Une Soeur

Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 9 avis)

Un roman d’initiation qui parvient à capter le délicat passage à l’âge adulte.


Adolescence Bretagne Gobelins, l'École de l'Image Les prix lecteurs BDTheque 2017 Vacances à la plage

« – Y a beau avoir plein de monde, j'ai toujours l'impression d'être toute seule. – Même quand t'es avec nous ? – Non, avec vous c'est chouette. » Envacances avec ses parents, Antoine se consacre à sa grande passion : le dessin. Mais l'arrivée de la fille d'une amie de ses parents va marquer à jamais ses vacances.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Mai 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Une Soeur © Casterman 2017
Les notes
Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 9 avis)
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08/05/2017 | Mac Arthur
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Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue Boy

Le thème des premières amours dans le cadre des vacances familiales à Chmolduc-Plage est un sujet rebattu mille fois, le plus souvent au cinéma. Pourtant, à chaque fois, il y a toujours ce je-ne-sais-quoi d’irrésistiblement charmant, même lorsque le scénario ne vole pas bien haut, comme un goût de Madeleine de Proust sans doute. Bastien Vivès s’est-il replongé dans ses souvenirs - le jeune Antoine étant la plupart du temps affairé à griffonner dans son carnet de croquis - pour nous livrer cette histoire ? Dans « Une sœur », non seulement on retrouve tout cela, mais en plus, l’auteur parvient à susciter une belle émotion, évitant de tomber dans le romantisme teenager un peu niais. Vivès y a mis beaucoup de sensibilité et de tendresse, montrant davantage par son dessin épuré les corps, les gestes et les postures, que les regards, les yeux n’étant représentés que lorsqu’ils ont quelque chose à exprimer. Par exemple, l’insondable mélancolie adolescente d’Antoine. C’est donc dès le moment où il fait connaissance avec Hélène, jolie jeune fille de deux ans son aînée, que l’adolescent va peu à peu s’éveiller à la sensualité et au langage du corps. Entre cette dernière et lui-même va s’instaurer une intimité particulière, du fait d’une certaine ressemblance physique et de la timidité d’Antoine, dont la sensibilité à fleur de peau et l’aspect frêle en font presque un être androgyne. Les rôles vont alors en quelque sorte s’inverser. Hélène, intriguée et touchée par cette singularité, rare chez les garçons du même âge qui souvent préfèrent jouer les coqs, va prendre les commandes et l’accompagner de façon troublante, telle une grande sœur un peu incestueuse, vers les choses de l’amour. A ce « petit frère » lunaire et rêveur, elle fera un double cadeau. L’un marquera Antoine pour la vie, celui qu’elle n’aura jamais fait à tous les petits frimeurs qui lui tournaient autour et dont l’arrogance leur coûtera la vie... L’autre sera de sauver celle du jeune garçon, justement en lui interdisant de les suivre en traversant la baie à la nage… La façon dont Bastien Vivès amène son sujet est d’une intelligence rare et tout en retenue. Sans verbiage inutile, l’émotion, toujours suggérée, n’en est que plus forte. L’auteur, disposant de cette capacité à ne garder que l’essentiel, fait véritablement figure de dessinateur des sentiments et des émotions. Et nous offre ainsi une histoire que l’on quitte à regret, un peu comme l’amour de vacances à qui l’on dut dire adieu quand on était ado…

13/09/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Je m’empresse de préciser que je suis loin d’être un fan de Bastien Vivès . Je dirais même qu’il y a dans sa bibliographie plus d’albums que je n’ai pas appréciés que l’inverse. En clair, la sortie d’un nouvel opus du petit chevelu ne fait pas briller des étoiles dans mon regard de velours. Tout ceci pour vous dire… que j’ai vraiment, mais alors vraiment bien aimé cet album. Un album que je trouve extrêmement culotté dans sa forme, très juste dans le ton, servi par un dessin épuré et parfaitement maîtrisé, prenant et vivant. Reprenons le bazar dans l’ordre. - Culotté dans la forme : cet album parle de la découverte de l’amour et de la sexualité par un adolescent de 13 ans, initié par une adolescente de 16 ans. Ce genre de sujet peut soit tomber dans l’eau de rose gnangnan sans intérêt, soit verser dans le scabreux démonstratif gratuit. Bastien Vivès parvient à éviter ces deux écueils. Les scènes érotique sont explicites mais jamais gratuites ni exhibitionnistes. Rien n’est caché mais ce qui se dégage de ces scènes, c’est l’innocence des personnages. Franchement, moi je dis chapeau bas !! - Juste dans le ton : les dialogues sonnent d’une manière très naturelle. J’ai vraiment eu l’impression de lire une biographie par moments, tant tout cela sent le vécu. C’est, je pense, très actuel dans l’image que le récit donne de la sexualité des jeunes adolescents d’aujourd’hui et universel par les sentiments qui traversent les différents protagonistes de l’histoire. - Un dessin épuré parfaitement maîtrisé : c’est vrai que Bastien Vivès va à l’essentiel dans son style. L’amateur de planches fignolées avec moult détails en sera pour ses frais. Mais quelle justesse dans les expressions, dans les poses, dans les regards ! Déjà dans Polina, j’avais beaucoup apprécié l’art de Bastien Vivès à saisir un mouvement, ici ce sont les sentiments des personnages qui sont parfaitement retranscrits avec très peu de traits. Là aussi, je m’incline respectueusement. - Prenant et vivant : et bien ce fut impossible pour moi d’abandonner ma lecture en cours de route. Il ne se passe peut-être pas grand-chose (on est dans du roman graphique pur jus) mais les personnages sont attachants et rapidement proches de nous. C’est simple mais touchant. Donc voilà, j’ai beaucoup aimé et je ne peux que vous inviter à découvrir cet album, surtout si vous n’êtes pas fan de l’auteur (les autres se jetteront dessus sans réfléchir, pas besoin de chercher à les convaincre).

08/05/2017 (modifier)