L'Ecorce des choses

Note: 3.17/5
(3.17/5 pour 6 avis)

Et si le handicap n'en était pas un ?


Catastrophes naturelles Enfance(s) Handicap La BD au féminin La surdité Les petits éditeurs indépendants

C'est l’histoire d’une petite fille pas comme les autres, puisque atteinte de surdité sévère. C’est aussi l’histoire d’un déménagement, d’une nouvelle maison à la campagne, d’un arbre et d'une amitié. L’Écorce des choses, c’est aussi et surtout l’histoire d’une petite fille qui cherche à s’affirmer autrement que par la parole face à des parents désarmés, vue de son point de vue d'enfant.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Octobre 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Ecorce des choses © Warum 2017
Les notes
Note: 3.17/5
(3.17/5 pour 6 avis)
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20/10/2017 | Spooky
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Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Magnifique dessins ! J'avais déjà lu des BD de la dessinatrice, mais alors quelle beauté visuelle, c'est superbe ! Je retiendrais surtout de ma lecture cette utilisation du dessin et de la couleur pour parler, visuellement. Maintenant que j'ai souligné le point le plus notable, je dois avouer que comme beaucoup d'autres, j'ai eu du mal à comprendre la BD. La première partie sur la jeune fille sourde et son monde est très bien rendue, avec l'utilisation de métaphores bien trouvées (les bulles devenant des poissons notamment) et des pages muettes qui sont pleines de sens, développant le quotidien banal d'une petite fille qui n'entend pas. La fin devient par contre très onirique et métaphorique, d'une façon que je ne suis pas sur de comprendre. Ce n'est pas cryptique, j'y vois bien la métaphore de la noyade pour la mère restée seule avec sa fille avec laquelle elle ne sait pas communiquer. La solitude des parents me rappelle malheureusement celle dans laquelle s'enferment beaucoup de couples avec un enfant handicapé. La peur, la honte, l'inexpérience, la responsabilité, toutes ces choses bêtes qui nous empêchent d'aller demander de l'aide et accepter la différence, essayer de la surmonter. Je vois donc la fin comme une métaphore de cette charge que la mère porte et qui devient insurmontable, tandis que sa fille la sauvera des eaux parce qu'elle n'en a pas peur (son handicap ne l'effraye pas, elle vit juste avec, c'est tout). Le final, c'est que l'arbre familial porte tout le monde hors de ce marasme, tandis que la voisine qui sait plonger (métaphore du langage des signes qu'elle sait utiliser ?) et le voisin peuvent plonger dans l'eau. Ils n'ont pas peur de cette surdité : ils peuvent passer outre. Bref, je pense voir la métaphore et comprendre son sens, mais je n'en suis pas certain. Et d'ailleurs je la trouve un peu trop alambiqué pour des enfants, à mon gout. Mais c'est surtout une très belle BD sur les personnes non-entendantes, qui permet aux entendants de se mettre dans la peau des autres pendant quelques pages. A cet égard, j'ai beaucoup apprécié parce que j'ai souvenir d'une collègue d'école de théâtre qui était malentendante et de ce que j'ai découvert à son contact sur l'échange, la parole et la discussion. Le fait de moins parler, de comprendre que s’exprimer n'est pas simplement parler (ce que je fais déjà abondamment) et surtout qu'échanger avec un être humain, c'est possible de tellement de façon ! Bref, une BD qui ravive des souvenirs et qui fait plaisir à lire. Et qu'est-ce que c'est beau, nom de nom !

14/11/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Deretaline

Je suis un peu gênée, je ne suis pas sûre d’avoir compris l’album. J’ai trouvé le dessin beau et l’idée de l’histoire toute en silence assez jolie, mais j’ai l’impression que quelque chose m’a échappé. Je n’ai absolument pas compris la métaphore de fin. C'est dommage, d'habitude j'aime beaucoup les récits oniriques ou proche du réalisme magique, mais là j'ai l'impression de ne pas avoir pu rentrer dedans. La préface et les informations fournies à la fin restent très instructives.

08/11/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’histoire nous présente une gamine sourde, et nous la suivons l’espace d’une année, après qu’elle et ses parents aient déménagé dans un coin perdu à la campagne. L’album est quasiment muet (quelques commentaires en début d’album, les paroles des parents étant constituées de bulles vides). Un album quasi muet pour parler de surdité, c’est plutôt une bonne idée, surtout qu’ici la narration est suffisamment claire pour que cela ne gêne pas la lecture. La gamine est vive, espiègle, et finalement se comporte comme n’importe quelle gamine de son âge. Si l’histoire est simple et relève du roman graphique, les dernières pages lui donnent une coloration différente. En effet, une sorte d’inondation survient, mais le récit bascule alors vers quelque chose d’un peu onirique ou fantastique (l’interprétation est en tout cas ouverte pour le lecteur) qui m’a laissé un peu perplexe, même si ça n’est finalement pas trop frustrant. Comme The Patrick en tout cas, j’ai trouvé bizarre que cette gamine soit autant livrée à elle-même : sa « scolarisation » n’apparait pas, et sa « sécurité » peut être menacée. Ces zones d’ombre interpellent, mais l’album se lit quand même agréablement. Un petit dossier historique sur la prise en compte de la surdité complète l’histoire.

25/10/2024 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Un très joli album, à la couverture magnifique, qui interpelle et invite à la contemplation. Et le dessin de Cécile Bidault dans tout cet album est très beau. Très doux. Un plaisir à regarder. L'histoire ne sera "pas toute seule". Une préface de l'INJS (Institut National des Jeunes Sourds) met en condition pour lire le récit. Indispensable pour le cadrer temporellement, sinon rien n'indique qu'il se passe dans les années 70. Et un bref historique de la langue des signes française (sic) en fin d'album apportera lui aussi des éléments fort intéressants pour comprendre le contexte très global autour de l'histoire. Cette petite fille de neuf ans est sourde. On va suivre de petits extraits de son quotidien au fil des saisons qui composent les quatre chapitres de l'album. Ses parents ont choisi de déménager à la campagne, dans une maison familiale, et elle se retrouve intriguée puis "amoureuse" de cet arbre qui fait venir ses branches juste devant sa fenêtre. Ces petits moments de vie nous mettent dans la peau d'une sourde. Ils sont en effet complètement muets, et le lecteur verra les parents parler, enfin bouger les lèvres, mais les bulles resteront désespérément muettes. Dit ainsi, cela n'a l'air de rien. Et pourtant on effleure ainsi ce que cela peut être que d'être sourd. C'est vraiment un excellent choix, et très bien réalisé. Je dois par contre confesser avoir un peu eu envie de hurler sur la situation générale (oui, je vais digresser un peu). Cette petite fille est sourde. Ses parents déménagent à la campagne. Ils ne s'occupent (dans l'album) que peu d'elle, et un seul passage verra le papa essayer de lui faire dire des lettres. Elle ne va pas à l'école, et on ne verra jamais cette famille consulter personne, pédagogues, associations, organismes éducatifs, que sais-je... Pire encore, ils ne communiquent quasiment pas avec elle ! Cette petite fille est donc - dans la représentation que donne cet album - globalement laissée à elle-même. Et cette espèce de fatalisme mou avec pour victime cette petite fille me révolte, me donne envie de hurler. Alors certes, elle se débrouille toute seule, se trouve des activités, se construit un monde imaginaire, se trouve un copain. Mais elle est maintenue dans un état qui la prive de communiquer, et ce avec la coopération des parents. Je me permets de citer l'article Article 371-1 du code civil sur l'autorité parentale, qu'on cite souvent lors des mariages : L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques. Les parents associent l'enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. Voilà, bin là on n'y est pas. Et c'est fort triste. La faute aux parents, la faute aux spécialistes de la surdité (cf l'historique en fin d'album), la faute à l'Etat. Bref, voilà pour la digression. Le dernier chapitre par contre, me laisse vraiment sur ma faim. S'agit-il d'une catastrophe naturelle ? Si c'est le cas, cela me parait tout de même vraiment énorme, et je ne comprends tout simplement pas la voiture perchée dans l'arbre, ou le petit voisin et sa mémé qui émergent en masque pile à côté de l'arbre. Elle n'a de plus aucun rapport avec le reste de l'album, si ce n'est de permettre à tout ce petit monde de se retrouver ensemble et heureux. Est-elle alors du domaine de l'imagination ? Là encore si c'est le cas, je ne comprends pas. Un album graphiquement magnifique de douceur, qui a un peu le cul entre deux chaises de mon point de vue, donc, mais qui a le mérite de faire toucher très, très sensiblement du doigt la surdité, et dont on ne peut pas ressortir indifférent.

04/07/2021 (MAJ le 04/07/2021) (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

L'écorce des choses est une BD pratiquement muette qui met en scène une petite fille sourde sans vouloir faire un vilain jeu de mots. L'auteure Cécile Bidault aborde avec beaucoup de finesse ce thème du handicap qu'il n'est pas facile à surmonter dans le quotidien. Pour autant, avec de simples images, il y a de la communication et une certaine forme de langage. On remarque tout d'abord ce rapprochement avec la nature qui peut se révéler assez cruelle comme à la fin de ce récit. Le scénario est vraiment tout simple dans son déroulement mais ce qui attirera l'attention, c'est plutôt une forme de poésie et d'onirisme. A noter également une simplicité qui se dégage du dessin. Un album qui manque d'une certaine densité à mon humble avis mais dont l'intention est très louable et avec d'indéniables qualités comme l'accessibilité.

19/10/2019 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Quel bel album. Déjà, je trouve la couverture sublime dans sa simplicité et l'émotion qu'elle dégage. Je crois que je l'aime d'amour. Il y a ensuite cette histoire, celle d'une enfant souffrant d'un handicap, mais qui s'en affranchit pour avancer, communiquer, surmonter les difficultés de la vie quotidienne et les évènements exceptionnels. Il y a en effet une catastrophe naturelle qui survient après la seconde moitié, qui fait sortir l'album du "simple" récit inhérent à un handicap, au roman graphique, pour en faire une histoire de survie, tout simplement. Avec un message d'amour universel à la clé. C'est tout doux dans le ton, dans le visuel, puisque Cécile Bidault a choisi des tons pastel, un style ligne claire rehaussé de… fusain ? Pour nous conter cette histoire muette, puisque du point de vue de la fillette. Superbe, doux, poignant.

20/10/2017 (modifier)