Géronimo - Mémoires d'un résistant apache
A mi-chemin entre la fiction et le documentaire, l’histoire du plus célèbre des Apaches, depuis les origines jusqu’à sa descendance. Passionnant et cruel, à l’instar de la conquête de l’Amérique.
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune 1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle 1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Biographies Encrages Gros albums Indiens d'amérique du nord La BD au féminin Les Apaches Les Légendes de l'Ouest [USA] - Les déserts Nord-Américains
1904, prison militaire de Fort Sill, Oklahoma. Déambulant dans un champ de pastèques, S.M.Barett est accablé de chaleur. Un vieil indien qui cultive le champ remarque son inconfort. Il lui dit que ça s’appelle l’enfer et que ce climat a tué plus d’indiens que l’armée américaine, c’est dire ! Depuis 10 ans qu’il est là, il n’a jamais cessé de regretter sa terre natale, l’Arizona. Il invite l’étranger à partager une pastèque, un bien du gouvernement qu’il s’approprie au mépris du risque encouru. Dès le début, les deux hommes s’estiment mutuellement. Ils font les présentations. L’indien prisonnier se nomme Go Khla Yeh, qui signifie « celui qui baille ». Il explique que ses parents devaient se douter qu’il aurait une vie ennuyeuse (au sens indien du terme). Alors que Barrett s’étonne du chemin parcouru depuis l’Arizona, le vieil homme lui propose de revenir au commencement pour bien comprendre cette agonie. Il raconte donc la mythologie de son peuple à son hôte et termine par une cruelle vérité : lorsqu’on arrache les indiens à leur territoire, ils s’affaiblissent et ils meurent. De retour au camp, Barett se fait réprimander par le lieutenant Purrington qui lui demande où il était passé depuis deux heures. Il explique qu’il était avec Go Khla Yeh, un sympathique cultivateur. Le militaire agacé lui répond que Géronimo est le prisonnier le plus dangereux des Etats-Unis…
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Date de parution | 14 Septembre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je suis allé un peu à reculons vers la lecture de cette BD car j'imaginais y lire l'épaisse biographie un peu rébarbative d'un personnage historique. Mais en réalité la mise en scène narrative est telle que la lecture est vraiment très agréable et fluide. On alterne en effet entre l'année 1904 où un écrivain rencontre le vieil homme qu'est devenu Geronimo, se lie d'amitié avec lui et écoute le récit de sa vie, et le récit en question, des années 1840 à 1870. Ainsi, à la manière d'un Little Big Man, on découvre le conflit entre amérindiens (Apaches plus précisément) et colons blancs. Cela commence par une période de forte méfiance mais durant laquelle le jeune Go Khla Yeh vivra une enfance puis une première vie de famille relativement heureuse. Jusqu'au massacre de sa femme et de ses enfants par des mexicains, puis d'autres exactions commises cette fois par des soldats américains sans scrupules, qui vont entraîner les véritables guerres indiennes contre les Apaches, et au passage Go Khla Yeh à être surnommé Geronimo. Ce qui est bien, c'est que le récit évite tout manichéisme pénible. Oui les mexicains massacraient les indiens, mais les indiens se vengeaient bien de leur côté. Et oui il y avait de vraies pourritures chez les américains, mais aussi des blancs sympathiques. Et autant on comprend les réactions de vengeance des Apaches, autant leur comportement et celui de Geronimo faisaient parfois preuve d'une sauvagerie qui montre vraiment leur différence culturelle indéniable d'avec les occidentaux (même si les actions des blancs de l'époque n'étaient pas vraiment plus respectables). Je me souviens d'avoir vu le film Fureur Apache dans ma jeunesse où les déchaînements de violence des Apaches étaient effrayants et j'en gardais le souvenir de monstres cruels. De voir par leurs yeux des violences similaires et leurs raisons dans ce récit me fait un effet un peu bizarre. Mais dans tous les cas, face au rouleau compresseur de la politique et de l'armée américaine, c'était un combat vengeur perdu d'avance. BD intéressante et bien construite qui se lit très agréablement et apprend pas mal de choses sur les relations entre mexicains, américains blancs et apaches à l'époque, et sur qui était vraiment ce personnage au surnom si connu qu'était Geronimo.
Voilà un album qui rend hommage de manière plus complète, plus précise et de toute manière plus réussie que le Geronimo (Matz/Jef) paru quelques mois plus tard, et que j’avais trouvé décevant. Il faut dire qu’il s’inspire directement de la biographie de Geronimo publiée par Barett au début du XXème siècle. J’avais découvert le travail de ces auteurs avec Yékini, le roi des arènes. Si cet album m’avais intéressé, j’ai préféré leur « Géronimo ». Sans doute parce que le sujet m’intéresse plus de prime abord, certes. Mais aussi parce qu’il est mieux réussi je trouve. Comme pour « Yékini, le roi des arènes », cet album est construit au départ comme une sorte de reportage, mêlant des photos (récentes, prises par les auteurs, mais aussi « d’époque », fin XIXème-début XXème siècles) à un très long développement racontant une histoire. D’abord la rencontre entre Geronimo et celui qui deviendra son biographe, Barett, et surtout le récit de la vie de Geronimo par lui-même (une série de flash-back entrecoupe les dialogues entre les deux hommes). L’ensemble est bien fichu, captivant, et la personnalité forte et attachante de cet irréductible assoiffé de liberté qu’était le chef apache est bien rendue. Au travers de son témoignage – et des tracasseries, pour ne pas dire plus dont souffrent les apaches, mais aussi Barett, pour recueillir le témoignage de Geronimo, on en apprend un peu plus sur la colonisation, et sur un pan de la société américaine, mercantile et a-historique (les photos prises près de la tombe de Geronimo sont parfois involontairement éclairantes et tristement drôles…). En tout cas, je vous recommande vraiment la lecture de ce petit pavé (près de 400 pages), bien construit, et solidement documenté. La courte bibliographie en fin de volume est elle aussi pertinente et très bonne.
On va suivre l'histoire de Géronimo qui fut l'ennemi public n°1 de la jeune nation américaine dans une ambiance purement western qui rappellera les films avec John Wayne. C'est un brave apache qui a vaillamment combattu pour défendre les droits de son peuple. Certes, il a scalpé de nouveaux crânes mais cette cruauté est basée sur un état de légitime défense. Il a également signé comme d'autres chefs indiens des traités de paix mais qui ont été à chaque fois bafoués par l'homme blanc. On découvrait des minéraux et autres richesses précieuses sur leur territoire et on les chassait sous des cieux moins cléments. C'est une véritable spoliation que les indiens ont subi. Je vais prononcer le mot : c'est une extermination voir un génocide au nom d'une civilisation soi-disant plus avancée. Cette bd est bien faite. C'est très long mais c'est pour mieux explorer l'état d'esprit d'un indien qui livre ses mémoires. C'est une histoire authentique. On est séduit par la sagesse de ce vieil homme qui a tant vécu et qui a connu également beaucoup de drames personnels notamment le fait que sa femme et ses enfants ont été tués par les soldats. On verra également des vraies photos en intermède ponctuel ainsi qu'un dossier complet en fin d'ouvrage. C'est très bien documenté. J'ai apprécié grandement ce travail ainsi que le message délivré par les auteurs qui ont fait un véritable travail de qualité. A noter que les auteurs sont de grands inconnus et qu'ils frappent fort pour une première oeuvre. Quelques anachronismes dans les dialogues sont à souligner pour être objectif. Erreur de jeunesse… Géronimo est un symbole qui reste encore assez contemporain quand on pense qu'on a appelé l'opération militaire du nom de code Géronimo, la liquidation d'un certain Ben Laden ! Oui, je n'invente rien car c'est précisément ce que va dénoncer cette oeuvre. Il y a parfois des détournements de symboles que les indiens maintenant assimilés n'ont d'ailleurs pas apprécié à juste titre. Pour le reste, c'est une bd à découvrir pour être conscient qu'une belle nation se construit parfois au dépend d'une autre. J'ai répertorié sur ce site déjà 4 autres séries sur Géronimo en y faisant parfois référence comme d'un lointain écho. Sans doute, celle-ci est la meilleure car la plus authentique. J'éprouve de la compassion pour ces indiens qui ont tant enduré mais également beaucoup de respect. Quand j'étais enfant, mon héros était John Wayne qui combattait les indiens. Maintenant, je le vois comme un salaud.
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