Les Disparues d'Orsay

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Jeu de piste alerte et poétique à Orsay. Les Disparues d’Orsay offre une nouvelle visite atypique du musée parisien. Stéphane Levallois signe ici un conte irrévérencieux et léger pour la collection Futuropolis/Musée d’Orsay, nous guidant chez les impressionnistes, les pompiers et les expressionnistes, se jouant des références avec fantaisie. Une fable inspirée et fantasque.


Peinture et tableaux en bande dessinée

À quoi ressemblerait Orsay sans ses femmes ? Vénus sortant des eaux, danseuse chez Degas, les vahinés de Gauguin. Egéries d’artistes, modèles. Les femmes inspirent et dictent les esthétiques, depuis l’origine du monde. Elles sont légions au Musée d’Orsay. Les muses d’Orsay ont disparu. Les tableaux d’Ingres, Bouguereau, Gérôme, Lautrec, Picasso ou Puvis de Chavanne, comme écorchés, ont perdu leur dame. Seuls restent des décors. Auraient-elles été enlevées par un malin satyre ? Quel fou, quel pervers et jouisseur dépressif aurait pu jeter un tel charme aux égéries charmantes et charnues ? Virgile Gautrey, gardien du musée depuis 30 ans, se met en quête du coupable. Un voyage à rebrousse-temps. Au pied de la mythique horloge, il cherche des indices. Un endroit mystérieux, magique et habité. Plus rien d’étrange alors à voir surgir un train, dans ce qui fut la gare d’Orsay. Un homme masqué y embarque. Virgile lui emboîte le pas pour un voyage fantastique, à la recherche des muses perdues. Dans sa quête, il passe d’un compartiment à l’autre, à la rencontre de celles et ceux qui ont fait l’histoire de l’Art. Texte: L'éditeur

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Juin 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Disparues d'Orsay © Futuropolis 2017
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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16/09/2017 | Gaston
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Par Présence
Note: 4/5
L'avatar du posteur Présence

Le poète est semblable au prince des nuées qui hante la tempête et se rit de l’archer. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, consacrée à une visite atypique du musée d’Orsay. Son édition originale date de 2017. Il a été réalisé par Stéphane Levallois, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-neuf pages de bande dessinée. À la fin se trouve une liste des œuvres du musée d’Orsay (et d’ailleurs) citées dans le livre, soit environ soixante-quinze œuvres différentes, et un peu moins d’artistes. Cette liste s’intercale entre cinq portraits en pleine page : Dante Alighieri (d’après William Bouguereau), Heraklès (d’après Émile Antoine Burdelle, Henri de Toulouse-Lautrec), la Petite danseuse de 14 ans (d’après Edgar Degas), Johann Wolfgang Goethe (d’après Pierre-Jean David d’Angers). Virgile Gautrey, un agent de surveillance, vient de se lever, et il s’habille méthodiquement. Il finit par lacer ses souliers, et passer la lanière qui tient son badge, autour du cou. Il est le gardien du musée d’Orsay. Il se rend tranquillement à son lieu de travail, passe son badge dans la liseuse et pénètre à l’intérieur. Il passe devant le buste de Johann Wolfgang von Goethe, sculpté par Pierre-Jean David d’Angers. Il monte à l’étage. Il prend une chaise et il s’installe devant Naissance de Vénus, de William Bouguereau. En lui-même, il pense au conseil à donner à un visiteur : quand on visite un musée, ne pas faire comme les autres, changer de rythme, traverser les salles d’un pas pressé, n’adresser à chaque œuvre qu’un regard furtif. À coup sûr, cela divertira les gardiens, brisera un instant la monotonie de leur quotidien. Il continue en son for intérieur ; avaler les salles toujours plus vite, jusqu’à ce que peut-être une œuvre arrête le visiteur. Et que pour la première fois de sa vie, il ressente une émotion si forte qu’il lui soit désormais impossible de se passer d’elle. Totalement absorbé dans sa contemplation du tableau, Virgile Gautrey s’imagine voir Vénus courir nue devant lui, cherchant à atteindre un train sur le départ, le ratant, alors que lui reste de l’autre côté d’une vitre, incapable de la traverser, de rattraper cette femme. Le temps s’écoule à la grande horloge du musée et un autre gardien regarde le même tableau. Virgile Gautrey se réveille en sursaut dans son lit. Peu de temps après, il est le premier à arriver au musée. Il passe devant le buste de Goethe. Il passe devant le tableau La source, de Jean-Auguste Dominique Ingres, et il se fait la réflexion que la muse n’est plus là. Il se rend compte de l’impossibilité de ce qu’il vient de dire. Il continue de progresser dans la galerie et constate avec affolement que les jeunes filles ont disparu des autres tableaux. Il court jusqu’à la salle où se trouve Naissance de Vénus, elle n’est plus dans le tableau, il s’écroule à terre victime d’un malaise. Il gît sur le sol inconscient. Il reprend ses esprits, allongé sur un lit, le buste de Goethe lui parle. Il lui dit que le temps presse, que les muses ont disparu des œuvres, que ce musée pourrait être celui de la mémoire de Gautrey, et qu’il incombe à ce dernier de partir à leur recherche et de les ramener pour la célébration des trente ans. Le musée d’Orsay a été inauguré en 1986, et cette bande dessinée a été publiée en 2017, un hommage à ses trente ans d’existence. Le texte de présentation indique qu’elle constitue : un Jeu de piste alerte et poétique à Orsay, une nouvelle visite atypique du musée parisien, un conte irrévérencieux et léger pour la collection Futuropolis/Musée d’Orsay. En effet, comme l’indique le titre, plusieurs muses, la plupart dénudées, ont disparu de tableaux célèbres, et la quête du gardien est de les retrouver, et par là-même d’identifier leur ravisseur. Il s’appelle Virgile Gautrey, bien évidemment en référence à Virgile (-70 à -19), le poète latin auteur de l'Énéide, les Bucoliques et les Géorgiques. Durant son voyage, il rencontre Dante Alighieri (1265/67-1321, poète et écrivain) qui va lui servir de guide pendant plusieurs séquences, en hommage à La Divine Comédie (1307-1321), avec une inversion des rôles puisqu’ici Dante guide Virgile. En effet, Gautrey finit par arriver dans un endroit qu’il identifie comme étant l’Enfer. En fonction de sa culture, et de sa familiarité avec les collections du musée d’Orsay, l’illustration de couverture dit peut-être quelque chose au lecteur, plus ou moins vaguement. En arrivant à la fin de l’ouvrage, il découvre donc la liste des œuvres citées visuellement. La couverture est inspirée du tableau Les Oréades (1902) de William Bouguereau (1825-1905). Par la suite, il peut juste reconnaître l’architecture caractéristique du musée, ou bien quelques-uns des tableaux réinterprétés. Aussi le ressenti de lecture dépend fortement du niveau de familiarité avec les œuvres du musée d’Orsay (et d’ailleurs). L’auteur explicite cette mention d’autres endroits : il s’agit de la galerie internationale d’art moderne à Venise, du musée de l’Orangerie, du musée du Louvre, de la fondation Beyeler à Bâle, du musée Rodin à Paris, même si cela ne concerne que quelques œuvres parmi toutes celles auxquelles il est rendu hommage. Sa lecture peut alors prendre une dimension ludique, en jouant à identifier chaque référence, chaque tableau intégré à la narration visuelle, ou bien rester au niveau de l’intrigue, tout en se disant qu’il ira consulter plus en détail la liste en fin d’ouvrage pour telle ou telle image qui l’a plus frappé. Il n’en est peut-être pas au niveau de Virgile Dautrey qui a vécu l’expérience de ressentir une émotion si forte qu’il lui soit désormais impossible de se passer de telle œuvre, mais il y a fort à parier qu’il éprouvera l’envie d’en voir plusieurs pour de vrai. Au fil des pages, une composition ou une autre le prend par surprise : la perspective des Raboteurs de Parquet (1875) de Gustave Caillebotte (1848-1894), la richesse d’un tableau à la manière de Gustav Klimt (1862-1918), le pointillisme de La voilette (vers 1883) de Georges Seurat (1859-1891), les splendides couleurs de Londres Le parlement trouée de soleil dans le brouillard (1904) de Claude Monet (1840-1926), l’eau calme et visqueuse de Le pauvre pêcheur (1881) de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), ou encore bien d’autres. L’artiste accomplit la prouesse de rendre hommage à ces quelques soixante-quinze œuvres d’art différentes en évoquant pour chacune l’exécution particulière de chaque créateur, tout en maintenant une unité graphique à sa narration visuelle, ce qui constitue un défi remarquable en soi. Tout commence avec une technique classique : des formes détourées par un trait de contour, un peu lâche, un peu fin, conservant un soupçon de spontanéité, avec une mise en couleurs de type aquarelle apportant des informations sur les teintes de chaque élément, comme ternies, et rehaussant le relief des surfaces, ainsi que le jeu d’ombres. Les traits de contour se font plus droits et plus secs pour représenter le hall central du musée d’Orsay avec ses murs bien droits, et ses arches bien rondes. Les premiers tableaux sont évoqués dans leur cadre, accrochés au mur, avec des touches de couleurs un peu plus vives, les faisant ressortir du reste de la case, sans pour autant qu’ils ne jurent avec la réalité banale de Virgile Gautrey. La vraie première prise de liberté (après la disparition des muses) survient avec une scène spectaculaire en quatre cases page treize : une transposition de L’accident gare de l’Ouest (aujourd’hui Gare Montparnasse) le 22 octobre 1895, célèbre photographie de Léopold Louis Mercier (1866-1913). S’il y est sensible, le lecteur peut relever les fluctuations dans les techniques de dessins mises en œuvre par Stéphane Levallois qui lui permettent de s’aventurer vers les chefs d’œuvres picturaux, sans perdre le fil de son propre récit. Il peut jouer avec les lignes de contours en les rendant plus malléables ou plus floues, utiliser des couleurs plus vives pour un élément de la réalité banale de Virgile Gautrey en écho ou en annonce d’un tableau, utiliser le dispositif de l’ouverture d’une porte pour découvrir un autre monde ou une autre réalité derrière, diminuer le ratio de traits encrés au profit d’une plus grande importance accordée à la couleur directe, adapter des caractéristiques picturales telles que le pointillisme ou l’impressionnisme, jouer avec les aplats de noir, etc. Ainsi l’intégration des peintures se fait de manière organique, l’artiste gérant le degré de contraste en fonction de la séquence. L’intrigue fonctionne sur le principe d’une enquête : quelle est la cause de la disparition des muses ? Quel est le coupable ? L’utilisation d’un voyage en train permet de voir défiler les paysages, et donne également l’impression d’une course-poursuite, une scène ou deux donnant l’impression que le gardien peut peut-être rattraper celui qui les enlevées. Conscient de la nature anniversaire du récit, le lecteur ressent l’impression d’un passage en revue un peu mécanique des œuvres emblématiques du musée d’Orsay, et dans le même temps il éprouve également le fait que ce dispositif fonctionne aussi comme une exploration d’hypothèses, de pistes, comme dans une enquête. Il voit que l’auteur met en scène deux enquêteurs : Virgile Gautrey d’un côté, le buste de Johann Wolfgang von Goethe de l’autre qui cherche avec ses propres moyens (il est muni de six jambes mécaniques) au sein même du musée d’Orsay, y compris dans les réserves. Le lecteur peut y voir un deuxième niveau de lecture : le constat que les disparitions concernent exclusivement des muses, le plus souvent des femmes nues, ce qui induit de manière sous-jacente un questionnement sur la nature du rapport de séduction entre muse et créateur, sur ce qui peut s’avérer séduisant pour la muse chez le créateur, et ce qui peut prendre sa place dans le cœur de sa muse. Un livre anniversaire et hommage qui l’assume en égrainant les œuvres les plus célèbres du musée d’Orsay, sur la base d’un scénario linéaire. Virgile Gautrey se retrouve face à une toile après l’autre, essayant de comprendre pourquoi les muses ont disparu des œuvres. L’auteur parvient à remplir ce contrat de passage en revue, grâce à une narration visuelle qui sait accommoder chaque toile juste assez pour l’intégrer dans les dessins de l’histoire, sans dénaturer l’œuvre originelle. Accompagnant cette énumération, l’intrigue recèle plus de substance : un regard personnel sur l’importance ou le sens de chaque toile pour l’auteur, une mise en correspondance de la notion de muse et du jeu de séduction réciproque que cette fonction suppose avec le créateur. Ludique et enrichissant.

20/01/2025 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

Étrange BD que celle ci. Sous le pretexte de la disparition des muses de certains tableaux célèbres, l'auteur Stéohane Levallois nous propose une déambulation onirique et fantasmagorique ou un gardien du musée se lance à la recherche des dites muses. Le moins que l'on puisse dire est que l'ensemble est bien foutraque, c'est en fait un gigantesque pêle mêle ou l'on croise les gloires du musée. Si l'idée générale est de nous montrer un catalogue de ce que l'on peut voir dans ce musée, pourquoi pas mais le procédé est un peu lourdingue. Pour ma part ayant visité le musée d'Orsay, je n'ai aucunement vibré ou ressenti les émotions que j'ai eu au cours de ma visite. Ce qui à mon sens sauve la BD c'est le trait de l'auteur qui n'est pas sans me rappeler le travail de Gess, je trouve certaines cases vraiment belles dans l'esprit des affiches de Muchat. Pour autant cette BD ne me marquera pas, elle mérite toutefois d’être feuilletée, trop onirique dans un trip qui ne me touche pas assez.

30/06/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Les musées d’Orsay et du Louvre ont trouvé une nouvelle façon de faire parler d’eux régulièrement avec cette collection, qui s’avère au final très inégale – et en tout cas pas toujours convaincante. Ici, je ressors avec un avis mitigé. L’album est placé sous les patronages de Goethe et de Baudelaire (il est vrai deux Grands du XIXeme siècle au cœur du musée d’Orsay), avec un hommage appuyé au second (voir la fin. Je suis par contre surpris que Stéphane Levallois ne cite que des poèmes des Fleurs du mal (par ailleurs très beaux), alors même que Baudelaire s’est fendu de nombreux textes sur la peinture et les peintres. Pour le reste, il ne m’est pas apparu qu’il y ait eu un scénario construit pour cet album, qui voit alterner passages quasi oniriques (parmi les parties les plus intéressantes d'ailleurs) et passages un peu rébarbatifs et sans consistance. Par ailleurs, je ne sais si cela faisait partie du cahier des charges, mais l’auteur passe en revue – de manière plus ou moins explicite – une trop grande (trop grande !) quantité d’œuvres, à un rythme effréné : c’est parfois lourd. Bref, je n’ai su m’intéresser à la disparition de ces muses, et n’ai trouvé mon intérêt que dans certains enchainements, certaines images. C’est un album un peu fourre-tout, qui fait un peu « placement de produits artistiques », et sur lequel je pense ne pas revenir.

09/01/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Encore une collaboration entre Futuropolis et un musée qui donne une bd peu palpitante. J'ai trouvé le début pas mal, mais très vite le scénario devient n'importe quoi et je me suis ennuyé. Je n'ai pas trop compris plusieurs scènes dans le récit, mais j'avoue que vu que l'histoire ne me passionnait pas du tout, je n'avais aucune envie de faire un effort. J'ai eu l'impression que l'histoire était juste un prétexte pour montrer les différentes œuvres du musée d'Orsay. Le dessin est un peu spécial et je l'ai bien aimé au niveau des décors. J'ai moins aimé les personnages qui semblent figées.

16/09/2017 (modifier)