalité, on s'attache un peu à lui. Comme tout le monde, il doit affronter les épreuves de la vie, comme le chômage et l'impression d'être inutile, la honte de soi-même. Comme les autres il a besoin d'amour. Comme les autres il ressent des émotions et il nous les fait partager. A la lecture, on passe en effet d'un état d'esprit à un autre, suivant les événements. Et puis la fin nous renvoie sur terre. Blam ! On retombe le cul à terre et on se dit qu'en plus, ça correspond peut-être bien à la réalité. Côté graphique, les dessins sont plutôt bons, mais leur qualité est assez irrégulière, selon moi. J'ai aimé la mise en page et les cadrages, favorisés par le format de la collection. Et je trouve les couleurs très belles, très bien choisies. Un one-shot atypique qui m'a beaucoup plus. J'aurais mis 4 sans l'irrégularité des dessins et de l'histoire (qui, sans savoir dire pourquoi, déçoit parfois).
"L'Epouvantail Pointeur" est une bd inhabituelle sous un format qui l'est tout autant. Le récit de cet épouvantail, délaissé au profit de quelqu'un de plus "professionnel", est certes pas très joyeux (ce serait plutôt le contraire) mais reste intéressant. L'avis de Kael correspond bien à celui que je me suis fait en lisant cet album. Au-delà de l'histoire en elle-même, "L'Epouvantail Pointeur" m'a touché par la succession et le mélange de sentiments et/ou d'impressions que l'auteur insuffle à son personnage. En effet, d'original au début, le récit devient tour à tour déprimant puis sensible, touchant, cruel... Quant au dessin, il est subjectivement très bon (j'aime beaucoup) et est en parfait adéquation avec les couleurs. Pour peu, on s'attacherait à cet épouvantail pour qui rien n'est épargné, même pas la fin !
J'ai été attiré par l'esthétisme de cette bd. Je la trouve jolie, avec son format original et ses belles couleurs. Le scénario, lui, partait bien sur une idée originale également. Mais j'ai ensuite été déçu par l'histoire. Il ne se passe pas grand chose. L'ambiance est noire et la fin a une touche de fatalisme et d'attrait de la mort, de la folie et de la douleur que je n'apprécie pas vraiment. Bref, je trouve qu'avec un tel dessin et un tel format, un scénario plus à la hauteur aurait été agréable.
C'est vraiment une bd étrange... Avec des personnages tout aussi étranges... J'ai beaucoup aimé la première partie de l'histoire, le coté narratif, la présentation de L'Epouvantail Pointeur. Mais j'ai trouvé la suite assez confuse et un peu lourde, dommage. Cependant les dessins, à part, sont très interessants. Ca vaut le coup d'ouvrir cette bd.
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