Black Project
Bizarre, dérangeant, à la fois drôle et grotesque, Black Project frôle l’objet d’Art Contemporain, tant au niveau graphique que scénaristique.
Auteurs britanniques Dessin en broderie La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Linogravure
Laura, Charlotte, Mélissa, Jessica... Autant de petites amies que Richard, le jeune héros de cette étrange histoire, n’a pas eu le temps de connaître en profondeur. Il faut dire que l’une se retrouva brûlée telle un « Monsieur Carnaval », tandis qu’une autre fut dévorée par les souris... Car Laura, Charlotte, Mélissa et Jessica étaient toutes plus ou moins faites de papier mâché, de ballons, de laine et de ficelles. Car pour Richard, se construire une petite amie est facile. Un peu d’imagination et une bonne paire de ciseaux suffisent ! La garder secrète, en revanche, c’est une autre histoire. Chaque fois, ses amours clandestines et son obssessionnel artisanat se retrouvent à deux doigts d’être découverts par les adultes. Tout est alors à recommencer et si possible, à améliorer. Texte : Editeur.
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Date de parution | 10 Mai 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le gros point faible de cet album vient de sa couverture. Elle incarne pourtant magnifiquement l’essence du récit mais, très sombre voire glauque, elle ne permet pas au lecteur de saisir toute la dimension humoristique de celui-ci, ni sa poésie. Pourtant, il ne m’a fallu que deux pages pour être écroulé de rire car ce récit est très drôle, même s’il a de quoi effrayer aussi. En fait, ce que j’ai adoré, c’est ce jeu d’équilibriste auquel se livre avec un brio incroyable Gareth Brookes. A un tel point que l’on s’en retrouve à décrire cet album avec des qualificatifs que tout semble pourtant opposer. Glauque, hilarant, touchant, poétique, dérangeant, magnifique, pitoyable, étonnant, subtil, rafraichissant, angoissant. La grande force du bouquin vient de l’association d’une écriture à la première personne, tellement naturelle et spontanée (alors que ce qui nous est raconté est tout sauf commun… du moins je l’espère) que je me suis longtemps cru devant une petite autobiographie (coup de chapeau au passage à Corinne Julve pour la traduction), et d’illustrations au premier regard maladroites associant des techniques incongrues. D’ailleurs, nous sommes bien plus face à un récit illustré que devant une bande dessinée. Les illustrations, assemblages de plusieurs techniques allant de la pyrogravure au crochet, ne plairont pas à tout le monde (et très clairement, ce n’est pas le genre d’album que je conseillerais aux amateurs de bd classique). Il n’y a pas à proprement parler d’art séquentiel. Le dessin est tordu, maladroit. Mais c’est justement parce que ce dessin est tordu, maladroit, parce que différentes techniques sont utilisées, parce qu’il n’y a pas d’art séquentiel mais juste une illustration des propos tenus dans ce qui ressemble à un carnet intime, que ce dessin est parfait pour illustrer le récit. Et puis que dire sur la justesse avec laquelle Gareth Brookes dresse le portrait de son ‘héros’, à cheval entre l’enfance naïve et inventive et l’adolescence angoissée et asociale. Ce gars est touchant et effrayant à la fois et on ne saurait dire s’il est juste un peu (beaucoup) décalé mais sympathique ou s’il devrait être enfermé d’extrême urgence. Bon, pour pinailler, je trouve la fin moins réussie, avec un retournement de situation peu conforme avec les psychologies développées tout le long de l’album. Mais ce n’est vraiment pas grave car l’intérêt du récit est ailleurs. A titre personnel, j’ai tout simplement adoré. Un tout grand merci à Alix qui m'a permis de découvrir cette perle.
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