Le Coup de Prague

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)

Festival Polar de Cognac 2017 : Prix du meilleur one-shot ou de la meilleure mini-série BD Hiver 1948, dans le blizzard de la capitale autrichienne sous occupation des quatre puissances. Dépêché par le studio London Films, G. travaille à l'écriture de son prochain long métrage, assisté par l'énigmatique Elizabeth Montagu.


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Cette dernière, dont le passé militaire et les relations l'attachent aux services secrets britanniques, découvrira bien vite que le prétexte artistique dissimule de véritables tensions politiques et que les lendemains de guerre ne sont pas toujours chantants. Cette mission en apparence paisible basculera dès lors dans l'atmosphère sournoise d'une révolution fulgurante que l'Histoire retiendra sous le nom de "coup de Prague". L'illustrateur Miles Hyman, qui collabore avec de nombreux éditeurs et magazines, tel Libération, est aussi reconnu pour ses romans graphiques (Le Dahlia noir, La Loterie...). Pour sa première collaboration avec le scénariste Jean-Luc Fromental, il signe une oeuvre hybride qui s'amuse avec l'Histoire, plongeant dans les recoins inexplorés de l'après-guerre et du romanesque, entrelaçant les possibles en un récit aux multiples tiroirs, tel un jeu de piste admirablement mené. Un titre qui fera date.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Avril 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Coup de Prague © Dupuis 2017
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)
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07/04/2017 | Ro
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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En tout écrivain, il y a un espion qui sommeille. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa parution initiale date de 2017. Il a été réalisé par Jean-Luc Fromental pour le scénario et par Miles Hyman pour les dessins et les couleurs. Il comprend quatre-vingt-douze pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de onze pages intitulé Dossier Greene, écrit par le scénariste, structuré en plusieurs parties : Graham Green l’ennemi intérieur, Elizabeth Montagu l’honorable rebelle, Le troisième homme, Quatre dans une Jeep. Au début de l’année 1948, Elizabeth Montagu arrive en voiture à l’aéroport de Vienne. Elle n’était plus une gamine quand tout ceci est arrivé, mais elle avait gardé le romantisme, l’esprit d’aventure de la débutante que la guerre avait détournée d’un avenir doré écrit d’avance. Un peu actrice, un peu espionne, elle avait mis, depuis le retour de la paix, ses talents au service de la London Films, la compagnie de Sir Alexander Korda. Hiver 1948. Le plus froid de l’après-guerre. Un front sibérien ensevelissait Vienne sous un tombeau de glace. Sir Alex l’avait chargée d’accueillir G. à son arrivée de Londres. Son rôle était de le guider dans la capitale sous occupation des Quatre Puissances et de l’assister dans ses recherches pour l’écriture du film que Korda, Carol Reed et lui projetaient d’y tourner. G. et elle s’étaient croisés aux studios de Shepperton. Grande admiratrice de son œuvre, elle se réjouissait de ma mission. Une chose l’avait troublée. Dans un câble expédié de Brighton le jeudi précédent, G. annonçait un contretemps et lui demandait de télégraphier à sa femme : Bien arrivé – baisers – Graham. Il n’en fallait pas plus pour enflammer l’imagination d’une jeune femme romanesque. En l’attendant, ce soir glacial de février, elle se demande ce qu’il avait pu faire de son week-end volé. Dans l’aéroport, Elizabeth Montagu fait un grand geste de la main en direction de Graham Green pour attirer son attention. Il vient vers elle, lui serre la main, en s’excusant de l’avoir obligée à braver le blizzard. Un photographe aux lunettes de myope s’est approché, et prend rapidement un cliché de l’écrivain, puis il leur tourne brusquement le dos et s’en va sans mot dire. Au retour de Wien-Schwehat, le silence de Green emplit l’habitacle de la voiture et Montagu n’ose pas proférer un son. Le spectacle des ruines accapare l’écrivain. Elle sait qu’il avait vécu le Blitz, dont les hasards de la guerre l’avaient protégé. Peut-être compare-t-il les blessures de Londres à celles infligées par l’ennemi. Elle lui avait déniché une chambre à l’hôtel Sacher, un exploit dans cette ville pleine de snobs en uniforme. Ils pénètrent dans le hall de l’hôtel, et un groom prend le sac de voyage de Green pour le porter et l’amener jusqu’à sa chambre. Elle lui demande comment il trouve la chambre. Elle lui semble un peu fraîche, mais il sort une bouteille scotch de son sac : le réconfort du pèlerin. Ils trinquent, en oubliant les officiels qui attendaient Greene au Blaue Bar. Ceux-ci échangent entre eux, se demandant ce que Greene vient faire à Vienne. En fonction de sa familiarité avec l’écrivain Graham Greene (1904-1991), son histoire personnelle, son œuvre, le lecteur peut aborder cette bande dessinée avec différents niveaux de lecture. Le premier niveau correspond à un roman d’espionnage au début de la guerre froide, une opposition entre les pays du bloc de l’Ouest et ceux de l’Est, incarnée par les États-Unis d’un côté et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) de l’autre côté. Un écrivain est en repérage à Vienne afin de trouver des idées réalistes pour son scénario, en particulier l’activité criminelle à laquelle doit se livrer un personnage, et des lieux remarquables pour l’action, comme une discussion à haut risque et une course-poursuite. Le lecteur n’a pas accès en direct aux pensées de l’écrivain ; il se retrouve à supputer à partir des observations que fait Elizabeth Montagu, et des suppositions qu’elle-même fait. Il se retrouve à participer à cette dimension ludique, échafaudant hypothèses. Le scénariste dose admirablement bien ses ingrédients : de temps à autre, le lecteur sent qu’il perd pied faute de l’apparition d’un nouvel intrigant dans l’histoire ; tout de suite après les commentaires de Montagu ou les remarques sporadiques de Greene ou d’un autre interlocuteur viennent lui apporter une information qui lui permet de reprendre le fil de l’intrigue. La narration visuelle s’avère douce à l’œil : des contours discrètement arrondis, peu de traits secs, aucun cassant. Des couleurs elles aussi douces et souvent chaudes, un éclairage sans agressivité avec de temps à autre comme l’impression d’un projecteur bien orienté sur un visage par exemple, évoquant une mise en lumière telle qu’elle peut se pratiquer au cinéma. Pour un peu, un feuilletage rapide donne l’impression de dessins tout public, desquels toute agressivité a été gommée, jusqu’à aboutir à une apparence inoffensive. Pour autant, dès la première page, le lecteur ressent bien une représentation de la réalité très adulte. En l’occurrence, l’artiste fait œuvre d’une reconstitution historique très minutieuse, descriptive et dense. Sur ce premier dessine en pleine page, c’est le bon modèle d’avion, de voiture, de camion, d’uniforme militaire. La simplicité de la forme des deux bâtiments correspond pour autant à leur forme globale. Avec la troisième planche, le lecteur peut prendre la mesure de l’investissement de l’artiste dans la description des lieux : il ne manque par un montant, un chambranle, un luminaire aux pièces de l’aéroport. Il en va de même pour la chambre de Greene à Vienne, les mansardes sous les combles à Prague, les murs avec boiserie des cafés de Vienne, les tentures du club l’Oriental toujours à Vienne, les décorations sculptées des balcons de l’opéra Theater an des Wien, les cordages et décors dans les coulisses dudit opéra, les piliers et l’architecture intérieure de l’église Saint-Nicolas de Prague (Malá Strana), etc. Le lecteur ouvre également grand les yeux lors des séquences en extérieur : les ruines de bâtiments bombardés à Vienne, une allée du cimetière Zentralfriedhof où reposent Beethoven et Salieri, une collision évitée de peu entre un tramway et une voiture, une course-poursuite à pied dans des ruelles pavées de nuit, une descente dans les larges égouts de la ville, un petit tour dans la grande roue du Prater, les rues de Prague envahies par la foule, la vue de la mer depuis Anacapri, le Capitol de Washington le temps d’une case… D’un côté, ces environnements correspondent aux repérages de localisations pour tournage ; de l’autre côté, Graham Green et Elizabeth Montagu (1909-2002) s’y déplacent ou les traversent pour se rendre à leurs rendez-vous, de manière tout à fait organique. Ils séjournent à Vienne, à cette époque, elle servant de guide en fonction des endroits qu’elle connaît, lui ajoutant quelques destinations en fonction de ses contacts. Ces déplacements et ces lieux engendrent une dynamique dans la narration. Il s’agit bien d’un récit d’espionnage, dont les deux principaux protagonistes ne sont pas armés, ne servent pas d’armes. Ils se retrouvent à deux reprises mêlés à une agression physique, dont un meurtre, pour autant ce n’est pas un récit d’action, plutôt une enquête dans laquelle le rôle et les motivations de l’écrivain sont à découvrir. D’ailleurs celui-ci fait observer à Montagu que : En tout écrivain, il y a un espion qui sommeille. Le récit sera plus parlant pour un lecteur ayant une idée même vague de la carrière de Graham Greene, et ayant déjà entendu parler, ou vu, le film Le troisième homme réalisé par Carol Reed sur un scénario de Graham Greene, tourné en 1948 à Vienne, sorti en 1949. La bande dessinée se lit alors aussi bien comme un hommage à l’auteur, qu’au film. Le lecteur retrouve des éléments biographiques de sa vie, comme sa liaison avec Catherine Walston (1916–1978) ou son véritable passé d’espion au service du MI6 pendant la seconde guerre mondiale, et sa relation avec Kim Philby (1912-1988, Harold Adrian Russell Philby), officier du renseignement britannique. Il relève également les éléments du repérage de Greene à Vienne qui seront intégrés dans son scénario et figureront dans le film Le troisième homme, comme la grande roue ou les égouts de Vienne. Le scénariste se montre fin connaisseur de la vie et du film : dans le dossier en fin d’ouvrage, il fait référence à deux biographies de l’auteur, celle officielle établie par Norman Sherry avec l’aide de Greene, celle officieuse de Michael Shelden jetant un regard derrière la légende. En s’appuyant sur le premier niveau de lecture (une intrigue d’espionnage) et le second (la biographie et les repérages du film), les auteurs développent un troisième niveau de lecture : une analyse sur l’intention du scénario du film, s’avérant des plus convaincantes. Une très belle couverture attire l’œil du lecteur, par son élégance, et sa composition en plusieurs plans appelant différentes interprétations. Les auteurs retracent un moment très précis dans la vie du romancier Graham Greene : son exploration de Vienne en 1948 pour nourrir le scénario du film Le troisième Homme (1949). La narration visuelle séduit le lecteur par son élégance sophistiquée et la rare consistance de sa reconstitution historique. L’intrigue s’avère tout aussi sophistiquée, mêlant espionnage, découverte de différentes facettes de Vienne, et intention plus ou moins consciente de l’auteur. Élégant.

26/10/2024 (modifier)
Par Montane
Note: 4/5
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Myles Hyman est peut être plus un illustrateur qu’un dessinateur de bd pur. Néanmoins ses incursions dans le monde de la bande dessinée ne laisse pas indifférent ( La loterie). Il revient ici avec un album de qualité qui nous relate l’atmosphère qui règne en Europe après la seconde guerre mondiale. Le Bloc Communiste ne s’est pas encore totalement installé même si on devine aisément les intentions de Moscou. Vienne ou se déroule en grande partie l’histoire mais aussi Prague sont truffées d’espion. On se jauge, on s’observe. Certains tentent de faire oublier leur rôle pendant la guerre, d’autres veulent fuir l’avancée communiste. Le scénario de Fromental est remarquable mais complexe. Il faut soigneusement noter les noms de tous les protagonistes pour bien suivre l’histoire. Cette histoire m’a fait penser au film «  la taupe » avec Gary Oldman et Colin Firth qui est exactement dans le même esprit. Le trait de Hyman quoique un peu figé nous offre quelques superbes tableaux de cette Europe d après guerre ou la guerre froide va s’installer progressivement. Une très belle histoire qui devrait ravir les amateurs de récits d’espionnage; je pense par exemple aux fans de Blake et Mortimer

01/12/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui mélange fiction et réalité dans un des épisodes d'espionnage les plus marquants de la rivalité Est/Ouest. L'excellent scénario de Fromental s'appuie sur une lecture de la création du "Troisième homme" de Carol Reed écrit par Graham Greeene et sur la biographie d'Elizabeth Montagu qui accompagne Greene dans sa visite de Vienne en 1948. Dans cette affaire la réalité a dépassé la fiction et le scénario de Fromental construit petit à petit un édifice digne du Mission Impossible de Brian de Palma. Il y a d'ailleurs beaucoup de similitudes entre les deux histoires qui passent par Prague puisqu’une mission en cache une autre bien plus importante, débusquer une taupe. Le dossier en fin d'ouvrage nous aide à mettre en perspective la personnalité des intervenants (réels), le contexte historique et les enjeux diplomatiques de cet épisode. Le rythme est lent avec beaucoup de narration en voix off ce qui donne un récit où la réflexion l'emporte de loin sur l'action. Le lecteur doit se montrer patient comme la belle Elizabeth qui doit construire sa compréhension de la situation au gré des informations qu'elle collecte petit à petit. Pas de gadget ni de cabriole surhumaine mais une ambiance glacée de ville espion à la position stratégique. C'est le deuxième album de Miles Hyman que je lis et son graphisme me déroute toujours autant. Je trouve ses personnages assez figés mais comme dans le "Dahlia noir" son trait est très cohérent avec l'ambiance de l'histoire. Hyman réussit à traduire cet univers feutré rempli de faux semblants où tout se comprend par demi-mots ou par les silences. Un très bon moment de lecture dans une double histoire du cinéma et d'espionnage bien ficelée.

24/04/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Je ne suis pas du tout rentré dans cet album que je trouve ennuyeux. Personnellement, j'aime bien les histoires d'espionnage du moment que ce n'est pas un truc de genre James Bond avec plein de gadgets. Je préfère lorsque c'est plus réaliste comme c'est le cas ici et je pensais donc que le récit allait me plaire. Sauf que je ne suis jamais rentré dans le scénario à cause du rythme que je trouve trop lent (je n'ai pas du tout eu l'impression que l'album se lisait vite) et du dessin qui manque vraiment de dynamisme et même de vie. J'ai eu souvent l'impression en regardant les visages figés des personnages qu'ils n'en avaient rien à foutre de ce qui se passait. Avec un autre dessinateur j'aurais peut-être mieux accroché. Dommage....

02/08/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’album est relativement épais (plus de 110 pages), mais se lit assez vite, car il n’y a pas trop de dialogues. L’intrigue se déroule dans les premiers mois de la Guerre froide, à Vienne essentiellement, puis à Prague vers la fin (au moment du « coup de Prague », qui donne son titre à l’album, c’est-à-dire lors de la prise de pouvoir par les communistes en Tchécoslovaquie). L’histoire est centrée autour de Graham Greene et d’une femme, les deux ayant travaillé pour les services secrets occidentaux pendant la guerre, et continuant de le faire, au milieu d’un gros panier de crabes, Vienne étant à l’époque (avant que l’Autriche ne soit sous statut neutre et bascule dans le camp occidental) un marigot, lieu de rencontre entre les barbouzes français, anglais, américains et russes, mais aussi de tous ceux qui avaient fricotté avec les Nazis et qui essayent de s’acheter une nouvelle virginité ou de fuir vers des cieux plus cléments (dictatures d’Amérique latine par exemple). On trouve ici aussi des connexions avec les réseaux anglais qui trahiront au profit de l’URSS. Bref, il y a de la matière, que Fromental utilise avec parcimonie, il ne donne pas dans la surenchère. Le rythme est assez lent, mais on ne s’ennuie pas. C’est clairement un album de genre, pour les amateurs d’histoires d’espionnage, d’ambiance sulfureuse, où l’on ne sait plus qui trahit qui. C’est aussi une mise en abime à plusieurs degrés, puisque parlant de Greene qui parle de lui-même dans ses romans, en prenant quelques distances avec la réalité. Le dessin de Hyman est bon, gras, même s’il n’est pas de ceux que je préfère. Je trouve les visages un peu trop figés. En fin d’album, un dossier présente les protagonistes, l’œuvre de Greene et certaines adaptations cinématographiques (« Le troisième homme ») en liaison avec cette histoire, qui mêle réalité, romanesque et désinformation. Divertissant. Je ne connaissais que de loin Greene, et, même si cet album est plutôt réussi, il ne m’a pas vraiment donné envie de mieux connaître ce personnage, dont la personnalité versatile et à la morale fluctuante n’en fait pas quelqu’un d’appréciable.

07/06/2017 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
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Hasard de mes lectures, je m’étais intéressé à ce qui restera dans l’histoire de la Guerre Froide comme étant "Le coup de Prague" en lisant le roman d’Antoine Choplin, "Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar ", qui se déroule en Tchécoslovaquie. Paradoxe de cette bande dessinée intitulée "Le coup de Prague", l’histoire se déroule presque exclusivement à Vienne, dans l’immédiate après guerre, en hiver 1948. Nous sommes plongés dans un nid d’espions, dans une ambiance -la chaleur en moins- digne du film "Casablanca " mais pendant la guerre froide. C’est sans nul doute sur le seul nom de Miles Hyman que j’ai acheté ce one shot. Depuis son adaptation du Dahlia noir, je ne manque plus un de ses livres, jusqu’à son art-book "Drawings" sorti en 2015. Voilà un auteur qui me fascine, dont le dessin au fusain est reconnaissable entre tous. Chaque case est un véritable tableau, et les vignettes sous la neige de Vienne sont de toute beauté. On a d’ailleurs souvent rapproché son style à celui d’Edward Hooper. Cet album, sur un scénario de Jean-Luc Fromental, nous offre une histoire complexe mais passionnante mêlant l’Histoire, la littérature, le cinéma, la création et l’espionnage, le tout sur 96 pages riches et denses. En suivant, Graham Greene à Vienne, puis à Prague dans cet hiver 1948, Fromental explore une zone d’ombre dans la vie de l’auteur, qui se mue ici en espion ou en écrivain en mal d’inspiration pour rédiger ce qui sera son roman le plus connu grâce à l’adaptation cinématographique qui en sera tiré, " le Troisième homme ". C’est intelligent, parfois difficile à suivre (il ne faut pas s’emmêler les pinceaux entre les services de l’IS, du KGB ou de la CIA) dans un contexte politique assez complexe entre les grandes puissances. Et l’histoire prend toute sa saveur lorsque l’on découvre les dernières pages du livre. Une gageure ! Très habile ! Ce n’est certes pas une bande dessinée qui se lit en 10 minutes, ce qui en fait évidement tout le charme. En tout cas, comme son précédent livre, La Loterie (un de mes coups de cœur de l’année 2016), je relirai avec plaisir cet ouvrage qui, sur un scénario adroit de Fromental, nous offre de magnifiques planches signées Miles Hyman. Les éditions Dupuis ont, en outre, eu l’intelligence de présenter à la fin de la bande dessinée, un dossier, signé Jean-Luc Fromental, consacré aux principaux protagonistes de l’histoire, ce qui m’a donné envie de revoir le film de Carol Reed, "le Troisième homme ".

24/04/2017 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Un récit d'espionnage à l'ancienne dans tout ce qu'il a de plus classique. Se déroulant en Europe centrale, entre Vienne et Prague, en 1948, il mélange ambiance d'après seconde guerre mondiale et début de la guerre froide, anciens nazis et futur KGB. Sa particularité est de mettre en scène des personnages historiques réels et de les intégrer dans une intrigue fictionnelle mais crédible, qui pourrait bien être véritable sous couvert du secret. L'héroïne y est une femme. Pas une vamp, ni une baroudeuse, c'est une simple ancienne actrice s'étant engagée pour les services de renseignement anglais durant la guerre. Maintenant que celle-ci est finie, elle travaille désormais pour une société cinématographique et lui fait profiter de ses nombreuses relations à Vienne en permettant à un de ses scénaristes, romancier célèbre, de rencontrer de troubles personnages de la ville autrichienne pour préparer son futur film. Sauf que quand on a trempé une fois dans l'espionnage, il semble qu'on ne puisse plus s'en éloigner. Et il y a beaucoup trop de gens qui tournent autour de ce fameux scénariste, lequel cache visiblement ses vraies motivations à sa guide. Le style graphique de Miles Hyman participe de l'ambiance de vieux classique de cette bande dessinée. Proche de l'illustration, il est soigné, sobre et il s'en dégage une atmosphère sérieuse et grave. En élégantes couleurs directes, il est agréable à lire et à regarder. L'intrigue, pour sa part, tient la route. Elle contient quelques péripéties un peu stéréotypées, comme les deux espions qui se tuent mutuellement comme par hasard, mais ce n'est pas déplaisant. Comme dans la plupart des récits d'espionnage, il faut parfois s'accrocher pour s'y retrouver entre les personnages masquant tous leurs intentions et les nombreux non-dits. Ne serait-ce que l'explication finale qui dévoile les clés de l'intrigue et le message que fait passer le film du fameux scénariste sont en eux-mêmes un peu ardus à saisir. D'autant que s'y ajoutent, si le lecteur était curieux d'en savoir plus, plusieurs pages de texte dense et complexe en fin d'album qui détaillent les faits historiques concernant les deux protagonistes principaux du récit et le film en question. J'avoue m'y être un peu perdu car ils abondent d'informations sur des sujets, des personnages et des œuvres dont je ne connaissais absolument rien. Si vous êtes amateurs de bons vieux récits d'espionnage à l'ancienne, ce bel album est pour vous. Gare cependant à ceux qui sont plus réticents à aborder un intrigue complexe et demandant une petite part de réflexion et d'érudition pour être bien assimilée.

07/04/2017 (modifier)