Le Roi Noir n'est pas noir

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

L'histoire vraie d'un capitaine de l'armée française en quête de gloire et de pouvoir qui, à la fin du XIXè siècle, voulut devenir "Roi de l'Afrique" en la conquérant à coups de massacres.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Afrique Noire Esclavage Le Colonialisme Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis

Fin du XIXè siècle. La France veut compenser la perte de l'Alsace et de la Lorraine en étendant sa présence coloniale en Afrique. Deux jeunes officiers ambitieux, le capitaine Paul Voulet et son ami Julien Chanoine, sont donc envoyés à la conquête du Tchad. Voulet rêve de gloire, et veut conquérir beaucoup plus : il veut devenir Roi d'Afrique. Voulet entreprend alors de montrer sa détermination et sa force de frappe par la terreur, et fait massacrer tous ceux qui croiseront son chemin. Des villages entiers sont rasés, leurs populations anéanties ou réduites en esclavage. Les hommes servent de porteurs, les femmes constituent un "harem" pour la troupe... Voulet et Chanoine s'explosent constamment le ciboulot à l'absinthe, et la furie sanguinaire du premier ne cesse de croître, entraînant le second et tous leurs hommes avec. Sa barbarie finit par inquiéter le gouvernement français, qui ordonne son arrestation, mais le capitaine fou n'a pas l'intention de se laisser faire.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 2001
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Roi Noir n'est pas noir © Brûle-Maison 2001
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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23/11/2002 | Cassidy
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Par Cassidy
Note: 4/5

Bonne surprise que cette étrange BD en noir et blanc passée inaperçue lors de sa sortie quand d'autres BD à caractère documentaire comme "Rural !" ou "Persepolis" récoltaient tous les honneurs. Il faut dire que les auteurs se sont visiblement refusé à jouer la carte du docu-sérieux-et-respectable-qui dénonce-les-méchants, donnant plutôt à leur album des allures de farce macabre. Ainsi, les deux officiers sont dessinés comme des Dupont-Dupond cinglés plutôt que de façon réaliste (sauf dans les croquis de leur cartographe). Leurs actes de barbarie ne sont jamais représentés : chaque fois qu'une tuerie a lieu, le dessin passe en mode "joli conte africain". Et ils sont rapportés à un chef de cabinet ministériel d'opérette par un vautour portant besicles et redingote. Mais cela n'enlève rien à la force du propos ; simplement, plutôt que de nous servir le couplet habituel "la colonisation c'est mal et la guerre c'est vilain", on cherche plutôt à montrer comment des centaines, des milliers de civils presque sans défense peuvent se faire étriper juste parce que deux fils-à-papa abrutis d'absinthe avaient décidé de faire joujou aux rois de l'Afrique (ceux qui ont lu "Watchmen" se souviendront peut-être des paroles du Comédien au Vietnam sur cette grosse et sale plaisanterie qu'est une guerre). Et, à travers les extraits du journal du cartographe, ça montre aussi, un peu à la manière du livre "Des hommes ordinaires"*, comment on a pu faire accepter aux simples soldats embarqués dans le délire de leurs supérieurs, et qui n'avaient rien d'assassins assoiffés de sang, de perpétrer des horreurs. Le discours raciste banal à l'époque, qui les convainquait qu'ils avaient affaire à des sauvages, des animaux (au début de l'album, on voit l'un de ces "zoos humains" qui exhibaient des Africains en cage à Paris), excusait leurs actes, et l'alcool et les femmes africaines qui leur étaient généreusement offerts leur tournaient la tête. Ca se lit d'une traite, sans aucun ennui. J'avoue que je ne l'achèterai pas, et dans ces conditions, je me vois mal cocher "oui" dans la case "achat conseillé", mais je recommande chaudement la lecture. *Pour ceux qui ne connaissent pas, "Des hommes ordinaires" est un livre de Richard Browning qui parle de bataillons constitués majoritairement de braves pères de famille, que l'armée allemande a utilisés pendant la seconde guerre mondiale pour exterminer des villages entiers. C'étaient des gars comme vous et moi, pas des fanatiques nazis, et pourtant, ce sont devenus des monstres et des bouchers parce qu'ils en avaient l'ordre.

23/11/2002 (modifier)