Les Années Spoutnik
La jeunesse "dorée" de gamins dans un village à tendance communiste, dans les années 50 et 60
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Baru Grand Est Les ritals
1957, dans le petit bourg de Sainte-Claire, en Lorraine. La tension monte entre les mômes de la cité et ceux du plateau voisin. Sainte-Clairiens têtes-de-chien contre Boncornards têtes-de-lard ! Le village est divisé en 2, et faut pas mélanger ! les "par en haut" et les "par en bas" se font une gueguerre de gosses, à coup de boules de neige, de cailloux et de parties de foot. Le 1er tome, Le penalty, raconte comment les "par en haut" doivent venger leur honneur face aux "par en bas", au foot. Dans le 2e, une guerre intestine secoue les "par en haut" : les petits ne veulent plus du "Gros" comme chef, ils lui préfèrent Ivan, dit "Goret". Mais il y a des règles. Pour être le chef, Ivan doit battre Jeannot à 5 épreuves. Pas facile ! Le 3e tome raconte comment Ivan et ses amis ont réussi à faire fuir le haut dignitaire russe invité à une fête, avec une fusée faite maison... Autant dire une bonne raclée en perspective ! Le tome 4 oppose cette fois les Boncornards à nos gamins toujours aussi vifs. Cette fois, c'est la lutte des classes : les fils de mineurs contre les fils d'ouvriers, et ça rigole pas lorsque les premiers ont des fusils à plombs ! Quelques moments tragiques aussi, avec l'évocation du FLN, et lorsque les ouvriers décident de se mettre en grève. C'est que, à l'époque, on ne rigolait pas avec le patronat : une menace de grève et on envoyait aussi sec les CRS de l'époque... L'occasion pour Ivan, et pour ses amis, de grandir un petit peu... Baru change de registre et quitte la route pour nous romancer ses années de jeunesse. Plutôt réussi. Ca fait penser à La Guerre des Boutons (le film). C'est assez sympa de voir une communauté d'immigrants (maghrébins, italiens, polonais) se côtoyer autour d'un même idéal, le communisme. Même si "les arabes mangent le pain des italiens qui mangent le pain des polonais" ! L'album n'est pas à réserver pour les jeunes, mais peut se lire sans problème par des adultes. Un 4e tome est prévu au printemps 2003.
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Date de parution | Octobre 1999 |
Statut histoire | Une histoire par tome (Série terminée) 4 tomes parus |
16/11/2002
| PouetLaChouette
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Les avis
Les Années Spoutnik est une BD extrêmement touchante et totalement intergénérationnelle. Mon fils de 9 ans a lu l'intégralité de la série 2 ou 3 fois et il a adoré, bien qu'il n'était pas très motivé au départ, mon insistance ayant payé. Le talent de Baru éclabousse les 4 tomes, on prend un plaisir fou à observer la vie de ces gamins et de leurs familles dans cette cité ouvrière des années 50-60, qui me rappelle la rue de mes grands-parents, dans laquelle toutes les maisons se ressemblent. Les souvenirs racontés par mon père et mes oncles dans ce quartier communiste ouvrier, balancé entre papeterie et cimenterie, collent parfaitement avec ceux de Baru. C'est émouvant, on est face à un témoignage de la vie et des rêves de nos ascendants. Et même moi, qui suis plus jeune, je me suis retrouvé dans plein de choses : la scène du pénalty évidemment, les bandes "rivales" (même si on ne se mettait pas des peignées comme ça !), le fait que n'importe quel endroit à l'extérieur pouvait nous servir de terrain de jeu. Je revois Alex, Alicia, Gwenaël, Gladys et d'autres, mes voisins avec qui je partais jouer toute la journée dans la forêt, sur le terrain de foot, dans le champ d'à côté, etc. Les dialogues sont géniaux, ils ont réveillé en moi le passionné de langues, de jargons et de patois. Ils ont fait rire mon fils. J'ai lu la série deux fois, et à chaque fois, j'ai pris un plaisir fou à lire et à décrypter ces sociolectes. Encore mieux, le mélange des cultures - et donc des langues - est un témoignage surpuissant des bienfaits, linguistiques et sociaux, de la diversité. Sous ses abords de BD simple et légère, Baru nous livre une œuvre bien plus complexe sur notre histoire, sur la vie de nos parents et grands-parents. Et, si comme moi, vous êtes issus d'une famille modeste, communiste et ouvrière (mais heureuse), et qu'en plus vous vous intéressez de près au multiculturalisme et à la diversité linguistique et sociale, cette série doit trôner en haut de votre bédéthèque. Les Années Spoutnik est un véritable trésor.
Sourire, rire et être ému par un même récit est un plaisir rare. Ce que j’ai lu ici m’a permis de l’atteindre avec brio ! C’est une petite merveille … une pépite … un de ces récits qui devraient être remboursés par la sécurité sociale tant ils font du bien au cœur ! Parce que là, l’espace d’un temps, je me suis retrouvé dans la cour de récré de ma jeunesse. Même candeur, même fraîcheur, même sens du jeu avec toute la dramaturgie enfantine qui y est liée, le récit de Baru est tellement simple et sincère, tellement tendre et joyeux, tellement truculent que j’ai plongé à pieds joints au cœur de cette bande d’écoliers et de ce quartier populaire. Pour tout vous dire, j’ai l’habitude, après mes achats réguliers, d’aller savourer une petite bière spéciale en feuilletant mes acquisitions. Rarement dans le brouhaha d’un café, je parviens à me concentrer sur un album au-delà de la vingtième page. Exceptionnellement, j’arrive à la fin d’un format traditionnel (45, 52 pages), que je peux alors qualifier de passionnant. Ici, ce n’est qu’après 122 pages et trois Orval que j’ai relevé la tête hors du guidon. Et encore, j’ai eu du mal ! Si je n’avais pas été en voiture, j’aurai sans doute mené la lecture de cette intégrale jusqu’à son terme. Parce que, mon dieu ! Que c’est frais ! Que c’est vivant ! Un mot wallon me vient à l’esprit : spitant ! Oui, ce récit, il « spite », il gicle de vivacité, de gaieté, de joie de vivre … Que dire de plus ? Que les planches consacrées au foot « de rue » sont les plus vraies que j’ai jamais lues ? Que le trait brut de Baru est d’une efficacité jamais prise en défaut ? Que les petites anecdotes sentent l’instant vécu ? Que les passages caricaturaux sont à se tordre de rire (ahhhh, ces scènes autour de la table de la cuisine où le gamin fuit le chat à neuf queues de sa mère) ? Que la candeur du récit n’empêche pas la gravité du contexte social ? Que l’album est un hymne à la société multiculturelle ? Oui, je pourrais dire tout ça, et bien plus encore … Alors voilà, si comme l’auteur (et comme moi), vous gardez de votre enfance le souvenir de matches de foot endiablés, de grosses bagarres entre bandes, de sarbacanes, d’inconscientes bêtises, de premiers émois, de voisins dont on ne comprenait pas un traitre mot, vous aimerez sans doute ce récit. A 10 ans, chaque penalty que l’on tire dans la cour de récré, c’est en finale de la Champion’s League qu’on le tire. Baru vient de me le rappeler de fort belle manière ! Merci …
Waoh, quel bonheur, la lecture de cette série. Je l'ai découverte grâce à l'opération "intégrale, haute densité de casterman". Au départ, après l'avoir ouvert sommairement, je n'étais pourtant pas emballé par un graphisme que je jugeais trop basique. Je m'y suis repris, juste parce que Baru est un auteur que j'aime bien et qui ne m'a jamais déçu. Très vite, dès les premières pages, le ton, les personnages, les rivalités des gamins m'ont scotché à l'affaire. J'y ai retrouvé une verve et un climat participant du même esprit que ceux de mise dans la fameuse "Guerre des boutons". J'ai particulièrement adoré l'antagonisme opposant à la fois ceux d'en haut à ceux d'en bas et celui du Goret au Gros. La description de ces guerres d'enfants et pleine de malice et d'humour. C'est dynamique et rafraichissant. Mais la grande force de Baru, c'est de ne s'être pas limité à ces jeux de gamins, aussi attachant soient-ils. Il parvient de manière subtile et parfaitement maîtrisée, à retranscrire un climat d'époque (la description des communistes est un fameux moment et il faudrait être de marbre pour ne pas rire et sourire au fil des pages qui abordent le truc) et une réflexion sur le melting pot que constituaient les cités ouvrières des années 50. On se rend compte alors que Baru est un auteur plein de nuance, de tolérance et de tendresse pour ses semblables. Il nous donne là, une vraie leçon d'humanisme (il suffit de s'arrêter sur le regard qu'il pose sur l'allemand qui aide les gamins à faire leur fusée ou sur celui de la mère du Goret qui contredit le discours tranché de son mari à propos des arabes, pour en être convaincu). Enfin, la scène finale, celle de l'attaque des C.R.S est tout simplement drôle et poignante. Drôle, parce que voir des enfants bousculer l'ordre établi à coups de flèches n'est pas commun, et poignant parce que Baru réussit parfaitement à montrer la rudesse de l'époque et la conscience sociale des gens qui la vivait. Voir le jeune René porté en triomphe par un adulte est en effet, hautement symbolique et touchant. Le gamin quitte le monde des gosses pour arriver dans celui des adultes. Et ceux ci, en le félicitant de son courage, face aux soldats du système, semble lui transmettre un flambeau annonçant d'autres batailles ; celle de 1968 sans doute. Bref, voila une oeuvre dense et rudement rafraichissante que je conseille avec ardeur à tous.
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