L'Ombre aux tableaux
1992 : Prix Canal BD Un artiste-peintre devenu clochard finit par rencontrer le succès. Pas de chance pour lui : c'est un succès posthume, auquel son fantôme assiste, impuissant...
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Arthur Cornier, qui peint des toiles abstraites sous le pseudonyme d'Art Corner, n'a plus un sou ; il est à la rue. Carlos, un clochard qui a tenté de lui voler ses affaires, se lie d'amitié avec lui et décide de lui apprendre les combines pour survivre dans sa nouvelle situation de SDF. Les deux compères croisent la route d'Ariane Duverny et de son frère Albin, des marchands d'art. Carlos croit faire une bonne à faire en leur vendant les 4 derniers tableaux d'Arthur, sans le consulter, pour la somme de 400 francs. Arthur est furieux : ce n'est même pas le prix de la toile vierge ! Peu de temps après, les Duverny revendent l'un de leurs "Art Corner" à un collectionneur pour... 30.000 francs !Ils lui promettent d'autres toiles, qu'ils espèrent pouvoir acheter à Carlos pour des sommes dérisoires. Mais entre-temps, l'artiste est mort : la vie de clochard, ça ne conserve pas longtemps. Mais Arthur n'a pas complètement quitté ce monde : son fantôme est resté sur Terre, et va nouer une relation privilégiée avec Ariane Duverny, la seule à pouvoir le voir.
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Date de parution | Février 1991 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L’intrigue de cet album (mon avis ne porte que sur l’album « L’ombre aux tableaux », dans l’édition Albin Michel, je n’ai pas lu l’intégrale Drugstore) peut paraître légère au départ, mais ce n’est pas grave, car l’essentiel réside dans les « portraits de groupes » réalisés par Jean-Claude Denis, qui nous décris ici deux monde censés ne jamais se rencontrer : celui des SDF et autres pauvres des rues, avec leurs combines pour s’en sortir, leurs combats quotidiens, et celui de la bourgeoisie, des galeries d’art branchées. Les travers des seconds sont bien rendus, avec une fatuité, une prétention qui confinent souvent au ridicule. Mais le monde de la rue est lui aussi bien défendu. Il est montré sous un jour sans doute plus positif par Denis, en particulier avec le personnage de Carlos, roi de la débrouille, qui initie le héros (peintre incompris et dans la dèche, qui meurt sans savoir que ses toiles commencent à intéresser les snobs) à la survie dans la rue. Ces deux univers se rencontrent à deux reprises, de façon artificielle. D’abord lorsque les snobs organisent une soirée déguisée sur le thème « poubelle ». Ensuite lors de la rencontre entre le héros et une jeune galeriste (dont l’évolution donne du sel à l’histoire). En tout cas cette histoire se laisse lire agréablement, facilement (j’aime plutôt le dessin de Denis ici), et le fantastique, qui s’invite dans l’histoire dans la deuxième moitié de l’album est plutôt léger et en tout cas passe bien. Je regrette juste un manque de profondeur, de dynamisme.
Je n'ai lu que l'édition originale Albin Michel, après avoir entrevu distraitement ce récit indépendant dans l'Echo des Savanes en 1990. Si je l'ai lu, ce n'est pas tellement par goût, mais parce que j'apprécie depuis longtemps le trait Ligne Claire de J.C. Denis, et depuis Luc Leroi, la plupart de ses personnages sont intéressants dans leur désespoir ou leur situation de paumé. Dans le cas présent, ce conte fantastique au romantisme doux-amer est une comédie de moeurs bien menée qui permet de voir le monde de l'art avec ses parasites, ses ignares qui veulent se donner un genre et ses friqués infatués. Cette vision des galeristes est assez juste, je connais un peu cet univers car une de mes tantes a tenu une galerie à Paris, et il m'est arrivé lors de vernissages de côtoyer une faune de gens détestables. Denis oppose ce monde à celui de la rue où des pauvres types dorment sur le trottoir ou dans des wagons désaffectés. Là aussi, la vision est très proche de la réalité. Mais j'ai trouvé ce récit un peu futile et vain, il n'en ressort rien de positif, c'est même très déprimant. Seul le dessin de J.C. Denis toujours clair et parfait me convient ici, pas grand chose d'autre ; je préfère ses récits intimistes comme Tous à Matha ou Quelques Mois à l'Amélie...
La réédition de ce titre chez Drugstore comporte, outre l'album cité dans le titre, trois autres récits publiés dans le recueil Bonbon piment. Mon présent avis reprend donc en partie celui concernant Bonbon piment. Bon, c'est pas mal en effet ces petites histoires... Si on passe outre le fait qu'elles ont toutes comme thème principal des petits blancs qui ont des aventures avec des jeunes femmes à l'autre bout du monde, et que ces histoires finissent mal... On n'est quand même pas loin du fantasme de l'aventure exotique sans lendemain, ou de la bluette romantique un peu trop naïve... La plus sympathique de ces histoires est tout de même "Maï Pen Raï", que j'ai trouvée assez bien foutue, malgré cette atmosphère un poil naïve. Le trait de JC Denis, assez particulier et marqué "ligne claire", n'est pas désagréable et sert de façon assez efficace ses récits, plutôt basiques. Je regrette toutefois le manque d'expression de certains de ses personnages, masculins en particulier. Concernant l'Ombre aux tableaux, l'histoire m'a semblé sympathique et assez bien menée, même si sans génie. Comme le souligne Ems, les personnages de JC Denis sont souvent, sinon toujours, en décalage ; on n'a pas l'impression d'avoir affaire à des gens normaux... Dans ce récit le milieu du marché de l'art est légèrement égratigné, mais cela est fait sans surprise, on voit venir de loin les manigances du galeriste, par exemple... Bref, sympa, mais sans plus.
Cette BD se lit bien mais manque cruellement de consistance. Le passage clé de la BD est même laissé à l'imagination du lecteur, qui comprendra ce qu'il veut pour le final. Ce one shot est moyen à tout point de vue, pas franchement mauvais mais insuffisant sur tant de points. Le dessin est agréable mais il manque de personnalité et a pris un coup de vieux. Les couleurs sont efficaces mais discrètes. Le scénario met en action des personnages antipathiques dans l'ensemble. Ils sont manipulateurs ou idiots, aucune relation ne m'a paru saine. C'est cet état d'esprit futile qui rend cette BD sans saveur et la vide de son sens. J'ai trouvé des erreurs de rythme dans le récit, où des passages importants sont survolés ainsi que l'inverse. Cette BD peut permettre de combler une demi-heure de temps libre mais n'a pas sa place dans ma bibliothèque...
Je n'ai pas encore lu tout J.-C. Denis, mais je pense désormais que la BD par laquelle je l'ai connu, Quelques Mois à l'Amélie, a été le seul coup de maître de son oeuvre, constituée d'albums sympathiques et de bonne qualité, mais sans réel génie. "L'Ombre aux tableaux" s'inscrit dans cette série de titres qu'on lit avec plaisir mais qui ne laissent pas un souvenir impérissable. Denis y accommode quelques-uns de ses ingrédients fétiches (des losers sympas, une jolie brune, une relation homme-femme contrariée) à la sauce fantastique (genre qu'il avait déjà frôlé dans Bonbon-piment) et agrémente le tout de quelques piques bien senties envers le milieu des marchands d'art. Le résultat se laisse lire sans ennui.
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