Le Soldat Inconnu (The Unknown Soldier)

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)

Garth Ennis donne sa vision du Soldat Inconnu, personnage créé dans les années 70 par Joe Kubert.


Auteurs britanniques DC Comics Les petits éditeurs indépendants Vertigo

L'agent William Clyde, de la CIA, enquête sur une liste de personnes suspectées d'être impliquées dans un trafic d'armes. Il s'aperçoit que quelqu'un a piraté ses fichiers informatiques pour ajouter un nom à la liste, celui de Joshua Markewicz, un militaire à la retraite atteint de la maladie d'Alzheimer. Certain que ce nom n'a rien à faire sur sa liste, l'agent Clyde rend visite au vieil homme à sa maison de retraite. Il apprend que celui-ci a déjà été interrogé, quelques temps plus tôt, par un autre agent de la CIA qui lui a demandé de lui parler d'un certain "Soldat Inconnu". Le Soldat en question est un ancien G.I. défiguré par une grenade, que le gouvernement américain a rafistolé pour l'utiliser comme agent secret. Sous le nom de code "Soldat Inconnu", il participe à tous les conflits armés dans lequel les États-Unis s'impliquent officiellement ou officieusement depuis la Seconde Guerre Mondiale. En Iran, au Viêt-Nam, au Nicaragua, le Soldat exécute toutes les basses besognes sans poser de questions. La raison de ce dévouement aveugle ? En 1944, il est entré dans le camp de Dachau (c'est là que Markewicz l'a rencontré), que l'armée américaine venait d'investir. Il a vu quelles horreurs avaient commises les Nazis, et en est devenu fou. Puisque les Nazis étaient capables de tels crimes, c'est qu'ils étaient le Mal absolu. Donc, puisque les États-Unis les avaient combattus, c'est qu'ils étaient forcément le Bien absolu. Partant de ce raisonnement, le Soldat Inconnu décide que les États-Unis ont désormais toujours raison, que tous leurs combats seront justes, que tous les moyens utilisés pour les remporter seront acceptables, et donc qu'il pourra commettre les pires crimes au nom de sa patrie. Peu après son entretien avec le vieil homme, Clyde constate qu'un nouveau nom a été ajouté à sa liste... et apprend la mort de Markewicz dans l'incendie "accidentel" de sa maison de retraite. Il se met alors à enquêter sérieusement sur le mystérieux Soldat Inconnu qui, à 75 ans, serait toujours en activité au service du gouvernement américain... D'autres noms apparaissent sur la liste de Clyde et, chaque fois, il s'agit de militaires ayant eu affaire au Soldat. Et chaque fois, ils sont abattus juste avant ou juste après la visite de l'agent Clyde...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1998
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Soldat Inconnu © Le Téméraire 1998
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)
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16/11/2002 | Cassidy
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Par Présence
Note: 4/5
L'avatar du posteur Présence

Soldat : un métier pas comme un autre - Ce tome regroupe les 4 épisodes d'une minisérie publiée par Vertigo, parus initialement en 1997. le scénario est de Garth Ennis, et les illustrations de Kilian Plunkett, avec une mise en couleurs de James Sinclair, et des couvertures de Tim Bradstreet. Il s'agit d'une histoire complète indépendante de toute autre. Au cimetière militaire d'Arlington en Virginie, le Soldat Inconnu (unknown soldier) formule un voeu. Il se souvient de l'adage qui veut qu'un homme placé au bon endroit et au bon moment peut faire toute la différence... et gagner la guerre. Il espère de tout coeur que cet adage s'appliquera à lui une dernière fois. La scène suivante se passe à Langley et concerne l'agent William Clyde de la CIA (Central Intelligence Agency) qui doit répondre du fait qu'il a laissé un survivant lors de sa dernière mission d'assassinat. Clyde explique qu'il s'agissait d'un enfant de 10 ans, que les paramètres de sa mission ne spécifiaient par l'exécution d'un enfant et que lui et son équipe étaient absolument méconnaissables et inidentifiables. Il rejoint en suite son bureau pour découvrir qu'il est destinataire d'une liste de noms sur son ordinateur, sans plus de détails. L'ambiance de travail le désigne comme un bosseur entièrement dévoué à son métier, sans lien affectif avec ses collègues dont il est la risée, à commencer par Rebecca Wallace, une agent de terrain à la répartie acérée. Il décide de rendre visite à Joshua Markewicz, le dernier nom de la liste, dans sa maison de retraite. Ce dernier s'étonne de cette visite car il a déjà tout raconté à l'agent Andersen qui était venu le voir il y a un an. Il parle à Clyde de la libération du camp de Dachau le 29 avril 1945, et de la présence d'un soldat à la carrure massive, avec la tête recouverte de bandages. C'était l'époque où la branche éditoriale Vertigo servait à DC Comics pour tester des versions plus adultes de ses personnages les plus obscurs. Unknown Soldier a été créé en 1966 par Robert Kanigher et Joe Kubert (l'équipe historique des aventures de Sgt. Rock). C'était l'époque où le monde des comics américain découvrait le mordant d'un petit jeune venu de l'autre coté de l'Atlantique : Garth Ennis. Avec le recul, il est possible de reconnaître un thème cher à cet auteur : la nécessité de la guerre. L'enquête de l'agent Clyde permet à Ennis d'évoquer Dachau, mais aussi l'implication des États-Unis dans le régime du Chah en Iran en 1953, la guerre du Vietnam, les opérations secrètes au Nicaragua, etc. À chaque évocation d'un conflit, il est visible qu'Ennis sait de quoi il parle même si les opérations sont fictives. Par exemple lors de la scène de la libération du camp de Dachau, il évoque le fait réel que certains soldats ont massacré les officiers de sang froid en découvrant l'étendue de l'horreur de ce camp de concentration. En termes de structure narrative, il est possible également de reconnaître l'une des faiblesses d'Ennis : sa propension au long dialogue, très long (tout l'épisode 4 en fait). D'un coté le lecteur peut être rebuté par l'aspect artificiel de ce dispositif, pas très bien adapté au médium visuel qu'est la bande dessinée. de l'autre coté, c'est également la preuve qu'Ennis a d'autres ambitions que le simple comics d'action spectaculaire ou glauque. Il s'agit d'une histoire qui se lit facilement, plutôt linéaire, à l'exception des individus évoquant leur rencontre avec l'Unknown Soldier. Ennis sait rendre crédible l'agent Clyde, ainsi que Screwball, l'exécutrice qui l'accompagne pendant deux épisodes. La scène finale expose longuement le point de vue des personnages dans un décor inattendu et macabre à souhait. L'histoire se conclut de manière nette et définitive. L'histoire est illustrée par Kilian Plunkett dont le style rappelle parfois celui de Carlos Ezquerra, en plus photoréaliste, moins viscéral, avec le même recours à des traits non signifiants pour figurer l'usure du temps, la fatigue des individus sous le fardeau de leurs responsabilités, ou la noirceur de leurs actions. Cette approche réaliste apporte la crédibilité nécessaire à cette enquête à la recherche d'un individu légendaire. Dès les deux premières pages, le lecteur a tout de suite reconnu le cimetière militaire d'Arlington. L'évocation de Dachau est sommaire (il est vraisemblable que Plunkett ne disposait pas de références photographiques), mais en totale adéquation avec la nature même de la scène, le moment traumatisant pour l'Unknown Soldier. Lors de l'évocation de la guerre du Vietnam, il est visible que Plunkett est plus à l'aise ; il emprunte même la technique de dessins de souillures utilisée par Bradstreet dans ses couvertures. Il arrive même à rendre presque crédibles les bandages de la tête de l'Unknown Soldier en les dessinant à la frontière entre le réalisme et l'assemblage purement conceptuel. Plunkett est encore plus crédible pour toutes les scènes avec des individus normaux, sans action. Dans la maison de retraite, Joshua Markwicz fait vraiment son âge avec sa peau ridée, sa posture voutée, ses joues flasques, etc. La première page de l'épisode 2 montre la cuisine de l'appartement de William Clyde, vue de l'extérieur avec le trou fait par une balle dans le carreau de la vitre. À la fois il s'agit d'un angle de vue classique, à la fois il exprime tout le désarroi de Clyde. Il conçoit des mises en scènes qui permettent de rendre vivante les conversations, mais qui trouve sa limite dans le dialogue imposant du dernier épisode. Les scènes d'action sont également vivantes, sans être transformées en un ballet séduisant. Là aussi Plunkett sait accorder son mode de représentation à la tonalité du récit qui met en avant la virilité des soldats, et l'horreur de la boucherie, le prix à payer pour massacrer froidement pour atteindre l'objectif, pour accomplir la mission. Sans constituer un ouvrage majeur dans la bibliographie d'Ennis, cette histoire se laisse relire avec plaisir. Elle présente une vision nuancée de l'armée (et de la CIA) comme instrument de paix nécessaire, comme instrument très sale, et très salissant pour les individus accomplissant ce métier. Il est beaucoup plus critique sur les individus donnant les ordres et sur la moralité élastique de la nation des États-Unis. Unknown Soldier a effectué un retour remarqué des années plus tard dans une série de Joshua Dysart et Alberto Ponticelli en 2008.

13/06/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 J'ai bien aimé cette mini-série où Ennis reprend un personnage que je ne connaissais pas. D'ailleurs le héros de l'album n'est pas le Soldat Inconnu, mais un agent de la CIA qui enquête sur lui. Comme souvent, Ennis va dénoncer les travers des puissants (ici c'est bien sûr l'impérialisme américain qu'il attaque) et il le fait au travers des agissements du Soldat Inconnu qui est prêt à tout pour combattre les ennemis de l'Amérique. Bon, la dénonciation n'est pas des plus originales et n'importe qui ayant lu un livre d'histoire ne va pas être trop surpris par ce que révèle Ennis, mais j'ai tout de même trouvé que le scénario était prenant. Il faut dire qu'il y a un vrai scénario avec du vrai suspense et que ça ne se résume pas à un type qui va apprendre toutes les horreurs que le gouvernement américain a faites depuis la seconde guerre mondiale. Ajoutant à cela que le dessin est correct et que même si le scénario manque de subtilité, Ennis ne tombe pas dans ses travers en faisant un truc trop bourrin ou en ajoutant plein d'humour vulgaire.

06/04/2019 (modifier)
Par Ems
Note: 3/5

"Le Soldat Inconnu" n'est pas un récit militaire, il en traite les aberrations et surtout les manipulations politiques notamment américaines. Un agent de la CIA va se retrouver à enquêter indirectement sur un soldat inconnu impliqué dans des interventions peu glorieuses et très meurtrières, et ce officieusement pour le compte des USA. Au fil des rencontres on en apprend toujours plus sur ce soldat inconnu. Cependant les preuves disparaissent rapidement car les morts se multiplient. Ennis nous fournit un scénario maitrisé dans lequel il dénonce l'interventionnisme américain dans les conflits mondiaux lors de la seconde moitié du XXème siècle. Ce n'est pas nouveau mais l'histoire est bien amenée et sans compromis. La manipulation est complète, les scrupules sont absents, etc... : le tableau n'est pas ce que l'on pourrait appeler des plus réjouissants. Les propos sont entiers et expriment toute l'horreur de ces actes politico-militaires sans limites, tant que le résultat est atteint. Le dessin de ce one-shot est correct, il convient au récit et sait se mettre au service du scénario en n'en faisant jamais trop mais suffisamment pour que la mise en image soit expressive. Dans "Le Soldat Inconnu", on retrouve un Ennis qui dérange sans que cela soit gratuit, il y a des cibles et un parti pris assumé. L'ensemble est prenant et plaisant malgré l'ambiance lourde due aux exactions des protagonistes. Je suis agréablement surpris par cette lecture plus sérieuse sur ses thématiques que ce que j'attendais. Note finale : 3,5/5

19/09/2011 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Comme expliqué dans l’introduction de cet album, le soldat inconnu reprend un personnage créé en 1970 et mettant en scène à l’époque un guerrier secret américain durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais cette nouvelle histoire imaginé par Garth Ennis imagine ce qu’un tel super soldat deviendrait après la fin de la Seconde Guerre Mondiale s’il restait toujours totalement fanatique et convaincu de la justice et du bon droit de la nation Américaine face à l’ensemble du reste du monde. C’est donc une critique directe et très acide de l’action des USA et notamment de la CIA sur le plan internationale durant la seconde moitié du 20e siècle, avec des exactions diplomatiques et humanitaires en Iran, au Vietnam, au Nicaragua, etc., avec à chaque fois à leur tête le Soldat Inconnu. Et tout cela nous l’apprenons sous la forme d’une enquête de nos jours d’un jeune agent de la CIA qui va chercher, contre l’avis de ses supérieurs, à découvrir la vérité sur ce personnage mystérieux. C’est un bon récit, très bien mené et raconté. Et son message, même s’il est ambigu puisqu’il confronte deux idées des Etats Unis d’Amérique glorifiés ou fanatisés, est assez fort quoique manquant un peu de finesse. Le dessin pour sa part convient bien au récit même si je n’en suis pas particulièrement fan. Bref, un bon comics au sujet assez original et bien construit. Pas un chef-d’œuvre mais une bonne lecture.

27/08/2007 (modifier)
Par JJJ
Note: 3/5

L'intrigue tient la route est et plutôt bien construite, même si au delà de la trame de la dénonciation, au delà des sombres magouilles des services secrets américain, c'est le personnage principal qui est intéressant ici. Le soldat inconnu. Le soldat inconnu est ici décrit comme un mal nécessaire de l'armée américaine, un combattant exceptionnel, dépourvu d'états d'âme, ne montrant aucune pitié. Le soldat n'a ni nom, ni visage, il s'occupe des boulots les plus sales. Le ton du premier degré est bien sur volontairement employé. Un personnage totalement dégénéré, ambigu, une sorte de victime, un personnage loin de n'être qu'une sombre brute. D'autres personnages se révèlent aussi intéressant, dans le genre taré, on a droit à la Teigne, une machine à détruire. Garth Ennis est bon pour créer des personnages à la fois totalement dégénérés et crédibles, certaines choses sont bien sûr difficiles à croire mais compte tenu du traitement démesuré, la pilule passe plutôt bien. Quant aux dessins de Kilian Plunkett, je ne les trouve pas mauvais, son trait parait peut-être parfois assez brouillon, mais à mon sens ce n'est pas de la laideur. Je trouve même son style assez percutant. Le Soldat est une BD plutôt bonne, un bon moment, plein de grands discours osés et de meurtres abominables. Garth Ennis n'abuse pas d'humour dans cette histoire, son propos reste assez froid, même si certaines situations peuvent parfois -et au vu du contexte c'est vraiment un paradoxe- faire sourire. A lire. JJJ

07/12/2006 (modifier)
Par Cassidy
Note: 3/5

Une intrigue entre "X-Files" et XIII, assortie d'un commentaire intéressant sur l'interventionnisme brutal des États-Unis dans le monde, et le discours qui permet aux gouvernements US d'envoyer le brave citoyen américain tuer ses semblables dans le Tiers-Monde en le convainquant que c'est parce que son camp est "l'Axe du Bien". A défaut de contituer une oeuvre de dénonciation hyper originale et courageuse, c'est un peu moins usé que l'habituel discours sur l'air du "salauds de ricains qui ne font la guerre que quand leur sale fric est en jeu". En plus, contrairement à une autre BD "critique" comme Uncle Sam, là au moins il y a un véritable scénario, pas une succession de saynètes grandiloquentes et soporifiques... Bon, cela dit, ce n'est pas la meilleure BD de Garth Ennis (qui reste l'excellentissime Preacher), et en plus, le dessin de Plunkett est pas super beau. Mais ça reste un bon titre. Comme tout le reste du catalogue des défuntes éditions Le Téméraire, vous pouvez le trouver pour 3 ou 4 euros chez certains soldeurs (inconnus) (j'ai honte de ce jeu de mots pourri mais je n'ai pas pu m'empêcher de le mettre). Au fait, youpi, la 1500ème BD postée sur BDT est de Garth Ennis, et c'est moi qui l'ai ajoutée.

16/11/2002 (modifier)