Les Solitaires (The Lonesome Go)
Les grands mythes contemporains de la culture populaire américaine revisités, de la beat generation au punk rock en passant par les gangs de motards.
Fantagraphics Books
Après "Noir c’est noir", paru en 2009, Tim Lane poursuit son panorama de l’Amérique des sans-grade, motards rebelles et autres clochards célestes. Un fan de punk s’enivre dans son pick-up, un gars quitte sa famille et roule jusqu’à un parc d’attractions abandonné, un jeune fugueur se retrouve dans un train de marchandises avec un vieux hobo… Une quarantaine d’histoires qui se répondent entre elles.
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Date de parution | 01 Mars 2017 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Ouyouyouyouyou !!! Voilà bien longtemps qu'un album ne m'était pas tombé des mains !!! Désolé Mr Tim Lane, mais là je n'ai pas pu... Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé, mais au bout de quatre tentatives et n'ayant toujours pas réussi à passer la moitié de l'album, y revenant à reculons, j'ai fini par baisser les bras. Le tout était pourtant prometteur. Plutôt adepte du roman graphique ce bon gros pavé noir et blanc à la couverture intrigante m'avait fait de l’œil et j'en attendais plutôt du tout bon. Mais c'était sans compter cette narration bien trop décousue à mon goût. Car cet album plutôt organisé comme un recueil d'historiettes se répondant plus ou moins, alterné de parodies de magazines et de publicités n'a pas su capté mon attention. C'était pourtant bien parti avec une première courte histoire sur les hobos et leur péripéties de voyages, mais la suite trop décousue m'a franchement déconcertée. Ajoutez à cela des pages dépliables à la limite du lisible de par la taille de la police et un texte étouffant, et s'en fut trop pour moi ! Dommage, mais un talent certain au crayon et une maitrise du noir et blanc ne font pas tout. Encore faut-il savoir tenir son lecteur en haleine et motiver sa lecture.
Avec cette seconde publication d’un auteur quasi inconnu, tout s’annonçait très bien à en juger par l’ « emballage » : un gros pavé dodu comme on les aime, une couverture, très soyeuse au toucher, représentant un type au look de gangster à la fois cynique et mystérieux. En feuilletant l’ouvrage, on découvre un graphisme orienté « pop-culture » qui évoque d’emblée Charles Burns, un univers en noir et blanc violent, tourmenté, fascinant... MIAM, ça sent le chef d’œuvre ! se dit-on avec gourmandise. On soupèse de nouveau l’objet, on le caresse, ce qui a pour effet de libérer immédiatement dans notre cerveau des vagues de dopamine rien qu’à l’idée de s’y plonger… C’est alors, qu’avec une fébrilité empreinte de solennité, on attaque les premières pages. Après une introduction en guise de mise en bouche, poème désabusé et envoûtant, invitation au voyage sur les chemins solitaires de la condition humaine, la deuxième histoire débute dans l’Amérique en crise des années 1920, où un gamin fugueur, embarquant clandestinement à bord d’un train de marchandises, va être confronté à la violence d’autres passagers, laissés-pour-compte d’un système implacable. Ce thème du « hobo ferroviaire » reviendra d’ailleurs tel un leitmotiv tout au long de l’ouvrage. Et c’est là que tout se complique. Le lecteur ayant eu à peine le temps de s’intéresser aux personnages qu’au bout de neuf pages, le récit s’achève de façon abrupte, enchaînant sur deux pastiches de vieilles réclames dont on saisit mal le message, puis un strip en micro-cases ironisant sur les valeurs familiales, un autre en lecture rotative à 90° juxtaposant la peur du vide et une icône de la culture populaire américaine. On arrive ensuite à une page qu’il faudra déplier (de nouveau en lecture rotative) pour accéder à une pseudo-fiche technique sur la Harley Davidson, autre emblème de la mythologie yankee, encombrée d’une pléthore de textes et de phylactères d’un intérêt douteux… En dehors de l’aspect extrêmement pratique (!), cet assemblage incohérent fait bien vite poindre une désillusion qui n’aura de cesse de s’amplifier au fil des pages. Poèmes et récits (parfois) illustrés viendront également émailler cet objet polymorphe, qui, s’il doit être envisagé comme un recueil, se révèle au final un long pensum hybride et indigeste au lieu du chef d’œuvre attendu, risquant fort de tomber des mains de la plupart. Quand la déception est à ce point à la hauteur des espoirs, on a envie d’être encore plus sévère. Sous prétexte de poésie honorant le mythe du clochard céleste et par extension du looser kerouacien, peut-on s’autoriser à produire n’importe quoi ? La réponse est évidemment dans la question. Avec « Les Solitaires », Tim Lane semble n’avoir opté que pour la forme pour séduire, car il faut insister sur ce point, le dessin est de haute tenue dans sa tournure sombre et fiévreuse. Mais trop rarement la narration parvient à captiver, et lorsque c’est le cas, on est déjà passé à autre chose, de façon totalement incongrue. Gageons que l’auteur, dont le talent d’artiste du neuvième art est incontestable graphiquement parlant, nous propose la prochaine fois un vrai (et long) scénario de qualité.
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