L'Ecorce des choses
Et si le handicap n'en était pas un ?
Catastrophes naturelles Enfance(s) Handicap La BD au féminin La surdité Les petits éditeurs indépendants
C'est l’histoire d’une petite fille pas comme les autres, puisque atteinte de surdité sévère. C’est aussi l’histoire d’un déménagement, d’une nouvelle maison à la campagne, d’un arbre et d'une amitié. L’Écorce des choses, c’est aussi et surtout l’histoire d’une petite fille qui cherche à s’affirmer autrement que par la parole face à des parents désarmés, vue de son point de vue d'enfant.
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Date de parution | 04 Octobre 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un très joli album, à la couverture magnifique, qui interpelle et invite à la contemplation. Et le dessin de Cécile Bidault dans tout cet album est très beau. Très doux. Un plaisir à regarder. L'histoire ne sera "pas toute seule". Une préface de l'INJS (Institut National des Jeunes Sourds) met en condition pour lire le récit. Indispensable pour le cadrer temporellement, sinon rien n'indique qu'il se passe dans les années 70. Et un bref historique de la langue des signes française (sic) en fin d'album apportera lui aussi des éléments fort intéressants pour comprendre le contexte très global autour de l'histoire. Cette petite fille de neuf ans est sourde. On va suivre de petits extraits de son quotidien au fil des saisons qui composent les quatre chapitres de l'album. Ses parents ont choisi de déménager à la campagne, dans une maison familiale, et elle se retrouve intriguée puis "amoureuse" de cet arbre qui fait venir ses branches juste devant sa fenêtre. Ces petits moments de vie nous mettent dans la peau d'une sourde. Ils sont en effet complètement muets, et le lecteur verra les parents parler, enfin bouger les lèvres, mais les bulles resteront désespérément muettes. Dit ainsi, cela n'a l'air de rien. Et pourtant on effleure ainsi ce que cela peut être que d'être sourd. C'est vraiment un excellent choix, et très bien réalisé. Je dois par contre confesser avoir un peu eu envie de hurler sur la situation générale (oui, je vais digresser un peu). Cette petite fille est sourde. Ses parents déménagent à la campagne. Ils ne s'occupent (dans l'album) que peu d'elle, et un seul passage verra le papa essayer de lui faire dire des lettres. Elle ne va pas à l'école, et on ne verra jamais cette famille consulter personne, pédagogues, associations, organismes éducatifs, que sais-je... Pire encore, ils ne communiquent quasiment pas avec elle ! Cette petite fille est donc - dans la représentation que donne cet album - globalement laissée à elle-même. Et cette espèce de fatalisme mou avec pour victime cette petite fille me révolte, me donne envie de hurler. Alors certes, elle se débrouille toute seule, se trouve des activités, se construit un monde imaginaire, se trouve un copain. Mais elle est maintenue dans un état qui la prive de communiquer, et ce avec la coopération des parents. Je me permets de citer l'article Article 371-1 du code civil sur l'autorité parentale, qu'on cite souvent lors des mariages : L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques. Les parents associent l'enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. Voilà, bin là on n'y est pas. Et c'est fort triste. La faute aux parents, la faute aux spécialistes de la surdité (cf l'historique en fin d'album), la faute à l'Etat. Bref, voilà pour la digression. Le dernier chapitre par contre, me laisse vraiment sur ma faim. S'agit-il d'une catastrophe naturelle ? Si c'est le cas, cela me parait tout de même vraiment énorme, et je ne comprends tout simplement pas la voiture perchée dans l'arbre, ou le petit voisin et sa mémé qui émergent en masque pile à côté de l'arbre. Elle n'a de plus aucun rapport avec le reste de l'album, si ce n'est de permettre à tout ce petit monde de se retrouver ensemble et heureux. Est-elle alors du domaine de l'imagination ? Là encore si c'est le cas, je ne comprends pas. Un album graphiquement magnifique de douceur, qui a un peu le cul entre deux chaises de mon point de vue, donc, mais qui a le mérite de faire toucher très, très sensiblement du doigt la surdité, et dont on ne peut pas ressortir indifférent.
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