La Saga de Grimr
Angoulême 2018 : Fauve d'Or La Saga de Grimr est une quête d’identité tragique dans un décor grandiose. Le héros y est confronté à chacun des piliers de la culture islandaise : le prestige de la généalogie, le culte de la loi et la superstition.
1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières Angoulême 2018 : les gagnants ! Angoulême : récapitulatif des séries primées BD à offrir Gobelins, l'École de l'Image Islande Pays scandinaves
1783. L’Islande, accablée par la misère, doit encore subir le joug du Danemark. Et le sort de Grimr, devenu orphelin, est plus cruel encore dans ce pays où l’homme se définit d’abord par son lignage. Doté d’une force impressionnante, il se sait capable de rivaliser avec les plus fameux héros de saga même s’il n’est le fils de personne. Il ne lui manque que l’opportunité de prouver sa valeur…
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 13 Septembre 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est avec un œil vierge que j'ai lu cette œuvre de Jérémie Moreau. En effet je ne connaissais pas son prix angoumois et je n'avais ni lu ni entendu aucune appréciation de cette série. Ma première surprise fut que Moreau situe sa série en Islande. Le terme de Saga aurait du me mettre la puce à l'oreille mais le terme a été tellement galvaudé que j'apprécie la volonté de l'auteur de le replacer dans son origine. Jérémie Moreau restitue avec justesse l'ambiance de ce petit pays au climat rude quasi désertique sur une grande partie de sa superficie où la terre cultivable est rare et précieuse. Dans un tel contexte, amplifié par les taxes dues au colonisateur chacun pense à sa survie. Ainsi l'individu (homme ou femme) isolé n'est rien ou alors un perturbateur individualiste de la structure fondée sur la renommée de la famille. Moreau propose une fine compréhension de cet état assez éloigné de notre droit individuel contemporain. J'ai apprécié que Moreau ne se perde pas dans une interprétation trop moderne de son personnage en en faisant un révolutionnaire à la mode de notre siècle. Grimr n'utilise pas principalement sa force contre l'ordre social établi mais surtout contre l'ordre naturel établi. Sa prouesse n'est pas de se révolter contre le royaume du Danemark ou son représentant mais de se révolter contre la fatalité tellurique de son pays et donc de sa propre fatalité finale. Grimr n'est pas vraiment orphelin car il est fils de l'Islande, il a ce pays dans ses entrailles dit-il. Il crée ainsi bien une filiation qui mérite une Saga. L'Islande est terre de feu et de glace. C'est ce que cherche à faire sentir le graphisme de l'auteur à travers des aquarelles aux tons si divers. Il y a bien sur les rouges d'une éruption volcanique qui invite à la folie des hommes et de la terre. Cette palette rentre directement en conflit avec les tons gris de la froidure du pays. L'ambiance est sombre même pour les temps de fêtes. Dans ce climat l'auteur installe immédiatement les drames à venir. Le graphisme et le récit vont de pair dans un constant esprit d'équilibre. Une belle lecture exigeante et originale qui mérite de s'y arrêter.
Qui imaginerait un arbre sans racines ? Une chose impossible. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre qui n'appelle pas de suite. La première édition date de 2017. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, entièrement réalisée par Jérémie Moreau, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Elle comporte environ 230 pages. Einmar fils de Thorir, un scalde, se tient sur une grande étendue désolée. Il songe à un jeune garçon : il croit en ce garçon. Depuis le début. Mais il lui faut des preuves. Au moins une. Incontestable et indélébile… car une saga repose sur des faits avérés et recoupés. Et puis il faudrait un certain culot pour rédiger une saga sur un orphelin. Une saga est inextricablement reliée aux autres sagas par les liens généalogiques qui les unissent. Ses racines sont toujours les branches des précédents. Qui imaginerait un arbre sans racines ? Une chose impossible. Une contradiction dans les termes. Pourtant il croit qu'il faut faire une exception. Car la preuve est là. Immense. Elle dépasse tout ce qu'il imaginait. Au XVIIIe siècle, l'Islande vit la période la plus sombre de son histoire : enfoncée progressivement dans une misère totale., à la suite d'une incroyable série de catastrophes naturelles, sous le joug danois depuis 1380. Le volcan fume dans une zone désertique de l'Islande. le dégagement de fumée gagne en ampleur. L'enfant Grimr ressent l'éruption imminente et il dit aux deux adultes qui l'accompagnent de se mettre à courir, ce qu'ils font tous les trois. Son pied bute contre une pierre et il se répand par terre. Il se retourne et il voit se former un champignon de fumée chargé de poussière au-dessus du cratère. Les deux autres lui enjoignent de se remettre à courir. le nuage engloutit le garçon qui continue d'avancer sans savoir où il va. Deux danois se déplacent à cheval, avec quatre enfants sur la monture derrière eux. Ils voient émerger Grimr du nuage de poussière et s'écrouler devant eux. L'un des cavaliers met pied à terre, et époussète l'enfant inconscient : c'est une belle prise. le lendemain, les enfants sont vendus à un marchand au port. Celui-ci demande ce qu'on coupe les cheveux de Grimr. L'homme va demander aux femmes en train de travailler si l'une d'elle a un couteau. Elles lui font remarquer que les enfants ont profité de son inattention pour se carapater. Ils leur courent après, alors qu'ils renversent des étals pour le retarder. La scène est observée depuis un toit par Vigmar le voleur, fils d'Arnar, très amusé. Finalement les enfants se retrouvent dans un cul de sac. Vigmar intervient pour aider Grimr, et les quatre autres sont repris par l'adulte à leur poursuite. Vigmar emmène l'enfant vers l'intérieur des terres, dans son repaire, auquel on accède par un tunnel. Avant il lui a demandé son nom et comme l'enfant est orphelin, il a décidé de l'appeler Grimr Enginsson, ce qui signifie fils de personne. Les deux avancent dans le tunnel qui débouche au milieu d'une falaise donnant sur l'océan. Vigmar se félicite d'avoir récupéré la corde qui liait les enfants : il va en tirer un bon prix. Il faut un peu de temps au lecteur pour s'assurer de ligne directrice de l'histoire : il s'agit de suivre Grimr au fil de plusieurs passages de sa vie, cette fin de l'enfance, un peu d'adolescence, le début de la vie d'adulte. L'auteur joue avec l'écoulement du temps, sans le marquer vraiment, mais il est visible que son personnage principal n'est plus un enfant à la fin du récit. La scène d'introduction avec le scalde vient renforcer le titre : il s'agit d'écrire une saga, c'est-à-dire une épopée d'une famille sur plusieurs générations, ou d'un personnage remarquable. Visiblement Grimr constitue une exception : il a accompli un acte si immense que même sans famille connue, il mérite une saga. L'auteur raconte donc une partie de la vie de cet individu, dans un contexte très précis, à la fois en termes de lieu, à la fois en termes d'époque. Il intègre quelques mots spécifiques à ce contexte : Thing ou Allthing, Draugr, Bitafiskur, Gogordsmenn, Skyr. Ils se comprennent avec le contexte, ou ils bénéficient d'une note en bas de page. En outre, il met en scène Hans Markusson, émissaire de sa gracieuse majesté du Danemark, et la pauvreté des Islandais. le lecteur voit bien que l''histoire se serait déroulée différemment si le contexte géographique et temporel avait été différent : ce ne sont pas juste des indications sans importance, ou sans incidence. L'environnement joue un rôle encore plus grand dans l'histoire, que ce soit un fjord, les coutumes islandaises, et encore plus le territoire lui-même. Grimr dispose de la faculté de sentir quand la lave va couler, un autre élément spécifique du récit. En tant qu'artiste, l'auteur donne à voir ce paysage si particulier. Il détoure les personnages d'un trait fin, délicat et fragile et il réalise les décors en couleur directe. le lecteur a un aperçu du paysage dès la séquence d'ouverture : des tons gris, un sol nu et désolé, mais aussi des tâches vert foncé pour une flore fragile et peu abondante, des teintes avec une touche de marron lorsque la terre est présente par-dessus la roche, et des volutes de fumées grises, sous un ciel également gris avec une faible luminosité. Suit un dessin en double page, avec ce qui ressemble à un mur de pierre, représenté de manière naïve et grossière, avec une multitude de pierre. La suite est tout aussi étonnante avec la montagne noire, avec quelques dégradés dans le noir pour figurer le relief, et des trainées de pinceau en arrière-plan pour des roches plus claires. le choix de l'artiste est de jouer sur l'impression faite par ces paysages, par ces sols, plutôt que sur la description photographique. Ça fonctionne très bien : les cases noyées de gris avec petites tâches noir dans le nuage de poussière, les traits de pinceau pour représenter les plissements de la montagne et la verdure clairsemée (p. 37), une composition quasi abstraite pour les flancs de la montagne (p. 40), des traces blanches déliées dans le gris de l'eau pour une source d'eau chaude (p. 108), de grandes trainées blanc cassé pour la toile des tentes lors de la fête de mariage, etc. Cette façon de représenter culmine dans un dessin abstrait en double page, 152 & 143, l'image mentale de Grimr ressentant les mouvements tectoniques et ceux de la lave, une image extraordinaire. le lecteur représente également l'écoulement de la lave pendant une quinzaine de pages lors d'une éruption et le lecteur se retrouve à éprouver une sensation de chaleur, de force primale à l'avancée inexorable, un grand moment visuel. L'artiste a adapté son mode de représentation des personnages afin qu'il s'intègre en cohérence avec la représentation des paysages naturels. Ils sont finement détourés, avec un rendu global simplifié, un peu naïf. Des bouilles aux traits un peu exagérées, des expressions de visage appuyées, comme habitées par des émotions intenses, ou au contraire un calme inébranlable, une résignation de victime qui subit, une détermination aveugle. D'un côté, le lecteur perçoit bien l'état d'esprit de chaque personnage ; de l'autre côté, les personnages apparaissent un peu trop entiers, sans nuance, comme les personnages d'un conte… ou peut-être d'une saga. Les prises de vue et les découpages de planches suivent les personnages dans leurs déplacements, dans leurs activités, de manière simple et parlante. L'artiste laisse une grande place aux paysages naturels. Cela donne une lecture facile et aisée, douce et agréable, assez du fait d'une narration qui peut sembler décompressée, mais qui en réalité donne la place nécessaire à l'Islande. Le scénariste a fait le choix d'une histoire linaire dans un ordre chronologique, ce qui ajoute à l'impression de simplicité et de naturalisme. le lecteur suit les épreuves d'un orphelin recueilli par un individu ayant vécu de rapines sans méchanceté, et voyant là l'occasion de s'établir en vivant honnêtement comme passeur dans un fjord. Malgré la bonne volonté de Vigmar et de son protégé, les événements se liguent contre eux et ils se retrouvent dans une situation d'accusés à tort. Grimr attire la sympathie du lecteur à lui, malgré son mutisme, son caractère taiseux, introverti, méfiant et renfermé, sa force énorme qui lui permet de se sortir de bien des situations et de pouvoir faire face aux adultes, et de leur tenir tête. Dans le même temps, il se sent un peu passif dans sa lecture, contemplant avec plaisir les paysages, regardant les personnages supporter les coups du sort, et essayer de se construire une place un peu plus heureuse. Il compatît aux malheurs de Grimr, tout en voyant que pas grand-chose ne parvient à entamer sa carapace, et qu'il semble surmonter chaque obstacle. Il voit bien qu'il mérite sa saga, et dans le même temps il ne parvient pas à se sentir entièrement impliqué dans ce personnage. Il se surprend à ne pas s'offusquer plus que ça des accusations injustes dont il est la victime. Sans nul doute, Grimr mérite sa saga, et l'auteur le prouve. le lecteur prend un grand plaisir à découvrir l'interprétation de l'artiste des impressions générés par les paysages naturels de l'Islande. Il apprécie une lecture fluide, très facile, et qui sait prendre le temps, qui sait respecter le rythme de l'île. Il voit bien comment le personnage principal est le jouet du milieu dans lequel il évolue, est soumis aux forces systémiques qui le dépasse, que ce soit l'autorité danoise sur le sol islandais, ou le manque de considération pour un individu sans famille dans la tradition du pays. Pour autant, il ne ressent une forte compassion envers lui, ayant l'impression de toujours rester un peu à distance de cet individu intraverti.
Alors ça, c'est le coup de cœur ! Un énorme coup de cœur, aussi fort et puissant que peut l'être cette bande dessinée... Autant le dessin de Moreau m'avait légèrement déçu sur Le Discours de la panthère, autant il est ici d'une justesse qui frôle la perfection. Evidemment, il a toujours cette particularité qui le rend parfois presque abstrait, mais cela ressemble plus à une touche impressionniste, qui colle merveilleusement avec l'atmosphère si unique des paysages d'Islande. Chaque case dégage une ambiance à la fois grandiose, oppressante et tragique. Trois mots qui décrivent parfaitement l'ensemble de cette bande dessinée. Le récit inventé par Moreau est digne des sagas nordiques auxquelles il se réfère sans cesse. Se situant sur un délicat fil entre réalisme et fantastique, La Saga de Grimr réussit à mêler ces deux éléments avec un brio indéniable. Tout ce qui arrive à Grimr perçoit un écho immédiat dans la nature, comme si ces deux-là étaient connectés par une force intime et irrésistible. Les dialogues de Moreau, absolument magiques, développent en outre tout une réflexion sur ce que doit être une saga (au sens littéraire du terme), comment raconter une histoire et son rapport avec la réalité. Cette quête mythologique de l'auteur (Jérémie Moreau mais aussi sa mise en abyme dans le récit) trouve ainsi son aboutissement dans le parcours tragique et héroïque de Grimr et sa quête existentielle. La présence du mystérieux personnage de l'ancien barde est alors comme une tutelle établie par Moreau sur le personnage qu'il a lui-même créé. Ainsi, le héros façonne son propre parcours, guidé et encouragé par l'auteur, sans qui il ne deviendrait jamais une légende. Ainsi, tout, du début à la fin de cette bande dessinée, tient du prodige. Le style graphique de Moreau établit avec son style narratif une osmose impressionnante de justesse. Un souffle épique anime ce récit de la première à la dernière image, et concourt à faire de cette Saga de Grimr un récit incontournable pour tous les amateurs de grandes œuvres romanesques qui impriment la mémoire. La mémoire individuelle, bien sûr, mais on espère qu'elle imprimera tout autant la mémoire collective, pour s'imposer au fil du temps comme un jalon immense de la bande dessinée. En un mot, une œuvre culte.
Une vraie force tellurique se dégage de cette bd. C'est étonnant à lire et vivre. Plus on avance et plus les pages sont belles et puissantes (j'ai senti un vrai basculement graphique vers la moitié de l'ouvrage). Le personnage du voleur-philosophe est très réussi, les autres personnages sont peut-être un peu plus fades, écrasés par le seul personnage puissant et présent : l'Islande ! On se demande où tout ça va aller et la fin rend justice à toute la promesse faite dans cette BD : nous lisons une saga !
L'Islande est un pays que je n'ai pas (encore) eu l'occasion de visiter mais qui m'attire beaucoup et m'impressionne par sa nature majestueuse et âpre. Le vent, l'océan et les volcans façonnent cette île perdue dans le nord de l'Atlantique depuis des millions d'années. Les hommes y vivent pourtant. En l'occurrence, au 18ème siècle, il conviendrait davantage de parler de survie… Le récit débute sur la mort tragique de la famille de Grimr. Force de la nature, le garçon deviendra un homme, mieux, une légende. Après tout, il s'agit d'une saga. La nature et les hommes vont pourtant tout lui enlever. À chaque fois qu'il se dirige vers la lumière, le destin se charge de le replonger dans les ténèbres. Grimr n'est personne, comme son nom de famille le lui rappelle tous les jours, mais il fera tout pour trouver sa place, se construire une réputation, jusqu'à faire partie de sa terre natale. Après un départ relativement timide (environ 50 pages), l'histoire prend de l'épaisseur et gagne en intensité et en émotion. L'évolution de Grimr, son rapport aux autres et sa volonté inébranlable forcent le respect. Les tragédies et injustices dont il est victime m'ont touché, parfois attristé, même révolté, en particulier son procès. Graphiquement, les planches sont magnifiques et dégagent une vraie force. L'herbe est humide, les volcans brûlants, les vents constants. Jérémie Moreau n'a pas son pareil pour peindre la nature et les paysages. Quelle intensité ! La puissance qui s'en dégage n'est pas sans me rappeler les montagnes de Jean-Marc Rochette, excusez du peu ! Les personnages sont un peu moins convainquant à mes yeux, mais c'est une question de goût. Leurs expressions sont toutefois parfaitement rendues. Le fauve d'or attribué à Angoulême en 2018 est totalement mérité.
J'ai longtemps tourné autour de cette BD dont mes petits camarades me disaient le plus grand bien. Dans chaque avis ou presque il est fait référence à Le Singe de Hartlepool du même auteur. Pour moi au niveau du graphisme il n'y a que peu de rapport entre les deux, sur le singe le trait me parait plus fin, alors qu'ici bien que certaines cases soient très belles c'est plus grossier mais cela est sans doute du à la colorisation. Mais surtout il y a l'Islande un pays que je ne connais pas mais qui possède du moins dans mon imaginaire un très fort pouvoir d'attraction. Là c'est clair je suis gâté, seul petit bémol d'ailleurs Mr Moreau parfois en Islande il y a du soleil! Pour en revenir au dessin je trouve cependant que les visages sont un peu trop proches de la caricature, notamment celui de Grimr, étais ce pour renforcer le côté monstre ? Sans doute que cet album a été trop bien vendu, j'en attendais sans doute trop et si je ne me suis jamais ennuyé j'ai été légèrement déçu, il y a un truc que j'ai du mal à définir (bonjour la critique ). Peut être devrais je y revenir un jour. Disons que si cette histoire le lieu de son action et le personnage principal ont un fort potentiel, je ne suis pourtant pas aussi fan que je l’espérais.
J'ai beaucoup aimé la saga de Grimr qui nous plonge dans une Islande inhospitalière. Il y a certes le climat très froid mais également la rudesse de ses habitants ainsi que les volcans qui menacent les biens et les personnes. Le graphisme est assez austère mais cela colle bien avec le décor. Pour l'une de ses premières en tant que dessinateur et scénariste, c'est vraiment une très belle réussite. C'est assez rare qu'un auteur réussisse aussi bien. Quand cela arrive, il faut le faire remarquer car le talent est là. Elle a quand même reçu le fauve d'or au festival d'Angoulême en janvier 2018. Sur le récit, il est à la fois réaliste et onirique par moment. J'ai beaucoup aimé la linéarité de ce scénario qui ne perd pas le nord et ni le lecteur. Certes, cela manque parfois d'un peu de chaleur et de rebondissements. Cependant, cette saga tragique saura contenter le lecteur aussi exigeant soit-il.
Au premier abord, la couverture et les planches de cet album ne m’attiraient pas du tout. Mais à la lecture des critiques très enthousiastes sur le site, et sachant qu’il a obtenu le Fauve d’or à Angoulême, je me suis décidée à l’emprunter à la bibliothèque. Après la lecture, je confirme que ce dessin n’est pas ma tasse de thé. Si j’ai apprécié la représentation de certains personnages, ainsi que leurs expressions, je n’ai pas du tout aimé les décors ou le choix des couleurs. Je rêve d’aller en Islande un jour, mais là pour le coup je ne me suis pas sentie transportée. Au-delà du graphisme, j’ai lu sans déplaisir l’histoire mais elle ne m’a pas passionnée plus que ça. Après une première moitié intéressante, j’ai trouvé que l’histoire commençait à tourner un peu en rond, avant que la fin ne sauve l’ensemble. Si j’ai un peu décroché pendant ma lecture, c’est sans doute en partie à cause du peu d’empathie que j’ai ressenti pour Grimr ; même si je peux comprendre ses réactions, j’aurais apprécié un personnage un peu plus complexe. Le lien qui semble l’unir à la terre est intéressant, mais là encore les scènes qui le décrivent sont un peu gâchées à mon goût par le graphisme qui décidément ne m’a pas emballée. En conclusion, c’est une lecture qui n’est pas désagréable, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Rares sont les ouvrages aussi faciles d'accès à la lecture que celui-ci qui parvient à captiver lentement mais surement au fil des pages et ne délivre son véritable message humaniste qu'aux toutes dernières pages tout en expliquant son titre. Jérémie Moreau tente et réussit le challenge de raconter l'histoire d'un paria rouquin évoluant dans une contrée inhospitalière : l'Islande du XVIIIème siècle. Il serait aisé de faire le parallèle entre Sans Famille de Hector Malot et cette histoire tant les similarités surgissent (survie dans un milieu hostile et malchance à tous les étages) mais les mésaventures de Grimr sont présentées dès le départ comme les origines d'une Saga légendaire.... Le style graphique choisi ici peut décontenancer : si les paysages sont de toute beauté, les personnages sont mis à mal principalement davantage pour leurs expressions fermées et/ou horrifiées (on ne croisera ici pour la plupart que de sombres personnages). Si l'histoire ne manque pas d'intérêt, il faudra vraiment attendre les dernières pages de l'intrigue pour en percevoir son véritable intérêt. La Saga de Grimr est une jolie curiosité, à lire de préférence avec le moral, mais qui ne restera pas gravée dans toutes les mémoires. Un bon choix pour l'audace mais pas si sur d'y revenir pour une relecture ultérieure.
J’ai je crois découvert le travail de Jérémie Moreau par sa collaboration avec Lupano sur Le Singe de Hartlepool. J’avais eu du mal à me faire à son trait – pourtant original est beau. C’est encore le cas ici. J’apprécie son travail, réellement, mais je crois que ce n’est pas ce qui m’accroche le plus. Quant à l’histoire proprement dite, j’avoue avoir ressenti une légère déception en la parcourant. En effet, les très bonnes critiques recueillies par cet album depuis sa sortie – et son prix récolté à Angoulême – me l’avaient sans doute placé plus haut qu’il n’aurait fallu. En effet, si l’histoire se laisse lire, agréablement et relativement rapidement – eu égard à la pagination importante – je ne l’ai pas trouvée suffisamment captivante, et je ne sais pas si j’y reviendrais. Une localisation géographique et temporelle peu commune (l'Islande du XVIIIème siècle), avec des Îliens maltraités par les occupants Danois comme le seront plus tard les Irlandais par les Anglais. Un album sympa, mais sans plus, serais-je tenté de dire.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site