Gauguin - L'Autre Monde

J’ai traversé presque à reculons le premier quart de l’album. La construction avec certains flash-backs, mais surtout une certaine lourdeur scénaristique, faisant intervenir une flopée de « célébrités » (Mallarmé, Verlaine, etc, qui s’interpellent par leur nom de famille – pour que le lecteur s’y retrouve, au mépris d’un certain réalisme), et un dessin auquel je n’accrochais pas forcément, tous ces ingrédients passaient difficilement. Et puis, « fiat lux », je suis pleinement entré dans cette histoire que j’ai finalement appréciée. J’ai trouvé le reste de l’album bien plus fluide, à partir du moment où Gauguin est en Polynésie. Et j’ai surtout accroché à l’aspect graphique développé par Dori, rendant un bel hommage au travail du peintre, jouant sur les couleurs, une luminosité, une naïveté des traits se rapprochant du style de Gauguin. Comme j’ai bien aimé les interventions de plus en plus prégnantes de la mythologie polynésienne. Au final, alors que plusieurs auteurs se sont déjà penchés sur ce peintre atypique (j’avais lu récemment "Gauguin – Loin de la route"), j’ai trouvé cette version intéressante. Si la personne même de Gauguin n’est pas forcément faite pour déclencher l’empathie, l’artiste lui, est ici placé sous les projecteurs – et les rayons du soleil de Tahiti, de façon convaincante.

15/10/2020 (modifier)

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Gauguin a déjà donné envie à plusieurs auteurs de BD de raconter sa vie et son oeuvre. Il faut avouer que son style artistique coloré et envoûtant a de quoi charmer les dessinateurs. Cette nouvelle BD là, ne déroge pas à la règle, avec son graphisme très inspiré de celui du peintre, mais aborde la biographie de l'artiste par un angle assez original. Je vous explique. L'album s'entame par une vingtaine de pages qui s'apparentent à un bref résumé de la vie de Gauguin, un récit au rythme rapide qui parait survolé et presque frustrant. Mais c'est voulu. Car à la fin de cette introduction s'en vient la mort du peintre. Et là, son âme rencontre le dieu tahitien de la mort avec qui il va cheminer et à qui il va raconter sa vie cette fois de son point de vue personnel. C'est ainsi qu'avec lui, on va revenir plus en détails sur tous ces moments qu'on vient d'apercevoir brièvement et qu'on sera placé dans l'état d'esprit et l'imaginaire de l'artiste. Cette plongée intime dans la vie de Gauguin est intéressante et plutôt bien menée. Il s'y mêle des escapades imaginaires, des fantômes de son passé et de ses passions, ainsi que le folklore mythologique polynésien. Le tout est mis en image de très belle manière, mélangeant les styles, mais le plus souvent inspiré de celui de Gauguin lui-même et de ses couleurs étonnantes. C'est joli, varié, et on sent que l'auteur y a mis une bonne partie de son âme. Pour qui aime ce style graphique, c'est un vrai plaisir pour les yeux. L'histoire dans son ensemble ne m'a pourtant pas forcément enthousiasmé. Je suis resté un peu hermétique à l'obsession artistique de l'auteur et à l'égoïsme peu attachant qu'il implique pour lui et ses proches. Disons que j'ai trouvé le récit instructif mais qu'il ne m'a pas passionné.

06/04/2017 (modifier)

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