Prof. Fall
Six ans après son dernier opus War Songs, Ivan Brun revient à la bande dessinée avec un récit ambitieux mêlant critique sociale, polar et fantastique.
Adaptations de romans en BD Bichromie Les petits éditeurs indépendants Lyon
Michel, jeune fonctionnaire borderline croise à Lyon Domingues, ancien mercenaire au Mozambique reconverti dans le proxénétisme. Quelques heures plus tard, le trafiquant se défenestre d'une tour du quartier de la Part-Dieu, entraînant Michel dans une dérive hypnotique. Shooté en permanence à un cocktail d'antidépresseurs et de côtes-du-rhône, celui-ci se retrouve, comme sous l'effet d'un sortilège, aspiré dans la vie passée de Domingues. Meurtres, trafic d'armes, réseau de prostitution, pillages et guerres civiles se révèlent à sa conscience implosée. On suit une sédimentation du récit alternant scènes africaines et errances lyonnaises. Le cortège d'atrocités que connaît l'Afrique postcoloniale est mis en regard avec la violence symbolique de la société occidentale, qu'elle instaure par le biais de l'urbanisme, du monde du travail ou encore de la psychiatrie. Submergé par ses démons, l'individu se désocialise complètement. Sa descente aux enfers est d'autant plus terrible qu'elle n'est pavée que de faits documentés. D'un trait vif et charbonneux, Ivan Brun exprime toute la précision réaliste et politique de son travail à travers cette adaptation d'un roman de Tristan Perreton initialement publié en 2005. Texte : Editeur.
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Date de parution | Octobre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’avais découvert cet auteur avec No comment, et je le retrouve ici avec le même ton quelque peu désabusé. L’entame de l’album est en effet plombant, glauque à souhait, noir et pessimiste, que ce soit dans les propos ou les gros plans sur les barres d’immeubles des grands ensembles : Ivan Brun n’accueille pas son lecteur avec des roses et des Bisounours ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la suite n’est pas beaucoup plus réjouissante. En effet, la déprime du personnage principal le fait osciller entre obsessions morbides (voir des personnes se suicider en se défenestrant des immeubles qui l’entourent) et cauchemars poisseux (autour des exactions de mercenaires en Afrique, inspirés par la rencontre d’un proxénète ancien mercenaire – qui s’est suicidé ! –, d’anecdotes autour d’une tante anarchiste, etc, le tout accentué et « noirci » par la prise d’antidépresseurs et d’alcool). Le dessin, au trait gras, nerveux, jouant sur les hachures, est sombre (certains passages sont même volontairement flous, difficilement lisibles), et du coup raccord avec le ton général de l’album. Alors, c’est sûr, dit comme ça, ça n’est pas des plus attirants. Mais il faut vraiment faire l’effort de suivre cette narration un peu décousue (et certains passages assez verbeux – comme lorsque le héros dialogue avec son psychiatre), cette histoire glauque, car Ivan Brun tire de la noirceur qu’il expose quelque chose d’intéressant. Un album inclassable, exigeant, mais que j’ai plutôt aimé. Note réelle 3,5/5.
Acheté au détour d’une rencontre sympathique lors du festival d’Angoulême 2017, « Prof. Fall » est un véritable OVNI. Adaptée d’un roman de Tristan Perreton initialement publié en 2005, cette BD est inclassable, tout simplement. L’histoire débute en chronique urbaine oppressante et angoissante, avec la vie de Michel, fonctionnaire dépressif obsédé par la chute, sur fond de béton et de cité dortoir Lyonnaise. Et puis l’intrigue prend un tournant décisif lorsque le protagoniste croise Domingues, un proxénète et ancien mercenaire… s’en suit des visions lugubres du passé de Domingues, et notamment de sa « carrière » en Afrique. Ces visions sont-elles réelles, ou induites par les médicaments, l’alcool et de manière plus générale la dégringolade psychologique de Michel ? Notez que le ton est très glauque voire écœurant. Ma lecture fut parfois difficile… l’album est imposant (176 pages grand format, textes en voix-off très présents) et le fil narratif est parfois difficile à suivre (volontairement j’imagine, pour refléter le chaos mental du protagoniste principal). Je trouve par exemple certains passages sur l’Histoire de l’Afrique coloniale un peu longuets et académiques. Je n’ai cependant jamais décroché, et je suis ressorti assez marqué de ma lecture… Un OVNI donc.
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