Giant
Giant, un homme qui construit des gratte-ciel comme sa vie...
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale New York
New York, 1932. Malgré la grande dépression qui frappe durement l'Amérique, les buildings s'élèvent toujours plus haut dans le ciel de Manhattan et les chantiers prolifèrent. C'est là que travaille Giant, un homme taciturne à la carrure imposante. Ses collègues le chargent d'avertir la famille d'un compatriote irlandais du décès accidentel de celui-ci. Mais, dissimulant la triste vérité, le mystérieux colosse envoie une belle somme d'argent à Mary Ann, la jeune veuve, ainsi qu'une lettre dactylographiée qui pourrait être de son mari... Elle lui répond et commence alors une correspondance régulière, sans que Giant dissipe le mensonge. (extrait de la présentation de l'éditeur)
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Date de parution | 02 Juin 2017 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
A titre personnel, et contrairement à la majorité des lecteurs précédents, j’ai beaucoup aimé ce diptyque. Tout d’abord, je trouve que les couvertures en jettent ! Ce jeu d’ombres et de lumières, cette complémentarité entre la plongée du premier tome et la contre-plongée du second, c’est vraiment un appel du pied au candidat lecteur. De plus, après lecture, la symbolique de ces deux couvertures s’éclaire au regard du parcours des personnages (l’un regardant vers le bas/son passé, l’autre tournée vers le haut/son avenir). Ces couvertures figurent clairement parmi les plus intelligentes et les plus belles que j’ai vues. A la lecture, j’ai trouvé que le dessin n’était pas aussi fort que ce que les couvertures promettaient… mais il est loin d’être mauvais ! Les personnages sont bien typés, les faciès masculins assez caricaturaux permettent de faire passer un large panel d’émotion. Quant aux décors, ils sont très bien rendus, nous plongeant dans un New-York ouvrier, sale et triste comme un coron un jour de coup de grisou. La construction des gratte-ciels donne lieu à quelques cases dans lesquelles on sent le travail d’équilibriste des acteurs. La colorisation volontairement terne ne fait qu’accentuer cette sensation de tristesse et de désolation tout en dotant l’esthétique globale d’un cachet un peu passé. Car oui, l’histoire n’est pas des plus joyeuses, construite autour de l’étrange relation épistolaire qu’un ouvrier va lier avec la veuve d’un de ses anciens collègues. L’humour est rare et passe clairement au second plan face au romantisme brut de ce Giant maladroit, bourru, silencieux et en quête sinon de rédemption du moins d’un sens à sa vie. J’ai beaucoup aimé ce personnage. Grand, large, taciturne voire impossible d’accès… et sensible derrière sa carapace. Euhhhh, comment dire ? Il me rappelle vaguement quelqu’un… Cette identification au personnage aura très certainement joué dans mon appréciation de l’album. Mais plus encore, la qualité d’écriture m’a vraiment séduit. Ce diptyque a été très agréable à lire. Pas seulement à regarder. Enfin, derrière l’histoire se loge une réflexion plus globale, plus intemporelle. La grandeur de l’Amérique, sa splendeur, sa richesse, dues au travail d’immigrés rejetés, dénigrés, exploités… Je me dis que, dans ce bas monde, rien ne change finalement… L'ouvrier soudanais d'aujourd'hui a remplacé le travailleur irlandais d'hier, mais qu'est-ce qui les différencie vraiment ? Seul petit reproche : le deuxième tome aurait pu être raboté de quelques pages un peu inutiles (dans le dernier tiers). Sinon, on était proche de la perfection à mes yeux.
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