Souterrains
Un récit étrange où drame social rime avec aventure fantastique !
La Vie sous terre Luttes des classes & conflits sociaux
Le monde de la mine se divise en deux catégories : ceux qui sont avec le Patron, et ceux qui creusent. Lucien creuse... Jusqu'au jour où les entrailles de la terre lui révèlent un monde peuplé de créatures aux proportions effrayantes. En mêlant réalisme et fantastique, Romain Baudy dynamite les frontières entre l'imaginaire et le récit politique pour nous offrir une aventure coup de poing.
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Date de parution | 13 Septembre 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’ai bien aimé cette histoire. Elle commence dans une ambiance à la Germinal de Zola, avec des mineurs exploités par un patron peu scrupuleux, certains tentant de construire une action collective et syndicale, tandis que d’autres se laissent plus ou moins acheter par les primes. Et puis, au bout d’un moment, tout ceci bascule au fond de la mine vers un fantastique qui nous permet de découvrir un monde souterrain, dans lequel les lutins ne sont pas forcément les gentils petits bonhommes vus ailleurs. Et ce qui est intéressant, c’est que le thème de la lutte des classes, omniprésent dans la première partie « extérieure », réapparait sous une autre forme dans la seconde souterraine. En plus de cet arrière-plan politique, la partie aventure est bien menée. Bref, un album recommandable, et ce d’autant plus que dessin et colorisation sont eux-aussi très réussis.
Très belle lecture que celle ci. D'abord un très bel album, format assez grand, 134 pages avec un carnet de dessins final, un chapitrage, bref un bien bel objet. L'histoire est assez surprenante. comme il a déjà été dit, on part d'abord sur du Germinal années 20, une mine où le capital bourgeois conçoit la main d'oeuvre comme un mal nécessaire et où l'accident est coutumier. Henri et Lucien sont beaux frères. Le premier, délégué syndical, se montre virulent et toujours à l'affût des signes avant coureurs des combats à mener. Frêle, son personnage est dessiné assez anguleux collant parfaitement au caractère. Lucien, lui, semble une force de la nature. Il est calme, fort, semble suffisamment digne de confiance pour être apprécié de tous. Pour lui, c'est la famille qui prime et il accepte sa condition pour offrir le meilleur à sa fille. Henri semble d'abord se présenter comme le personnage central mais il va disparaitre et c'est bien Lucien qui prend le relais et devient primordial. La première méandre de l'histoire nous amène ensuite sur des bribes de steampunk, avec l'intronisation de la machine (et quelle machine) dans les galeries minières. On pense alors se diriger vers une lecture qui va opposer la machine et l'homme, revenir vers la lutte des classes. Et c'est là que l'auteur va encore tout brouiller et nous amener sur un fantastique teinté d'Heroic Fantasy. Je vais rester évasif sur l'histoire, les différents protagonistes et peuples, les virages que prend celle ci pour ne pas dénaturer la lecture future des autres passionnés. On passe de page en page très rapidement, c'est frais, vif, dynamique. Tout est parfaitement ordonné. C'est un petit travail d'orfèvre qui nous est livré ici. Le dessin, à la fois réaliste et caractéristique est superbe. Les personnages sont bien croqués, leurs traits collent parfaitement à l'image que l'on pourrait avoir d'eux si on lisait sans image et permettent de passer de l'un à l'autre facilement. La colorisation permet de surligner les différents niveaux de ce sous sol, passant du rouge pour les galeries au vert/bleu pour les sous sols suivants. Le niveau de détails, que ce soit dans les runes, le bestiaire, les décors début 20e, est excellent et on se prend à ralentir sa lecture pour fouiller les cases. Une très belle oeuvre, une belle surprise, à conseiller vivement dès 12 ans.
Si vous aimez être surpris, cette bande dessinée ne devrait pas vous décevoir. Bien sûr, si la couverture fait un peu office de « teaser », le « double-genre » qui la caractérise laisse une impression pour le moins marquante. L’histoire commence en effet comme un drame social réaliste bien français, avec en toile de fond la grogne des mineurs qui voient d’un mauvais œil la mécanisation des moyens de production, pour bifurquer au bout de quelques pages vers le récit d'aventure fantastique, comme un clin d’œil aux comic books évoqués un peu plus tôt par un des mineurs. Le message délivré est assez clair : dans la mine, en surface comme sous la terre, il y a les maîtres et les esclaves. Pourtant, les maîtres ne sont rien sans les esclaves, des « géants » qui s’ignorent, détenteurs non seulement de la force de travail mais aussi de celle de renverser l’autorité quand celle-ci les méprise et les exploite. Romain Baudy, jeune auteur dont c’est le deuxième album après « Pacifique », réalisé à quatre mains avec Martin Trystram, a ainsi signé le scénario et le dessin de « Souterrains ». Cet ouvrage traduit le perfectionnisme de son auteur, qui n’a négligé aucun aspect. L’histoire est travaillée et fluide, et procure un bon moment de lecture pour peu que l’on ait gardé son âme d’enfant. De même, le dessin dénote une certaine assurance de son auteur, qui nous offre des cadrages spectaculaires, comme si l’on était au cinéma, le tout rehaussé par la mise en couleurs flamboyante d’Albertine Ralenti. Entre BD jeunesse et manifeste politique, une œuvre que l’on peut qualifier d’originale, et un challenge plutôt réussi si l’on considère que le mélange des genres est un exercice très délicat. Malgré quelques légers bémols, Romain Baudry s’impose incontestablement comme un auteur à suivre.
Souterrains est une bd étonnante dans la direction qu’elle prend à un moment donné. On se croirait dans la lutte des classes version mine de charbon et on se retrouve avec un voyage au centre de la Terre façon Jules Verne. Il ne manquait plus que les dinosaures pour apporter une touche d’exotisme mais on aura droit à d’autres créatures tout aussi folkloriques dans un univers à la limite du steampunk entre fantastique et réalisme. C’est un récit assez agréable qui se laisse suivre et qui est bien dosé. On passe d’un personnage qui aurait pu être le héros à un autre qui va porter toute cette histoire. On se trompera également d’ennemi. Bref, les fausses pistes sont multipliées dès le début pour nous réserver quelques surprises. Au final, l’idée maîtresse de cette lutte sociale sera assez respectée sur la dominance d’une poignée d’hommes avides d’argent et de pouvoir. Tous les mêmes !
Dans les années 1930, quelques part dans le bassin minier du Nord-pas-de-Calais, la routine suit son cours pour Henri, son beau-frère Lucien et sa petite famille, tous deux mineurs de charbon. Entre un boulot harassant mal payé sans protection sociale, les conflits avec la direction patronale et la peur des réductions d’effectifs, ce n’est pas la joie tous les jours mais la vie étant ainsi faite, chacun tente de trouver des motifs de satisfaction. Pour Henri c’est plutôt contestation ouvrière, théories marxistes et bibine le soir au bar Chez Moustache. Pour Lucien c’est plutôt la famille avant tout et philosophie terrienne sans faire de vague. Lorsque ce dernier accepte de rejoindre une nouvelle équipe de miniers chargés de tester une innovation « high-tech », un poste mieux rémunéré faisant miroiter une évolution hiérarchique ; sa relation d’amitié commence à sentir le souffre avec Henri qui y voit une trahison et pressent une cabale patronale pour les remplacer tous. Quand Lucien prend conscience de la supercherie et qu’il s’est fait dupé, il tente un geste désespéré en voulant tout faire exploser. Mais il se rate, lui et ses camarades Tobiaz, Andrezj, le vieux, la corneille et le porion, se retrouvent abîmer dans un monde fantastique qu’ils ne soupçonnaient pas… J’ai sincèrement pris un grand plaisir à la lecture avec cette histoire fraîche d’un auteur qui casse les codes et barrières des genres. Cela débute comme un récit social tout ce qu’il y a de plus classique sur la dureté et la précarité du statut du mineur de charbon, avec son lot d’imageries à la Germinale, les corons et barreaux, la descente dans les puits, les chevalements, etc. Mais aussi le thème des conflits sociaux qui virent à l’empoignade entre ouvriers syndiqués et chiens de garde à la botte du patronat. Le contexte historique est bien rendu donc même si volontairement stéréotypé. Aussi avec la thématique du remplacement de l’homme par la machine, on se souvient qu’il s’agit d’une problématique bien plus ancienne qu’on ne le pense et pas seulement présente dans nos récits d’anticipation d’aujourd’hui, mais qui déjà pouvait se poser à l’époque (ou au XVIIIème siècle et la navette volante de John Kay qui révolutionna le métier à tisser par exemple). On pense alors que le récit prend le chemin de la science-fiction (sans oublier le teasing horrifique de l’intro) avec ce robot esclave-minier asimovien ingénieusement conceptualisé que je nommerai pour la forme mini-S.A.M. parce qu’il me rappelle le mécha géant de la série du même nom. Et puis « PAF ! », l’histoire prend le lecteur à contre-pied et bascule dans un remake de Daylight où le but va être de retrouver la lumière du soleil. À partir de ce quatrième chapitre Romain Baudy reprend presque les codes de la Portal Fantasy puisque, tout en étant définitivement dans une histoire Fantastique, nous avons des personnages qui explorent un monde secondaire merveilleux, par moment « médiéval », et dont ils sont totalement ignorants. La faune et la flore n’ont rien de commun avec ce qu’ils connaissent, toute retraite est impossible, et ils vont y jouer le rôle quasi « cliché » du héros prophétique libérateur. Le background fantaisiste ne manque pas de sel avec ce brassage des mythologies germanique et nordique où les Jötunn géants fusionnent avec les Nibelungen souterrains. La recherche est poussée jusqu’au runes qui ont une véritable signification et ne sont pas mises là juste parce que ça fait jolie : l’Othila la rune de pouvoir pour commander, et Uruz, la force. L’idée que des mineurs humains croisent des créatures mythologiques caractérisées pour leur travail des métaux est d’ailleurs plutôt cocasse. Voilà, je trouve l’intrigue très bien construite et pensée : la mise en abyme est chouette car si malheureusement pour Zola il n’y aura pas de « grand soir » dans le monde du dessus, nos héros pourront toujours se la jouer Sergio Leone et refaire Il était une fois la révolution chez les Jötunn. D’ailleurs pour la mise en abyme, peut-être que je pars en live mais je me demande si l’auteur n’a pas lu le Moi, Asimov de l’écrivain éponyme qui évoquait entre autres dans cette autobiographie ses origines juives puis un échange où il s’était opposé à Elie Wiesel qui était disons pour faire court, « obsédé » par l’Holocauste, que les juifs, parce que persécutés étaient bons et innocents par essence. Asimov lui avait répliqué que les juifs étaient persécutés parce qu’en position de faiblesse et qui sait s’ils s’étaient retrouvés de l’autre côté du manche… que le phénomène de persécution est universelle et que de persécutés certains passent à persécuteurs en un clin d’œil lorsqu’ils sont les plus forts comme le démontrent des comportements extrémistes d’israéliens envers les palestiniens. Et je me suis demandé avec mini-S.A.M. le robot asimovien briseur de chaînes du joug des nains/ewoks qui ont fuit les persécutions des vénitiens pour persécuter à leur tour les Jötunn/Nibelungen, si… enfin bon, peut-être est-ce tiré par les cheveux. Romain Baudy qui est entre autres choses designer sur la jolie série animé jeunesse "Wafku", démontre qu’il a plus d’une corde à son arc et est capable de se muer en auteur complet. Nous avons entre les mains un véritable roman graphique de plus d’une centaine de pages où parfois le dessinateur nous régale avec des dessins en pleine page totalement gratuits, que d’autres auraient réduit à cause de la limitation en 48 planches. Il y a parfois une fausse impression d’être en présence d’un héritier de Mike Mignola avec un encrage profond lorsqu’on s’enfonce dans la mine (proche du Dessous - La Montagne des morts de Bones). J’ai apprécié les jeux d’ombre entre encrage et couleurs qui donnent un rendu très riche, ainsi que cette variété dans le trait entre décors bien détaillés et physionomie des personnages parfois simple, vieille école. Toutefois, l’œuvre parfaite n’existant pas, j’ai relevé quelques scories qui m’ont dérangées : - Certaines proportions entre tête et corps ne sont pas toujours nickel en début d’album. - Pas très convaincu par le changement brutal de comportement de Lucien qui passe trop vite de père de famille responsable à dangereux poseur de bombe. - Les dialogues des personnages lors de la découverte de la créature manquent de naturel et de surprise (genre « OK y a une grosse bestiole… what else ? »). - Le coup de poing du Jötunn sur Lucien façon One-Punch Man qui ne fait que l’assommer alors que dessiner comme ça, il aurait dû se faire écrabouiller. - Les lutins qui parlent un français moderne impeccable alors qu’enfermer depuis des siècles sous terre. Un défaut qui m’agace toujours dans ce genre d’histoire. Une découverte surprenante qui m’envoie ravi. Un des tops de 2017.
Etrange récit que celui-ci. La couverture nous aiguille vers un récit fantastique mais le début de l’histoire nous plonge dans une très réaliste lutte sociale. L’élément fantastique n’apparait que plus tard, et le récit prend alors un premier virage… avant d’en prendre un second, encore bien plus surprenant même si cadrant bien avec cet univers de mines. Je ne vous en dirai rien, ce serait gâcher votre plaisir. Romain Baudy confirme en tous les cas qu’il aime les milieux anxiogènes propices à la claustrophobie. Après son histoire de sous-marins dans « Pacifique », il nous entraîne en effet au fond d’une mine. Son récit est étonnant et bien construit. J’ai aimé être surpris par les chemins empruntés. Ceux-ci nous baladent d’un genre à l’autre. L’étrange est au rendez-vous même si finalement assez classique. L’originalité se trouve donc plus dans le mélange des genres que dans les rebondissements du scénario. Au-delà de l’aventure, Romain Baudy développe également une réflexion sur le statut social du mineur, l’industrialisation et la mécanisation du travail et le rapport entre riches et pauvres, maîtres et esclaves. Ce n’est pas essentiel, ces réflexions ne pèsent pas sur le récit (elles s’imbriquent on ne peut plus logiquement) mais cela apporte à l’ensemble une dimension supplémentaire bienvenue. Le dessin,… j’aime beaucoup. Un trait semi-réaliste, caricatural pour les visages des personnages, net et précis pour les décors. C’est le genre de dessin dans lequel je plonge facilement lorsque je lis une bd. Il est beau à voir, ne nécessite pas que l’on s’y attarde en première lecture pour comprendre de quoi il s’agit mais invite à s’y attarder en deuxième lecture pour le plaisir d’y remarquer tel ou tel détail. Au final, sans que je puisse parler d’un indispensable, Souterrains m’a bien plu. C’est un album distrayant, avec beaucoup d’aventure mais aussi de la profondeur. Je pense que je le relirai avec plaisir, d’où mon conseil d’achat.
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